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Posts Tagged ‘seconde guerre mondiale’

Née en Normandie, dans l’Orne, Karine Lebert a été biographe puis journaliste à Paris-Normandie. Elle a notamment publié aux Presses de la Cité Les Amants de l’été 44, sa suite indépendante Pour l’amour de Lauren, Les Murmures du lac et Pour l’honneur des Rochambelles.

Élisa est une pionnière. Sa volonté, son courage, son sens des autres, elle les a mis toute jeune au service d’un métier naissant et rude : convoyeuse de l’air. Loin d’Étretat, sa terre natale, elle s’envole dans des avions sans confort et veille sur des passagers malades. En 1945, quand elle doit ramener les déportés en France, elle découvre la tragédie des camps.

Sa liberté de femme, Élisa l’a vécue intensément dans les bras d’un photographe anglais, au fil de leurs escales du bout du monde.
Cette liaison a nourri un mystère qu’Audrey puis Lilly, fille et petite-fille d’Élisa, hôtesses de l’air, tenteront de percer des décennies plus tard…

Quel plaisir de retrouver la plume de Karine Lebert à l’occasion de son tout nouveau roman : Enlacer le ciel et les nuages. Vous le savez si vous me suivez depuis un petit moment, j’avais adoré sa duologie Les amants de l’été 44 et Pour l’amour de Lauren, Pour l’honneur des Rochambelles et Le souvenir et les mensonges aussi... qui avaient pour cadre la seconde guerre mondiale.

Si, comme moi, vous aimez les romans à plusieurs temporalités, les secrets de famille, les destins de femmes et que vous aimez retrouver la guerre 39/45 dans vos lectures, je ne peux que vous conseiller les romans de cette autrice.

Karine Lebert connaît très bien cette époque de notre histoire qu’elle prend pour toile de fond de ses romans. La romancière alterne la narration entre plusieurs époques, donnant tour à tour la parole à Elisa, convoyeuse de l’air, à Audrey et à Lily, sa fille et sa petite-fille, toutes deux hôtesses de l’air.

Entre passé et présent, souvenirs et mensonges affluent. Commence alors une enquête sur le passé d’Elisa qui semble avoir bien des choses à cacher et notamment ce qui la lie à Alex Bradford, un reporteur de guerre anglais.

L’histoire d’Elisa est très prenante de la première à la dernière page, l’autrice met en lumière à travers elle, le difficile métier de convoyeuse de l’air que je ne connaissais pas du tout.

Cette héroïne se révèle opiniâtre et courageuse tant dans son métier si risqué, personnellement je ne serai pas montée dans un avion en 1937, que pendant la guerre où elle n’hésite pas à aider la Résistance locale.

Elle ose aussi braver ses parents et la société en privilégiant son métier au détriment de ce qu’on attend d’une femme à cette époque, à savoir être une mère au foyer.

Les quelques chapitres mettant en scène Audrey et Lily, si ils lèvent le voile sur le passé d’Elisa, et nous montrent la difficulté de conjuguer vie de famille et métier, paraissent bien fades à côté de ceux mettant en scène leur aïeule.

Dans les pas d’Elisa, on voyage en Afrique et en Asie, en Allemagne et au Danemark, sur les théâtres d’opération de l’après seconde guerre mondiale, la libération des camps…

J’aime les romans historiques lorsqu’ils me permettent de me plonger dans une époque et de m’instruire, et c’est toujours le cas avec ceux de Karine Lebert. Chacun de ses romans mettent en lumière des thèmes précis et ici elle aborde avec finesse le rôle de ces femmes convoyeuses de l’air en leur rendant au passage un bel hommage !

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour cette lecture.

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Madeline Martin est une écrivaine américaine. Elle est l’auteure de plusieurs romans historiques qui figurent régulièrement dans les listes des best-sellers du USA Today et du « New York Times ». « La librairie des rêves ensevelis » est son premier livre traduit en français.

Août 1939. La guerre gronde en Europe. Grace Bennett a toujours voulu s’installer à Londres, mais les portes closes et les lugubres bunkers qu’elle y découvre sont bien loin de ce dont elle rêvait.

Et elle, qui n’a jamais été une grande lectrice, ne s’imaginait pas non plus trouver du travail dans la librairie de Primrose Hill. Quand le Blitz détruit une partie du centre-ville et que des milliers de livres se retrouvent brûlés et ensevelis sous les décombres, la librairie est miraculeusement épargnée.

Au milieu des coupures d’électricité, du son strident des alarmes et du grondement sourd des raids aériens, la littérature sera une source d’espoir pour Grace et pour tous les habitants du quartier, car le pouvoir des mots est plus fort que le bruit des bombes.

Il y a des livres dont j’attends tellement la sortie au format poche, qu’ils ne passent même pas par la case PAL ! C’est le cas de La librairie des rêves ensevelis de Madeline Martin que j’ai lu dès son achat ! Et je ressors très émue par cette lecture avec un petit coup de coeur à la clé.

J’ai déjà lu bon nombre de romans historiques sur la seconde guerre mondiale et sur le quotidien des français ou des anglais pendant l’Occupation et le Blitz mais je trouve celui-ci vraiment à part. Il colle vraiment à la réalité des bombardements allemands sur Londres et sur la vie totalement bouleversée de ses habitants.

L’autrice nous raconte le rôle de différentes organisations nées pendant la guerre dans lesquelles les femmes œuvraient : l’ARP, responsable de la distribution des masques à gaz, des abris antiaériens préfabriqués, de l’entretien des abris publics locaux, et du respect du black-out. L’ATS, branche féminine de l’armée britannique et le WVS chargé d’identifier des zones sures et des cantonnements pour les enfants évacués.

Au-delà de l’aspect historique très bien documenté avec ce quotidien qui s’organise entre les bombardements nocturnes et diurnes, la solidarité entre les habitants et commerçants, l’autrice fait la part belle à l’amour de la lecture et au pouvoir de la littérature pour oublier la violence et la proximité avec la mort.

Si Grace ne compte pas rester dans la librairie de Mr Evans au-delà de six mois, le temps pour elle d’avoir un certificat de travail digne de ce nom, elle va se prendre au jeu et révolutionner les lieux qui vont retrouver sa gloire d’antan.

Elle va mettre son ingéniosité au service de son patron pour faire (re)venir les clients en proposant des vitrines attrayantes, des slogans, des étagères bien rangées et des lectures publiques.

Ces moments de lectures à voix haute au sein de la librairie comme dans les couleurs du métro lors des bombardements va lui attacher de plus en plus de fidèles qui l’aideront à leur tour lorsqu’elle en aura besoin.

J’ai tout simplement adoré l’histoire de Grace, une jeune femme généreuse et courageuse qui, malgré les tourments engendrés par la guerre, trouvera finalement son bonheur dans la littérature. 

Les protagonistes qui l’entourent sont tout aussi attachants : Mr Evans le libraire, Mrs Weatherford sa logeuse et Colin son fils, Vivi sa meilleure amie et George, enrôlé dans la Royal Air Force dont elle va tomber amoureuse.

Guerre oblige, il y a des drames, des personnages vont disparaître dans l’enfer des combats mais je retiens surtout l’espoir, la générosité, la solidarité que Madeline Martin met en avant.

Sa plume est fluide et belle, elle imprime beaucoup d’émotion à son récit : j’ai souri mais j’ai eu aussi la larme à l’oeil.

Un roman historique passionnant, très réussi avec en point d’orgue l’amour des livres et la littérature, je vous le recommande vivement !

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Résidant en Vendée, Suzanne Gachenot est née en 1984. De formation littéraire, elle partage son temps entre son travail au sein d’une collectivité et l’écriture. Elle est l’auteure de Marguerite, inspiré par la richesse de son patrimoine familiale et la vie de son aïeule (Nouvelles plumes, 2019), Sombre été (Nouvelles plumes, 2021) et Les Soeurs Loubersac, Prix des Ecrivains de Vendée 2022, paru aux Presses de la Cité.

Octobre 1939. Après le départ des hommes sur le front, la vie continue au domaine de Cazelles. La fière Espérie se démène entre la gestion des terres familiales, l’accueil de ses pensionnaires… et ses tourments. Le retour de Thibault a réveillé des fantômes du passé. Comment préserver le délicat équilibre qu’elle a construit depuis son divorce d’avec Charles ?

À Bordeaux, Rosalie dissipe ses inquiétudes en prenant soin des réfugiés, tandis que sur le front, les frères de Lestienne voient leur vie rythmée par les permissions. Jusqu’à la défaite de juin 1940.

Deux ans plus tard, dans une France occupée, Cazelles échappe au joug allemand. La nuit de Noël voit arriver un curieux visiteur, qui fuit l’antisémitisme et les rafles. Quelles sont les raisons qui lui ont fait traverser le pays pour venir jusqu’au domaine ?

Avec Le choix d’Espérie, Suzanne Gachenot nous offre le second volume de sa saga consacrée aux soeurs Loubersac dont j’avais lu le premier opus il y a un an déjà ! Une généreuse saga féminine tissée d’Histoire et de secrets de famille que je trouve très réussie.

Unies par une même éducation éclairée mais soumises aux rigueurs de l’époque, les trois soeurs écrivent, guidées par leurs désirs et leur soif de liberté, leur intense destin, pendant l’Occupation.

J’aime beaucoup, comme vous le savez, les histoires familiales, les destins de femme et les secrets de famille, et si c’est votre cas, il y a de grandes chances que cette saga vous plaise autant qu’à moi.

Bien que ce roman fasse près de 600 pages, il se dévore littéralement, j’en suis d’ailleurs suis venue à bout en trois petits jours tant l’histoire m’a happée dès les premières pages pour ne plus me lâcher.

En effet, difficile de quitter ce roman tellement l’histoire est prenante, bien écrite et bien documentée ! Ici, il est beaucoup question de condition féminine et de sororité, des thèmes chers à mon coeur.

Chaque soeur représente le statut de la femme entre les deux guerres mondiales. Cette génération de jeunes femmes rêve d’indépendance et de liberté mais en province, c’est bien dur à atteindre.

Au fur et à mesure de la lecture, on tombe sous le charme des personnages féminins comme masculins, on vit à leurs côtés et la lecture est vraiment addictive.

Mais seconde guerre mondiale oblige, le conflit et l’Occupation sont aussi au coeur de ce récit très riche. L’autrice y aborde la persécution des juifs, la conscience politique de la jeunesse et les actes de résistance. Tout ceci est éminemment passionnant et on tremble pour nos héros et on arrive au point final le coeur serré.

J’adore cette saga familiale profondément féministe, l’écriture de Suzanne Gachenot est fluide et on tourne les pages avec avidité. Tous les ingrédients : époque, faits historiques, famille, amour, désillusion, rebondissements, secrets… sont réunis pour obtenir une saga très réussie.

Vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement cette saga historique que j’ai trouvé vraiment passionnante.

Un grand merci aux éditions Presses de la Cité pour cette lecture addictive, j’ai adoré !

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Amélie Antoine est née en 1984. Elle vit à Lille avec sa famille. Auteure remarquée pour la sensibilité de son écriture, elle a publié trois romans chez XO Éditions, Raisons obscures, Le jour où et Le Bonheur l’emportera.

1985, Sabran-sur-la-Lys. Un paisible petit village du nord de la France où tout le monde se connaît, depuis toujours. Un petit village où tout se sait. Et où, surtout, rien ne s’oublie.

Après avoir fait l’acquisition du château, un mystérieux personnage achète maison sur maison. De lui, on ne connaît que le nom : Clément de Clercq. Un matin, les villageois découvrent avec effroi que les portes et les fenêtres de toutes ces demeures ont été retirées. Les habitations sont ouvertes aux quatre vents, abandonnées, défigurées.

Bouleversée, une jeune femme, Léa, décide de tout faire pour sauver le village de son enfance. Il lui faudra alors fouiller dans les mémoires jusqu’à plonger au cœur d’un passé qu’aucun habitant n’a envie de revivre…

Aux quatre vents est un roman à double temporalité, avec des secrets de famille et porté par deux héroïnes que j’ai eu plaisir à suivre de la première à la dernière page. En 1985, on met nos pas dans ceux de Léa Ackerman, dont les parents ont été déportés pendant la guerre et qui a échappé à la solution finale grâce au dévouement d’un couple de Sabran. Et de 1942 à 1944, on suit Charlotte, amoureuse d’un soldat allemand. Une passion qui va la jeter au banc de la société, en bute à l’hostilité des villageois.

Amélie Antoine nous conte en creux l’histoire d’un homme qui, sans même en avoir conscience, se lance dans une quête éperdue d’identité. Car qui est-on quand on ignore d’où l’on vient ? On dit que chaque famille a ses secrets et c’est encore plus vrai en temps de guerre.

Des petites ruelles, de jolies maisons et un château : Sabran-sur-La-Lys est un joli village qui attirait les touristes, jusqu’à un jour de 1984 où un millionnaire inconnu, dont on ne connait même pas le visage, achète le château le fermant aux visites. Peu à peu il fait l’acquisition de chaque maison en vente puis, il en fait enlever portes et fenêtres, les laissant ainsi à l’abandon.

Les activités commencent à péricliter, le bourg se meurt. La colère gronde chez les habitants qui ne comprennent pas pourquoi cet homme agit ainsi ? Quel est son but ? Est-ce une vengeance ?

Ce n’est pas le premier livre d’Amélie Antoine que je lis et ce ne sera pas non plus le dernier. Aux quatre vents est une belle histoire, très émouvante. Même si j’ai rapidement deviné le mobile de Clément de Clercq, et les tenants et aboutissants du récit, je n’ai pas boudé mon plaisir et je n’en ai fait qu’une bouchée.

J’ai adoré l’histoire au passé, je me suis attachée à Charlotte et son histoire d’amour avec son soldat allemand m’a beaucoup émue même si elle a des airs de déjà-vu. L’autrice construit habilement son récit, sait jouer avec nos sentiments au fil des pages et montre à quel point l’être humain peut être ambigu, capable du pire comme du meilleur.

On aime et on déteste les personnages, certains se révèlent réellement odieux, on a le cœur serré à certaines scènes et on s’interroge sur les actes de beaucoup d’entre eux, sur ce qu’on aurait fait pendant la guerre et l’épuration. Aurait-on été du bon côté de l’Histoire ? Nul ne le sait !

Petit bémol toutefois : les dernières pages sont un peu abruptes et m’ont laissées sur ma faim car je m’attendais à un véritable dénouement et non une fin aussi ouverte.

Je vous le conseille néanmoins si vous aimez les romans à double temporalité et les secrets de famille, vous ne devriez pas être déçu.es !

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Née dans un petit village du Kent, Jennifer Ryan a été éditrice à Londres avant de partir à Washington avec sa famille. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées dans des revues littéraires. Après La Chorale des dames de Chilbury, succès international, Les Recettes des dames de Fenley est son deuxième roman aux Editions Albin Michel.

Epuisée par le conflit, ravagée par le Blitz, confrontée à une terrible pénurie alimentaire, l’Angleterre de Churchill invite les ménagères à participer à un concours de cuisine via les ondes de la BBC. La gagnante deviendra la première femme à coanimer une émission radiophonique.

Lancées à corps perdu dans la compétition, quatre participantes de Fenley, Audrey, Gwendoline, Zelda et Nell, vont révéler des trésors d’habileté et de ruse. Car l’enjeu est de taille, et ce concours, qui avait pour but de resserrer la communauté, risque de la diviser…

Prenez des femmes déterminées, des prisonniers de guerre et des hommes malveillants, ajoutez quelques recettes spéciales rationnement, saupoudrez d’une bonne dose d’humour typiquement british et d’une pincée d’émotion et vous obtenez Les recettes des dames de Fenley !

Après le succès de La Chorale des dames de Chilbury, Jennyfer Ryan nous ouvre l’arrière-cuisine de la Seconde Guerre mondiale et c’est un régal !

Roman choral, le récit est mené par Audrey, une mère de trois garçons, veuve, qui a du mal à joindre les deux bouts. Puis, Lady Gwendoline prend le relai : elle est la sœur cadette d’Audrey. Elle semble avoir conçu un mariage réussi, mais les apparences sont parfois bien trompeuses.

Nous avons ensuite Nell, la jeune employée de cuisine, balbutiante, fébrile. Et enfin, la cheffe Zelda Dupont, enceinte de son premier enfant mais pas mariée, écrasante de supériorité et d’expériences.

Si j’avais beaucoup aimé La chorale des dames de Chilbury, j’ai a-do-ré celui-ci ! Jennifer Ryan connait bien la période de cette seconde guerre mondiale et du Blitz, elle a fait des recherches incroyables pour nous proposer un récit inspiré de faits réels ! Il y a réellement eu un concours et des dames missionnées par le ministère du rationnement, vantaient ses recettes à base de produits rationnés.

L’histoire est vraiment intéressante. Ici les femmes sont aux manettes des fourneaux et de l’histoire et l’on peut mesurer la difficile tâche que fut celle de nourrir sa famille en temps de guerre, alors que les maris sont au front et que l’argent et les vivres manquent.

Audrey, Gwendoline, Nell et Zelda vont devoir faire preuve d’ingéniosité et d’astuces pour concocter une entrée, un plat et un dessert réalisables par toutes les ménagères avec des produits facilement trouvables, ce qui est loin d’être une mince affaire.

Jennifer Ryan met vraiment en avant le rôle de ces femmes qui devaient faire avec les moyens du bord pour régaler leurs familles. On les voit évoluer au fil des échanges, mûrir, prendre de l’assurance, se révéler.

Et cerise sur le gâteau, on assiste à l’élaboration des recettes, ce qui en fait un merveilleux roman culinaire ! Au-delà de cette trame purement historique, l’autrice aborde le deuil, le marché noir, les violences conjugales, la grossesse, l’amour…

Il est beaucoup question ici de sororité et d’entraide féminine. Car si, au départ, tout les oppose ou presque, le sort va faire qu’elles vont au fur et à mesure se rapprocher et s’entraider, et j’ai beaucoup aimé cet aspect.

Les différentes protagonistes vont peu à peu fendre l’armure et se révéler très attachantes, chacune dans leur genre. Je serai d’ailleurs bien en peine de vous dire laquelle j’ai préféré mais elles m’ont toutes beaucoup émue.

Je ne peux que vous recommander ce roman pour lequel j’ai eu un gros coup de coeur. Si vous aimez les romans qui ont pour cadre la seconde guerre mondiale ou ceux qui mettent en valeur les femmes, il ne peut que vous plaire !

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Née en Normandie, dans l’Orne, Karine Lebert a été biographe puis journaliste à Paris-Normandie. Elle a notamment publié aux Presses de la Cité Les Amants de l’été 44, sa suite indépendante Pour l’amour de Lauren, Les Murmures du lac et Pour l’honneur des Rochambelles.

À Honfleur, en 1938, Pauline brave l’opinion publique en épousant Joachim, un réfugié allemand qui a fui la montée du nazisme. Les unions franco-allemandes sont mal acceptées et le couple est mis à l’index. Quand la guerre éclate, Pauline quitte tout pour suivre son mari, entré en clandestinité.

En 1946, dans un Berlin occupé par les Alliés, Hilda, la sœur de Joachim, tombe amoureuse d’un officier français. De cette liaison naît une enfant, Adeline, qui disparaît mystérieusement. Hilda se lance dans une recherche désespérée pour la retrouver.

Soixante-dix ans plus tard, à Cabourg, Valentine et Magda, deux jeunes musiciennes, deviennent inséparables. Valentine est normande et Magda, l’arrière-petite-fille de Pauline, allemande. Intriguée par l’histoire familiale de son amie, Valentine part sur les traces d’Adeline.

Quel plaisir de retrouver la plume de Karine Lebert à l’occasion de son tout nouveau roman : Les souvenirs et les mensonges aussi... Vous le savez si vous me suivez depuis un petit moment, j’avais adoré sa duologie Les amants de l’été 44 et Pour l’amour de Lauren et Pour l’honneur des Rochambelles qui avaient pour cadre la seconde guerre mondiale.

Si, comme moi, vous aimez les romans à plusieurs temporalités, les secrets de famille, les destins de femmes et que vous aimez retrouver la guerre 39/45 dans vos lectures, je ne peux que vous conseiller les romans de cette autrice.

Karine Lebert connaît très bien cette époque de notre histoire qu’elle prend pour toile de fond de ses romans. La romancière alterne la narration entre plusieurs époques, donnant tour à tour la parole à Pauline et à Hilda dans le passé, et à Valentine dans le présent. 

Cette nouvelle grande saga féminine de Karine Lebert entremêle la grande Histoire et les destins, passions et secrets de famille des Schultz, entre la France, l’Allemagne et l’U.R.S.S, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale.

Entre passé et présent, souvenirs et mensonges affluent. Commence alors une véritable enquête sur le passé de Pauline qui semble avoir bien des choses à cacher.

L’histoire est très prenante de la première à la dernière page. Merveilleusement écrite et documentée, elle met en scène des couples franco-allemands à une époque où c’était franchement mal vu. Qu’importe, Pauline et Joachim iront jusqu’au bout et cela aura des répercutions importantes pour la famille de Pauline qui en paiera le prix fort.

Au-delà de l’histoire d’amour, Karine Lebert nous parle des maquis et de la résistance, des camps français, antichambre des camps d’extermination allemands. Puis, à la fin de la guerre, on suit en Allemagne Hilda, restée à Baden-Baden pendant la guerre et qui montre le peuple allemand souffrant des bombardements, de la famine, de l’occupation française, américaine et anglaise, etc. Et enfin, l’U.R.S.S où après l’appel de Staline en 1948, des communistes vont faire le choix d’émigrer, pleins d’espoir mais vite rattrapés par la dure réalité qui va les frapper sitôt la frontière franchie.

Et une fois de plus, je ressors enchantée de ma lecture. J’aime les romans historiques lorsqu’ils me permettent de me plonger dans une époque et de m’instruire, et c’est toujours le cas avec ceux de Karine Lebert.

Chacun de ses romans mettent en lumière des thèmes précis et ici elle aborde avec finesse et intelligence, le problème des amours « Franco-Allemands » durant la seconde guerre et le mirage du communisme au sortir de la guerre. 

Les personnages féminins se révèlent forts, volontaires, plein de courage pour faire face aux adversités qu’ils vont rencontrer sur leurs routes. Je les ai trouvés très attachantes, admirative de leur parcours, leur bravoure, leur énergie pour sauver leur famille des horreurs de ce conflit mondial.

Passionnant de bout en bout, le dernier opus de Karine Lebert est une belle ode aux femmes, ne le manquez pas !

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour cette très belle lecture.

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Matz est né à Rouen en 1967 mais grandit sous le soleil des Antilles. Après une licence de droit, il délaisse les amphitéâtres de l’université pour se lancer dans l’écriture et les petits boulots. Grâce à ses rencontres déterminantes avec Jean-Christophe Chauzy, Étienne Robial et Jean-Pierre Mougin, il commence sa carrière. Son premier scénario, Bayou Joey, réalisé avec Jean-Christophe Chauzy, est publié en 1990 (Futuropolis). C’est le début d’une carrière prolifique, entre séries et one-shots.

Après quatre ans à la Faculté de Restauration d’Antiquités et d’Objets d’Arts à Athènes et un diplôme à l’École Émile Cohl en poche, Kanellos Cob a partagé son art entre le design de pochettes d’albums, l’illustration et des fresques décoratives dans des bâtiments d’habitation, avant de se consacrer, de plus en plus à la bande dessinée.

Été 1939, la famille Weil passe des vacances joyeuses dans le Morvan, au lac des Settons. Mais les vacances s’achèvent lorsque le 3 septembre la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.

Etienne a trois ans, trop petit pour comprendre la montée du nazisme et ce que cela implique pour les juifs. Maurice, le père de famille n’est pas mobilisé du fait de ses blessures pendant la première guerre mondiale.

Il retourne travailler à Lille, tandis que Denise emmène les garçons, Étienne et Philippe au Chambon sur Lignon, où, paraît-il les enfants seront en sécurité…

Ceux du Chambon raconte l’histoire vraie de deux enfants juifs entre 1939 et 1944, sauvés des protestants de Chambon sur Lignon, reconnus Justes après la guerre.

Matz, au scénario de cette bande dessinée s’est appuyé sur le témoignage de son ami libraire Etienne Weil et du journal écrit par son père Maurice Weil, pour rendre hommage à ce village qui a pris fait et cause pour la Résistance tout au long de la guerre.

Avant 1939, Chambon-sur-Lignon était connu pour recevoir les enfants malades de St Etienne. Ce village protestant, qui a connu bien des persécutions du temps des guerres de religion, a considéré de son devoir de sauver les enfants juifs, de résister aux nazis et au régime de Vichy.

Tour à tour, Matz donne la parole à Maurice, Denise et à Etienne, qui chacun raconte sa guerre, son quotidien. Le petit garçon d’alors se rappelle les souvenirs qu’il garde de ce village et de ces années d’insouciance qui ont été pour lui de grandes colonies de vacances, à mille lieux d’imaginer ce qui pouvait se passer ailleurs.

Il n’en oublie pas de rendre hommage à celles et ceux qui l’ont sauvé, instruit et rendu cette guerre la moins traumatisante possible : le pasteur Trocmé, le directeur de l’école, son institutrice…

Le scénario est très intéressant et m’a fait découvrir ce village dont j’ignorais totalement le passé de résistant. J’ai beaucoup aimé aussi les planches et les couleurs de Kanellos Cob et Kathrine Avraam, qui rendent la lecture très agréable.

Une bande dessinée riche d’enseignements et un bel hymne à la vie que je vous conseille si vous vous intéressez à la Résistance et à la seconde guerre mondiale.

Merci à Babelio et aux éditions Steinkis pour cette lecture.

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Ariana Neumann est née et a grandi au Venezuela. Journaliste, elle vit aujourd’hui à Londres avec son mari et leurs trois enfants. Ombres portées est son premier livre.

À Caracas, dans le vaste domaine familial, Ariana Neumann, huit ans, joue à l’espionne. En fouillant dans les affaires de son père, Hans, elle trouve une pièce d’identité. Elle reconnaît son père jeune homme, mais il porte un autre nom. Effrayée, elle tait cette découverte et s’efforce de l’oublier.

Des années plus tard, à la mort de son père, Ariana retrouve ce mystérieux document dans une boîte contenant des photos, des lettres et d’autres souvenirs de la jeunesse de celui-ci à Prague.

Elle mettra près d’une décennie à trouver le courage de faire traduire cette correspondance. Ce qu’elle découvre la propulse dans une quête pour découvrir l’histoire de sa famille, la vérité sur son père et les raisons de son silence…

Avec Ombres portées, Ariana Neumann nous propose une enquête familiale bouleversante, rythmée comme un roman d’espionnage.

L’autrice évoque le passé de son père et celui de sa famille, pris dans les tourments de l’Histoire. Un passé caché trop douloureux, tu toute sa vie durant avec sans doute la culpabilité du survivant alors que tant des siens ont péri dans les camps de la mort.

Un passé trop difficile pour qu’il le revive, pour qu’il en parle, mais qui finit par être révélé. Peu de temps avant sa mort, il retournera sur les différents lieux de son enfance avec sa fille jusque là où son chemin a croisé celui de ses parents pour la dernière fois.

Prenant appui sur des documents (lettres, documents officiels, photos…) retranscrits sur les pages du livre, Arianna Neumann fait revivre les siens à travers des tableaux saisissants.

Elle va mener une enquête approfondie sur plusieurs années, retrouvé des cousins sur plusieurs continents, fait traduire documents et correspondances et finit par reconstituer la vie des Neumann à Prague où son grand-père Otto a fondé l’usine de peinture Montana.

On plonge ainsi dans la montée de l’antisémitisme en Tchécoslovaquie, avec les persécutions qui commencent quand Hitler envahit le pays, les déportations…

Tout au long du récit réellement passionnant et très instructif notamment sur le camp de Terezin, on se prend d’affection pour ces personnes ordinaires prises dans l’Holocauste, broyées par la barbarie nazie.

Je me suis attachée à eux, tremblé lorsque l’occupation devient de plus en plus prégnante et bien sûr dans la déportation et le quotidien dans le camp.

Vous l’aurez compris, c’est un ouvrage très intéressant que je ne peux que vous conseiller si vous vous intéressez à la seconde guerre mondiale.

Un grand merci aux éditions Les escales pour cette lecture ô combien poignante et nécessaire !

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Stephen Desberg a scénarisé pas loin d’une cinquantaine de séries aux thématiques très variées : il exprime son antiracisme à travers Le Sang noir, il signe le polar glamour 60s Miss Octobre et lance une série d’action centrée sur un chasseur de primes, John Tiffany. En 2015, il signe le one-shot Bagdad Inc., thriller d’action géopolitique…

Emilio Van der Zuiden est un dessinateur et scénariste de bandes dessinées. Inspiré par l’univers du roman policier, il a adapté le premier épisode des Beresford Mr Brown (éditions Paquet), personnages issus de l’univers de la romancière anglaise, Agatha Christie. Depuis 2020, il collabore avec le scénariste Stephen Desberg avec Les Anges d’Auschwitz (éditions Paquet).

Monique a 20 ans et ne rêve que de s’émanciper. En 1941, elle débarque dans un Paris occupé et découvre l’euphorie de la capitale. Elle fait la connaissance de Francis, l’épouse sur un coup de tête et donne naissance à Nicole. Mais Monique cherche à comprendre comment elle doit aimer sa propre fille, cette enfant innocente qui la prive de sa liberté.

À la Libération, Monique rencontre un officier américain et découvre le grand amour. Pour vivre sa passion, la jeune femme devra faire un choix cornélien…

Avec Aimer pour deux, Stephen Desberg s’attaque à son histoire familiale et plus particulièrement à sa mère. Il va exhumer des secrets douloureux car cette belle jeune fille insouciante, la narratrice de l’histoire, c’est sa propre mère qui nous livre ses sentiments sur sa maternité et les choix qui vont en découler.

A travers elle, on perçoit l’horreur de la seconde guerre mondiale : l’occupation, les raids aériens, la collaboration horizontale, la libération de Paris, l’arrivée des G.I, l’épuration.

L’album s’ouvre sur la Libération, les rues sont pavoisées, dans des jeeps américaines, des soldats souriants se retournent sur les jeunes Françaises. Mais, au milieu de cette liesse, Nicole vit un moment dramatique, qui fait penser à l’impossible « Choix de Sophie ».

Elle est chez le notaire. Elle veut divorcer, car elle s’est mariée sans amour et vient de rencontrer l’homme de sa vie. Son mari ne la retiendra pas, mais elle devra abandonner Nicole, sa fillette de trois ans. Un choix qui n’en est pas vraiment un car elle est incapable d’offrir tendresse et amour à sa fille, qui passe de longues heures avec son papa.

Les dessins d’Emilio van der Zuiden sont très beaux et expressifs et nous plongent dans l’ambiance de l’époque, son utilisation de sa palette de couleurs est vraiment intéressante. Des teintes sombres, en accord avec le chagrin de la jeune femme et de Francis mais aussi les rafles, les attaques aériennes, les contrôles d’identité musclés, la déportation…

Et des teintes vives avec l’autre versant de la capitale pendant la guerre, un univers plein de gaieté, de couleurs, d’érudition, d’amusements : librairies, galeries d’art, bars où l’on boit, danse, écoute du jazz, l’Opéra où se jouent les opéras de Wagner.

Le découpage est riche et original avec des formats des planche qui varient : de grandes vignettes étalent des plans larges, souvent avec des incrustations. Elles alternent avec des petites : gros plans sur des visages, des mains, documents, regards. A certains moments, l’histoire se déroule sur les deux planches en vis-à-vis, des ambiances sans cadre sur fond blanc.

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée, les thématiques qui la traversent. Le scénario m’a autant plus que les dessins et le travail sur less couleurs de Fabien Alquier est remarquable.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Bamboo pour cette lecture et leur confiance.

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Avant de s’installer à Brighton avec son mari et ses deux enfants, Jenny Ashcroft a vécu de nombreuses années en Australie et en Asie, ce qui lui a inspiré une passion pour les histoires ayant pour toile de fond les lieux exotiques. Elle est diplômée en histoire et a toujours été fascinée par le passé – en particulier par la façon dont les événements extraordinaires affectent la vie des gens ordinaires. Une île en Orient est son deuxième roman.

Singapour, 1897. À vingt ans, Harriet et Mae Grafton sont des jumelles nées d’une liaison scandaleuse. Alors qu’elles sont rejetées par la bonne société, elles ne peuvent que compter l’une sur l’autre.

Mais lorsque leur riche bienfaiteur, qui n’est autre que leur père naturel, les envoie à Singapour, afin que l’une d’entre elles épouse David Keeley, pressenti pour être le nouveau gouverneur de l’île. Si Mae n’a rien contre, Harriet ne veut pas en entendre parler.

Lors d’une soirée, elles font la connaissance du mystérieux Alex Blake, et en sont très vite éprises. Leur relation se détériore car Mae en vient à jalouser sa soeur qu’Alex et David souhaitent épouser…

Singapour, 1941. Petite-fille de Mae, Ivy Harcourt travaille à Londres et est affectée à Singapour, alors sous la menace d’une invasion japonaise.

Même si Ivy redoute de vivre sur cette île qui lui est totalement étrangère, elle n’est pas du tout préparée à ce qui l’y attend : des inconnus surgissant du passé de sa grand-mère, une histoire d’amour inattendue et un secret qui n’attend que d’être découvert…

Une île en Orient attendait bien sagement dans ma PAL depuis quelques mois, en prévision de l’été car la couverture, très jolie et clairement estivale, m’incitait vraiment à le découvrir à la belle saison.

Roman à double temporalité, en 1897 et en 1941, et à deux voix, nous suivons tour à tour Mae lors de son séjour à Singapour en 1897 alors que jeune fille, elle espère trouver un mari et accéder à la respectabilité, elle dont la naissance est entachée de scandale.

Et en 1941, c’est Ivy Harcourt, sa petite-fille, marquée par la mort de son ancien amoureux allemand tombé au combat et d’un bombardement londonien qui l’avait enseveli pendant plusieurs heures durant. Parlant couramment allemand et japonais, elle travaille pour l’espionnage anglais et elle est envoyée à Singapour, alors menacée d’attaque par les japonais.

Deux grandes histoires d’amour, des secrets de famille, une trahison bouleversante, la guerre : voilà les éléments clés de cette histoire qui réserve son lot de surprises et de suspens.

Bien que le récit ne manque pas de longueurs dont on aurait pu clairement se passer, Jenny Ashcroft nous propose avec ce second roman, le premier publié en français, un véritable page-turner totalement dépaysant puisqu’il se passe quasi-exclusivement à Singapour, une île au large de la Malaisie alors sous protectorat anglais.

Je me suis passionnée pour la partie qui se passe en 1897 autour d’Harriet, Mae, David et Alex que j’ai trouvé intéressante même si, pour moi, elle manque à certains moments de crédibilité.

J’ai beaucoup aimé Harriet, sa forte personnalité et son histoire d’amour avec Alex. Mae fait pâle figure à côté d’elle mais elle est très représentative des jeunes filles de cet époque. Quant à David, il est détestable de bout en bout. On peut reprocher à l’autrice un peu de caricature dans la psychologie de ses personnages mais cela ne m’a pas dérangé outre mesure.

Les thèmes abordés dans cette partie ne manquent pas d’intérêt : l’origine scandaleuse des jeunes filles, la volonté d’indépendance, le mariage, la trahison, la manipulation, l’amour impossible… et apportent une touche sulfureuse et suggestive assez captivante.

La partie en 1941 est plus convenue et porte essentiellement sur l’histoire d’amour entre Ivy et Kit et surtout la guerre dans le Pacifique avec les combats, les camps de prisonniers… Si j’ai trouvé ces deux personnages sympathiques, leur histoire a un tel air de déjà vu, qu’elle ne m’a guère intéressée et que j’ai lu bien des pages en diagonale même si d’un point de vue purement historique, c’est intéressant.

Vous l’aurez compris, un avis en demi-teinte et une petite déception pour moi que cette saga fleuve qui n’a pas su complètement me captiver.

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