Histoire, Essais & Documents

Elles ont été les premières ! 100 femmes exceptionnelles de Mélina Gazsi & Suzanne Kestenberg

Mélina Gazsi, journaliste, a au moins trois passions : l’histoire des femmes, la litterature et le design. Pour la première, elle a participé à plusieurs ouvrages et n’a pas manqué une occasion de rendre hommage aux femmes dans les colonnes du journal Le Monde, auquel elle a collaboré de 2001 à 2019. Elle se consacre aujourd’hui aux deux autres, par l’écriture et par des séries documentaires audiovisuelles.

Suzanne Kestenherg est une journaliste spécialisée dans les problèmes de consommation, de société et de santé. Margaux Reinaudo, alias Gomargu, est une jeune illustratrice parisienne. A travers ses traits tout en rondeurs et ses personnages attachants, elle explore les femmes, le couple, l’amour, l’amitié, et pose un regard délicat sur le monde qui l’entoure.

Aujourd’hui, c’est encore un secret assez bien gardé : les filles réussissent mieux à l’école que les garçons ! Et pourtant, devenues adultes, cela se gâte, disent les statistiques. Dans la vie professionnelle, les femmes perdent alors souvent leur place de première. Elles sont moins bien payées que les hommes, ont accès à moins de postes prestigieux que les hommes.

Avec Elles ont été les premières ! Mélina Gazsi et Suzanne Kestemberg remettent les pendules à l’heure et ont eu envie de faire changer, de faire chanter les statistiques… et montrer que, même devenues grandes, même quand les statistiques n’existaient pas, même lorsqu’elles n’allaient pas à l’école ou qu’elles y allaient moins, les femmes ont souvent été des Premières, des précurseures même si l’Histoire, écrite par les hommes, les ont invisibilisé !

Pour fêter le centenaire de la Journée internationale des femmes en 2021, les autrices ont donc voulu rendre hommage à toutes celles qui ont été les premières. Dans ce livre, on va à la rencontre de cent femmes pionnières dans leurs domaines respectifs.

Premières à faire le tour du monde en 1766, à voyager dans l’espace en 1963, à obtenir en 1910 un brevet de pilote d’avion ou le permis de conduire en 1898… Ou bien à recevoir en 2014 la médaille Fields, l’équivalent du prix Nobel de mathématiques. Ou encore à devenir en 1960 cheffe d’État. À inventer qui le lave-vaisselle en 1886, qui un programme informatique en 1842, qui un traitement de texte électronique en 1968. Ou encore à créer en 1929 un musée aujourd’hui incontournable… Et encore, et encore !

Parmi cette centaine de femmes, quelques-unes que je connaissais déjà, croisées au fil de mes lectures car ce sujet m’intéresse beaucoup : Ni vues ni connues du Collectif Georgette Sand, Les Découvreuses : 20 destins de femmes pour la science de Marie Moinard & Christelle Pécout, Les Insoumises: 18 portraits de femmes exceptionnelles, de l’Antiquité à nos jours de Jean Haechler, Les grandes oubliées : Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq, Culottées tome 1 de Pénélope Bagieu et Culottées tome 2 de Pénélope Bagieu.

D’autres, la grande majorité d’entre elles, de l’Antiquité à nos jours, m’étaient totalement inconnues car parfaitement oubliées, passées sous silence dans les livres d’Histoire ! Ce livre nous donne l’occasion de les découvrir de façon ludique et abordable.

Qui étaient-elles, d’où venaient-elles, dans quel domaine ont-elles été la Première et comment en sont-elles arrivées là ? J’ai adoré me plonger dans les portraits de ces femmes d’exception bien documentés et plein d’humour, mis en dessins par Gomargu.

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Mon petit dictionnaire de la royauté -Bertrand Deckers

Bertrand Deckers se passionne pour l’actualité des têtes couronnées. Le 6 septembre 1997, à 11 ans, il assiste, à la télévision, aux obsèques de Lady Diana. Il confie alors à son entourage que plus tard, il sera «journaliste chez les rois». L’animateur Stéphane Bern devient pour lui une figure de référence.

Avec Mon petit dictionnaire de la royauté, Bertrand Deckers nous propose un ouvrage illustré et très bien documenté qui nous promet de tout savoir sur la, les royautés, d’aujourd’hui comme hier, en France, en Angleterre comme ailleurs… et bien plus encore.

Et pari tenu car j’ai trouvé cet abécédaire réellement passionnant de A à Z, très bien écrit, drôle, émouvant et terriblement instructif. Au fil des pages, on rit, on pleure parfois mais, surtout, on apprend. 

C’est un dictionnaire en apparence comme les autres, avec des entrées par ordre alphabétique mais c’est loin d’être académique pour autant. L’auteur le présente comme un trousseau entier de clés qui va nous ouvrir les portes de la royauté.

L’ouvrage, abondamment illustré, fait la part belle aux Windsor mais pas que même si Elizabeth II est l’héroïne de Bertrand Deckers, il n’en oublie pas pour autant les monarchies d’Europe voire du monde. De l’Angleterre à l’Espagne en passant par le Danemark ou la Suède, de la Belgique à la Norvège, du Japon au Boutan, on fait un véritable tour du monde au fil des pages.

Bertrand Deckers connait les us et coutumes de la royauté sur le bout des doigts et l’ouvrage est vraiment intéressant et riche d’enseignements, sans jamais être ennuyeux, bien au contraire !

Cet abécédaire est pétri d’humour et n’a qu’un seul but : nous amuser de A à Z et c’est très réussi ! Prenons un exemple. Pourquoi, à la lettre  » S « , le mot Salade ? Vous séchez ? Une piste : ça concerne les dîners d’État, grandioses, donnés par Charles III. A la lettre  » T « , pourquoi donc Titanic ? Parce que dans les eaux sombres et froides de l’Atlantique nord, l’épave la plus célèbre de tous les océans renferme aussi une histoire d’amour royale.

Tout, sauf l’ennui. C’est la promesse tenue de Bertrand Deckers ! Dans ce petit dictionnaire, s’il y a Horse Guards, il y a surtout Crazy Horse. Et Moulin Rouge ! Il y a Cecil Beaton. Et Elizabeth II (of course !), Charles III. Et il y a Cartier, Garrard et tous les joailliers de la couronne, mais il y a aussi Swatch. Il y a la BBC. Et il y a Netflix. Il y a la Cour de Buckingham. Et les Jardins du Vatican. La Tour de Londres. Et La Tour d’Argent.

Il y a le très noble Escoffier. Et la non moins royale Pizza Margherita. Il y a le Court Circular (le bulletin de la cour). Et The Sun (la terreur des Windsor). Il y a Daniel Craig. Et il y a l’insolente Oprah Winfrey. Il y a Kate et William. Et il y a le Prince Harry mais pas Meghan. Il y a Grace. Si forte. Si fière. Si parfaite. Et il y a Charlène. Si fragile. Et une valse de destins tourmentés : Wallis. Margaret. Soraya. Diana. Masako. Letizia…

Certaines pages vont aussi se faire plus sombres. Et se couvrir de confidences. Il y a Ambition. Pression. Dépression. Il y a Jalousie. Il y a Haine. Il y a Complot. Il y a Accident. Il y a Assassinat. Il y a Pont de l’Alma.

Petit conseil : on ne lit jamais un dico de façon linéaire. Picorez. Piochez. Virevoltez. Entrez dans la danse par où bon vous semble. Quelque soit la lettre, il y a une mine d’informations toujours intéressantes mais aussi très ludiques.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture passionnante de A à Z !

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Secrets de sorcières : Une initiation à notre histoire et nos savoirs – Julie Légère, Elsa Whyte & Laura Pérez

Elsa Whyte et Julie Légère sont auteures et sorcières. Elles habitent à Paris. Laura Pérez est illustratrice. Triplement diplômée de la San Carlos Fine Arts University (Espagne), de l’Ecole Régionale des Beaux Arts de Rennes et de Alberta College of Art and Design (Canada), elle est saluée par la critique espagnole pour ses beaux romans graphiques.

Entre le documentaire et le manuel, Secrets de sorcières : Une initiation à notre histoire et nos savoirs est un très beau livre pour connaître l’histoire de la sorcellerie et maîtriser les pouvoirs de la nature.

Depuis l’Antiquité, magie et sorcellerie se sont souvent conjuguées au féminin. Stéréotype négatif à l’origine, elles sont devenues depuis quelques années un symbole d’émancipation féministe qui intrigue autant qu’il fascine.

De Médée à Hermione Granger, en passant par les bûchers et les contes de fées, découvrez l’histoire de la sorcellerie à travers des récits d’époques et des portraits de sorcières, qu’elles soient réelles ou fictives.

Julie Légère et Elsa Whyte nous plongent au coeur d’une spiritualité à nulle autre pareille, entre faits historiques (procès de Salem, chasses aux sorcières contemporaines,…) et pop-culture (le personnage d’Hermione Granger, celui de Willow dans Buffy contre les vampires…).

Si, comme moi, vous commencez à bien connaitre le sujet, vous n’apprendrez rien de bien nouveau. En revanche, pour les néophytes, et notamment les adolescentes à qui cet ouvrage est destiné, c’est une très bonne porte d’entrée.

Les autrices expliquent avec beaucoup de pédagogie et en remettant les choses dans le contexte de l’époque, le mythe de la sorcière ou de la magicienne, qui de bienveillante, devient satanique à mesure que l’Eglise catholique étouffe les croyances païennes ancestrales et soumet les femmes.

L’ouvrage, agréable à lire, est très synthétique et manque d’approfondissement mais il fait bien le tour de la question à coups d’exemples. C’est un ouvrage pour la jeunesse, ne l’oublions pas, et il est très accessible à ce lectorat, forcément l’adulte s’y retrouve un peu moins.

L’objet livre est superbe : les illustrations signées Laura Pérez sont sublimes et sont un vrai plus. On n’a qu’une envie : tourner les pages pour les découvrir.

Ce document se veut aussi un manuel d’apprentie sorcière, les dernières pages sont donc consacrées aux plantes, pierres, pendule et chaudron, chats et chouettes, baguettes, pentacles et carrés magiques… Les lectrices découvrent ainsi l’origine et les secrets des outils et symboles magiques.

Puis, les autrices invitent les adolescentes à mettre leurs nouvelles connaissances en pratique en concoctant leurs propres potions guérisseuses à base de plantes ou en créant leur talisman porte-bonheur.

Un joli ouvrage à avoir dans sa bibliothèque si on s’intéresse au sujet !

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Flamboyant Second Empire – Xavier Mauduit & Corinne Ergasse

Agrégé et docteur en histoire, Xavier Mauduit est producteur de l’émisison « Le Cours de l’Histoire » sur France culture et chroniqueur sur Arte. Il est également l’auteur de nombreux ouvrage sur l’histoire du XIXe siècle.

Napoléon III a longtemps été décrié mais l’homme est plus complexe qu’il n’y paraît. Sous le Second Empire, entre 1852 et 1870, la France connaît des avancées spectaculaires qui la font entrer dans la modernité et dans la révolution industrielle.

Que ce soit pour les sciences et techniques, les arts et la littérature, la politique, la vie quotidienne, l’éducation et la santé, l’architecture et l’urbanisme, le Second Empire a transformé la France.

Avec Flamboyant Second Empire !, Xavier Mauduit et Corinne Ergasse nous invitent à redécouvrir l’histoire méconnue de ces vingt années flamboyantes où les hommes ont cru le progrès sans limite.

C’est une époque que l’on ne nous enseigne pas à l’école, au collège ou au Lycée et c’est bien dommage, car pendant les dix-huit de règne de Napoléon le petit comme le surnommait Victor Hugo, l’empereur a fait entrer la France dans la modernité.

Si l’on retient le grand chantier que fut Paris, passé du Moyen-Age du XIXè sous les coups de pelle du baron Haussmann, on ignore à peu près tout le reste et cet ouvrage vient combler nos lacunes en la matière.

L’ouvrage est très bien pensé et bien organisé en huit grandes thématiques : le quotidien, l’urbanisme, sciences et techniques, culture littérature et beaux-arts, éducation et idées, santé et social, politique où les auteurs montrent les avancées apportées par Napoléon III et c’est diablement intéressant.

Il faut se rappeler que cette époque a vu la création de l’électricité, du téléphone, de l’urbanisme, de l’école, du CAP, de l’aluminium mais qu’elle fut aussi bouillonnante au niveau des arts. C’est aussi sous ce règne que les femmes ont pu passer le baccalauréat, devenir médecin…

Xavier Mauduit ajoute à la fin de chaque partie une anecdote ainsi que ce qui se passe dans le reste du monde pendant cette période, ce qui en fait un ouvrage très enrichissant et fait preuve d’un bon talent de vulgarisateur.

L’ouvrage, bien que précis, est facile à lire, notamment grâce aux saillies et à l’humour des auteurs qui entremêlent leurs explications de textes, courriers de l’époque et d’illustrations.

Le Second Empire fut une période de renouveau sur tous les plans. Les progrès de la France dans tous les domaines furent prodigieux durant toute cette période. Quels que soient les domaines envisagés, tout fut transformé, amélioré, modernisé.

Une époque que je trouve passionnante et je ne peux que vous recommander cet ouvrage de vulgarisation qui m’a appris une foule de choses.

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Le Livre extraordinaire des Vikings – Stella Caldwell & Eugenia Nobati

Stella Caldwell est une dragonologue anglaise. Elle étudie la littérature anglaise puis collabore de nombreuses années dans l’édition jeunesse en tant que rédactrice. Elle a publié plus d’une vingtaine de livres pour enfants dont Le monde farabuleux de Roald Dahl, Le Monde des dragons et Le Monde des fées (Gallimard jeunesse).

Eugenia Nobati commence sa carrière dans les années 90 en tant que graphiste. C’est en 1997 qu’elle décide de se consacrer exclusivement à l’illustration avec une appétence pour la littérature jeunesse. Elle a publié une quarantaine de livres dans une dizaine de pays. Elle est sélectionnée parmi les 16 illustrateurs qui ont représenté l’Argentine à la Biennale de Bratislava en 2012.

Des fabuleux drakkars aux amulettes protectrices à l’effigie d’Odin ou Freya, Stella Caldwell nous propose avec Le livre extraordinaire des Vikings un documentaire XXL d’exception.

une sélection .

Dans cet album de près de cent pages, l’autrice nous offre une sélection extraordinaire d’artefacts, témoins d’une des peuples les plus passionnants de notre Histoire.

Au fil des pages, on explore une foule d’objets du quotidien comme les peignes, amulettes, chaussures, jouets, cuillères, carafes… mais aussi des objets d’exception très joliment ouvragés comme des bijoux, des épées, stèles funéraires, traineaux, statuettes, casques…

Et l’on apprend une foule de choses, surtout lorsque l’on est comme moi néophyte en la matière : comment les vikings faisaient-ils pour naviguer sur d’aussi grandes distances ? Que portaient-ils lors des combats ? Pourquoi le marteau de Thor, le dieu de la foudre, avait-il un manche aussi court ?

Stella Caldwell répond à toutes ces questions et bien d’autres encore que ne manquent pas de se poser les archéologues en herbe, fascinés par cette civilisation disparue, d’autant que les vikings ont le vent en poupe que ce soit en séries ou en jeux vidéos !

Chaque artefact a droit à sa double page avec une illustration XXL, une fiche sur son époque, le lieu de sa découverte, où il est exposé, ses dimensions… et bien sûr toutes les explications synthétiques de Stella Caldwell qui s’est incroyablement bien documenté.

Outre sa richesse iconographique et historique, ce documentaire sait remarquablement bien parler aux enfants, avec un vocabulaire adapté, à la fois riche mais accessible, bravo à l’autrice qui ne les prend pas pour des imbéciles.

Si il est passionnant pour les enfants, il l’est tout autant pour les adultes. Les vikings continuent d’intéresser, génération après génération. J’ai été, pour ma part, éblouie par les tous ces trésors qui nous sont parvenus et notamment la tapisserie, la guerre valkyrie et le dragon de pierre.

Vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement ce documentaire d’exception qui fera le bonheur des enfants curieux et de leurs parents.

Un grand merci aux éditions Little Urban pour cette nouvelle pépite, j’ai adoré !! J’attends avec impatience le prochain volume, qui je l’espère, se rapportera à l’antiquité grecque.

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Mytho animaux Stop les intox – Agatha Liévin-Bazin, Maxime Pineaux et Charlotte Molas

Agatha Liévin-Bazin est docteure en éthologie, spécialiste de la vie sociale chez les oiseaux et vulgarisatrice scientifique. Maxime Pineaux est chercheur en biologie. Charlotte Molas a illustré des affiches, des packagings, ainsi que des articles pour le magazine ELLE. Elle est également illustratrice de plusieurs livres.

La nature est fascinante et nous réserve bien des surprises. Mais attention à ce qu’on nous raconte ! Non, les corbeaux ne pleurent pas leurs morts, et les oiseaux ne nettoient pas les dents des crocodiles ni ne chassent avec leurs pets.

Les fake news sont partout. Dès l’Antiquité, Hérodote ou Pline l’Ancien colportaient déjà des fausses informations sur les animaux et aujourd’hui encore, certains d’entre nous sont persuadés que les ratons-laveurs lavent leur nourriture, que les autruches se mettent la tête dans le sable ou que les fourmis sont toutes des travailleuses acharnées !

Agatha Liévin-Bazin et Maxime Pineaux en connaissent un rayon sur la question animale et nous proposent avec Mytho animaux Stop les intox, un documentaire plein d’humour qui déconstruit les idées reçues parfois tenaces depuis des siècles.

Dans un style journalistique, les auteurs renversent vingt-six idées reçues sur le monde animal avec clarté et humour. Si c’est un ouvrage destiné aux 8 ans et plus, il sera tout aussi instructif pour les adultes, car ces idées reçues, nous les avons tous et toutes.

Chaque double page porte sur une idée reçue. Elle est construite de manière journalistique : sur la page de gauche un texte qui débute par un fait (récit antique, lettre écrite à un grand frère, journal intime, ou commentaire partagé sous une vidéo) et sur la page de droite, l’explication scientifique sur trois colonnes vient déconstruire ces fausses croyances.

La démarche est bien vue et l’angle original, deux très bonnes raisons pour découvrir ce documentaire pas comme les autres. On apprend tout en s’amusant et ce tout au long des vingt-six chapitres qui forment cet album.

Un ouvrage ludique et très pédagogique, riche d’enseignements, qui séduira tout autant les enfants que leurs parents et qui nous permet de faire un véritable tour du monde. Car si on connait bien certains animaux, d’autres sont nettement plus méconnus et vivent aux quatre coins du monde.

Le format souple, le ton du texte, l’humour, la mise en page et les dessins hyper simples, colorés et expressifs de Charlotte Molas apportent un style vivant et moderne, faisant de ces « fake news » de véritables faits divers.

Une bonne idée pour intéresser les enfants au monde animalier et gommer les idées reçues qu’ils peuvent déjà avoir. Un grand merci aux éditions Saltimbanque pour cette lecture passionnante !

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Le couple et l’argent Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes – Titiou Lecoq

Titiou Lecoq est journaliste indépendante et blogueuse sur Girls and geeks. Elle a notamment publié Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale (Fayard 2014), ainsi que des romans dont Les Morues (Au Diable Vauvert, 2011). Elle a publié Honoré et moi à l’Iconoclaste en 2019, un récit drôle et accessible sur un monument de la littérature.

Les hommes sont plus riches que les femmes. Dès l’enfance, les garçons reçoivent plus d’argent de poche que les filles. Adultes, à poste égal, les femmes sont moins bien payées que les hommes. Et le couple accentue encore les inégalités : au cours de la vie à deux, l’écart ne cesse de se creuser, sans que ni l’une ni l’autre ne s’en rende compte.

Ou bien préfère l’ignorer. Chaque fois, il y a des explications et une combinaison de « bonnes raisons’ mais le tableau général est accablant. J’écris depuis des années sur les violences sexuelles, le travail domestique, l’invisibilisation des femmes. Il était temps que je m’intéresse à ce qui est souvent plus tabou que la vie sexuelle : l’argent. « 

Le couple et l’argent signe mes retrouvailles avec la talentueuse Titiou Lecoq dont j’avais adoré Les grandes oubliées.

Avec un talent rare pour la pédagogie, Titiou Lecoq décortique les statistiques et les études les plus récentes pour nous expliquer pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes. Et les inégalités commencent dès l’adolescence et de l’argent de poche

Elle convoque l’historienne Michelle Perrot, des économistes, une conseillère en gestion de patrimoine, des banquières, sa mère et même des arnaqueuses.

A travers le parcours de Gwendoline, de son adolescence à la retraite, en passant par son premier job, son mariage, son divorce… Je me suis beaucoup reconnue dans le parcours de Gwendoline et cela m’a vraiment agacée de voir à quel point je me suis faite berner par l’Etat, mon ex-mari, mes divers employeurs…

Son ton mordant fait le reste. On tourne les pages avec étonnement et parfois avec colère. Mais Titiou Lecoq propose aussi des solutions simples qui peuvent tout changer.

De la première à la dernière page, c’est un livre édifiant à plus d’un titre et très intéressant sur le partage des richesse dans le couple. J’aurai pu post-iter chaque page tant les exemples, les études, les statistiques, les sources viennent appuyer les propos de Titiou Lecoq et nous montrent pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes.

C’est un essai passionnant, très accessible, drôle et rageant à la fois, qui fourmille d’anecdotes rendant l’ensemble aussi fluide et léger qu’une conversation animée avec une copine bien que le sujet soit très sérieux.

Titiou Lecoq est une excellente pédagogue, j’ai aimé ses réflexions, appris bien des choses, notamment que les hommes gèrent la richesse et les femmes la pauvreté, que les hommes achètent du patrimoine et les femmes, les yaourts.

Un essai instructif et documenté qui dépeint la fragilité économique des femmes au sein de leur couple. On y retrouve des exemples concrets, avec de nombreux conseils, mais aussi plusieurs passages sur la condition féminine d’autrefois et son évolution au fil du temps. On prend également conscience (si ce n’est pas déjà fait) que rien n’est jamais définitivement acquis concernant nos droits

Un livre que je vous conseille à 1000% tant il est éclairant pour les femmes !

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L’homme est-il un singe ? – Emmanuelle Figueras & Fred L.

Depuis 2005, Emmanuelle Figueras écrit des documentaires pour enfants. Passionnée par la nature, elle aime faire découvrir le monde animal aux plus jeunes. Après avoir suivi des études d’art appliqué, Fred L. a été directeur artistique dans l’édition. Il devient auteur et illustrateur jeunesse en 2005.

Pourquoi les chimpanzés et les gorilles nous ressemblent tant ? Font-ils partie de notre famille ? L’être humain, intelligent et cultivé, est-il lui-même un singe?

Ce livre documentaire, L’homme est-il un singe ?, signé Emmanuelle Figueras pour les textes et Fred L. aux illustrations répondra à toutes ces questions et bien plus encore.

Pour comprendre ce qui nous rapproche et nous sépare de ces animaux, le lecteur suit deux petits héros qui l’accompagne tout au long des quatorze chapitres qui composent cet album au format XXL.

Et, que l’on soit adulte ou enfant, on est embarqué dans une passionnante enquête scientifique, riche en découvertes et rebondissements !

A la fin de la lecture, on sait tout de nos ressemblances et de nos différences avec les singes quels qu’ils soient ! Gorilles, chimpanzés, babouins, gibbons…

Les lecteurs apprendront dès le début de l’ouvrage que oui, nous sommes bien des singes au même titre que les gorilles, les chimpanzés ou les bonobos.

Nous appartenons tous à la même famille: celle des grands singes. Au fil des chapitres, des comparaisons montreront nos ressemblances et nos différences : marche, vie sociale, émotions, alimentation, éducation…

Cet ouvrage est une vraie mine d’or pour les enfants et leurs parents, peu versés comme moi, en sciences naturelles ou SVT comme on dit maintenant. A chaque page, j’ai appris une foule de choses comme le fait qu’ils sont les rois de l’automédication !

Les textes vulgarisateurs d’Emmanuelle Figueras sont clairs et pédagogiques et les illustrations de Fred L. rendent le tout très ludique, avec des mises en scène dynamiques.

En résumé, L’homme est-il un singe ? est un documentaire à la fois pédagogique et ludique à mettre entre toutes les mains dès 8 ans ! Il va rester en bonne place dans notre bibliothèque familiale et je vous le recommande vivement ! Il est parfait pour un cadeau d’anniversaire ou de Noël par exemple.

Un grand merci aux éditions Saltimbanque qui publie, une fois encore, une sacrée pépite !

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Désir noir – Anne-Sophie Jahn

Anne-Sophie John, 32 ans, est journaliste au Point depuis 2011, elle est spécialisée dans la musique et la culture pop.

« Un après-midi d’automne, assise à la terrasse d’un café, je listais avec mon éditeur des idées de chapitre pour Les Sept Péchés capitaux du rock, titre de mon premier livre. “Bertrand Cantat.” Un coup de vent glacé m’a fait frissonner. Ou était-ce ce nom, évocateur de mort et de violence ?

Dans mon souvenir, le chanteur de Noir Désir s’était disputé avec sa petite amie, l’actrice Marie Trintignant, un été, en Lituanie. Il lui avait donné une gifle, sa tête avait heurté un radiateur, hémorragie cérébrale, elle n’avait pas survécu. C’était un accident, mais il relevait bien de la colère, puisqu’il était l’issue tragique d’une bagarre.

En rentrant chez moi, j’ai commencé par rechercher des articles de presse relatant l’affaire. Les titres ont défilé. Je cliquais, lisais, ou plutôt dévorais les informations. Je m’étais totalement trompée. La mort de Marie Trintignant n’était pas un accident.

Et si elle n’était pas la seule victime ? »

Avec Désir noir et vingt ans après la mort de Marie Trintignant, Anne-Sophie Jahn mène l’enquête sur la tragédie de Vilnius que l’on n’appelait pas encore féminicide.

A l’été 2003, la mort de Marie Trintignant a été, pour moi, une onde de choc parce que c’était une actrice solaire et parce que celui qui avait asséné les coups, Bertrand Cantat, était une rock star que j’aimais beaucoup. A l’époque, les médias parlaient de tragique accident sous l’emprise de la passion, de la jalousie, de l’alcool et des stupéfiants.

Mais lorsqu’on lit ce récit, qu’on se rend compte du nombre de coups qu’a reçu Marie, on sait qu’il n’en est, en fait, rien. Anne-Sophie Jahn retrace de A à Z non seulement « l’affaire Cantat » et le meurtre de Marie Trintignant mais aussi tout ce qui entoure le suicide de Kristina Rady.

Une enquête sur tous les éléments disponibles et des interviews de témoins, policiers, juristes à distance de l’affaire. Les témoins, sous couvert d’anonymat osent raconter des scènes, des paroles que l’on ne peut que trouver hallucinantes.

Et c’est réellement glaçant mais aussi passionnant. Y a-t-il eu violence avant et après Vilnius? Le suicide de Kristina Rady a-t-il été provoqué par Bertrand Cantat, qui apparait ici jaloux, possessif et harceleur ?

Le déchaînement de violence qui a tué Marie Trintignant, la multiplicité des coups qu’elle a reçu, et ce que l’on sait des violences conjugales permettent de penser que oui, ce n’était pas un acte isolé, mais sans preuve irréfutable Cantat ne risque pas d’être ennuyé car les témoins qui, au départ, affirmaient que le chanteur était violent, se sont tous rétractés et en premier lieu son épouse.

Certes Cantat n’a jamais tenté de fuir la justice mais elle a été bien clémente envers lui. La peine, légère, a été divisée en deux et le chanteur a bénéficié en Lituanie et en France d’une détention VIP avec cellule individuelle, un régime de semi-liberté très tôt, un frigo personnel qu’il cadenasse pour qu’on ne lui vole pas ses yaourts !

Le suicide de Kristina Rady a-t-il été provoqué par la violence physique et psychologique ? On n’a l’impression que justice n’a pas été faite sur suicide, mais qu’il n’y aura jamais de réponse. Tous les thèmes employés à l’époque  » drame passionnel » « amour fou » sont heureusement devenus inacceptables.

Un livre qui épluche méticuleusement la presse et le dossier, pour en faire une synthèse à laquelle rien ne manque. Il n’y a aucune révélation, mais vingt ans après, il est intéressant de réexaminer l’affaire à la lumière de l’évolution de la société, notamment l’émergence de la notion de féminicide. Et on réalise mieux l’esbroufe des postures morale du meurtrier de Marie et l’omerta qui l’entoure encore vingt ans après l’affaire.

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Crimes et mystères de Paris – Paul El Kharrat

Paul El Kharrat s’est fait connaître du grand public grâce à son parcours exceptionnel dans l’émission Les Douze Coups de midi. De cette expérience, il a tiré son autobiographie à succès Ma 153e victoire. Passionné de culture générale et d’histoire, il est également l’auteur de Crimes et mystères de Paris.

Lieu de toutes les splendeurs et de tous les fantasmes, Paris fascine. Ce serait pourtant oublier le versant le plus sombre de la capitale : celui de ses crimes et mystères.

Passionné de criminologie et d’histoire, Paul El Kharrat s’est penché dans Crimes et mystères de Paris sur ces affaires qui ont secoué la Ville lumière de la Révolution française à la Seconde Guerre mondiale. Car si les meurtres bouleversent la petite histoire, celle des individus, ils peuvent également faire trembler la grande.

En s’intéressant à ces hommes et ces femmes, monstres sanguinaires déterminés ou assassins désespérés, l’auteur dessine en creux les XIXe et XXe siècles en France car chaque meurtre, chaque fait divers est remis dans son contexte historique.

Avec Paul El Kharrat, on plonge dans ce Paris des meurtriers. L’ouvrage, très synthétique mais précis, se découpe en cinq parties : de la Révolution à la Restauration, des Trois glorieuses au second Empire, de la Commune à la Troisième république, de la paix à la guerre, et enfin, de l’entre-deux-guerres à la reconstruction.

Chaque partie s’ouvre sur une notice chronologique des affaires criminelles et des dates clés de la période, ce qui permet de cerner chaque époque en quelques lignes.

Je suis très friande de ce genre d’ouvrages qui retracent des crimes emblématiques, passés à la postérité, surtout qu’ici tous les protagonistes sont morts depuis bien longtemps. Je ne connaissais pas ce titre jusqu’à ce que je tombe dessus chez le libraire et que je reparte avec, pour le lire dans la foulée, ce qui ne m’arrive jamais !

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne suis pas déçue. Paul El Kharrat revient sur des affaires très célèbres comme Lacenaire, Troppmann, Violette Nozières, Landru ou le docteur Petiot mais aussi sur des crimes nettement plus confidentiels pour le grand public et j’ai découvert bon nombre de faits divers dont j’ignorai tout.

L’auteur nous convie à un terrifiant voyage dans le temps à la découverte d’un Paris à la fois mythique et mystérieux. Bien que chaque affaire soit résumée de façon synthétique, l’auteur nous donne tout de même une foule de détails intéressants, sans jamais tomber dans le glauque ou le macabre.

L’ouvrage allie Histoire et criminologie et conte le retentissement considérable de ces affaires auprès du public grâce au rôle de la presse qui va connaître un essor incroyable au XIXè siècle. Les unes des journaux font les choux gras de ces crimes sanglants et leurs auteurs connaissent la célébrité.

Paul El Kharrat nous rappelle combien le public se délectait de ces affaires et se pressait à l’exécution des coupables. Il nous dit aussi l’importance de la guillotine et le combat de Victor Hugo contre la peine de mort.

Cerise sur le gâteau : chaque fait divers est illustré par une gravure, photographie ou la une d’un journal l’ayant traité.

Si l’histoire et la criminologie vous passionnent, je vous le conseille car il est bien documenté et se révèle une bonne porte d’entrée dans la criminologie avant de se pencher sur des ouvrages plus ambitieux.