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Posts Tagged ‘Tristan gion’

Jolan Bertrand est né un jour d’été de l’année 1994. Ses parents lui ont donné un prénom féminin d’origine grecque qui signifie « petite herbe fraiche », et l’ont entouré de livres et d’amour. Tout comme Ragnar, Jolan n’a jamais trouvé sa place parmi les demoiselles aux boucliers. Un jour, il a annoncé à tout le village qu’il était en réalité un homme et s’est choisi un nouveau prénom, emprunté à un Viking de son enfance. Il a laissé le bouclier pour prendre la plume et, quand il n’écrit pas des histoires, il parcourt le monde avec un vieux sac à dos.

Il y a très longtemps, il y avait deux hivers : la Grande, avec ses froids polaires et ses blizzards, et la Petite, avec ses glissades joyeuses et ses batailles de boules de neige.

Mais depuis que la Petite a disparu, tout est détraqué au village de Brume ! Les adultes sont inquiets, plus personne ne rit aux bonnes farces d’Alfred et, surtout, les trolls passent leur temps à voler des objets, qu’ils emportent à tout jamais dans la taïga.

Lorsque l’oncle d’Alfred se porte volontaire pour rapporter les objets volés et qu’il disparait sous ses yeux, avalé par la tempête, c’en est trop : il faut partir à sa recherche, coûte que coûte, braver les dangers de la forêt boréale, et affronter la Grande Hiver…

L’hiver touche à sa fin et pour moi, impossible de lire un récit qui se passe en cette saison, à un autre moment. Aussi lorsque Les soeurs Hiver est arrivé à la maison, il n’a pas eu le temps de passer par la case pal car je l’ai aussitôt lu et aussi parce que mon fils cadet, passionné de mythologie nordique et de viking, l’avait aussi dans le viseur !

C’est un roman à destination des 9/12 ans qui plonge ses lecteurs au coeur du village viking de Brume, on y rencontre des trolls, Loki le dieu de la malice, de la discorde et des illusions qui a le don de métamorphose. C’est un dieu aussi impulsif et irresponsable que malin et rusé, et il va jouer ici un vilain tour aux soeurs Hiver.

Jolan Bertrand nous propose ici un très chouette récit d’aventures, avec une ambiance de grand nord, des personnages attachants, du folklore et de la mythologie nordique.

L’auteur amène aussi avec beaucoup de naturel des thèmes que l’on ne voit pas assez en littérature jeunesse comme la transidentité, la non-binarité, le féminisme : le village est dirigé par une cheffe, il y a une forgeronne, des guerrières, etc, sans oublier les trolls qui ne sont pas genrés. Un combo réussi que je tiens vraiment à souligner.

Nos héros le jeune Alfred, particulièrement farceur et grand admirateur de Loki, et son oncle Ragnar, née femme mais qui s’est toujours sentie homme au point qu’elle l’est devenue avec l’aide des dieux, partent reprendre aux trolls les objets que ceux-ci n’arrêtent pas de voler aux villageois.

Les pieds dans la neige, bravant le vent que fait souffler la grande hiver, ils vont se retrouver aux prises avec le dieu Loki et vont permettre aux soeurs Hiver de se retrouver après quinze années sans se voir, faute au dieu de la malice !

Si l’histoire est réussie, l’objet livre l’est tout autant. Les illustrations de Tristan Gion, décidément très talentueux, sont un gros plus pour intéresser les enfants à la lecture de ce roman.

Les entêtes de chapitres, les illustrations en pleine page voire en double page et en couleurs concourent à plonger les enfants dans l’univers imaginé et raconté par Jolan Bertrand.

Vous l’aurez compris c’est une pépite que je conseille sans réserve aux jeunes lecteurs, aux ados et à leurs parents et je remercie L’école des loisirs pour leur confiance sans cesse renouvelée et qui me permet de faire de très belles lectures !

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Un géant dort sous nos pieds et il ne faudrait pas le réveiller ! Sentez-vous son souffle dans le vent de l’hiver ? Avez-vous aperçu son reflet entre les nénuphars de l’étang ? Vous le reconnaîtrez, un jour ou l’autre, si vous êtes attentifs au vent qui frôle la lumière, aux paroles des arbres et à la danse des vagues.« Il est là, sous nos pieds, le géant assoupi, sous l’humus des forêts, le bitume de nos villes, sous les plages et les champs, les plaines et les vallées, sous les fleuves et les mers. »

Il y a fort longtemps, Gromislav habitait avec les Assilkis, ses semblables, sur l’île de Bouïane, auprès des créatures magiques et des dieux slaves. Si Gromislav est un brave et bon géant, obéissant aux dieux, aimant les oiseaux et les arbres, ses frères, quant à eux, s’adonnent à la furie, dévastant tout sur leur passage.

Svarog, dieu du feu céleste et des forgerons, l’un des nombreux fils du dieu Rod, adorait créer des planètes. Un jour, il crée une petite planète et la lance dans l’univers. La planète bleue est née, elle va se développer pendant quelques centaines d’années.

Mais les Assilkis finissent par lasser Rod qui décident de les exiler sur la planète bleue, ce qui n’est pas du tout du goût des géants ni de Svarog qui a peur pour la Terre, il va pouvoir compter sur Gromislav…

Gromislav est un récit de cosmogonie qui s’inspire de la mythologie slave, dont je ne sais absolument rien. J’étais donc très curieuse de découvrir ce titre, d’autant que le texte est signé Carole Trébor.

En tant que spécialiste de l’histoire russe, cette romancière jeunesse s’intéresse depuis longtemps aux dieux anciens slaves et Gromislav l’a particulièrement touchée.

Loin des figures habituelles des dieux de la mythologie toutes en force, ce géant est un héros lent, doux et pacifique. Elle a choisi dans cet album à destination des 6 ans et plus au vocabulaire plutôt soigné et exigeant, de raconter la manière dont Gromislav sauve la terre.

Cette fable écologique est un véritable appel à la protection de la planète mais aussi à la création et à l’imaginaire. Gromislav fait figure de héros atypique, loin des stéréotypes de la toute-puissance.

À la fois puissant et fragile, lent et fort, brave mais toujours prompt à faire la sieste, il nous amène à contempler la création du monde et la naissance de la vie sur Terre.

Les illustrations absolument magnifiques de Tristan Gion accompagnent merveilleusement les propos de l’autrice et ne manqueront pas de fasciner les petits lecteurs et leurs parents.

Passionné de mythologie, il parvient à faire ressortir toute la beauté grâce à la puissance narrative de ses illustrations, sa maitrise des couleurs, je découvre ici son travail et franchement je suis sous le charme !

Les éditions Aleph sont spécialisés dans les mythes, contes et légendes du monde, Idunn, focalisé sur la mythologie nordique est déjà paru, et si j’en ai l’occasion, je ne manquerai pas de le lire aussi.

En bref, un magnifique album écrit dans un style poétique et avec un message écologique à mettre entre toutes les mains, dès 6 ans si on ajuste son vocabulaire trop ardu à comprendre à mon sens, mais surtout dès 8 / 10 ans !

Un grand merci aux éditions Aleph pour cette belle découverte, j’ai adoré.

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