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Archive for the ‘Littérature française’ Category

Ancienne avocate, Alia Cardyn consacre aujourd’hui son temps à l’écriture. Elle est l’autrice de plusieurs romans, dont Mademoiselle Papillon et Archie, et d’albums jeunesse dont Le Bébé le plus minuscule du monde et Le Rêve de Mademoiselle Papillon.

Dans la famille de Rose, les femmes règnent. Ce clan joyeux possède sa légende et ses traditions. De mère en fille, elles sont accoucheuses. Le destin de Rose paraît tracé. Jusqu’à ce drame qui va la bouleverser.

À quelques kilomètres de là, Ella se retrouve soudain allongée sur le sol devant ses élèves. Les jours passent et l’institutrice s’évanouit encore. Alors qu’elle tente d’élucider ce mystère, ses chutes répétées la poussent à faire ce qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Deux femmes, deux voix, deux facettes d’une même histoire. Celle qui commence quand tout semble perdu.

Avec Le monde que l’on porte, Alia Cardyn nous offre un récit lumineux sur la quête de soi et la poursuite d’un rêve sur le clan d’une femme puissante.

L’autrice aborde tout au long de son récit deux thèmes qui lui sont chers : la maternité et l’éducation. A travers Rose Flamme et Ella, elle nous propose de nous interroger sur ces aspects qui impactent la vie des femmes, en tout cas de celles qui sont mères, sages-femmes ou enseignantes.

Peut-on échapper à son destin ? Ou est-il déjà tout tracé quoiqu’on fasse ? Ella vient d’une famille d’accoucheuses depuis plusieurs générations mais va choisir une autre voie : l’enseignement.

Mais elle ne se reconnait pas dans cette école aux programmes formatés où enfants et enseignants doivent rester à leur place. Elle découvre la force de l’enseignement démocratique et s’engage dans cette voie contre vents et marées.

J’ai trouvé cette thématique très intéressante. J’ignorai tout de l’école démocratique et ce que l’autrice en dit m’a séduite. Alia Cardyn nous parle de liberté, de choix, de l’importance d’écouter les enfants en dénonçant un système scolaire dans lequel il faut rentrer dans des cases.

Avec Rose Flamme, elle aborde l’héritage familial parfois lourd à porter et c’est aussi très intéressant même si cela m’a moins parlé. Là aussi il est question de choix et de liberté pour les mères qui ne souhaitent pas accoucher dans les hôpitaux ou cliniques et préfèrent une naissance plus naturelle, plus douce, moins médicalisée pour leurs enfants.

Si j’ai beaucoup aimé les thématiques, les remises en question que nous propose Alia Cardyn, je n’ai pas réussi à m’attacher aux deux héroïnes. Je n’ai pas été émue ou emportée par leur histoire et surtout je déplore le manque réel d’intrigue car, pour moi, ces deux facettes d’une même histoire ne font pas un véritable roman.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture riche d’enseignements que je vous conseille si ces thèmes vous intéressent.

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Née à Paris en 1981, Solène Bakowski a partagé sa vie entre la France et la Chine, avant de s’adonner à la littérature. Porté par une narration complice et une magie douce, Rue du Rendez-Vous est son sixième roman.

Rien ne prédestinait Alice Beausoleil et Marcel Dambre à se rencontrer. Pour que le vieil homme ouvre sa porte à la jeune femme trempée, il aura fallu une grève des transports, un GPS capricieux et un terrible orage.

De leur tête-à-tête inattendu va naître ce qui ressemble à une seconde chance. Un nouveau rendez-vous avec l’existence, peu importe le temps qu’il reste…

Marcel, quatre-vingt-sept ans, vit rue du Rendez-Vous, reclus dans son atelier de bottier menacé par les bulldozers. Vendeuse en boulangerie, Alice offre son sourire à tous ceux qu’elle croise. En réalité, depuis deux ans, trois mois et quatre jours, en proie à une profonde tristesse, elle s’empêche de vivre.

À mesure que la pluie et les heures s’écoulent, le passé resurgit. Sous l’impulsion de la jeune femme qui l’écoute sans se dévoiler, Marcel raconte la guerre, sa carrière et son amour fou pour sa mère. Et s’il trouvait à son tour la clé pour délivrer Alice de son silence ?

Avec Rue du Rendez-Vous, Solène Bakowski nous emmène dans un fabuleux voyage au pays des souvenirs. Un roman tendre et bouleversant qui m’a beaucoup émue et qui m’a tirée bien des larmes.

Rue du Rendez-Vous, c’est une adresse que je garderai longtemps en mémoire car c’est là où se trouve l’ancienne boutique de bottier de Marcel dans laquelle le vieil homme taciturne vit avec son chien Lucien.

Un immeuble promis à la démolition que Marcel n’entend pas quitter tant il est chargé de souvenirs. C’est là qu’il va rencontrer Alice, jeune femme discrète. Cette vendeuse en boulangerie, prise sous une pluie diluvienne et un orage menaçant, sonne à sa porte.

La rencontre de ces deux-là ouvrira la porte aux milliers de souvenirs tus de part et d’autre. Au fil des heures, Marcel se raconte et avec lui, les femmes de sa vie.

Sa grand-mère qui l’a recueilli, sa mère Nini et son grain de folie, son absence d’amour filial, ses éclats de rire et ses profonds chagrins. Et enfin, sa femme qu’il n’a pas su aimer à sa juste valeur.

De la naissance de Marcel en 1930, à sa jeunesse dans une France occupée et à son mariage, en alternance entre passé et présent, on découvre tout ce que cette histoire a eu comme conséquences, bonnes et mauvaises, sur la vie de Marcel.

Petit à petit, la lumière se fait aussi sur Alice, et sur les raisons pour lesquelles l’histoire de Marcel résonne si fort en elle. Les culpabilités qu’ils portent en eux les empêchent de vivre et leur rencontre va changer bien des choses dans leurs existences respectives.

Cette histoire, leurs histoires, leurs blessures du passé m’ont totalement chamboulée. J’ai souri, ri mais aussi pleuré à chaudes larmes au fil du récit qui parle de deuil, de filiation, d’amour et de culpabilité.

C’est un petit bijou que nous propose ici Solène Bakowki, véritable virtuose tant dans sa plume que dans la construction de ce roman, et m’a fait vivre un véritable ascenseur émotionnel comme rarement il m’a été donné de lire. Je ne peux que vous recommander chaudement ce roman et je compte bien me pencher sur la bibliographie de l’autrice qui, je l’espère, contient d’autres pépites !

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Après une carrière militaire en France et à l’étranger, Alain Léonard exerce le métier d’infirmier dans un hôpital clermontois. En 2017, il se lance dans l’écriture. Chacun de ses textes mêle étroitement le romanesque à la grande Histoire. Un ange dans la tourmente est son sixième roman aux éditions De Borée.

Jeannette se démène dans la petite ferme auvergnate de ses parents. Alors que son père sombre dans l’alcool et que sa mère meurt, elle doit s’occuper de la ferme et de ses cinq jeunes frères et sœurs.

Aussi, lorsqu’elle rencontre Marius et que ce dernier lui propose de le suivre à Paris, elle entrevoit la possibilité d’une vie meilleure. Tous deux employés dans une filature, ils vont découvrir une ville en pleine mutation et les premières grèves.

Une capitale que les travaux d’Haussmann n’en finissent pas de transformer, et qui va bientôt accueillir l’Exposition Universelle de 1867.

Avec La prophétie des marguerites, Alain Léonard met en lumière la condition sociale du petit peuple de Province et de Paris. Au XIXè siècle, la France est très largement rurale mais sous le règne de Napoléon III et de l’essor industriel, de plus en plus de provinciaux quittent leur région pour la capitale.

C’est l’époque où hommes, femmes et enfants de basse condition rejoignent les usines qui ouvrent un peu partout mais aussi les commerces florissants et notamment les grands magasins.

La nouvelle vie de Jeannette est l’occasion pour nous lecteurs de découvrir ce Paris bouleversé par les coups de pelle du baron Haussmann, l’Exposition ouvrière, la misère mais aussi la prison lorsque la mort frappe à la porte.

Alain Léonard nous propose un roman historique riche, bien écrit et documenté, porté par une héroïne, un peu lisse mais bien attachante qu’on a plaisir à suivre de la première à la dernière page. Sa plume est fluide et visuelle et on s’immerge très facilement dans la vie de ces petites gens bien malmenés par ceux qui ont le pouvoir.

L’auteur nous offre un panorama très juste sur la condition ouvrière et le début des luttes sociales trop souvent tuées dans l’œuf par un patronat très puissant qui n’hésite pas à mettre à la porte sans ménagement les employés rétifs mais aussi les victimes d’accident du travail qui se retrouvent dans le dénuement le plus total.

Et que dire de la justice très expéditive qui n’hésite pas à condamner à la prison voire à la relégation dans les bagnes de Cayenne sans autre forme de procès pour des peccadilles.

Voilà quelques-uns des thèmes bien traités par Alain Léonard dans ce roman, qui bien que court, se révèle très intéressant !

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Née en Normandie, dans l’Orne, Karine Lebert a été biographe puis journaliste à Paris-Normandie. Elle a notamment publié aux Presses de la Cité Les Amants de l’été 44, sa suite indépendante Pour l’amour de Lauren, Les Murmures du lac et Pour l’honneur des Rochambelles.

Élisa est une pionnière. Sa volonté, son courage, son sens des autres, elle les a mis toute jeune au service d’un métier naissant et rude : convoyeuse de l’air. Loin d’Étretat, sa terre natale, elle s’envole dans des avions sans confort et veille sur des passagers malades. En 1945, quand elle doit ramener les déportés en France, elle découvre la tragédie des camps.

Sa liberté de femme, Élisa l’a vécue intensément dans les bras d’un photographe anglais, au fil de leurs escales du bout du monde.
Cette liaison a nourri un mystère qu’Audrey puis Lilly, fille et petite-fille d’Élisa, hôtesses de l’air, tenteront de percer des décennies plus tard…

Quel plaisir de retrouver la plume de Karine Lebert à l’occasion de son tout nouveau roman : Enlacer le ciel et les nuages. Vous le savez si vous me suivez depuis un petit moment, j’avais adoré sa duologie Les amants de l’été 44 et Pour l’amour de Lauren, Pour l’honneur des Rochambelles et Le souvenir et les mensonges aussi... qui avaient pour cadre la seconde guerre mondiale.

Si, comme moi, vous aimez les romans à plusieurs temporalités, les secrets de famille, les destins de femmes et que vous aimez retrouver la guerre 39/45 dans vos lectures, je ne peux que vous conseiller les romans de cette autrice.

Karine Lebert connaît très bien cette époque de notre histoire qu’elle prend pour toile de fond de ses romans. La romancière alterne la narration entre plusieurs époques, donnant tour à tour la parole à Elisa, convoyeuse de l’air, à Audrey et à Lily, sa fille et sa petite-fille, toutes deux hôtesses de l’air.

Entre passé et présent, souvenirs et mensonges affluent. Commence alors une enquête sur le passé d’Elisa qui semble avoir bien des choses à cacher et notamment ce qui la lie à Alex Bradford, un reporteur de guerre anglais.

L’histoire d’Elisa est très prenante de la première à la dernière page, l’autrice met en lumière à travers elle, le difficile métier de convoyeuse de l’air que je ne connaissais pas du tout.

Cette héroïne se révèle opiniâtre et courageuse tant dans son métier si risqué, personnellement je ne serai pas montée dans un avion en 1937, que pendant la guerre où elle n’hésite pas à aider la Résistance locale.

Elle ose aussi braver ses parents et la société en privilégiant son métier au détriment de ce qu’on attend d’une femme à cette époque, à savoir être une mère au foyer.

Les quelques chapitres mettant en scène Audrey et Lily, si ils lèvent le voile sur le passé d’Elisa, et nous montrent la difficulté de conjuguer vie de famille et métier, paraissent bien fades à côté de ceux mettant en scène leur aïeule.

Dans les pas d’Elisa, on voyage en Afrique et en Asie, en Allemagne et au Danemark, sur les théâtres d’opération de l’après seconde guerre mondiale, la libération des camps…

J’aime les romans historiques lorsqu’ils me permettent de me plonger dans une époque et de m’instruire, et c’est toujours le cas avec ceux de Karine Lebert. Chacun de ses romans mettent en lumière des thèmes précis et ici elle aborde avec finesse le rôle de ces femmes convoyeuses de l’air en leur rendant au passage un bel hommage !

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour cette lecture.

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Cadre dans une grande entreprise de services, passionnée d’histoire et de développement personnel, Carine Pitocchi a longtemps rédigé des articles pour des associations avant de se lancer dans l’écriture de romans. Elle a remporté en 2019 le  » Prix Romancière  » du concours de la collection &moi chez JC Lattès avec son roman Toi seul.

1919. Alors que l’Europe se relève à peine de la Grande Guerre, à Longfield, un nouveau drame s’abat sur la famille Ashford : Edward, le frère adoré de Julia, a succombé à la grippe espagnole. Endeuillée, la jeune femme se réfugie dans les bras de William Murphy, mais leurs deux familles s’opposent formellement à leur union.

Pour sa cousine Emily, les choses vont mieux : mariée à Archie et jeune maman, elle est choisie par le rédacteur en chef d’un journal pour être la seule femme journaliste à couvrir le « Conseil des Quatre » qui se réunit à Paris. Et c’est Florine, qui a dû laisser son emploi d’institutrice au retour des hommes du front, qui sera la préceptrice des deux enfants de la famille.

Quant à Elena Demidov, réfugiée au domaine pour échapper à sa famille, elle est toujours traquée par son frère Dimitri, bien décidé à lui faire payer sa trahison…

Avec Les heures incertaines, nous retrouvons les héros des Rêves de nos mères et des Coquelicots sous la cendre, là où nous les avions laissés. Dans ce troisième opus qui couvre toute l’année 1919, une année charnière de l’après première guerre mondiale, Carine Pitocchi met en scène aristocrates et domestiques, dans une ambiance à la Downton Abbey très réussie.

De l’Angleterre à la France en passant par la Russie et les Etats-Unis, l’autrice nous permet de renouer avec les personnages des précédents tomes : Antoine et Florine en France, Yana en Russie, Jackson aux Etats-Unis, Julia, Friedrich en Allemagne, Will, Archie et Emily en Angleterre.

Vous le savez j’adore les romans historiques et ici le contexte historique est le gros point fort. L’année 1919 est très importante puisque c’est celle où la grippe espagnole fait des ravages, où le traité de Versailles va être signé, où la société des nations est portée sur les fonds baptismaux, où l’Allemagne et l’Angleterre donnent enfin le droit de vote aux femmes…

Carine Pittochi s’est très bien documentée et parsème son récit de personnages et de faits historiques avec habileté, tout se fond incroyablement bien et l’autrice ne tombe jamais dans la leçon d’histoire tant le souffle romanesque est présent de la première à la dernière page.

Tout au long de ce roman fleuve sans longueurs, un exploit !, on suit nos personnages pris dans la reconstruction de l’Europe et le vacillement des empires. J’aime beaucoup la variété des personnages, chacun apporte quelque chose de différent au récit, avec son histoire, sa culture, ses origines sociales différents.

Le fait d’avoir des personnages de plusieurs horizons permet de découvrir l’Histoire du monde sous tous ses aspects, pas seulement du point de vue français et ça c’est vraiment passionnant. 

Les femmes, qui ont fait tourner le pays en l’absence des hommes sur le front, doivent céder la place aux hommes démobilisés, la Russie, en pleine guerre civile est en proie à la famine, les allemands vivent très mal l’humiliation du traité de Versailles et les nobles anglais n’ont plus les moyens d’entretenir leurs vastes châteaux.

Le récit de Carine Pitocchi est une fois de plus excellent, riche d’anecdotes, de faits réels. Elle nous offre un récit immersif et addictif : on est avec les personnages, on s’émeut, on rit, on vibre. On voit nos héros évoluer et on s’attache de plus en plus à eux, coté maîtres comme domestiques.

Leurs histoires s’entremêlent au fil des chapitres. Nous partageons leurs doutes, leurs joies, leurs drames, leurs souffrances, leurs douleurs physiques et morales. Bien sûr, certains sont davantage exploités que d’autres mais comme nous sommes dans une saga, nul doute que des personnages esquissés ici prendront plus d’importance dans les prochains volumes.

Si vous aimez les romans historiques et les saga familiales, vous devez absolument découvrir les romans de Carine Pitocchi. Quant à moi, j’attends désormais la parution du tome 4 avec impatience.

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Lu dans le cadre des 12 pavés que j’aimerai sortir en 2023 : 4/12

Geneviève Senger a notamment publié aux Presses de la Cité Un coeur entre deux rives, Le Roman d’Elsa, L’Air de l’espoir, La Première Amie, des romans à la rencontre de belles héroïnes.

Juillet 1870 en Alsace. Louise Heim, fille d’un industriel du textile, a épousé Lazare Weber, fils de pasteur et brillant polytechnicien, resté follement épris de sa soeur Lucile qui l’a éconduit pour s’enfuir avec un négociant en coton américain.

Animé par la volonté de surpasser les grandes familles alsaciennes ayant fait fortune dans le fil et le tissage, Lazare fonde une filature moderne. Il fait appel à Arthur Ziegler, un ouvrier catholique étrangement lié à sa famille…

Louise, comprenant qu’elle a été sacrifiée à l’ambition de son père, négligée par son mari, décide de prendre sa revanche. Et arrivent de Louisiane les lettres de Lucile…

Avec La dynastie des Weber, Geneviève Senger une saga familiale alsacienne avec secrets de famille à la clé. Vous le savez, ce genre est mon péché mignon et j’ai passé un bon moment aux côtés de Louise et de ses descendants.

Les Weber sont une vieille famille protestante taraudée par les secrets et les non-dits, emportée dans un tourbillon de rivalités, d’amours contrariées et d’ambitions démesurées.

De Mulhouse à Berlin, avec un saut dans cette mystérieuse Louisiane où tant d’Alsaciens ont émigré, Geneviève Senger nous raconte un siècle de péripéties amoureuses, de conquêtes industrielles et de combats syndicaux, de gloire et de défaites, d’illusions perdues et de rêves réalisés…

L’autrice fait s’entremêler la petite et la grande Histoire sur un territoire qui va, en quelques décennies, et plusieurs fois, passer de français à allemand.

Ce roman fleuve de 800 pages comporte bien quelques petites longueurs mais il est agréable à lire grâce à la plume fluide et érudite de l’autrice. L’histoire est bien construite et nous fait découvrir l’histoire mouvementée de la région et le développement de l’industrie textile à Mulhouse.

Qui dit saga familiale sur un siècle dit abondance de personnages ! Au fil du récit, des mariages et des naissances, les protagonistes s’accumulent mais je ne me suis jamais perdue dans toutes ses branches grâce au récapitulatif des personnages en début de romans et parce que l’autrice fait bien son travail en les ajoutant au fur et à mesure.

On suit plus particulièrement Louise la matriarche et Ambroise son dernier enfant, deux personnages attachants qui nous content les évènements familiaux et historiques que traverse la famille Weber et l’Alsace avec elle.

Parfaitement documenté, le récit peut là encore s’appuyer sur les mouvements politiques et sociaux qui ont marqué l’Alsace jusqu’à l’annexion par l’Allemagne nazie. Et nous voilà reparti pour une période troublée, durant laquelle il faudra à nouveau choisir son camp.

Pour la dynastie Weber, dont les différentes branches familiales sont installées aux Etats-Unis, en Alsace et en Suisse ainsi qu’Allemagne, on imagine les déchirements et les cas de conscience que l’auteur nous fait partager avec beaucoup de finesse.

Entre les lignes on comprend aussi comment se forge le caractère des Alsaciens : leur histoire houleuse leur permet aujourd’hui encore de jouir de certains particularismes locaux.

Un petit bémol toutefois : les personnages sont un peu trop manichéens à mon goût avec comme trop souvent, des gentils très gentils et des méchants très méchants, c’est un peu dommage !

Une bonne saga familiale que je vous recommande si vous aimez ce genre !

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Directrice de la mode de Gala et ancienne rédactrice en chef de Elle.fr, Adèle Bréau signe avec L’Heure des femmes son septième roman. Son best-seller Frangines a déjà conquis plus de 300 000 lecteurs.

Paris, 1967. À l’aube de la cinquantaine, Menie, mère de famille bourgeoise, est recrutée par la radio RTL qui a décidé de renouveler ses programmes. Son rôle ? Faire parler les auditrices.

En quelques semaines, c’est la déferlante. Les femmes de la France entière se confient à « la dame de cœur ». Bientôt, à l’heure de la sieste, elles seront des millions à suivre l’émission avec passion.

Parmi elles, Mireille et sa sœur Suzanne, qui découvrent qu’elles aussi pourraient maîtriser leur destin. Quant à la vie de Menie, partagée entre le tourbillon d’une société libérée par Mai 68 et les tourments qu’on lui livre, elle en est totalement bouleversée.
 
Cinquante ans plus tard, Esther, une documentariste qui peine à se reconstruire, va replonger dans ces années pas si lointaines où le sort des Françaises semble d’un autre âge.

L’heure des femmes signe mes retrouvailles avec Adèle Bréau que j’avais découverte avec Haute saison et Frangines. Dans ce nouveau roman, l’autrice rend un bel hommage à sa grand-mère Menie Grégoire, une femme dont je connaissais le nom mais dont j’ignorai tout.

Menie Grégoire était journaliste et écrivaine à succès. Elle est célèbre pour avoir été une des grandes voix de la radio RTL où elle animait de 1967 à 1982 « Allo, Menie », première émission d’écoute à donner la parole aux femmes et à évoquer la sexualité.

Dans la France si prude du Général de Gaule, elle a sacrément détonné et a subi insultes, menaces pour oser parler du corps des femmes, du désir, de l’orgasme, de la contraception mais aussi de sujets plus graves tels que l’avortement, le viol, les violences conjugales ou l’inceste.

J’ai découvert un petit bout de femme hors du commun. Mère de trois filles, issue de la bourgeoisie bon chic bon genre catholique, épouse d’un haut fonctionnaire, Menie s’est intéressée aux femmes du peuple, jugées si vulgaires par sa caste et elle a fait avancer la cause des femmes par ses émissions et ses prises de parole.

Mais si Adrèle Bréau met en lumière le rôle de Menie Grégoire, elle nous fait suivre en parallèle Mireille et Suzanne, deux soeurs du monde ouvrier habitant Saumur, et de nos jours, Esther, victime de violences conjugales qui écrit un livre sur Menie et nous donne accès aux archives de la journaliste.

A travers ces quatre héroïnes inspirantes d’hier et d’aujourd’hui, l’autrice continue, comme dans Frangines, d’explorer les liens de sororité dans ce très beau roman sur les combats de femmes pour disposer de leur corps. Passionnant de bout en bout et très bien écrit, ce roman m’a éclairé sur les mentalités des sixties, l’éducation et le rôle de la religion jusque dans la chambre à coucher.

Au fil de la lecture, on ressent tout l’amour et l’admiration d’Adèle Bréau pour sa grand-mère, « une héroïne qui a guidé sa vie ». En mêlant réel et fiction, personnages de papier et personnes ayant réellement existé, avec des passerelles entre les années, l’auteure croise le destin de plusieurs femmes qui se sentaient abandonnées, perdues ou dépassées et dont la vie a changé grâce à Ménie Grégoire. Esther cette jeune journaliste en 2022 n’est-elle pas un double de l’auteure ?

A la fois adulée et détestée parce qu’elle ose parler de contraception, d’avortement, de sujets « impudiques » qui dérangent la société, Menie Grégoire tient bon même lorsque son mariage vacille. Et l’on découvre une femme forte et courageuse, précurseure à une époque où les femmes n’avaient encore que peu de droits sur leur corps comme sur le reste.

Avec ce roman, Adèle Bréau nous fait (re)découvrir l’évolution de la condition des femmes depuis l’après-guerre et nous interroge aussi sur les avancées et les incertitudes de nos jours. Un roman indispensable lorsque l’on s’intéresse à la condition féminine et que je vous encourage vivement à lire !

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Virginie de Clausade, comédienne et auteure, a mis en scène The Normal Heart au théâtre du Rond-Point, repris avec succès au théâtre de La Bruyère. Femmes de porcelaine est son cinquième ouvrage. Elodie Hesme, comédienne et scénariste, s’illustre dans de nombreuses séries télévisées ainsi qu’au cinéma. Elle poursuit en parallèle sa carrière de parolière pour des grands noms de la chanson. Guidée par sa passion pour l’ écriture, elle signe ici son troisième roman.

1905, Limoges. L’ industrie bat son plein. Le progrès dévore ses ouvriers tandis que les contremaîtres abusent sans vergogne du droit de cuissage. Dans cette période d’effervescence sociale, un abus de trop embrase Limoges la Rouge. Les travailleuses se mettent en grève pour exiger le droit à la dignité.

Anne, ouvrière à la manufacture Haviland, et Clotilde, l’épouse du patron, se retrouvent face à face, trente-cinq ans après avoir été arrachées l’une à l’autre. Si la seconde a tout oublié, la première l’a cherché pendant de longues années.

Au milieu de l’ insurrection, les deux sœurs auront à se battre pour sauver leur famille, leur amour, renouer leur sororité mutilée et imposer leur liberté. Anne et Clotilde, tels des kintsugis, devront magnifier ce qui a été brisé.

Mais deux femmes auront-elles le pouvoir de faire entendre leur voix ?

Pour bâtir l’intrigue de Femmes de porcelaine, Virginie de Clausade et Elodie Hesme se sont inspirées des grèves qui ont embrasé Limoges, la capitale de la porcelaine, en 1905.

Ces événements qui se sont déroulés entre février et mai 1905 eurent un retentissement national. J’ignorai tout de cet épisode qui a touché les porcelainiers. La France était secouée par de fortes contestations sociales en ce début du XXè siècle, qui touchaient bon nombre de régions, à juste titre d’ailleurs et cet aspect fresque sociale à la Zola qui dénonce viols et droit de cuissage m’a beaucoup plu.

Les manifestants réclament d’abord le renvoi de contremaitres, les revendications salariales viendront ensuite. C’est Penaud, le contremaitre chez Haviland, qui met le feu aux poudres. Accusé de viol et de racket par les ouvrières qui réclament son renoi et surtout le droit à la dignité.

Les pratiques du bonhomme sont révoltantes mais hélas très courantes à cette époque où la femme a peu de droits. Elle se fait cogner par son mari et violer par son patron !

Sur cette trame sociale bien décrite par les autrices qui se sont abondamment documentées, vient s’ajouter une trame plus personnelle qui va s’attacher à deux héroïnes, la flamboyante Anne, anarchiste et fille d’une communarde, Charlotte, qui voit sa vie basculer lorsque sa mère meurt sur les barricades de 1871. Et Clothilde Haviland, épouse du patron de la fabrique, inconsolable depuis le décès de son fils.

Si j’ai vraiment apprécié l’intrigue historique consacrée aux évènements de Limoges, les thèmes abordés tels que la condition féminine, la lutte ouvrière, la sororité… j’ai nettement moins aimé l’aspect fictif très téléphoné avec des personnages parfois attachants mais manichéens, soit très méchants soit vrais gentils, et cet aspect me gêne toujours un peu.

Les autrices ont aussi eu recours à bon nombre de facilités dont elles auraient pu se passer pour nous offrir une intrigue plus cohérente comme les retrouvailles entre les deux soeurs et le fait que Clothilde qui n’a plus aucun souvenir d’Anne, prenne immédiatement faite et cause pour elle, alors qu’à l’époque les clivages sociaux étaient très forts !

Le style des autrices m’a aussi causé souci, trop actuel, trop lourd avec un abus d’adverbes réellement inutile.

Mais, malgré ces bémols, je ne regrette pas du tout cette lecture qui m’a beaucoup appris sur le métier des ouvrières dans la fabrique de porcelaine et sur leur lutte pour le droit à la dignité.

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Serena Giuliano est l’autrice de Ciao Belia, Mamma Maria (prix Babelio 2020 et prix Marchiavel du roman Cercle Leonardo da Vinci 2020) Luna (prix des lecteurs U 2022), Sarà perché ti amo, qui ont conquis plus de 500 000 lecteurs.

À Salerno, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas pour Éléonore. Entre ses ménages et ses jumeaux ados, elle n’a pas le temps de goûter à la dolce vita. Surtout, Éléonore ne parvient pas à oublier Marco, dont elle vient de se séparer. Pendant qu’elle récure chez les autres, au moins, son esprit est occupé.

Mais en pénétrant dans l’intimité de ses clients, elle va s’apercevoir que les apparences sont trompeuses, et sa routine bien huilée pourrait se trouver chamboulée… Son rêve de toujours deviendra-t-il réalité ? Et si un hasard s’apprêtait à rebattre toutes les cartes ?

Avec Un coup de soleil, Serena Giuliano nous propose une histoire solaire, qui fleure bon le sable chaud, tout en évoquant sans détour les sujets liés à la maternité.

Un récit qui met en scène Eléonore, une héroïne pas comme les autres de par sa profession, femme de ménage, qui permet à l’autrice de rendre hommage à sa nonna qui faisait, elle aussi, des ménages.

De sa plume enjouée et tendre Serena Giuliano tisse des portraits croisés, selon les jours et les clients d’Eléonore : Lundi, dottore Di Martino, veuf au cœur brisé. Mardi, signora Rizzo, la doyenne à l’esprit mal tourné. Mercredi, les Ferrara, culs-bénits, autoritaires. Jeudi, signora Marino, voyante : lit dans les cartes et les pensées. Vendredi matin, signor et signora Landi, aisés, bronzés, désespérés… Vendredi après-midi, signor D’Amato, l’homme invisible !

Ce titre « un coup de soleil » résume à lui seul ce roman estival ! On y découvre des tranches de vies avec en fil rouge, celle d’Eléonore qui les unit toutes. Cette niçoise exilée par amour à Salerne depuis dix-sept ans nous conte son quotidien avec ses joies et ses peines.

Un récit chaleureux, à l’image de son autrice, à la fois joyeux et émouvant, qui cache des blessures fortes et de jolies leçons de vie. J’ai beaucoup aimé cette histoire, les touches d’humour de l’autrice, c’est un roman qui donne le sourire et qui se dévore.

J’ai énormément apprécié son héroïne, ses enfants et certains de ses clients, notamment le dottore et Geraldina. Il se dégage de ce récit une bonne dose de bienveillance, d’amour et ça fait du bien.

On se sent comme une petite souris en pénétrant dans l’intimité des uns et des autres. Avec en filigrane, des histoires d’amour et d’amitié. Cela permet à Serena Giuliano d’aborder l’amour maternel, le divorce, le chagrin d’amour, le veuvage, la maladie, la grande vieillesse, le mal de mère…

Et ce ne serait pas un roman de Serena Giuliano sans l’Italie. Cette ville de Salerno en toile de fond, il a l’air d’y faire bon vivre avec ses places, ses glaciers, ses petites rues où le linge pend, c’est un vrai dépaysement et une évasion garantie, j’y ferai bien un tour.

Je crois que ce roman est mon préféré de l’autrice, les thèmes m’ont beaucoup touchée et je me suis pas mal reconnue en Eléonore. Je trouve que ses romans, année après année, gagnent en qualité et j’ai d’ores et déjà hâte de lire le prochain.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture qui m’a fait beaucoup de bien !

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Mickaël Brun-Arnaud est le fondateur de la librairie parisienne Le Renard Doré – librairie de référence pour le manga et la culture japonaise. Paru en mars 2022 à l’École des loisirs, son premier roman jeunesse, Mémoires de la forêt, s’est vendu à près de 10 000 exemplaires en l’espace de quelques mois. Les Vallées closes est son premier roman de littérature générale.

Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit où Paul-Marie, employé de mairie bien sous tous rapports, a recueilli chez lui Enzo, jeune adulte atteint de déficience intellectuelle ?

Dans ce village reculé de Provence où les préjugés sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité importe peu. Et Paul-Marie est contraint de se cacher dans le grenier de Claude, sa mère, pour échapper à la vindicte populaire.

L’an dernier, j’avais eu un coup de coeur pour Les souvenirs de Ferdinand Taupe, premier opus de Mémoires de la forêt, j’étais donc très curieuse de découvrir le premier roman de littérature blanche de Mickaël Brun-Arnaud, Les vallées closes.

Autant vous le dire d’emblée, c’est un roman noir très dur à lire, l’auteur a choisi un sujet difficile qui n’épargne ni ses personnages ni ses lecteurs. Il nous emmène dans une France très rurale, encore coincée dans les années 50 où l’homosexualité est, au mieux refoulée, au pire, bannie.

Le décor est planté dans le Luberon, du côté d’Apt. Dans ce monde rural, brut, où hommes et animaux sont élevés à la dure, nous suivons trois personnages. L’auteur leur donne tour à tour la parole au présent, en 2016, mais aussi à des moments clés de leur vie dans les années ayant précédé le drame.

Il y a Claude, élevée comme un petit garçon des campagnes, sans droit de ressentir, mal mariée à Marius, un homme brutal et impitoyable. Victime de violences ordinaires, elle est une mère distante, qui n’a pas su protéger ses fils de cette violence familiale, imprimée par le chef de famille. 

Il y a Paul-Marie, son fils, directeur financier à la mairie du village. Différent des autres, plus fragile, plus délicat, harcelé de par sa féminité, son homosexualité. Il n’a jamais eu de vie amoureuse et se retrouve accusé de pédophilie sur Enzo. 

Et enfin, il y a Enzo, déficient intellectuel de 20 ans, rejeté par son père et étouffé par une mère ultra possessive et envahissante, qui lutte pour vivre sa vie comme il l’entend malgré ses difficultés.

L’histoire, très noire, tourne vite au sordide tant dans les propos, avec un langage familier cru et ordurier, que dans les réactions des personnages qui entourent nos héros.

Alors certes, de nos jours, il y a encore beaucoup de préjugés autour de l’homosexualité, mais dans ce récit, ça tourne au paroxysme. L’écriture de Mickaël Brun-Arnaud est sèche, brute, directe. Et du pédé par ici et de la tafiote par là, je trouve qu’il y a un peu trop de surenchère dans les termes. Personnellement, lorsque le langage employé est trop cru, cela me sort de ma lecture et je n’ai pas aimé cet aspect du roman.

L’auteur met le doigt où ça fait mal, sans nous laisser respirer, sans laisser poindre une lueur d’espoir pour les protagonistes. Les scènes de violences ordinaires envers les animaux, en particulier les scènes de chasse, du mari envers son épouse et ses enfants ou entre les voisins et villageois, avares de ragots, hypocrites et malsains… sont réellement horribles. 

Ce récit m’a émue, j’ai aimé la construction très habile de l’auteur, Claude et Enzo, et surtout Paul-Marie, tellement gentil, sentimental et empathique, et qui mène une existence tellement injuste, que je me suis beaucoup attachée à lui. Son sort m’a vraiment émue et le dénouement m’a laissé K.O debout.

Malgré mes bémols sur le langage et sur le côté très sordide de ce récit, c’est un premier roman qui mérite d’être lu mais attention, il est vraiment sordide, violent et bouleversant.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette découverte !

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