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Posts Tagged ‘un si petit oiseau marie pavlenko’

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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Elle ferme les yeux, écoute la nuit, elle sent battre le cœur de la Terre, sous elle, celui des hommes, des arbres, des animaux, cœur nocturne qui bat depuis le commencement, qui battra après elle. Elle appartient à ce monde immense. Et son bras, peut-être, alors, est dérisoire.

Lors d’un beau week-end ensoleillé de mai, Abi et sa mère Elsa prennent la voiture. Nina Simone chante dans l’autoradio lorsqu’elles sont violemment percutées par une conductrice toute à sa conversation téléphonique.

Elsa et l’automobiliste sont indemnes. Abi, qui battait la mesure, son bras reposant sur la fenêtre ouverte, voit son bras pendre dangereusement avant de perdre connaissance.

A son réveil, elle apprend qu’elle a été amputée en dessous de l’épaule. Le monde d’Abi s’effondre car la jeune fille de vingt ans était en classe prépa pour intégrer l’école vétérinaire.

Après plusieurs mois d’hospitalisation, Abigail rentre chez elle, munie d’une prothèse, son bras de Vador comme elle l’appelle. Elle ne voit plus personne. Son corps mutilé bouleverse son quotidien, sa vie d’avant lui est insupportable.

Comment se définir quand on a perdu ses repères, qu’on ne sait plus qui on est, que la douleur est toujours embusquée, prête à exploser ?

Il y a deux ans déjà, j’avais beaucoup aimé Je suis ton soleil, j’étais donc ravie de retrouver la plume de Marie Pavlenko à l’occasion d’Un si petit oiseau, sorti il y a plusieurs semaines déjà et dont je n’ai lu que des avis positifs.

Autant vous le dire d’emblée, le mien le sera tout autant car j’ai beaucoup aimé l’histoire proposée par l’auteur, qui lui a été inspirée par l’accident arrivé à sa propre mère en 2015.

Un si petit oiseau, c’est donc l’histoire d’Abi, qui, traumatisée par l’accident dont elle a été victime, a du mal à remonter la pente. Il faut dire que se voir amputée d’un membre doit être une épreuve particulièrement difficile à surmonter.

Heureusement pour elle, Abi est bien entourée, sa mère, professeur de français, se rend disponible pour elle tous les matins, mais Abi vit recluse dans sa chambre, abrutie par la morphine, car les douleurs de son membre fantôme sont insupportables.

Elle ne veut plus voir ses amis, s’est mis sa petite sœur à dos, ne supporte plus l’humour franc du collier de son père et de sa tante. Pruneau est manchote et elle ne l’accepte pas.

L’auteure aborde à travers Abi toutes les difficultés qu’ont les personnes amputées pour affronter la douleur, la dépression, le deuil de leur vie d’avant, pour devenir autonomes et se reconstruire. La plume de Marie Pavlenko est toujours aussi fluide et addictive et j’ai littéralement dévoré ce roman en quelques heures.

L’autrice aborde toutes les questions posées par le handicap : comment trouver l’amour lorsque l’on épreuve une telle aversion envers son nouveau corps, comment s’habiller, se coiffer, plier son linge, faire une valise, préparer son repas… lorsque l’on a qu’une seule main ?

Il y a aussi toutes les difficultés rencontrées par l’entourage : sa mère qui culpabilise parce qu’elle était au volant, son père qui pour ne pas s’effondrer enchaîne les blagues lourdingues, Millie la petite sœur jalouse qui a l’impression d’être la dernière roue du carrosse depuis l’accident… Tous ont mis leur vie entre parenthèses pour aider au mieux Abi.

Ce roman est poignant mais jamais larmoyant, certains passages sont très émouvants mais il est aussi bourré d’humour et de dérision. Les personnages sont crédibles et on ne peut qu’être en empathie avec Abi qui traverse des moments très difficiles mais qui saura rebondir avec l’aide des siens, d’Aurèle, un camarade d’enfance, et la découverte de l’ornithologie.

J’ai été très touchée par Un si petit oiseau, par Abi, sa désespérance, ses douleurs et sa reconstruction. Le handicap est abordé par Marie Pavlenko avec pudeur, réalisme et humour. Un roman très réussi à mettre entre les mains des adolescents et de leurs parents !

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