Littérature adolescente & young adult

Je t’ai aimé dans une autre vie – David Arnold

Avant de devenir écrivain, David Arnold a été enseignant, père au foyer, producteur et musicien. Son premier roman, Mosquitoland, est un best-seller du New York Times. Il vit à Lexington, dans le Kentucky, avec sa femme et leur fils.

Evan et Shosh ont des rêves. Il veut dessiner la faune et la flore en Alaska. Elle veut devenir une star à Hollywood. Mais Evan doit s’occuper de sa mère malade et de son petit frère hypersensible.

Et Shosh ne sait plus vivre sans alcool depuis l’accident de voiture qui a emporté sa soeur.

Alors que l’avenir semble sombre et incertain, une voix qui ne chante que pour eux les porte irrésistiblement l’un vers l’autre. Et s’ils étaient destinés à s’aimer par-delà l’espace et le temps, et, ensemble, à tout surmonter ?

Avec Je t’ai aimé dans une autre vie, David Arnold propose à ses lecteurs dès 14 ans un récit plutôt poétique sur la puissance de l’amour sous toutes ses formes.

Au-delà de l’histoire d’amour, l’auteur aborde bon nombre de thématiques très importantes et contemporaines telles que le deuil, le handicap, le divorce, l’alcoolisme, le cancer, l’alcoolisme, les études, le passage à l’âge adulte… c’est toujours utile lorsqu’un auteur propose à ses jeunes lecteurs d’explorer des sujets qui les concernent.

Cependant, j’ai trouvé cette accumulation qui concerne nos deux héros un peu too much à mon goût, ces jeunes adultes cumulent tous ses problèmes, c’est certes crédible, mais on a l’impression que l’auteur veut mettre trop de choses dans son récit qu’il n’a pas le temps d’explorer en profondeur et cela alourdit l’ensemble.

L’histoire met aussi beaucoup de temps à s’installer, l’auteur prend vraiment le temps de planter le décor, de nous introduire les différents protagonistes, ils sont bien travaillés mais il ne se passe pas grand chose dans la première moitié du livre et c’est un peu ennuyeux par moment.

Heureusement la seconde moitié est addictive et les pages défilent vite tant l’écriture de l’auteur est fluide, les chapitres courts et les dialogues abondants.

Que ce soit l’amour entre Shosh et Evan mais aussi les liens qu’ils entretiennent avec leurs amis, la thérapeute de Shosh, avec le petit frère et la mère d’Evan, l’amour transpire de ce livre et c’est ce que j’ai le plus apprécié dans ma lecture.

Mais je m’attendais à autre chose. Je m’attendais à retrouver nos héros dans les histoires d’amour qu’ils auraient vécu à des époques différentes, dans le passé et dans le futur. L’auteur nous livre bien quelques courts chapitres à ce sujet mais je m’attendais à ce qu’elles prennent plus de place, que ce soit plus romantique.

Il n’y a pas non plus de réelle intrigue, il s’agit plus de tranches de vie du quotidien. Je ne me suis pas spécialement attachée aux personnages : j’ai bien aimé Evan même si il m’a semblé un peu trop parfait mais j’ai trouvé Shosh plutôt énervante.

En bref, c’est une lecture agréable mais qui ne me restera pas longtemps en mémoire, qui ne me marquera pas autant que je l’avais espéré.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour leur confiance.

Littérature adolescente & young adult

La cité oubliée – Hermine Lefebvre

Née en 1991, Hermine Lefebvre travaille comme correctrice dans l’audiovisuel. Elle explore avec joie le F « Fantasy » du sigle SFFF depuis de nombreuses années. Elle a déjà publié La Chasse fantôme chez Scrineo, sélectionné au Prix Elbakin 2020 dans la catégorie Roman francophone jeunesse et pour le Prix Bob Morane, et Sous le sceau de l’hiver (2021). La Cité oubliée est son troisième roman. chez Scrineo.

Marchant dans les pas de son père disparu, Lauro recherche la légendaire Antique Cité que tous les Venezians croient engloutie à jamais. Mais le soir où il est sur le point de s’emparer d’un anneau réputé y mener, il est devancé par Clemente, un jeune homme aux talents particuliers qui semble avoir de nombreux secrets.

Tandis que des pluies inhabituelles s’abattent sur la ville, ils devront s’allier pour faire face à ceux qui tentent à tout prix de les empêcher d’atteindre la Cité oubliée.

Avec La cité oubliée, Hermine Lefebvre propose à ses lecteurs dès 14 ans, une course-poursuite effrénée sur les traces d’une cité légendaire, dans une Venise magique menacée par les eaux.

Vous avez du le remarquer, je lis rarement dans la Fantaisy, je n’avais donc pas vraiment d’attente concernant ce roman, à l’exception d’embarquer pour Venise et de passer un bon moment de lecture, et de ce point de vue, ce roman a fait le job, je ne peux pas dire le contraire.

J’ai été facilement embarquée dans ce récit qui file à toute allure, un peu trop pour moi c’est là que le bat blesse, car pour moi, cela manque de profondeur, mais je n’oublie pas que le public visé est l’adolescent.e qui a besoin d’un roman immersif, et là encore, Hermine Lefebvre leur offre.

J’ai beaucoup aimé l’univers steampunk proposé par l’autrice à base de vapeur. La ville de Venise est un formidable terrain de jeux bien exploité avec ses palais, ses canaux, son architecture… pour moi qui adore cette cité lacustre, ce fut un plaisir de suivre notre trio de héros dans leurs pérégrinations.

L’intrigue tourne autour d’une quête, peut-être vouée à l’échec au vu de sa difficulté : retrouver la fameuse cité oubliée, une autre Venise qui promet monts et merveilles, à l’instar des cité légendaires d’Ys ou de l’Atlantide.

Fiore, Clemente et Lauro sont issus de la diversité et ça, c’est une très bonne chose. Bon nombre de lecteurs pourront se reconnaître en eux et retrouver des personnages qui leur ressemblent.

On suit plus particulièrement Clemente, le petit-fils d’un personnage puissant de la cité, un assassin gardé en cage et caché aux yeux de tous. Lauro est un voleur qui poursuit le rêve de son père, par curiosité et pour être proche de lui. Par accident, ils se rencontrent. Par hasard, ils font un bout de chemin ensemble, par choix ils resteront.

J’ai aimé l’alternance de point de vue qui permet de bien saisir les choix de chacun des personnages : les secrets, les silences ou les révélations. L’autrice a réussi à trouver un équilibre où le passage de l’un à l’autre est un réel plus et n’alourdit pas l’histoire ni ne provoque de coupe dans le récit.

L’histoire est plaisante, plutôt agréable et palpitante à suivre, c’est un page-turner efficace et j’ai tourné les pages avec plaisir.

Quelques bémols cependant : le récit en lui-même est très classique, c’est tout bonnement une quête comme il en existe des tas. Le dernier tiers du roman est trop rapide pour moi, j’ai trouvé que les explications quant à la magie liée aux Eaux devenaient un peu floues voire absconses. C’était intense et technique et j’avoue avoir eu du mal à suivre. 

Un grand merci à Babelio et aux éditions Scrinéo pour cette lecture qui m’a sorti des sentiers battus.

Littérature adolescente & young adult

Le loup du bois sanglant – Catherine Cuenca

Catherine Cuenca est née en 1982. Son premier roman publié en 2001, elle se lance dans le métier d’écrivain à temps plein en 2010. Elle est l’autrice d’une quarantaine de romans historiques pour la jeunesse.

Octobre 1914. Afin de ne plus connaître l’enfer de la guerre, le soldat Thomas Jacquin se donne la mort. Dans ses poches, le sergent Corentin Dumet découvre des lettres adressées, quarante-quatre ans plus tôt, à Valentin Desvaux, un soldat engagé dans la bataille de 1870 contre les Prussiens.

Comment Thomas Jacquin est-il entré en possession de ces lettres ? Qui était Valentin Desvaux, ce soldat qui semble avoir disparu sans laisser de traces ? Quels sont les liens entre les deux hommes ?

Corentin va mener son enquête et tenter de retrouver Pauline, l’expéditrice de ces courriers. Une piste qui pourrait bien le jeter dans la gueule du loup…

Le loup du bois sanglant signe mes retrouvailles avec Catherine Cuenca dont j’ai tant aimé Celle qui voulait conduire le tramLe choix d’AdélieL’assassin du Marais, Nos corps jugés et La marraine de guerre. C’est bien simple, cette autrice qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adolescents ne me déçoit jamais et ce titre ne fait pas exception à la règle.

Catherine Cuenca entremêle ici très intelligemment la guerre de 1870 et celle de 14/18. Autant, les livres sur la seconde sont abondants même si les auteurs préfèrent souvent explorer la deuxième guerre mondiale, autant la première reste quasiment inexploitée, en tout cas, c’est la première fois que je tombe sur un récit qui a pour décor la future débâcle de Sedan qui a mis fin au règne de Napoléon III.

Vous connaissez mon intérêt pour le premier conflit mondial mais j’avoue que ce qui m’a attiré ici c’est cette guerre de 1870. Roman à double temporalité, Catherine Cuenca donne tour à tour la parole au sergent Corentin Dumet en 1914 puis à Valentin Desvaux, engagé dans la bataille de 1870.

Les chapitres alternent entre ces deux personnages et montrent aux lecteurs dès 11 ans la réalité des guerres, que ce soit sur le front et à l’arrière, les conséquences du conflit dans les villages de l’Est de la France mais en ne tombant jamais totalement dans l’explicite et en mettant de côté les véritables boucheries qu’elles sont en réalité.

Si en 1914, tous les hommes sont mobilisés, en tout cas ceux qui sont aptes à se battre et ayant fait leurs classes, en 1870 la réalité est tout autre. A cette époque, le service militaire dure aussi trois ans mais tous les hommes ne sont pas appelés à le faire. Il y a bien sûr, les réformés et les soutiens de famille, mais les hommes sont sélectionnés par tirage au sort.

Si ils tirent le bon numéro, ils sont exemptés, sinon, ils peuvent acheter leur exemption auprès de quelqu’un qui veut bien prendre leur place. Ce système inique favorise les plus riches et c’est ainsi que Valentin se retrouve à faire son service militaire à la place de son meilleur ami qui lui offre 2500 francs, une fortune !

Outre cet aspect historique, l’autrice propose une trame avec un suspens tenu jusqu’à la dernière page. Quel peut être le lien entre Valentin Desvaux et Thomas Jacquin ? Et comment ce dernier s’est-il procuré les lettres ? Valentin Desvaux est-il mort en 1870 ou a-t-il survécu ?

Le sergent Dumet, désigné pour informer la famille de Thomas Jacquin de son décès, décide de retrouver Pauline, l’expéditrice des lettres à Valentin Desvaux, pour mettre fin à ces mystères. Les chapitres assez courts et l’alternance d’époques et de héros, donnent du rythme au récit et donnent vraiment envie de tourner les pages sans s’arrêter.

Les protagonistes sont attachants, les dialogues sonnent justes, le récit riche en détails historiques, en bref c’est un très bon roman que je conseille aux pré-ados et aux adolescents en priorité mais l’adulte que je suis y a aussi trouvé son compte, ce sera peut-être votre cas aussi.

Littérature adolescente & young adult

Love story tome 2 Immortality – Dana Schwartz

Lu dans le cadre du challenge American year

Dana Jae Schwartz est une journaliste, scénariste et auteure américaine. Elle était auparavant correspondante à Entertainment Weekly ; elle est également l’auteur de quatre livres. Elle écrit et anime également Noble Blood, un podcast hebdomadaire historique pour iHeartMedia sur le côté obscur de la monarchie. 

Édimbourg, 1818. Sans nouvelles de Jack depuis sa disparition, Hazel a abandonné tout espoir de le revoir. Désormais chirgurien accompli, elle trompe son chagrin en se consacrant exclusivement à sa passion.

Mais être une femme de science dans un monde d’hommes n’est pas sans risques. Condamnée à mort pour avoir pratiqué un avortement, Hazel n’est sauvée que par une mystérieuse intervention royale.

Entraînée dans les conspirations et les intrigues amoureuses de la cour de Londres, Hazel découvrira bientôt qu’un terrible danger pèse sur la monarchie…

Immortality est le second et dernier tome de la duologie Love story de Dana Scwhartz mettant en scène Hazel. C’est la suite directe d’Anatomy que j’avais adoré il y a un an tout pile. Mélange de romance et de polar dans un décor gothique et macabre, je l’avais trouvé très réussi et passionnant !

Ce second volet se révèle nettement moins macabre et davantage historique. On retrouve Hazel au cœur de la cour anglaise, devenue médecin personnelle de la princesse Charlotte, à la cour du roi George III et de son fils le prince Régent.

Entre conspirations et sociétés secrètes, Hazel va se lier d’amitié avec de nouveaux personnages autour du fluide de l’immortalité qui lui a été offert par le docteur Beecham dans le premier tome et qu’elle avait donné à Jack, son grand amour et qui lui a permis à celui d’échapper à la mort.

Si cette histoire se lit bien et qu’elle conserve des portées féministes, je dois reconnaître qu’elle m’a nettement moins plu. Ce qui m’avait tant séduite dans le premier volume est cruellement absent de cette suite. Exit la romance entre Hazel et Jack, l’ambiance gothique et macabre, bonjour les dorures du palais de Buckingham.

Même si j’ai apprécié les interrogations sur l’immortalité et rencontrer la société secrète formée par les Lavoisier, Voltaire et Byron, entre autres, cela n’a pas compensé l’absence d’un réel suspens et d’une atmosphère gothique que j’avais tellement aimée.

Ce roman n’est pas mauvais loin de là mais il souffre de la comparaison avec le premier volume, je n’ai pas forcément accroché à cette intrigue et pourtant ça partait bien car le début se coulait dans les thèmes et l’ambiance d’Anatomy mais le tournant pris ensuite par l’autrice ne m’a pas convaincue avec une intrigue plus policée, plus lisse, un manque de rythme et pas mal de longueurs.

Littérature adolescente & young adult

La cascadeuse des nuages – Sandrine Beau

Originaire de Besançon, Sandrine Beau aime bien quand ça n’est jamais pareil. C’est sûrement pour cette raison qu’elle a été animatrice radio, réalisatrice de films vidéo, clown ou encore Madame Météo. Maintenant, elle est écrivaine à plein temps et invente des histoires pour les enfants. En sept ans, elle a publié plus de quatre-vingts ouvrages et a reçu une vingtaine de prix littéraires dont le Prix Chronos 2015 en France et le Prix Chronos 2016 en Suisse, pour son roman policier Toute seule dans la nuit (Alice Jeunesse).

Élise Deroche naît en 1882, à l’aube du 20e siècle. À cette époque, les femmes demeurent toute leur vie sous la tutelle de leur père ou de leur époux. Mais Élise est une femme qui se veut libre.

Elle est tout à la fois comédienne, sculptrice et surtout elle sera la première femme à avoir son brevet de pilote d’avion, damant le pion aux hommes. Elle a aussi son permis de conduire dès 1902. A ne pas en douter, c’est une pionnière.

Avec La cascadeuse des nuages, Sandrine Beau met en lumière cette femme d’exception que l’on suit dans ses exploits entre 1908 et 1910. Ce n’est donc pas une biographie mais seulement une courte partie de l’histoire d’Elise Deroche.

Roman à deux voix, l’autrice donne tour à tour la parole à Anatole, le petit frère d’Elise, plein d’admiration pour sa grande sœur fougueuse et frondeuse, qui nous conte ses heurs et malheurs. Mais aussi Elise, à travers son carnet, mais de façon plus succincte.

L’histoire de la première femme à obtenir son brevet d’aviation et à concourir avec les hommes (qui ne voient pas ça d’un très bon œil) est passionnante, dommage que l’autrice n’ait pas poussé plus loin car je serai volontiers restée aux cotés d’Elise et Anatole, à assister aux meetings aériens qui font fureur à l’époque, car les aviateurs sont des héros et ils le seront dans la guerre à venir.

Mais les hommes ne veulent pas de cette femme qui fait mieux qu’eux, qui bat des records et déchaine les passions, elle est même reçue par le tsar Nicolas II !

Heureusement Elise peut compter sur son mécano Dino, Anatole et sur Charles, son amoureux qui, séduit par cette jeune femme conquérante, va l’initier au pilotage. Cependant, victime de la jalousie masculine, la jeune pilote subit des incidents mécaniques, qui vont rapidement se multiplier jusqu’à mettre sa vie en danger.

Le roman est court mais instructif. On y découvre des personnalités du milieu de l’aviation mais aussi quelques détails techniques. On sent que l’autrice s’est bien documentée et qu’elle maîtrise son sujet.

Elle montre aussi aux jeunes lecteurs la condition de la femme à cette époque, la place qui lui est dévolue comment les femmes sont traitées… et à quel point, il était compliqué pour elle de se faire une place dans un monde d’hommes.

Le style de Sandrine Beau est fluide et je n’ai fait qu’une bouchée de ce roman qui m’a permis de découvrir une femme extraordinaire !

Littérature adolescente & young adult

Sous les étoiles de Bloomstone Manor – Mary Orchard

Libraire spécialisée en littérature jeunesse, Mary Orchard est née dans un vallon du Périgord, au bout d’une route que ne peuvent emprunter que ceux qui la connaissent déjà. Grande lectrice depuis l’enfance, elle n’avait pourtant jamais songé écrire avant un déclic soudain un après-midi de juin. Elle vit désormais aux alentours de Toulouse, dans une maison où on peut lire à loisir, cultiver des roses et écouter du métal sans déranger les voisins. Sous les étoiles de Bloomstone Manor est son premier roman.

Angleterre, 1898. Agathe Langley a dix-neuf ans et contrairement aux attentes de ses parents la jeune femme boude les bals mondains et les mondanités et ne vit que pour l’astrophysique qu’elle étudie en cachette avec la complicité de sa gouvernante, Miss Davies.

Alors que les Langley viennent de quitter Londres pour s’installer à la campagne, Agathe fait la connaissance de leur excentrique voisin Lord Nathanaël Stone qui les invité elle et ses parents à prendre le thé dans sa demeure de Bloomstone Manor.

Une rencontre qui va changer sa vie du tout au tout…

Sous les étoiles de Bloomstone Manor est le premier roman de Mary Orchard et je serai au rendez-vous des prochains car j’ai beaucoup aimé ce roman young adult, au point de l’avoir lu quasiment d’une traite !

Avec ce roman, l’autrice aborde la condition féminine de cette fin d’ère victorienne, l’émancipation féminine et la place des femmes dans les sciences.

Son héroïne, Agathe, va briser les codes. Elle va oser affronter ses parents et refuser le mariage arrangé que son père a prévu pour elle. Elle ne va pas rester à la place qui lui est dévolue : à savoir se marier et avoir des enfants comme sa soeur aînée, et au contraire, elle va faire bien des vagues, quitte à mettre à mal sa réputation de jeune femme.

Avec son caractère bien tranché et sa grande intelligence, Agathe va participer au concours concours de sciences organisé par la Royal Society, en tant qu’autodidacte car, contrairement aux hommes, elle ne peut pas faire d’études. Qu’à cela ne tienne, la bibliothèque de Stone pourvoira grandement à ses recherches pour découvrir une nouvelle planète du système solaire, Pluton.

Une époque compliquée pour les femmes, cependant, certaines n’avaient pas cette volonté de respecter l’étiquette, de rester à cette place qui leur était attribuée. Agathe va faire un peu bouger ce petit monde quelque peu rigide !

Mais tout ceci sera possible car Agatha est prise sous l’aile protectrice de lord Stone, un ancien éminent professeur de physique qui va l’accueillir sous son toit, la soutenir, la protéger pour qu’elle aille au bout de ses rêves.

Au-delà de l’histoire, de la petite romance qui y prend place, des thèmes abordés, la force de ce roman réside en ses personnages principaux, tous très intéressants et attachants : Agatha et lord Stone bien sûr mais aussi Iris, Evelyn et Adrian.

Ce roman infuse une bonne dose de bienveillance et de bons sentiments, c’est une lecture doudou dans laquelle on se sent bien et que j’ai quitté à regret.

Si vous aimez les ambiances anglaises, victoriennes, les personnages qui ne se laissent pas marcher sur les pieds sans rétorquer, Bloomstone Manor vous attend. Vous y serez chaleureusement accueilli par un plateau de scones, et une bonne tasse de thé.

Ma copinaute Belette a bien aimé aussi, vous pouvez retrouver son avis ici !

Littérature adolescente & young adult

L’odyssée de Milo – Maxime Gillio

Maxime Gillio est un ancien professeur de français, organisateur de salons littéraires, correcteur, auteur de romans policiers (mais pas que), spécialiste des super-héros et de James Bond, papa comblé de trois grands enfants. Mais l’activité qu’il préfère, c’est raconter les histoires les plus farfelues, les plus dynamiques et les plus trépidantes à ses jeunes lecteurs.

Depuis la mort de son oncle, Milo se renferme sur lui, au grand désespoir d’Asha, sa meilleure amie. Mais tout change lors d’une visite au musée, quand une bague gravée de quatre étranges symboles attire son attention.

Après l’avoir enfilée, impossible de l’enlever ! Plus intrigant encore, dès que Milo fait pivoter l’anneau, il devient… Achille, le célèbre héros grec !

Il apprend alors qu’il est désormais un Gardien : son rôle est de protéger le monde des humains et de renvoyer les monstres de la mythologie dans celui des dieux. Et justement, il semblerait que l’un d’eux rôde dans la ville…

Accompagné d’Asha, Milo se lance dans sa première mission !

L’Odyssée de Milo est un roman écrit dans le cadre du Feuilleton des Incos, qui permet à plusieurs groupes de jeunes lecteurs d’interagir avec un auteur sur un texte proposé par ce dernier. Au terme de nombreuses semaines d’échange, le manuscrit est bouclé et le futur livre part sous presse.

Ainsi pour ce roman, ce n’est pas moins de douze collèges qui ont participé à l’aventure au côté de Maxime Gillio pour nous offrir cette histoire délirante et très rythmée.

Milo a douze ans et traverse une face difficile. Heureusement sa meilleure amie Asha veille au grain et l’épaule du mieux qu’elle le peut. Il va l’entrainer dans une folle aventure mêlant héros et dieux grecs.

L’histoire va très vite et elle est émaillée de rebondissements, impossible de s’ennuyer d’autant que le roman est très court. Les missions s’enchaînent sans temps mort, un bon point pour les jeunes collégiens, lecteurs de ce roman.

Avec cette histoire, Maxime Gillio intègre à la vie quotidienne de Milo, la mythologie dont l’adolescent est friand. Il va ainsi côtoyer Homère, le centaure Chiron, Achille, Athéna ou Artémis mais aussi les six dieux de l’Olympe : Zeus, Héra, Poséidon, Hadès, Hestia et Déméter.

Une bonne façon pour les petits et grands lecteurs de (re)découvrir les mythes grecs car ils sont expliqués très clairement ici.

Mais au-delà de la mission de Milo, l’auteur aborde des sujets importants pour les adolescents comme le harcèlement scolaire, le deuil, l’isolement, l’amitié et les premiers émois amoureux.

Il y a aussi beaucoup de références à la culture pop : Harry Potter, les Avengers, Call of duty, Pokémon, Robin des bois, Stranger things, Fortnite et à des acteurs tels que Chris Evan, Benedict Cumberbatch, Chris Hemsworth…

Un roman sympathique et ludique qui plaira à coup sûr aux adolescents à qui je le recommande chaudement.

Un grand merci aux éditions Scrinéo et à Babelio pour cette lecture.

Littérature adolescente & young adult

Les enquêtes de Jane Austen tome 3 L’évadé du canal – Julia Golding

Lu dans le cadre du Mois Anglais :

Julia Golding a grandi sur le bord de la forêt d’Epping. Après avoir étudié l’anglais à Cambridge, elle a rejoint le Foreign Office et a servi en Pologne. Mariée et mère de trois enfants, Julia vit maintenant à Oxford et travaille comme journaliste pigiste.

Angleterre, 1789. Invitée à Oxford par son frère aîné pour assister à des courses d’aviron, Jane, accompagnée de sa soeur et de son père, découvre le chantier d’un canal près de l’université.

Lorsqu’un détenu y travaillant s’échappe et que le chien de Jane, Grandison, disparaît avec lui, les soeurs Austen mènent l’enquête malgré les interdictions… Qui est donc l’évadé du canal ?

Pourquoi rôde-t-il toujours dans les parages de la ville au lieu de s’enfuir le plus loin possible ? Il faudra tout l’esprit de déduction de la brillante Jane pour que la vérité éclate.

L’évadé du canal est le troisième tome des enquêtes de Jane Austen et la suite directe d’Un voleur au bal que j’avais beaucoup aimé et pas de surprise, je suis à nouveau sous le charme !

Quel bonheur de retrouver Jane et Cassandra, leur frère Henry et leur père, sans oublier Grandison dans ce nouvel opus, toujours signé Julia Golding !

J’ai beaucoup aimé ce cosy mystery pour les adolescents, que je conseille à partir de 13 ans, mais en tant qu’adulte je me suis régalée à suivre l’adolescente Jane Austen, si vive, intelligente et pleine de piquant, exactement telle que je me l’imagine !

Notre héroïne de 13 ans allie courage et vivacité d’esprit, impertinence et malice et surtout, notre écrivaine en herbe se révèle une enquêtrice hors pair qui trouvera l’identité du réel voleur, car elle persuadée que l’évadé du canal, a été condamné à tort.

Elle sera bien aidée par Cassandra, sa soeur, et par son père qui plaidera la cause du condamné auprès du directeur de la prison. Bien que l’enquête soit importante, elle arrive plutôt tardivement dans le récit, ce qui ne m’a pas gêné car c’est l’occasion pour l’autrice de nous familiariser avec les membres de la famille Austen, de s’étendre sur les personnalités, les liens qui unissent Jane à ses frères et soeur.

Les chapitres sont courts et bien rythmés, il y a des rebondissements et des fausses pistes comme dans tout bon roman policier qui se respecte et l’intrigue, bien ficelée, demandera aux enfants et adolescents de faire fonctionner leurs petites cellules grises.

La plume de l’autrice est vive et Julia Golding montre qu’elle connaît bien Jane Austen mais aussi l’époque de son récit. En effet, j’ai apprécié qu’elle nous fasse découvrir Oxford, ses différents collèges et l’histoire de ses canaux.

Et surtout qu’elle évoque la condition de vie des détenus, dénonçant les procès et condamnations arbitraires qui touchent essentiellement les gens pauvres, qui sont jugés coupables et durement sanctionnés, faute de pouvoir payer les honoraires des avocats.

Après Northanger Abbey et Raisons et sentiments, ce cosy mystery bourré d’humour s’inspire d’Orgueil et Préjugés et je me demande bien de quel roman de Jane Austen s’inspirera Julia Golding pour le quatrième tome mais je serai au rendez-vous ! Et vous ?

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Sauveur et fils saison 7 – Marie-Aude Murail & Constance Robert – Murail

Marie-Aude Murail est née au Havre (Seine-Maritime) en 1954. Parisienne, puis Bordelaise, elle vit aujourd’hui à Orléans avec son mari. Ses trois enfants ont grandi, comme ses quelque 90 livres, qui ont traversé les frontières, traduits en 22 langues. Docteur ès Lettres en Sorbonne à 25 ans, elle a reçu la Légion d’Honneur à 50 pour services rendus à la littérature et à l’éducation.

En trois ans, bien des choses se sont passées au 12, rue des Murlins. Le Covid a semé la pagaille et Sauveur s’est pris de plein fouet une vague de troubles psy générés par la pandémie.

Il est débordé alors qu’il devrait s’occuper davantage de Léo, sa fille de dix-huit mois, mieux épauler sa femme, voir ce qui cloche chez Paul, faire la demande d’adoption du petit Grégoire, rendre visite à Koslo toujours plongé dans le coma depuis trois ans. Et s’il veut enfin dormir, il devrait arrêter de boire autant de café pour se mettre à la chicorée.

Car il est fatigué, très fatigué, tout comme ses patient.e.s. Ariane Peugeot, jeune prof de SVT, est à deux doigts de démissionner, mais s’inquiète pour sa classe de CP, les Causes Perdues, ces élèves de la 4ème poubelle de son collège.

Alma Labatut, conseillère pénitentiaire, a elle aussi envie de jeter l’éponge et de lâcher son groupe de parole d’hommes violents. Des CP, eux aussi ? Mais les causes perdues ne sont jamais désespérées. À condition d’y croire. Et Sauveur y croit.

Quelques années ont passé depuis la saison 6, et notamment la pandémie de la COVID 19 qui nous a confiné et un peu traumatisé il faut bien le dire. Dans cette ultime saison, on apprend ce que sont devenus Blandine et Margaux Carré, Elliot Kuypers, Gabin et Frédérique Jovanovic.

Ainsi que la famille recomposée de Sauveur qui s’est agrandie avec l’arrivée de Léo, fille de Louise et Sauveur et Grégoire, un orphelin : Louise Rocheteau, sa compagne et la mère de Paul, le meilleur ami Lazare, fils de Sauveur, Alice, qui se languit de Gabin qui s’est engagé dans les commandos marins sans oublier le vieux légionnaire Jovo dont l’Alzheimer s’aggrave.

Du 8 novembre au 5 décembre, Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail nous racontent le quotidien de Sauveur et des siens, l’évolution de ses patients et les problèmes auxquels ils sont confrontés et que la pandémie a aggravé : dépression, tentative de suicide, transgenre, homophobie, intolérance, paternité, familles monoparentales ou recomposées, les ravages du divorce, les effets de la pandémie…

L’auteure nous dépeint comme personne la souffrance des adolescents et des adultes confrontés à ces différentes situations avec tellement d’intelligence que ce n’est jamais plombant pour le lecteur, c’est admirable de finesse et de talent, comme toujours chez Marie-Aude Murail.

J’avais eu un coup de coeur pour les six premières saisons Sauveur et fils saison 7 n’a fait pas exception à la règle, j’ai adoré tout autant ce dernier opus dont l’histoire est dans la continuité des volumes précédents sans lasser et sans redondance.

Dès les premières lignes, j’ai adoré retrouver Sauveur Saint-Yves et Louise, Lazare et Paul, Gabin et Jovo, et tous les patients de ce psy au grand cœur. Je n’ai pas pu m’empêcher de dévorer cet ultime roman et je l’ai refermé le cœur gros, orpheline de ces personnages qui sont tellement touchants sous la plume sensible de Marie-Aude Murail et de sa fille Constance Robert-Murail.

J’ai souri, ri mais aussi été émue une fois encore par les épreuves que tous traversent car l’auteure ne ménage pas les différents protagonistes de son histoire mais elle a su clôturer joliment, tout en laissant la porte entrouverte, ce cycle porté par Sauveur Saint-Yves.

La façon qu’a Marie-Aude Murail de coller à la réalité et nous narrer le quotidien de ce psy humaniste est un vrai bonheur et une fois que l’on a mis le nez dedans, il devient vraiment très difficile de le lâcher.

Il y a toujours beaucoup d’humour, un héros souvent débordé par ses patients mais irrésistible, et une formidable atmosphère de chaleur humaine qui fait du bien.

Chaque saison de cette saga peut être lue séparément. Mais bien évidemment je vous conseille vivement de lire les saisons dans l’ordre afin de suivre l’évolution de chaque personnage. Si toutefois, vous préférez commencer par ce dernier tome, remontez ensuite le cours du temps pour arriver à la source.

Un grand merci à L’école des loisirs pour ce coup de coeur qui clôt en beauté ma saga chouchou !!

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Nos corps jugés – Catherine Cuenca

Catherine Cuenca est née en 1982. Son premier roman publié en 2001, elle se lance dans le métier d’écrivain à temps plein en 2010. Elle est l’autrice d’une quarantaine de romans historiques pour la jeunesse.

1978. Myriam, 17 ans, est victime d’un viol. SOn petit ami Franck n’a pas voulu entendre ses refus répétés de coucher avec lui. Traumatisée, craignant d’être enceinte, elle ne trouve de soutien ni dans sa famille, qui a peur du qu’en-dira-t-on, ni auprès de son amie Lili, enfermée dans une morale rétrograde.

L’exemple d’une élève de sa classe, militante au Mouvement de Libération des Femmes et le retentissement du procès d’Aix, qualifié de « procès du viol » par Gisèle Halimi, va l’aider à porter plainte, aller en justice et faire entendre sa voix.

Nos corps jugés signe mes retrouvailles avec Catherine Cuenca dont j’ai tant aimé Celle qui voulait conduire le tramLe choix d’AdélieL’assassin du Marais et La marraine de guerre.

Comme toujours avec cette autrice, un roman court et percutant, solidement documenté, porté par une héroïne forte et attachante, abordant des thèmes importants de façon juste et pertinente.

Vous connaissez mon intérêt pour la condition féminine, j’ai été bien servie avec ce roman pour adolescents qui aborde avec justesse le viol et le combat des femmes pour le judiciariser.

Dans ces années 70 où l’émancipation féminine était si forte, portée par de grandes luttes comme l’avortement, le viol n’était pris au sérieux ni par la police ni par la justice.

Une époque où il était normal de battre sa femme, de forcer ses conquêtes à l’acte sexuel et où les victimes l’avaient bien cherché ! Les femmes et jeunes filles violées étaient toujours coupables de porter des décolletés, des jupes trop courtes, elles aguichaient le male pour mieux le repousser ensuite !

Ce sera la défense de Franck : Myriam a accepté de venir dans son appartement, elle l’avait allumé et voulait forcément coucher avec lui… Myriam va se retrouver isolée, sans que personne ne lui tende la main, y compris sa meilleure amie qui lui tournera le dos, par peur pour sa réputation.

Il lui faudra du courage pour s’opposer à ses parents qui estiment qu’elle l’a bien cherché, et affronter un procès où les victimes et leurs avocates sont molestées, vilipendées.

Grâce au courage de ces femmes et jeunes filles qui se sont battues pour le droit à disposer librement de leur corps, le viol n’est plus un délit mineur mais bel et bien un crime. Malheureusement, quarante ans plus tard, bon nombre de femmes n’osent pas porter plainte et continuent de subir le harcèlement de rue, les frotteurs, etc.

A travers le parcours de Myriam, Catherine Cuenca a « voulu évoquer cette période porteuse d’espoir pour toutes les victimes de violences sexuelles ». Ces années 70-80 représentent, en effet, un tournant à la fois juridique et moral.

Juridique, par la loi du 23 décembre 1980 qui reconnait le viol comme un crime, et non plus un délit. Moral, par l’évolution des moeurs, la libération de la parole, portée par les associations de défense du droit des femmes.

Un pari relevé haut la main par l’autrice qui nous propose un récit juste et crédible que je vous recommande si ces thématiques vous intéressent.