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Posts Tagged ‘secrets de famille’

Lu dans le cadre des 12 pavés que j’aimerai sortir en 2023 : 4/12

Geneviève Senger a notamment publié aux Presses de la Cité Un coeur entre deux rives, Le Roman d’Elsa, L’Air de l’espoir, La Première Amie, des romans à la rencontre de belles héroïnes.

Juillet 1870 en Alsace. Louise Heim, fille d’un industriel du textile, a épousé Lazare Weber, fils de pasteur et brillant polytechnicien, resté follement épris de sa soeur Lucile qui l’a éconduit pour s’enfuir avec un négociant en coton américain.

Animé par la volonté de surpasser les grandes familles alsaciennes ayant fait fortune dans le fil et le tissage, Lazare fonde une filature moderne. Il fait appel à Arthur Ziegler, un ouvrier catholique étrangement lié à sa famille…

Louise, comprenant qu’elle a été sacrifiée à l’ambition de son père, négligée par son mari, décide de prendre sa revanche. Et arrivent de Louisiane les lettres de Lucile…

Avec La dynastie des Weber, Geneviève Senger une saga familiale alsacienne avec secrets de famille à la clé. Vous le savez, ce genre est mon péché mignon et j’ai passé un bon moment aux côtés de Louise et de ses descendants.

Les Weber sont une vieille famille protestante taraudée par les secrets et les non-dits, emportée dans un tourbillon de rivalités, d’amours contrariées et d’ambitions démesurées.

De Mulhouse à Berlin, avec un saut dans cette mystérieuse Louisiane où tant d’Alsaciens ont émigré, Geneviève Senger nous raconte un siècle de péripéties amoureuses, de conquêtes industrielles et de combats syndicaux, de gloire et de défaites, d’illusions perdues et de rêves réalisés…

L’autrice fait s’entremêler la petite et la grande Histoire sur un territoire qui va, en quelques décennies, et plusieurs fois, passer de français à allemand.

Ce roman fleuve de 800 pages comporte bien quelques petites longueurs mais il est agréable à lire grâce à la plume fluide et érudite de l’autrice. L’histoire est bien construite et nous fait découvrir l’histoire mouvementée de la région et le développement de l’industrie textile à Mulhouse.

Qui dit saga familiale sur un siècle dit abondance de personnages ! Au fil du récit, des mariages et des naissances, les protagonistes s’accumulent mais je ne me suis jamais perdue dans toutes ses branches grâce au récapitulatif des personnages en début de romans et parce que l’autrice fait bien son travail en les ajoutant au fur et à mesure.

On suit plus particulièrement Louise la matriarche et Ambroise son dernier enfant, deux personnages attachants qui nous content les évènements familiaux et historiques que traverse la famille Weber et l’Alsace avec elle.

Parfaitement documenté, le récit peut là encore s’appuyer sur les mouvements politiques et sociaux qui ont marqué l’Alsace jusqu’à l’annexion par l’Allemagne nazie. Et nous voilà reparti pour une période troublée, durant laquelle il faudra à nouveau choisir son camp.

Pour la dynastie Weber, dont les différentes branches familiales sont installées aux Etats-Unis, en Alsace et en Suisse ainsi qu’Allemagne, on imagine les déchirements et les cas de conscience que l’auteur nous fait partager avec beaucoup de finesse.

Entre les lignes on comprend aussi comment se forge le caractère des Alsaciens : leur histoire houleuse leur permet aujourd’hui encore de jouir de certains particularismes locaux.

Un petit bémol toutefois : les personnages sont un peu trop manichéens à mon goût avec comme trop souvent, des gentils très gentils et des méchants très méchants, c’est un peu dommage !

Une bonne saga familiale que je vous recommande si vous aimez ce genre !

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Résidant en Vendée, Suzanne Gachenot est née en 1984. De formation littéraire, elle partage son temps entre son travail au sein d’une collectivité et l’écriture. Elle est l’auteure de Marguerite, inspiré par la richesse de son patrimoine familiale et la vie de son aïeule (Nouvelles plumes, 2019), Sombre été (Nouvelles plumes, 2021) et Les Soeurs Loubersac, Prix des Ecrivains de Vendée 2022, paru aux Presses de la Cité.

Octobre 1939. Après le départ des hommes sur le front, la vie continue au domaine de Cazelles. La fière Espérie se démène entre la gestion des terres familiales, l’accueil de ses pensionnaires… et ses tourments. Le retour de Thibault a réveillé des fantômes du passé. Comment préserver le délicat équilibre qu’elle a construit depuis son divorce d’avec Charles ?

À Bordeaux, Rosalie dissipe ses inquiétudes en prenant soin des réfugiés, tandis que sur le front, les frères de Lestienne voient leur vie rythmée par les permissions. Jusqu’à la défaite de juin 1940.

Deux ans plus tard, dans une France occupée, Cazelles échappe au joug allemand. La nuit de Noël voit arriver un curieux visiteur, qui fuit l’antisémitisme et les rafles. Quelles sont les raisons qui lui ont fait traverser le pays pour venir jusqu’au domaine ?

Avec Le choix d’Espérie, Suzanne Gachenot nous offre le second volume de sa saga consacrée aux soeurs Loubersac dont j’avais lu le premier opus il y a un an déjà ! Une généreuse saga féminine tissée d’Histoire et de secrets de famille que je trouve très réussie.

Unies par une même éducation éclairée mais soumises aux rigueurs de l’époque, les trois soeurs écrivent, guidées par leurs désirs et leur soif de liberté, leur intense destin, pendant l’Occupation.

J’aime beaucoup, comme vous le savez, les histoires familiales, les destins de femme et les secrets de famille, et si c’est votre cas, il y a de grandes chances que cette saga vous plaise autant qu’à moi.

Bien que ce roman fasse près de 600 pages, il se dévore littéralement, j’en suis d’ailleurs suis venue à bout en trois petits jours tant l’histoire m’a happée dès les premières pages pour ne plus me lâcher.

En effet, difficile de quitter ce roman tellement l’histoire est prenante, bien écrite et bien documentée ! Ici, il est beaucoup question de condition féminine et de sororité, des thèmes chers à mon coeur.

Chaque soeur représente le statut de la femme entre les deux guerres mondiales. Cette génération de jeunes femmes rêve d’indépendance et de liberté mais en province, c’est bien dur à atteindre.

Au fur et à mesure de la lecture, on tombe sous le charme des personnages féminins comme masculins, on vit à leurs côtés et la lecture est vraiment addictive.

Mais seconde guerre mondiale oblige, le conflit et l’Occupation sont aussi au coeur de ce récit très riche. L’autrice y aborde la persécution des juifs, la conscience politique de la jeunesse et les actes de résistance. Tout ceci est éminemment passionnant et on tremble pour nos héros et on arrive au point final le coeur serré.

J’adore cette saga familiale profondément féministe, l’écriture de Suzanne Gachenot est fluide et on tourne les pages avec avidité. Tous les ingrédients : époque, faits historiques, famille, amour, désillusion, rebondissements, secrets… sont réunis pour obtenir une saga très réussie.

Vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement cette saga historique que j’ai trouvé vraiment passionnante.

Un grand merci aux éditions Presses de la Cité pour cette lecture addictive, j’ai adoré !

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Lu dans le cadre des 12 pavés que j’aimerai sortir en 2023 : 2/12

A vingt-neuf ans, l’Australienne Kate Morton écrit Les Brumes de Riverton (Presses de la Cité, 2007), qui connaît un succès mondial. Les deux romans qui ont suivi, Le Jardin des secrets (Presses de la Cité, 2009) et Les Heures lointaines (Presses de la Cité, 2011), lui ont permis de confirmer son talent et sa place sur la scène littéraire internationale.

2011. La célèbre actrice Laurel Nicolson se rend dans le Suffolk, au chevet de sa mère âgée. Dans la ferme de son enfance, la comédienne est assaillie par les souvenirs, et plus particulièrement par les images d’un après-midi d’été étouffant, cinquante ans auparavant.

Partie se réfugier dans une cabane perchée dans les arbres afin de rêvasser tranquillement, Laurel, alors adolescente, avait vu sa mère poignarder un inconnu. Un événement que personne n’avait évoqué par la suite.

Hantée par ce drame resté secret, Laurel décide de plonger dans le passé de sa famille. Elle trouve dans le grenier une photographie datant de la Seconde Guerre mondiale qui lui révèle l’existence d’une certaine Vivien…

La scène des souvenirs signe mes retrouvailles avec l’une de mes autrices préférées, Kate Morton. Ce roman choral, truffé de secrets de famille, est découpé en trois parties : Laurel, Dorothy et Vivien, du nom de ses héroïnes, et alterne les époques et les lieux.

Une vedette de cinéma se rend au chevet de sa mère mourante, et se remémore son enfance, durant laquelle elle a assisté à un meurtre. Qui était la victime, quel était le mobile de ce meurtre ?

Au fur et à mesure de son enquête, nous retournons dans le Londres de la seconde guerre mondiale, et découvrons la vie de cette mère et de son entourage, pris dans l’enfer du Blitz.

Cette construction est la marque de fabrique de l’autrice australienne et elle est pour moi la reine en la matière. Ce roman ne fait pas exception, j’ai beaucoup aimé ce récit fleuve, bien qu’il comporte quelques longueurs, avec des intrigues parallèles intéressantes à suivre et des personnages que j’ai beaucoup aimé même si Dorothy est très antipathique.

Kate Morton est experte pour nous entrainer dans ces allers retours, comme elle sait si bien le faire depuis son premier roman et ici, c’est une fois de plus très réussi.

Dès les premières pages, le lecteur est ferré et se régale de l’histoire tricotée par la romancière à la manière d’une toile d’araignée mais aussi par les personnages bien dessinés et les superbes descriptions qui parsèment le récit.

Cette mécanique d’horlogerie se révèle très addictive et chaque rouage est précieux pour comprendre l’histoire dans son intégralité, avec, cerise sur le gâteau, un twist final que je n’avais pas vu venir !

Les lourds secrets familiaux, les drames, la seconde guerre mondiale, les amitiés fusionnelles et les fratries sont des thèmes récurrents dans l’œuvre de Kate Morton et encore bien présents ici.

L’enquête que mène Laurel et son frère Gerry est passionnante à suivre et le dénouement à la hauteur, ce qui n’est pas toujours le cas, avec des révélations qui m’ont surprise.

Si vous ne connaissez pas encore Kate Morton, je ne peux que vous recommander ce roman qui m’a tenue en haleine de bout en bout !

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Amélie Antoine est née en 1984. Elle vit à Lille avec sa famille. Auteure remarquée pour la sensibilité de son écriture, elle a publié trois romans chez XO Éditions, Raisons obscures, Le jour où et Le Bonheur l’emportera.

1985, Sabran-sur-la-Lys. Un paisible petit village du nord de la France où tout le monde se connaît, depuis toujours. Un petit village où tout se sait. Et où, surtout, rien ne s’oublie.

Après avoir fait l’acquisition du château, un mystérieux personnage achète maison sur maison. De lui, on ne connaît que le nom : Clément de Clercq. Un matin, les villageois découvrent avec effroi que les portes et les fenêtres de toutes ces demeures ont été retirées. Les habitations sont ouvertes aux quatre vents, abandonnées, défigurées.

Bouleversée, une jeune femme, Léa, décide de tout faire pour sauver le village de son enfance. Il lui faudra alors fouiller dans les mémoires jusqu’à plonger au cœur d’un passé qu’aucun habitant n’a envie de revivre…

Aux quatre vents est un roman à double temporalité, avec des secrets de famille et porté par deux héroïnes que j’ai eu plaisir à suivre de la première à la dernière page. En 1985, on met nos pas dans ceux de Léa Ackerman, dont les parents ont été déportés pendant la guerre et qui a échappé à la solution finale grâce au dévouement d’un couple de Sabran. Et de 1942 à 1944, on suit Charlotte, amoureuse d’un soldat allemand. Une passion qui va la jeter au banc de la société, en bute à l’hostilité des villageois.

Amélie Antoine nous conte en creux l’histoire d’un homme qui, sans même en avoir conscience, se lance dans une quête éperdue d’identité. Car qui est-on quand on ignore d’où l’on vient ? On dit que chaque famille a ses secrets et c’est encore plus vrai en temps de guerre.

Des petites ruelles, de jolies maisons et un château : Sabran-sur-La-Lys est un joli village qui attirait les touristes, jusqu’à un jour de 1984 où un millionnaire inconnu, dont on ne connait même pas le visage, achète le château le fermant aux visites. Peu à peu il fait l’acquisition de chaque maison en vente puis, il en fait enlever portes et fenêtres, les laissant ainsi à l’abandon.

Les activités commencent à péricliter, le bourg se meurt. La colère gronde chez les habitants qui ne comprennent pas pourquoi cet homme agit ainsi ? Quel est son but ? Est-ce une vengeance ?

Ce n’est pas le premier livre d’Amélie Antoine que je lis et ce ne sera pas non plus le dernier. Aux quatre vents est une belle histoire, très émouvante. Même si j’ai rapidement deviné le mobile de Clément de Clercq, et les tenants et aboutissants du récit, je n’ai pas boudé mon plaisir et je n’en ai fait qu’une bouchée.

J’ai adoré l’histoire au passé, je me suis attachée à Charlotte et son histoire d’amour avec son soldat allemand m’a beaucoup émue même si elle a des airs de déjà-vu. L’autrice construit habilement son récit, sait jouer avec nos sentiments au fil des pages et montre à quel point l’être humain peut être ambigu, capable du pire comme du meilleur.

On aime et on déteste les personnages, certains se révèlent réellement odieux, on a le cœur serré à certaines scènes et on s’interroge sur les actes de beaucoup d’entre eux, sur ce qu’on aurait fait pendant la guerre et l’épuration. Aurait-on été du bon côté de l’Histoire ? Nul ne le sait !

Petit bémol toutefois : les dernières pages sont un peu abruptes et m’ont laissées sur ma faim car je m’attendais à un véritable dénouement et non une fin aussi ouverte.

Je vous le conseille néanmoins si vous aimez les romans à double temporalité et les secrets de famille, vous ne devriez pas être déçu.es !

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Judith Elmaleh est auteure et metteuse en scène pour le théâtre, la télévision et le cinéma. Une reine est son premier roman.

Casablanca, au siècle dernier. Mimi n’a jamais porté une aussi belle robe. Depuis le matin, sa mère et sa sœur s’affairent autour d’elle. À quatorze ans, c’est la première fois qu’elle est invitée à un tel banquet et ainsi mise à l’honneur.

Paris, de nos jours. Pour la seconde fois, Anna divorce. Tandis que les déménageurs s’activent, elle observe, sidérée, sa vie qui vient d’éclater en morceaux, et mesure ce qui lui reste à accomplir : dénicher un nouvel appartement, élever ses deux enfants comme si de rien n’était – et s’organiser avec leurs pères respectifs –, décrocher ce job de scénariste dont elle a besoin… Mais en a-t-elle seulement la force ?

Sur un coup de tête, Anna décide d’aller reprendre son souffle à Casa, chez sa grand-mère, dans cet appartement où tout est à sa place. Un monde et deux générations séparent ces deux femmes. Face à sa petite-fille désorientée, Mimi va peu à peu lever le voile sur des secrets de famille jusqu’alors bien gardés…

Une reine est le premier roman de Judith Elmaleh et j’espère bien qu’elle n’en restera pas là car ce récit fut une très belle découverte.

Avec ce roman, l’autrice raconte l‘histoire de deux femmes, Mimi, la grand-mère et Anna, sa petite-fille. Deux générations. Deux histoires. Deux femmes en quête d’elles-mêmes. Et surtout une histoire inspirée du vécu de la grand-mère de Judith Elmaleh, ce qui la rend encore plus poignante.

Le roman s’ouvre sur Simha, ses mots, l’innocence de celle qui n’a que quatorze ans et qui ne se doute pas de ce qui l’attend en cette journée où on la pare avec soin et élégance. Puis, c’est Anna qui entre en scène, c’est elle qui va découvrir le passé de sa grand-mère et qui nous raconte son quotidien de femme sur le point de divorcer pour la seconde fois.

Nous ne sommes pas, en dépit de ce que la quatrième de couverture pourrait nous laisser penser, dans un roman à double temporalité. C’est Anna, qui de nos jours, est la narratrice de cette histoire et qui, totalement éberluée, découvre tout un pan de l’histoire familiale dont elle ignorait tout.

Son retour aux sources nous fait découvrir le quotidien de sa grand-mère juive marocaine, les coutumes anciennes de ce pays, les traditions juives très éloignées de sa vie parisienne. Anna se remémore son enfance, les repas de famille bruyants et exubérants et surtout apprend les secrets et non-dits bien cachés depuis plusieurs dizaines d’années qui entourent Mimi.

Les révélations de Mimi vont être un choc pour Anna qui va s’interroger sur son identité son rapport aux hommes et à la faillite de ses deux mariages. Ses problèmes ne viendraient-ils pas de tous ces mensonges et secrets enfouis ?

J’ai beaucoup aimé ce récit qui m’a serré le cœur. Anna est une femme attachante à laquelle on peut facilement s’identifier puisqu’elle doit mener de front ses enfants et son travail, jongler entre les rendez-vous professionnels et personnels, ce que l’on connaît bien toutes à partir du moment où l’on devient maman.

Mais j’ai eu un coup de cœur pour Mimi, femme de l’ombre, sacrifiée sur l’autel familial. Sa vie m’a émue, sa personnalité, dure en apparence, se comprend aisément par tout ce qu’elle a vécu, subi, sans jamais avoir son mot à dire. J’ai dévoré avec avidité et d’une traite cette histoire tant il m’était impossible de quitter Mimi et Anna.

Un très beau premier roman que je vous conseille vivement et un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette très belle lecture.

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Inès de Kertanguy est romancière et historienne. Elle est l’auteur de plusieurs biographies consacrées à Elisabeth Vigée Le Brun, Madame Campan, la reine-mère d’Angleterre et Leonora Galigaï. 

Les Kervalon forment à l’aube du XXe siècle une grande famille, fière de ses valeurs et de ses traditions. Quels que soient les événements, ils puisent dans leur nom et leur inaltérable solidarité la force de les affronter.

Apolline n’a que dix ans lorsque sa mère, la baronne de Saint-Eliph, née Kervalon, meurt en couches en mettant au monde son troisième enfant. La fillette grandit pourtant heureuse entre Paris et le manoir familial, avec son frère et sa soeur, entourée par ses nombreux cousins, avant que la première guerre mondiale ne fasse d’elle une très jeune veuve. Elle élève ses deux enfants dans un monde où les repères s’effondrent et où les femmes apprennent enfin à écouter leurs envies et à vivre pour elles-mêmes.

D’une guerre à l’autre, les Kervalon poursuivent tous, à travers bien des péripéties, des destins très différents. Mais sans jamais oublier à quelle famille ils appartiennent. Jusqu’à la lecture du testament de l’oncle…

Vous connaissez mon goût pour les romans historiques, secrets de famille et autres sagas familiales, aussi lorsqu’un roman promet de réunir ces trois aspects, il ne peut qu’éveiller ma curiosité. C’est ainsi que Les héritiers de Kervalon a atterri dans ma PAL l’automne dernier.

Espérances déçues, batailles fratricides et secrets de famille : dans la tourmente d’un siècle en pleine mutation, la romancière Inès de Kertanguy brosse ici la passionnante saga de l’aristocratie française, fresque d’un univers perdu.

Les héritiers de Kervalon est une très belle histoire de familiale se déroulant de 1906 à 1945. L’autrice, historienne de formation, connait visiblement bien le sujet car le roman est suffisamment documenté pour être très crédible.

Passionnant de la première à la dernière page, porté par des personnages attachants, en premier lieu Apolline, ce roman est véritable page turner que j’ai eu beaucoup de mal à poser, tant j’étais prise par l’histoire de cette famille prise dans la tourmente de l’Histoire.

Il demande un peu d’attention pour bien identifier chaque membre des Kervalon, et ils sont nombreux, mais l’autrice sait y faire et je me suis jamais perdue entre l’héroïne, ses cousins, grands-parents, beaux-parents…

Au-delà de l’aspect historique, le climat politique de l’époque et des deux guerres mondiales, l’autrice aborde des thèmes comme le deuil, l’émancipation féminine, l’amour, les liens familiaux et met en lumière cette caste aristocratique avec ses us et coutumes qui a vacillé, emportée par la première guerre mondiale et l’effondrement des empires et royautés.

Inès de Kertanguy a une écriture agréable, fluide et riche en vocabulaire. L’histoire est suffisamment bien rythmée et parsemée de rebondissements pour maintenir l’intérêt du lecteur pendant 700 pages, sans que je trouve la moindre longueur, ce qui n’est pas une mince affaire loin de là !

J’ai tout de même un bémol qui m’est personnel et qui n’enlève en rien à la qualité de ce roman : j’aurai préféré que l’autrice s’attarde sur la reconstruction après la première guerre mondiale. Inès de Kertanguy a fait le choix de scinder son roman en deux parties : 1906/1918 et 1936/1945 pour couvrir les deux guerres, et j’ai trouvé cette seconde partie un peu moins captivante.

Malgré ce bémol, c’est une très belle histoire, à travers une famille aristocratique unie, désunie, riche en émotions, entre joies et drames. Une formidable saga familiale que j’ai dévoré en trois petits jours et que je vous recommande chaudement !

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Lu dans le cadre du Mois anglais 2022

Diplômée de Cambridge, Tracy Rees a travaillé dans l’édition pendant huit ans avant de se tourner vers la psychologie. Après L’Oiseau des neiges, qui a connu un vif succès dans le monde entier, Le Manoir aux roses est son second roman traduit en français. Elle partage aujourd’hui sa vie entre Londres et le sud du pays de Galles où elle est née.

1895, Londres. Dame de compagnie d’Abigail Finch ! Pour Mabs Daley, habituée à trimer chaque jour aux canaux où elle décharge sans relâche les barges pour nourrir ses frères et soeurs, un emploi de domestique dans le quartier huppé de Hampstead est une opportunité de rêve. Elle aura sa propre chambre, des repas réguliers et un salaire qui dépasse l’entendement.

Mais derrière les lourdes portes de la somptueuse demeure, la jeune femme découvre un univers inquiétant, dominé par les accès de colère de sa nouvelle patronne, atteinte d’une obscure maladie, et les rumeurs du scandale qui aurait forcé les Finch à quitter Durham précipitamment.

Peu à peu, elle se prend pourtant d’affection pour la cadette de la maisonnée et se lie d’amitié avec Olive Westallen, une jeune bourgeoise du voisinage éprise de liberté. Jusqu’au jour où elle devra choisir entre conserver la sécurité offerte par sa nouvelle condition et tenter de sauver la famille Finch des secrets qui la rongent de l’intérieur…

Le manoir aux roses signe mes retrouvailles avec la talentueuse Tracy Rees dont j’avais adoré L’oiseau des neiges, il y a près de six ans déjà ! Avec ce nouveau roman, l’autrice nous propose une histoire où la sororité et l’espoir dominent, portée par une magnifique galerie de personnages.

Roman choral, Tracy Rees donne tour à tour la parole à Mabs, Olive, Ottilie et Abigail dont on suit la trajectoire tout au long du roman. Des destins de femmes dans l’Angleterre victorienne avec des secrets de famille, c’est pile tout ce que j’aime et je ressors de cette lecture, totalement conquise !

Conquise par l’histoire et les thèmes qu’elle charrie : la place des femmes dans la société victorienne, l’aliénation des femmes, l’emprise des hommes sur les femmes qui tiennent leurs destins dans leurs mains, l’éducation des filles, le célibat, le divorce…

Tracy Rees parvient à restituer avec aisance cette réalité de l’époque, notamment cette condition féminine, elle montre qu’à cette époque, hors de vie sans mariage et sans enfants. Et nos héroïnes vont se battre pour prendre leur avenir et leur bonheur en main.

Conquise aussi par les personnages féminins représentant plusieurs strates de la société : Mabs, pauvre et illettrée, dame de compagnie d’Abigail Finch. Cette dernière, présentée comme malade des nerfs selon son époux, ne quitte jamais sa chambre et malmène Mabs qu’elle voit comme sa gardienne aux ordres de son mari.

Olive, issue d’une très riche famille, versée dans les sciences, a choisi le célibat mais ne veut pas passer à côté de la maternité, alors elle adopte une fillette. C’est une jeune femme étonnante, altruiste qui défend des idées progressistes. Et Ottilie, douze ans, fille d’Abigail, qui va se lier d’amitié avec Olive et Mabs et qui veut aller à l’université, shocking !

Mabs, Abigail, Otty et Olive vont nous révéler leur caractère déterminé et généreux dans cette histoire surprenante les mettant toutes à l’épreuve. Elles prennent chacune la parole dans des chapitres courts qui rythment impeccablement l’histoire, nous plongeant alternativement dans leurs pensées et univers respectifs.

On se rend compte que dans société victorienne, régie par l’importance de la naissance, les classes et les codes sociaux d’une rigidité extrême, mieux vaut être bien née pour avoir une chance d’exister et d’être respectée même si les mieux nées n’échappent pas forcément à leur condition ni à leurs devoirs.

Ce roman met particulièrement à l’honneur l’importance de l’éducation pour les femmes, un thème qui s’immisce tout au long du récit. Il met brillamment en scène la sororité et l’amitié inconditionnelle de femmes soumises à la volonté de la société ou à l’emprise des hommes, qui, en s’entraidant, vont parvenir à faire bouger les lignes.

Des héroïnes tout à fait lucides sur leurs ambitions qui leur donnent le courage d’avancer que j’ai adoré suivre de la première à la dernière page de ce roman fleuve sans longueurs ! Je vous le conseille vivement !

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Née en Normandie, dans l’Orne, Karine Lebert a été biographe puis journaliste à Paris-Normandie. Elle a notamment publié aux Presses de la Cité Les Amants de l’été 44, sa suite indépendante Pour l’amour de Lauren, Les Murmures du lac et Pour l’honneur des Rochambelles.

À Honfleur, en 1938, Pauline brave l’opinion publique en épousant Joachim, un réfugié allemand qui a fui la montée du nazisme. Les unions franco-allemandes sont mal acceptées et le couple est mis à l’index. Quand la guerre éclate, Pauline quitte tout pour suivre son mari, entré en clandestinité.

En 1946, dans un Berlin occupé par les Alliés, Hilda, la sœur de Joachim, tombe amoureuse d’un officier français. De cette liaison naît une enfant, Adeline, qui disparaît mystérieusement. Hilda se lance dans une recherche désespérée pour la retrouver.

Soixante-dix ans plus tard, à Cabourg, Valentine et Magda, deux jeunes musiciennes, deviennent inséparables. Valentine est normande et Magda, l’arrière-petite-fille de Pauline, allemande. Intriguée par l’histoire familiale de son amie, Valentine part sur les traces d’Adeline.

Quel plaisir de retrouver la plume de Karine Lebert à l’occasion de son tout nouveau roman : Les souvenirs et les mensonges aussi... Vous le savez si vous me suivez depuis un petit moment, j’avais adoré sa duologie Les amants de l’été 44 et Pour l’amour de Lauren et Pour l’honneur des Rochambelles qui avaient pour cadre la seconde guerre mondiale.

Si, comme moi, vous aimez les romans à plusieurs temporalités, les secrets de famille, les destins de femmes et que vous aimez retrouver la guerre 39/45 dans vos lectures, je ne peux que vous conseiller les romans de cette autrice.

Karine Lebert connaît très bien cette époque de notre histoire qu’elle prend pour toile de fond de ses romans. La romancière alterne la narration entre plusieurs époques, donnant tour à tour la parole à Pauline et à Hilda dans le passé, et à Valentine dans le présent. 

Cette nouvelle grande saga féminine de Karine Lebert entremêle la grande Histoire et les destins, passions et secrets de famille des Schultz, entre la France, l’Allemagne et l’U.R.S.S, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale.

Entre passé et présent, souvenirs et mensonges affluent. Commence alors une véritable enquête sur le passé de Pauline qui semble avoir bien des choses à cacher.

L’histoire est très prenante de la première à la dernière page. Merveilleusement écrite et documentée, elle met en scène des couples franco-allemands à une époque où c’était franchement mal vu. Qu’importe, Pauline et Joachim iront jusqu’au bout et cela aura des répercutions importantes pour la famille de Pauline qui en paiera le prix fort.

Au-delà de l’histoire d’amour, Karine Lebert nous parle des maquis et de la résistance, des camps français, antichambre des camps d’extermination allemands. Puis, à la fin de la guerre, on suit en Allemagne Hilda, restée à Baden-Baden pendant la guerre et qui montre le peuple allemand souffrant des bombardements, de la famine, de l’occupation française, américaine et anglaise, etc. Et enfin, l’U.R.S.S où après l’appel de Staline en 1948, des communistes vont faire le choix d’émigrer, pleins d’espoir mais vite rattrapés par la dure réalité qui va les frapper sitôt la frontière franchie.

Et une fois de plus, je ressors enchantée de ma lecture. J’aime les romans historiques lorsqu’ils me permettent de me plonger dans une époque et de m’instruire, et c’est toujours le cas avec ceux de Karine Lebert.

Chacun de ses romans mettent en lumière des thèmes précis et ici elle aborde avec finesse et intelligence, le problème des amours « Franco-Allemands » durant la seconde guerre et le mirage du communisme au sortir de la guerre. 

Les personnages féminins se révèlent forts, volontaires, plein de courage pour faire face aux adversités qu’ils vont rencontrer sur leurs routes. Je les ai trouvés très attachantes, admirative de leur parcours, leur bravoure, leur énergie pour sauver leur famille des horreurs de ce conflit mondial.

Passionnant de bout en bout, le dernier opus de Karine Lebert est une belle ode aux femmes, ne le manquez pas !

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour cette très belle lecture.

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Cristina Caboni est apicultrice en Sardaigne. Depuis Le Parfum des sentiments (Presses de la Cité, 2016), ses romans, traduits dans une dizaine de langues, sont d’énormes succès en Italie et en Allemagne.

La maison aux miroirs, somptueuse villa de Positano, est le seul endroit où Milena se sent chez elle. Elle y a grandi avec son grand-père Michele et en connaît tous les recoins. Mais un jour, sa visite est troublée par une étrange découverte : un squelette retrouvé par des ouvriers dans le jardin de la propriété.

Michele, malade, semble particulièrement bouleversé. Au gré de ses délires surgit un nom : Eva, sa femme, disparue des années plus tôt, abandonnant mari et enfant et dont il est resté sans nouvelles depuis.

Milena va tenter de percer le mystère et plonger dans le temps et dans l’histoire, celle de l’âge d’or du cinéma italien, pour comprendre son passé et embrasser le présent. Et si la vérité se trouvait de l’autre côté du miroir ?

La maison aux miroirs, troisième lecture dans le cadre du #grandprixdeslecteurspocket, signe mes retrouvailles avec la romancière italienne Cristina Caboni que j’avais découverte avec Une vie entre les pages, son précédent roman.

C’est une histoire passionnante, bouleversante, qui m’a émue aux larmes, que nous propose Cristina Caboni et qui nous enchante par ses paysages colorés, la proximité de la mer et son atmosphère chaleureuse.

Un roman qui donne furieusement d’aller voir si le bleu du ciel de Positano est le plus beau du monde, humer ses citronniers, manger des pastas et des pizzas, c’est toute l’Italie qui est dans ce roman !

La plume de l’autrice est fluide et l’histoire rondement menée, au point que j’ai tourné les pages avec une certaine avidité pour venir à bout de ce récit en deux jours seulement.

L’enquête que mène Milena sur les traces d’Eva, sa nonna disparue et surtout l’histoire d’amour contrarié entre ses grands-parents, émouvante et tragique, nous prend et nous fait tellement bien sentir ces émotions de regret, de “et si seulement” qu’on remonterait le temps si on le pouvait, pour donner à leur amour une deuxième chance qu’ils méritent tant.

Le récit fait la part belle aux secrets de famille, aux non-dits et aux mensonges qui entourent la vie de Milena dans cette maison aux miroirs qui nous font passer de l’ombre à la lumière au fil de l’intrigue.

Les personnages, principaux et secondaires, sont attachants : Milena bien sûr que j’ai trouvé très touchante avec ce lien si particulier qui l’unit à son grand-père Michele et qui m’a beaucoup rappelé celui que j’entretenais avec le mien. Rosaria la gouvernante, Federico le chef des carabiniers, Gabriel et Eva, sans oublier Michele, inconsolable de la perte de sa fille et de la disparition de son épouse.

Si vous aimez les secrets de famille, l’Italie, le cinéma des années 50, je ne peux que vous conseiller cette lecture qui m’a emportée jusque sur la côte amalfitaine !

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Née en 1978 à Paris, Marie-Diane Meissirel est franco-américaine. Après des études de sciences politiques et de commerce en France et à Hong Kong. Elle vit désormais à Singapour. Les Accords silencieux est son premier roman paru aux Escales.

New York, juin 1937. Tillie Schultz perpétue la tradition familiale et entre chez Steinway & Sons pour travailler auprès des  » immortels « , ces pianistes de légende comme Rachmaninov et Horowitz.

Grande mélomane, son talent n’égale pas celui des maîtres qu’elle côtoie. Pour vivre sa passion, elle ne peut que se mettre au service de ceux qui possèdent le génie qu’elle n’a pas.

Hong Kong, septembre 2014. Xià, une étudiante chinoise, retrouve le plaisir de jouer grâce à Tillie Fù et à son Steinway. Elle s’autorise, pour la première fois depuis un examen raté, à poser ses doigts sur un clavier et interprète pour Tillie les airs que la vieille dame ne peut plus jouer.

Si soixante-dix ans séparent les deux femmes, elles sont unies par une histoire commune insoupçonnée et par leur amour pour la musique qui projette sur leurs vies une lumineuse beauté.

Autour d’un Steinway qui a traversé le XXe siècle, Marie-Diane Meissirel nous raconte avec Les accords silencieux, les destins de deux femmes que tout sépare, se rencontrent, liés par un ancien secret et l’amour de la musique.

Vous connaissez mon attrait pour les romans à double temporalité, les destins de femmes et les secrets de famille, sur le papier ce roman avait tout pour me plaire. Si vous êtes comme moi, ce roman a de grandes chances de vous attirer, mais si vous n’êtes pas mélomane, il risque aussi, par moments, de vous ennuyer.

Pour tout vous dire, je ne suis pas férue de musique classique même si j’en écoute ponctuellement je n’ai pas une grande culture musicale, je ne joue pas d’un instrument, il y a donc des chapitres entiers qui m’ont paru bien longs d’autant qu’il ne se passe pas forcément grand chose d’autre que la musique.

Je ressors donc un peu mitigée de cette lecture à cause de ce point précis, je ne pensais pas que les pages consacrées à la pratique d’un instrument et à la musique pure seraient aussi nombreuses mais c’est là mon seul bémol.

Néanmoins, ce roman a plus d’un atout : j’ai tout de même été séduite par les personnages de Tillia, Xia, Mei et surtout Shên, seul personnage masculin du récit dont la trajectoire m’a beaucoup émue et touchée. J’ai aussi beaucoup aimé la très jolie plume de Marie-Diane Meissirel qui a un évident talent de conteuse, son récit est construit brillamment et le final m’a réellement plu.

L’aspect historique est aussi très intéressant, notamment la révolution culturelle de Mao et ce qui va advenir des musiciens, professeurs de musique et fabricants d’instruments, accusés d’être des sentimentalistes bourgeois.

Ils vont faire l’objet de procès et d’opprobre publics et beaucoup vont malheureusement être poussés au suicide sous les vivats de la foule. Ne connaissant pas l’histoire de la Chine, j’ai été horrifiée de découvrir ces faits terribles et ces personnes broyées par la machine communiste.

Un premier roman qui vaut donc le détour, je vous invite à le lire si vous êtes sensibles à la musique et j’en profite pour remercier les éditions Les escales pour cette lecture et leur confiance.

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