Diplômée de l’Ecole du Louvre et de muséologie, Valentine del Moral est libraire en livres anciens, écrivain, illustratrice, journaliste.
On connaît Émile Zola comme le chef de file du naturalisme et le vengeur de l’Affaire Dreyfus avec son J’accuse paru dans le journal L’Aurore de Georges Clémenceau. Mais est-ce assez de connaître sa vie publique pour le deviner tout entier ?
Émile Zola, c’est une maison qui le dévoile : Médan. Il s’y révèle bâtisseur fantasque, zinzin d’animaux, cycliste enragé, chineur invétéré, photographe compulsif.
La maison, docile, se laisse faire et, comme Émile est fou d’amitié, elle ouvre ses portes à Paul Cézanne, Guy de Maupassant, Edmond de Goncourt, Paul Alexis, Georges Charpentier et bien d’autres encore.
Médan, c’est encore le domaine qu’il partage avec sa femme Alexandrine et qu’il tentera en vain d’ouvrir à sa maîtresse Jeanne et à leurs enfants Denise et Jacques.
Alternativement écrivain solitaire et amphitryon débonnaire, Zola rayonne en son royaume jusqu’à ce qu’il publie « J’Accuse… ! ». La maison se fait alors forteresse. Et voilà Médan outragé ! Médan martyrisé ! Médan finalement libéré ! Mais à quel prix ?
Pendant quelques années, j’ai vécu à Villennes-sur-Seine, là où les amis des Zola débarquaient de Paris. Mais, hélas, à cette époque, la maison zolienne n’était pas ouverte au public. Elle l’est désormais et j’espère avoir un jour l’occasion de la parcourir même si à la mort d’Emile, Alexandrine a tout vendu !
En attendant, grâce à Chez Zola ! de Valentine del Moral, j’ai l’impression de bien connaître les lieux et surtout l’esprit d’amitié, de générosité, de solidarité d’Emile Zola et de son épouse qui firent de leur maison de Médan, un eden pour leurs invités.
J’ai lu plusieurs volumes des Rougon-Macquart, Les soirées de Médan et je sais le mystère qui entoure la mort du père du naturalisme. J’ai découvert ici l’homme intime. Gourmand, lecteur de la presse mais aussi de ses pairs, l’ami de Flaubert et de Paul Cézanne, qui prit sous son aile la jeune génération dont l’étoile fut Guy de Maupassant.
Mais aussi, le collectionneur compulsif d’objets et d’oeuvres d’art, le fou de bicyclette et de photographie et l’ami des bêtes. L’amoureux de Jeanne, à qui il fit deux enfants, avec qui il passait tous ses après-midis à Triel ou à Paris, à quelques encablures des lieux dans lesquels il vivait avec son épouse Alexandrine.
Très bien écrit et documenté, cet ouvrage composé de douze chapitres débute avec l’achat de Médan, le 10 juin 1878 jusqu’à son dernier séjour le 28 septembre 1902, veille de sa mort. L’autrice nous raconte par le menu les travaux entrepris par l’écrivain, les agrandissements au fil du succès des RM : la tour Gervaise, le pavillon scandinave, le bowling, le jardin, la barque Nana, l’ameublement des pièces, les journées types de Zola… sans oublier les folles soirées de Médan
Et c’est tout simplement passionnant de découvrir tout un pan méconnu de la vie du grand romancier qui apparaît bien tendre et joyeux, ami fidèle et généreux. Le récit se lit comme un roman et si il est précis, il n’est jamais ennuyeux, bien au contraire. Cerise sur le gâteau : plusieurs photographies prises par Zola ou ses enfants figurent en fin d’ouvrage.
Si vous vous intéressez aux maisons d’écrivains ou à Emile Zola, je ne peux que vous conseiller cette lecture enrichissante !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Le mot et le reste pour leur confiance.