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Archive for the ‘Littérature adolescente & young adult’ Category

Marie-Aude Murail est née au Havre (Seine-Maritime) en 1954. Parisienne, puis Bordelaise, elle vit aujourd’hui à Orléans avec son mari. Ses trois enfants ont grandi, comme ses quelque 90 livres, qui ont traversé les frontières, traduits en 22 langues. Docteur ès Lettres en Sorbonne à 25 ans, elle a reçu la Légion d’Honneur à 50 pour services rendus à la littérature et à l’éducation.

En trois ans, bien des choses se sont passées au 12, rue des Murlins. Le Covid a semé la pagaille et Sauveur s’est pris de plein fouet une vague de troubles psy générés par la pandémie.

Il est débordé alors qu’il devrait s’occuper davantage de Léo, sa fille de dix-huit mois, mieux épauler sa femme, voir ce qui cloche chez Paul, faire la demande d’adoption du petit Grégoire, rendre visite à Koslo toujours plongé dans le coma depuis trois ans. Et s’il veut enfin dormir, il devrait arrêter de boire autant de café pour se mettre à la chicorée.

Car il est fatigué, très fatigué, tout comme ses patient.e.s. Ariane Peugeot, jeune prof de SVT, est à deux doigts de démissionner, mais s’inquiète pour sa classe de CP, les Causes Perdues, ces élèves de la 4ème poubelle de son collège.

Alma Labatut, conseillère pénitentiaire, a elle aussi envie de jeter l’éponge et de lâcher son groupe de parole d’hommes violents. Des CP, eux aussi ? Mais les causes perdues ne sont jamais désespérées. À condition d’y croire. Et Sauveur y croit.

Quelques années ont passé depuis la saison 6, et notamment la pandémie de la COVID 19 qui nous a confiné et un peu traumatisé il faut bien le dire. Dans cette ultime saison, on apprend ce que sont devenus Blandine et Margaux Carré, Elliot Kuypers, Gabin et Frédérique Jovanovic.

Ainsi que la famille recomposée de Sauveur qui s’est agrandie avec l’arrivée de Léo, fille de Louise et Sauveur et Grégoire, un orphelin : Louise Rocheteau, sa compagne et la mère de Paul, le meilleur ami Lazare, fils de Sauveur, Alice, qui se languit de Gabin qui s’est engagé dans les commandos marins sans oublier le vieux légionnaire Jovo dont l’Alzheimer s’aggrave.

Du 8 novembre au 5 décembre, Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail nous racontent le quotidien de Sauveur et des siens, l’évolution de ses patients et les problèmes auxquels ils sont confrontés et que la pandémie a aggravé : dépression, tentative de suicide, transgenre, homophobie, intolérance, paternité, familles monoparentales ou recomposées, les ravages du divorce, les effets de la pandémie…

L’auteure nous dépeint comme personne la souffrance des adolescents et des adultes confrontés à ces différentes situations avec tellement d’intelligence que ce n’est jamais plombant pour le lecteur, c’est admirable de finesse et de talent, comme toujours chez Marie-Aude Murail.

J’avais eu un coup de coeur pour les six premières saisons Sauveur et fils saison 7 n’a fait pas exception à la règle, j’ai adoré tout autant ce dernier opus dont l’histoire est dans la continuité des volumes précédents sans lasser et sans redondance.

Dès les premières lignes, j’ai adoré retrouver Sauveur Saint-Yves et Louise, Lazare et Paul, Gabin et Jovo, et tous les patients de ce psy au grand cœur. Je n’ai pas pu m’empêcher de dévorer cet ultime roman et je l’ai refermé le cœur gros, orpheline de ces personnages qui sont tellement touchants sous la plume sensible de Marie-Aude Murail et de sa fille Constance Robert-Murail.

J’ai souri, ri mais aussi été émue une fois encore par les épreuves que tous traversent car l’auteure ne ménage pas les différents protagonistes de son histoire mais elle a su clôturer joliment, tout en laissant la porte entrouverte, ce cycle porté par Sauveur Saint-Yves.

La façon qu’a Marie-Aude Murail de coller à la réalité et nous narrer le quotidien de ce psy humaniste est un vrai bonheur et une fois que l’on a mis le nez dedans, il devient vraiment très difficile de le lâcher.

Il y a toujours beaucoup d’humour, un héros souvent débordé par ses patients mais irrésistible, et une formidable atmosphère de chaleur humaine qui fait du bien.

Chaque saison de cette saga peut être lue séparément. Mais bien évidemment je vous conseille vivement de lire les saisons dans l’ordre afin de suivre l’évolution de chaque personnage. Si toutefois, vous préférez commencer par ce dernier tome, remontez ensuite le cours du temps pour arriver à la source.

Un grand merci à L’école des loisirs pour ce coup de coeur qui clôt en beauté ma saga chouchou !!

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Catherine Cuenca est née en 1982. Son premier roman publié en 2001, elle se lance dans le métier d’écrivain à temps plein en 2010. Elle est l’autrice d’une quarantaine de romans historiques pour la jeunesse.

1978. Myriam, 17 ans, est victime d’un viol. SOn petit ami Franck n’a pas voulu entendre ses refus répétés de coucher avec lui. Traumatisée, craignant d’être enceinte, elle ne trouve de soutien ni dans sa famille, qui a peur du qu’en-dira-t-on, ni auprès de son amie Lili, enfermée dans une morale rétrograde.

L’exemple d’une élève de sa classe, militante au Mouvement de Libération des Femmes et le retentissement du procès d’Aix, qualifié de « procès du viol » par Gisèle Halimi, va l’aider à porter plainte, aller en justice et faire entendre sa voix.

Nos corps jugés signe mes retrouvailles avec Catherine Cuenca dont j’ai tant aimé Celle qui voulait conduire le tramLe choix d’AdélieL’assassin du Marais et La marraine de guerre.

Comme toujours avec cette autrice, un roman court et percutant, solidement documenté, porté par une héroïne forte et attachante, abordant des thèmes importants de façon juste et pertinente.

Vous connaissez mon intérêt pour la condition féminine, j’ai été bien servie avec ce roman pour adolescents qui aborde avec justesse le viol et le combat des femmes pour le judiciariser.

Dans ces années 70 où l’émancipation féminine était si forte, portée par de grandes luttes comme l’avortement, le viol n’était pris au sérieux ni par la police ni par la justice.

Une époque où il était normal de battre sa femme, de forcer ses conquêtes à l’acte sexuel et où les victimes l’avaient bien cherché ! Les femmes et jeunes filles violées étaient toujours coupables de porter des décolletés, des jupes trop courtes, elles aguichaient le male pour mieux le repousser ensuite !

Ce sera la défense de Franck : Myriam a accepté de venir dans son appartement, elle l’avait allumé et voulait forcément coucher avec lui… Myriam va se retrouver isolée, sans que personne ne lui tende la main, y compris sa meilleure amie qui lui tournera le dos, par peur pour sa réputation.

Il lui faudra du courage pour s’opposer à ses parents qui estiment qu’elle l’a bien cherché, et affronter un procès où les victimes et leurs avocates sont molestées, vilipendées.

Grâce au courage de ces femmes et jeunes filles qui se sont battues pour le droit à disposer librement de leur corps, le viol n’est plus un délit mineur mais bel et bien un crime. Malheureusement, quarante ans plus tard, bon nombre de femmes n’osent pas porter plainte et continuent de subir le harcèlement de rue, les frotteurs, etc.

A travers le parcours de Myriam, Catherine Cuenca a « voulu évoquer cette période porteuse d’espoir pour toutes les victimes de violences sexuelles ». Ces années 70-80 représentent, en effet, un tournant à la fois juridique et moral.

Juridique, par la loi du 23 décembre 1980 qui reconnait le viol comme un crime, et non plus un délit. Moral, par l’évolution des moeurs, la libération de la parole, portée par les associations de défense du droit des femmes.

Un pari relevé haut la main par l’autrice qui nous propose un récit juste et crédible que je vous recommande si ces thématiques vous intéressent.

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Malika Ferdjoukh est née à Bougie en Algérie. Ce qui explique le « h » final à son nom (quand on l’oublie, elle a horreur de ça !), et sa collection de chandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu’elle est incollable sur le cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale dont elle est capable de chanter à tue-tête les airs les plus improbables. Elle écrit des séries pour la télévision.

Janvier 1949. Six. Elles sont six à souffler sur leurs doigts quand le brouillard s’attarde sur New York. Avant de se réchauffer dans la cuisine de l’honorable pension Giboulée, où elles partagent aussi leurs rêves fous, leurs escarpins trop pointus et quelques pancakes joufflus.

Un jour, elles seront comédiennes ou danseuses, et Broadway sera à leurs pieds. En attendant, Hadley, Manhattan, Page, Chic, Etchika et Ursula courent les théâtres, les auditions, les cachets – New York est une ville fabuleuse à condition d’avoir des sparadraps dans son sac.

Elles ont 19 ans ou à peine plus, et elles donneraient tout pour réussir, elles qui n’ont rien, en dehors de leur talent. Cela peut-il suffire dans cette Amérique d’après-guerre qui ne fait pas de cadeau ? Pas sûr. Mais si elles n’y croient pas, qui y croira ?

Un shim-sham avec Fred Astaire est le second tome de la trilogie Broadway Limited signée Malika Ferdjoukh qui met en scène Jo from Pareee et les habitantes de la pension Giboulées de Mrs Merle et de sa soeur Artemisia.

Il y a Hadley, une danseuse ayant fait une apparition dans un film avec Fred Astaire, reconvertie en Cigarette Girl et vivant avec Ogden qu’elle fait passer pour son neveu alors qu’il est en réalité son fils. Manhattan, danseuse également, à la recherche de son père, acteur et tombeur de ses dames qui a fait mourir sa mère de chagrin. Page, une ingénue, amoureuse d’un critique dramatique de vingt ans son aîné. Chic, une actrice qui, faute de rôles, enchaîne les publicités. Et surtout Theodora, dite Dido, la voisine, dont tombe amoureux Jo.

L’auteure nous invite à travers ce roman d’apprentissage à une plongée dans le New-York de l’après-guerre. L’ambiance est alors à la fête et les protagonistes n’ont qu’une envie, s’amuser et profiter de la vie à chaque seconde. La joyeuse bande imaginée par Malika Ferdjoukh nous embarque dans cette ambiance festive faite de théâtre, de cinéma, de musique, de show-business, de danse…

Pendant près de 500 pages, on ne s’ennuie pas un seul instant et je compte bien lire le tome 3 en mars afin de savoir ce que l’autrice réserve à ses personnages. Si le contenu est assez léger, Malika Ferdjoukh ajoute ça et là quelques touches de gravité, notamment la lutte contre le communisme qui s’empare de l’Amérique avec la commission MacCarthy et la chasse aux sorcières, notamment dans le milieu artistique, dans un contexte de guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique.

Les personnages sont tous très attachants, drôles, charismatiques, d’une grande fraîcheur et l’on prend plaisir à les voir mordre la vie à pleines dents. Je les ai tous aimés même si j’ai une petite préférence pour Jo et surtout pour Hadley, j’ai très envie que les choses s’arrangent pour elle dans le troisième opus.

L’auteure réussit à présenter tour à tour chaque personnage, à leur donner une épaisseur et à croiser leurs histoires sans nous lasser une seconde, moi je dis bravo !

Le texte est également rempli d’humour et de références, on sent que Malika Ferdjoukh est férue des films, musiques, pièces de théâtre de cette époque, elle nous permet même de rencontrer Grace Kelly et Fred Astaire.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce second opus et je ne peux que vous encourager à lire cette trilogie à votre tour.

Un grand merci à L’école des loisirs pour cette belle lecture !

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Après avoir travaillé dans le jeu vidéo et le cinéma, Ariel Holzl se consacre à l’écriture de romans pour la jeunesse. Il aime croiser les genres et créer des rencontres inattendues entre les auteurs qui l’inspirent : Terry Pratchett, Neil Gaiman, Edgar Allan Poe, Jane Austen, Alexandre Dumas et bien d’autres…

Paris, 1889. L’empereur Napoléon III, grand vainqueur de Sedan, s’apprête à inaugurer l’exposition universelle organisée dans un Paris grouillant d’automates en tout genre. Lors de la parade d’ouverture, Philémon de Fernay, jeune élève de saint-Cyr, a le privilège de piloter le Zéphyr, le nouvel aéronef crée par Clément Ader.

Mais tout déraille lorsque l’engin volant s’écrase sur la salle des machines et la pulvérise. Sous les gravats, Philémon découvre alors le corps d’un enfant automate aux traits particulièrement réalistes. Quel fabricant a bien pu enfreindre la loi principale de la Pax automata qui interdit la conception d’automates ressemblant à des humains ?

Même Zélie, la romanicielle et mécanographe hors pair, n’a jamais rien vu de pareil ! Plus mystérieux encore…Une fois activé, l’enfant automate est capable de faire exploser n’importe quel mécanisme à proximité. Serait-ce une arme secrète dirigée contre l’Empire ?

Avec Pax Automata, Ariel Holzl nous propose une uchronie steampunk très réussie. Ce récit destiné aux adolescents est plein de pep’s avec beaucoup d’aventure et d’actions, impossible de s’ennuyer tant l’auteur nous ferre dès les premières pages !

L’univers, où les machines sont prépondérantes, est très intéressant, le contexte historique aussi. Napoléon III n’a pas perdu à Sedan grâce à ses automates plus évolués que ceux des prussiens et la pax automata régit la création et l’utilisation de ces robots pour les états comme pour les particuliers.

Le Royaume-Uni n’existe plus, la reine Victoria a été chassée du pouvoir par Ada Lovelace qui règne sans partage sur le Royaume-Unitaire. Dans cette Europe où les conflits menacent en permanence, les espions de tous bords sont légion.

Nos héros, apprentis pilotes d’aéronefs sous la férule de Clément Ader, vivent dans ce monde parallèle que l’auteur a façonné en mêlant univers steampunk et réalité historique, et incorporant à son récit des événements qui ont réellement eu lieu comme la construction de la Tour Eiffel, l’Exposition universelle de 1889, la tentative d’assassinat de Napoléon III, la Commune…

Phil, Ferdi, Elisa et Zélie vont se retrouver aux prises avec un ordre secret et découvrir un vaste plan politico-scientifique : les automates remplaceraient peu à peu les humains afin de régner sans partage.

L’intrigue est passionnante, dynamique et j’ai eu plaisir à déambuler dans ce Paris alternatif. Les héros sont attachants et les adolescents et adolescentes pourront s’identifier et retrouver certaines problématiques de leur âge comme l’amour, l’amitié, la scolarité…

La plume d’Ariel Holzl est fluide et immersive et ses nombreuses trouvailles sont réjouissantes, voilà une lecture qui m’a sortie de ma zone de confort et j’ai adoré ça !

Cerise sur le gâteau : la couverture de toute beauté de Léonard Dupont qui sublime cette histoire par cette belle illustration et les vingt eaux-fortes ponctuées au fil des pages. J’ai adoré aussi les insertions de fac-similé d’articles de journaux et de publicité qui nous donnent l’illusion de lire un roman écrit en 1889 et non de nos jours !

Un grand merci aux éditions L’école des loisirs pour cette lecture divertissante, j’ai adoré !

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Agrégée d’histoire-géographie et mère de famille nombreuse, Anne Riolet a déjà publié plusieurs romans jeunesse dont les aventures d’Evguenia (Les îles Valaam et Les îles Solovki) aux Éditions du Rocher..

Août 1914. Juliette Marsay, jeune fille malicieuse et pleine de vie, est pourvue d’une forte personnalité que la respectable institution du couvent des Oiseaux n’arrive pas à dompter. Émile, son ami d’enfance, termine péniblement sa licence en droit mais rêve d’explorations lointaines…

La guerre interrompt brutalement le cours insouciant de leurs vacances sur les rives de la Meuse. Pris dans le tourbillon du conflit mondial, Émile se porte volontaire pour combattre. Pour Juliette, pas question d’attendre passivement la fin de la guerre !

S’engageant auprès des chauffeurs de taxi, elle achemine les soldats sur le front lors de la bataille de la Marne.Mais la terrible nouvelle tombe lors de ce premier hiver de guerre : Émile est porté disparu. Juliette ne se résigne pas à sa perte. Au volant d’une ambulance aménagée par Marie Curie pour soigner les soldats blessés, elle se lance à sa recherche…

Juliette et la grande guerre est la nouvelle saga écrite par Anne Riolet. Ce premier tome, Un ruban dans les tranchées, nous plonge dans les premiers mois de cette guerre qu’on a appelé la der des der.

L’héroïne est une jeune fille âgée de quinze ans très moderne pour son époque au grand dam de sa mère. Elle conduit l’automobile familiale depuis que Marcel, le chauffeur, le lui a appris et elle va particulièrement se distinguer lors de l’opération des Taxis de la Marne.

Très attachante et courageuse, éprise de liberté et d’émancipation, Juliette fait vivre aux jeunes lecteurs dès 13 ans la guerre aussi bien à l’arrière, à Paris, qu’aux abords des tranchées.

Anne Riolet, qui s’est très bien documentée, montre le travail des femmes pendant ce conflit qui a clairsemé les rangs des hommes : les ouvrières dans les usines, les conductrices de tram, les bourgeoises au sein des ouvroirs.

Mais aussi le travail de Marie Curie, de sa fille Irène, et de leurs voitures aménagées qui permettaient de radiographier les membres touchés et d’éviter ainsi bon nombre d’amputations.

L’autrice aborde aussi les désertions et les procès où seule la peine de mort était votée, les blessures des poilus et leurs troubles psychologiques suite aux bombardements.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore ce pan de notre histoire, ce récit est diablement intéressant et bien construit. Je le recommande aux adolescents qui vont apprendre une foule de choses en assez peu de pages puisque le récit est court.

Je remercie Babelio et  Les Editions Plein Vent pour cette lecture bien agréable. Je serai pour ma part au rendez-vous du tome 2, très curieuse de voir ce que l’autrice réserve à ses personnages.

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Camille Guénot est éditrice, traductrice et auteure. Titulaire d’un master lettres modernes et cinéma de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (2007-2009), elle se tourne vers l’édition et voyage au Royaume-Uni. Elle vit plusieurs années en Irlande, où elle obtient un master en littérature du Trinity College Dublin (2008-2009), en Écosse et en Angleterre et travaille notamment chez Walker Books, à Londres (2013-2014). C’est ce séjour dans la capitale britannique qui lui inspire son premier roman, « Oscar Goupil – A London Mystery » (2022).

Mes parents m’avaient laissé une lettre : je passerais mes vacances de fin d’année chez ma grand-tante Léonie, à Londres. Pas vraiment un cadeau, vu sa réputation. Et le train partait dans une heure. « Délicieusement excentriques » ?

Complètement irresponsables, je dirais. Heureusement que je me débrouille en anglais. Je me demande maintenant à quoi ressemblerait ma vie si j’avais raté ce train, si je n’avais pas été obligé d’aller dans ce musée, la National Gallery, si je n’avais pas découvert… Disons juste que la magie n’est pas toujours là où on s’y attend.

Si vous aimez le confort douillet de votre quotidien, si vous exécrez le mystère et la magie, reposez Oscar Goupil : A london mystery et passez votre chemin. Car ce qui vous attend entre ces pages est magique. Oscar est un adolescent de 13 ans ordinaire à qui il arrive des choses extraordinaires.

Avec ce récit, Camille Guénot qui signe ici son premier roman, propose à ses jeunes lecteurs une histoire très originale avec une tante pas comme les autres, un musée énigmatique, des disparitions inquiétantes, la découverte d’un don singulier…

Au fil de la lecture, on met nos pas dans ceux d’Oscar, un héros bien attachant et attendrissant, catapulté à Londres pour vivre une aventure tout ce qu’il y a de plus magique !

Alliant suspens et fantastique, ce polar nous offre une enquête bien ficelée dans le monde de l’art et se révèle épatant pour faire découvrir ce genre aux jeunes dès 13 ans.

Ce roman est aussi bourré d’humour, de loufoquerie et de péripéties en tous genres avec une galerie de personnages hauts en couleur. Toute l’intrigue a lieu la semaine précédent Noël, il a peu d’allusions à la fête hélas, ce n’est donc pas un roman de Noël.

Une semaine pendant laquelle Oscar découvre un pouvoir particulier puisqu’il peut communiquer avec les tableaux du musée. Un don dont il ignorait tout mais qui est lié à sa famille.

Cette touche de fantastique nourrit l’enquête à bon escient et les deux versants de l’histoire sont bien dosés. La majorité de l’intrigue a pour cadre (sans faire de vilain jeu de mot) la National Gallery que l’on découvre tout au long du roman, l’art est donc au coeur du récit et j’ai beaucoup aimé cet aspect.

Comme je le disais plus haut, j’ai trouvé le roman de Camille Guénot très original : le pouvoir d’Oscar est épatant et bien exploité, les rivalités entre arts contemporain et classique avec des stars de l’art contemporain mis en scène tels que Damien Hirst ou Jeff Koons donnent lieu à de grands moments d’humour et à des situations abracadabrantesques.

Vous l’aurez compris, ce roman ado est une belle réussite et pour un premier essai, c’est un coup de maître. Je remercie les éditions L’école des loisirs pour la lecture de cette petite pépite !

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Malika Ferdjoukh est née à Bougie en Algérie. Ce qui explique le « h » final à son nom (quand on l’oublie, elle a horreur de ça !), et sa collection de chandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu’elle est incollable sur le cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale dont elle est…

Fin du XIXè siècle. Morgan’s Moore, au nord de l’Angleterre. Ses villageois, ses notables, son unique auberge et ses crimes épouvantables…

Un crime non élucidé reste à ce point mystérieux que Scotland Yard a dépêché sur place le superintendant Tanyblwch et son jeune adjoint, Pitchum Daybright, tout juste diplômé de la Royal School of Studies in Criminology.

Ce dernier voit d’un mauvais oeil les interventions de Flannery, la fille des aubergistes, qui est convaincue de pouvoir les aider dans leur enquête.

Non seulement, Miss-Je-sais-Tout-sur-Tout a la langue bien pendue, mais elle a le chic pour lui faire monter le rouge aux joues. Il faut dire que la demoiselle est une peste fort charmante…

Avec Griffes, Malika Ferdjoukh propose aux adolescents un thriller gothique diablement passionnant et délicieusement frissonnant, dans un petit coin de campagne de l’Angleterre à l’époque victorienne.

J’aime beaucoup la plume de cette autrice, elle a ce talent de conteuse qui m’embarque, peu importe le genre du roman et l’époque à laquelle elle plante son intrigue, j’aime à chaque fois et ce nouveau récit ne fait pas exception, c’est un vrai régal de lecture.

Médium, meurtres, accusés potentiellement innocents, histoires d’amour contrariées, menaces bien présentes, secrets de famille enfouis mais aussi humour, dialogues savoureux et personnages pittoresques, sont les points forts de ce roman à suspens qui tient toutes ses promesses. 

J’ai adoré l’atmosphère gothique que nous propose Malika Ferdjoukh et les petites sueurs froides qu’elle nous occasionne au gré de la lecture. Car mine de rien la tension monte crescendo et on tremble pour nos protagonistes aux prises avec un tueur sans pitié.

L’histoire à la fois sombre et mystérieuse est bien construite et nous tient en haleine jusqu’au bout tant les meurtres relatés tout au long du récit sont intrigants. Des assassinats commis de sang-froid et pour les deux premiers d’entre eux dans des endroits clos à l’arrivée de la police.

Comment diable le meurtrier fait-il pour commettre ses méfaits et quitter les scènes de crime sans qu’on ne sache comment il s’y prend ? Il faudra toute la sagacité de Pinch et de Flannery pour découvrir le fin mot de l’histoire.

Bien malin le lecteur qui parviendra à deviner les tenants et aboutissements de cette série de meurtres. Pour ma part, je n’ai deviné qu’une partie de cette intrigue rudement bien ficelée et j’ai été surprise par les dernières révélations mitonnées par Malika Ferdjoukh.

Une petite pépite, voilà ce qu’est Griffes et j’en profite pour remercier L’école des loisirs pour cette lecture haletante, j’ai adoré et je vous la recommande chaudement !

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Dana Jae Schwartz est une journaliste, scénariste et auteure américaine. Elle était auparavant correspondante à Entertainment Weekly ; elle est également l’auteur de quatre livres. Elle écrit et anime également Noble Blood, un podcast hebdomadaire historique pour iHeartMedia sur le côté obscur de la monarchie. 

Édimbourg, 1817. Hazel est une jeune aristocrate à l’avenir tout tracé. Promise à un cousin, son rôle est de se préparer à devenir une épouse dévouée et soumise. Pourtant, Hazel rejette cette fatalité. Passionnée de médecine et aspirante chirurgienne, elle décide de braver les interdits liés à son sexe et à sa classe sociale pour suivre en secret des cours d’anatomie.

C’est alors qu’elle fait la rencontre de Jack, un voleur de cadavres travaillant pour le compte de l’université où elle étudie. À ses côtés, elle se sent plus libre et audacieuse que jamais. Et quand elle découvre que certains grands chirurgiens et membres de l’aristocratie réalisent d’étranges expériences sur les cadavres, elle décide de mener l’enquête…

A la fois romance historique et polar, Anatomy est le premier tome de la saga Love story signée Dana Schwartz et se révèle particulièrement passionnant lorsque l’on s’intéresse aux destins de femmes !

J’ai beaucoup aimé cette histoire, son univers si particulier où le morbide est beau et où la mort côtoie la vie en permanence. Hazel est une jeune femme peu banale qui n’entend pas mener la vie qu’on souhaite pour elle, à savoir un beau mariage et des enfants.

Son rêve : devenir chirurgienne à une époque où ce métier ne se conjugue pas au féminin, autant dire que le quotidien d’Hazel n’est pas un long fleuve tranquille. Pour mener à bien ses études, il lui faut des corps et le seul moyen d’en avoir à sa disposition c’est de les déterrer clandestinement.

C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Jack dont c’est l’occupation principale et ils vont tomber amoureux. La romance est loin d’être au premier plan et c’est ça qui m’a séduite. L’autrice nous propose un très bon roman historique, bien écrit et documenté qui fait la part belle à l’émancipation d’Hazel.

L’ambiance gothique et sombre qui plane sur la ville d’Edimbourg, en proie à une terrible épidémie est bien retranscrite, ce qui en fait un formidable roman d’automne à savourer avec une bonne tasse de thé et en regardant la pluie tomber. Si Dana Schwartz aborde la chirurgie, les opérations et les dissections, elle ne nous abreuve pour autant pas de détails anatomiques sanglants.

L’autrice met vraiment l’accent sur le combat d’une femme pour se faire reconnaître dans un métier réservé aux hommes à ce moment-là, qui parfois ne montrent que peu d’intérêt pour la pratique. J’ai été touchée par Hazel, sa volonté, son courage, son combat et par son histoire d’amour avec Jack.

Je n’avais pas vu venir le twist final qui est vraiment surprenant, je serai donc au rendez-vous du tome 2 lorsqu’il paraitra en France, l’année prochaine si tout va bien.

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Julia Golding a grandi sur le bord de la forêt d’Epping. Après avoir étudié l’anglais à Cambridge, elle a rejoint le Foreign Office et a servi en Pologne. Mariée et mère de trois enfants, Julia vit maintenant à Oxford et travaille comme journaliste pigiste.

Reading, Angleterre, 1789. Conviée au bal de leur ancienne école, Cassandra, la soeur de Jane, oblige sa cadette à l’accompagner malgré ses réticences. Qu’y a-t-il de pire que de se ridiculiser sur la piste de danse devant une troupe de jeunes galants ?

Par chance, la soirée prend vite un tour plus intéressant lorsqu’un collier de diamants d’une valeur inestimable est dérobé à l’une des invitées, Elinor Warren. Jane s’empresse alors de mener l’enquête pour démasquer le voleur…

Un voleur au bal est le second de tome des enquêtes de Jane Austen et la suite directe du Fantôme de l’abbaye pour lequel j’avais eu un petit coup de coeur ! Quel bonheur de retrouver Jane et Cassandra et leurs amis indiens Deepti et Arjun dans ce nouvel opus, toujours signé Julia Golding !

J’ai beaucoup aimé ce cosy mystery pour les adolescents, que je conseille à partir de 13 ans, mais en tant qu’adulte je me suis régalée à suivre l’adolescente Jane Austen, si vive, intelligente et pleine de piquant, exactement telle que je me l’imagine !

Notre héroïne de 13 ans allie courage et vivacité d’esprit, impertinence et malice et surtout, notre écrivaine en herbe se révèle une enquêtrice hors pair qui trouvera l’identité du voleur de bijoux, car elle persuadée que Brandon, l’ancien esclave venu de Jamaïque est accusé à tort. Mais elle saura découvrir également les secrets des Warren et ceux de Madame de la Tourelle, la directrice de l’école.

Elle sera bien aidée par Deepti, la fille du boulanger indien Anjur, qui manie à merveille le tir à l’arc, l’équitation et les sports de combat. Et son équipe de filles affrontera avec brio celle des garçons de l’école voisine au cricket !

Les chapitres sont courts et bien rythmés, il y a des rebondissements et des fausses pistes comme dans tout bon roman policier qui se respecte et l’intrigue, bien ficelée, demandera aux enfants et adolescents de faire fonctionner leurs petites cellules grises.

La plume de l’autrice est vive et Julia Golding montre qu’elle connaît bien Jane Austen mais aussi l’époque de son récit. En effet, j’ai apprécié qu’elle évoque certains sujets comme les conditions sociales, les relations entre les différentes strates de la bourgeoisie, le travail des enfants, la traite d’êtres humains, le racisme, la délicate question du mariage et de l’héritage…

Après Northanger Abbey, ce cosy mystery bourré d’humour s’inspire de Raisons et Sentiments et je me demande bien de quel roman de Jane Austen s’inspirera Julia Golding pour le troisième tome mais je serai au rendez-vous ! Et vous ?

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Née en France, Clémentine Beauvais vit en Grande-Bretagne où elle est enseignante en sciences de l’éducation à l’université de York. Elle est l’autrice d’une vingtaine de livres dont Les Petites Reines,succès retentissant, traduit en Allemagne, Pologne, Slovénie, Grande-Bretagne, République Tchèque, et Italie, adapté au théâtre, élu Meilleur Roman par le magazine Lire , lauréat du Prix Sorcières et du Prix Libr’à’nous… Un succès confirmé avec Songe à la douceur … En septembre 2018, elle a publié Brexit Romance . En août 2020 parait Âge tendre.

L’héroïne Clémentine Beauvais autrice jeunesse déprimée par une série d’échecs littéraires et amoureux trébuche sur une curieuse énigme historique : qui était la marraine la bonne fée du petit prince Louis XVII fils de Louis XVI et Marie-Antoinette ?

Comment cette fée, dotée comme toutes ses consoeurs de l’époque de pouvoirs magiques puissants, a-t-elle pu abandonner le petit prince à une mort atroce ? Plus étrange encore pourquoi a-t-elle disparu des archives de l’Histoire après la Révolution ?

Et si derrière ces mystères se trouvait la clef d’un autre encore plus grand : Que s’est-il passé le jour où la magie s’est évaporée ?

Les facétieuses signe mes retrouvailles avec Clémentine Beauvais. Pour moi, les romans de cette autrice : ça passe (Les petites reines ; Age tendre) ou ça casse (Brexit romance). Et là, je sors de cette lecture avec un sentiment mitigé : des choses que j’ai aimé et d’autres pas du tout !

Ce roman est un OVNI et on peut tirer son chapeau à Clémentine Beauvais d’avoir voulu sortir de sa zone de confort et de mélanger les genres entre non fiction, historique et fantastique. Je suis très dubitative sur le résultat final car je ne sais toujours pas où l’autrice a voulu nous emmener !

La thématique de fond est très originale entre réalisme et fantastique puisqu’elle porte sur les marraines la bonne fée. Pour moi, qui ai toujours aimé les contes de fées, je dois dire que ce point de départ est assez savoureux d’autant que Clémentine Beauvais a de l’humour et que ça fait mouche !

Dans ce monde qui ressemble en tous points au nôtre, la magie a existé et les marraines la bonne fée aussi ! L’autrice mélange des éléments biographiques de sa propre vie (ses études, son métier, ses romans, son éditeur Tibo Bérard, ses collègues auteurs et autrices) et en se prenant elle-même pour héroïne et de la fiction pure.

Elle mélange donc non seulement les genres mais aussi les éléments réalistes et fictifs. A mi-chemin entre la fiction et l’essai, on croit saisir au fil de l’histoire où va aller l’intrigue et en fait, pas du tout ! La lecture est agréable mais l’autrice m’a perdue lorsqu’elle a intégré les sciences de l’éducation, Bourdieu et sa croisade pour l’égalité des chances.

Son récit devient plus social et engagé sur le dernier tiers du récit et j’ai trouvé cette partie plutôt inintéressante car elle est vent debout contre les marraines la bonne fée qui étaient au service des puissants au détriment des plus faibles et que je n’ai pas vu l’intérêt de cette dénonciation. J’aurai préféré qu’elle creuse les éléments magiques et féériques davantage comme elle avait commencé à le faire.

Pour conclure, une lecture en demi-teinte pour moi, je suis un peu déçue après mon quasi coup de coeur pour Age tendre, à vous de vous faire votre propre avis si le coeur vous en dit !

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