Littérature belge

La Dame d’argile – Christiana Moreau

Christiana Moreau est une artiste autodidacte, peintre et sculptrice belge. Elle vit à Seraing, dans la province de Liège, en Belgique. Après La Sonate oubliée, Cachemire rouge est son deuxième roman.

Sabrina est restauratrice au musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Elle vient de perdre sa grand-mère, Angela, et a découvert, dans la maison de celle-ci, une magnifique sculpture en argile représentant un buste féminin, signée de la main de Costanza Marsiato.

Le modèle n’est autre que Simonetta Vespucci, qui a illuminé le quattrocento italien de sa grande beauté et inspiré les artistes les plus renommés de son temps. Aimée de Julien de Médicis, elle fut la muse du grand Sandro Botticelli qui ne cessera de la peindre bien après son décès prématurée.

Qui était cette mystérieuse Costanza, sculptrice méconnue ? Comment Angela, Italienne d’origine modeste contrainte d’émigrer en Belgique après la Seconde Guerre mondiale, a-t-elle pu se retrouver en possession d’une telle œuvre ?

Sabrina décide de partir à Florence pour en savoir plus…

La dame d’argile est le troisième roman de Christiana Moreau que je découvre, pour ma part, avec ce nouveau titre. Sur le papier, il avait tout pour me plaire : un roman à plusieurs temporalités, porté par des femmes, avec une trame artistique et surtout la renaissance italienne, autant dire que c’était presque gagné.

Dans ce roman d’une grande sensibilité, Christiana Moreau fait montre d’un très joli talent de conteuse pour faire s’entremêler avec habileté les voix, les époques et les lieux, et donner à ces quatre destins de femmes un éclat flamboyant.

Tour à tour, l’autrice belge donne la parole à ses quatre héroïnes et ce, sur quatre temporalités différentes : Sabrina de nos jours, partie en quête de ses origines sur la terre de ses ancêtres. Sa grand-mère Angela au sortir de la seconde guerre mondiale. Costanza, sculptrice de la fin du XIVè siècle. Et Simonetta Vespucci, de 1469 à 1476, date de son mariage et de son arrivée à Florence jusqu’à sa mort.

Si ses héroïnes sont fictives, si l’on excepte Simonetta, Christiana Moreau fait côtoyer personnages de papier et historiques dans les passages consacrés au Quatrocento, qui sont mes préférés. L’autrice a bien travaillé cette période que je trouve passionnante et ce fut un régal de suivre Simonetta et Costanza dans leur quotidien.

La muse à la beauté parfaite et la sculptrice sont des personnages réellement intéressants et nous permettent d’approcher l’un de mes peintes préférés, Sandro Botticelli pendant la vie de Simonetta mais aussi après sa mort alors que Savonarole et son bûcher des vanités font rage.

Costanza, qui n’a pas le droit de sculpter en tant que femme, devra revêtir des habits d’homme pour pouvoir intégrer un atelier, parfaire sa technique et réaliser la sculpture que possède la famille de Sabrina. Pour donner corps à cette oeuvre, Christiana Moreau s’est inspirée du portrait de Simonetta présent sur la couverture du livre et qui a été réalisé par un élève de Botticelli.

Si j’ai adoré toute cette partie historique, j’ai été moins touchée par l’histoire d’Angela, qui a quitté son Italie natale pour suivre son mari devenu mineur en Belgique, et par Sabrina engluée dans un histoire d’amour compliquée. Il y a certes des secrets de famille qui rendent utiles ces parties au présent mais Christiana Moreau avait la matière pour réaliser un formidable roman historique, en se concentrant sur le Quatrocento.

Bien sûr ce n’est que mon avis d’amoureuse d’intrigue historique, d’art et de renaissance italienne, qui aurait voulu rester davantage avec Costanza et Simonetta plutôt qu’avec Sabrina et Angela.

Reste que ce roman et ses trajectoires de femmes fortes fut une très bonne lecture et si vous êtes comme moi amateur.trice d’art et de secrets de famille, je ne peux que vous le conseiller.

Un grand merci aux éditions Préludes pour cette lecture addictive et passionnante.

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