Lu dans le cadre des 12 pavés que j’aimerai sortir en 2023 : 10/12
Après avoir été procureur, Ernst Lothar se consacre à l’écriture à partir de 1925 et fréquente le cercle d’ écrivains dont font partie Zweig, Musil, Roth… Metteur en scène de théâtre, il succède à Max Reinhardt à la tête du Theater in der Josefstadt. En 1938, en raison de ses origines juives, il se réfugie à New York où il fonde l’Austrian Theater. C‘est là que paraît en 1944 Mélodie de Vienne. De retour à Vienne en 1946, chargé de la dénazification culturelle par le gouvernement américain, Ernst Lothar reprend ses collaborations théâtrales et dirige le Burgtheater.
Dans un immeuble cossu de Vienne, en 1888, la famille Alt occupe tous les étages. Leur titre de noblesse ? Le piano sur lequel a joué Mozart, construit par Christoph Alt, le fondateur. Des ateliers sortent encore des pièces exceptionnelles.
Une réputation qui leur impose de s’astreindre aux règles de la haute société viennoise. L’arrivée dans la famille de la trop belle Henriette Stein, d’origine juive qui plus est, sème le trouble. La jeune femme plonge dans le tourbillon de fêtes et de création qui s’empare de la ville en cette fin de siècle.
Un tourbillon où l’on percevra bientôt les fêlures du rêve austro-hongrois : le suicide du prince héritier, l’assassinat de l’archiduc suivi de la guerre, l’essor du mouvement ouvrier, la montée du nazisme…
Mélodie de Vienne raconte le destin mouvementé de la famille Alt qui va suivre les soubresauts de l’Histoire autrichienne pendant plusieurs décennies.
Du suicide de Rodolphe de Habsbourg, l’héritier du trône austro-hongrois au meurtre de sa mère Sissi, en passant par la chute de l’empire et la montée du nazisme, Ernst Lothar balaie les soubresauts qui vont bouleverser l’empire austro-hongrois à travers la famille Alt et l’immeuble dans laquelle elle loge.
La famille Alt vit dans une grande maison de trois étages, au 10, Seilerstätte, en plein coeur de Vienne. Le fondateur de la dynastie, Christophe Alt, était facteur de piano et sa renommée a pris un essor jamais démenti depuis, le soir où un certain Wolfgang Amadeus Mozart, quelques mois avant sa mort, a joué sur un instrument sorti des ateliers Alt.
C’est au même Christophe que l’on doit l’installation de la famille dans cette maison. Et, par testament, il a imposé à ses descendants d’y demeurer et d’y cohabiter, génération après génération. Un siècle plus tard, on ressent un certain confinement.
Ce roman relate la vie d’une famille aisée, proche de la cour de François-Joseph, la famille Alt est fournisseur des pianos de la cour depuis le règne de Marie-Thérèse, une centaine d’années auparavant.
L’auteur nous fait côtoyer personnages de papier et historiques et fait rencontrer la petite et la grande histoire, c’est un procédé que j’aime beaucoup et qui bien maitrisé par Ernst Lothar.
Ernst Lothar revient donc sur les évènements marquants que vit l’Autriche et mêle les destins de ses personnages à ceux des grandes figures historiques, c’est assez passionnant même si le roman n’est pas exempt de longueurs.
Entre drames personnels et événements historiques majeurs, les Alt se déchirent dans une fresque bien documentée d’un point de vue historique. L’histoire est intéressante mais exigeante car les personnages sont nombreux et se côtoient de génération en génération.
Je ne vais pas vous dresser par le menu les heurs et bonheurs de la famille Alt, ils sont nombreux, douloureux, et parfois assez bouleversants. Car, aussi imparfaits soient-ils, on s’attache à Henriette, Franz et Hans, que l’on suit particulièrement, beaucoup moins aux autres membres de la famille, dont le rôle, secondaire, est pourtant fondamental.
Une saga familiale portée par trois personnages principaux plein de failles, emportés par les drames personnels et ceux de leur pays, qui m’a appris bien des choses sur l’histoire autrichienne. Un classique que je vous recommande si vous aimez ce genre !