Sophie Malick-Prunier est professeur de lettres classiques en classes préparatoires à Henri-IV, spécialiste de poésie latine et d’histoire des institutions politiques de la Rome républicaine. Elle a traduit les Épigrammes de Martial (t. I : Livre des spectacles, I-V, Belles Lettres, 2021), et elle est l’auteure du Corps féminin dans la poésie latine tardive (2011) et de Dixit. L’art de la parole dans l’Antiquité (2009).
Clodia Metelli est une héritière. Figure sulfureuse de la jeunesse dorée de Rome au Ier siècle avant notre ère, connue pour son exceptionnelle beauté, elle est issue de la puissante famille patricienne des Claudii, qui occupe, de génération en génération, les plus hautes fonctions.
À la suite d’un retentissant scandale politique et religieux qui compromet son frère Clodius, elle se trouve impliquée dans les arcanes des rivalités entre César, Cicéron et Pompée. Tandis que sa propre famille se déchire et que la République agonise, minée par la lutte entre le clan conservateur du Sénat et le parti populaire qu’elle et Clodius ont rallié, Clodia s’émancipe des contraintes de son sexe ; femme libre, elle inspire au jeune poète Catulle ses vers les plus ardents.
En immersion dans les quartiers populaires et les riches demeures de la Rome antique, cette fresque captivante retrace le destin hors du commun de l’une des rares femmes de son temps à avoir laissé son nom dans l’Histoire.
L’Antiquité est loin d’être ma période historique préférée et pourtant quel bonheur ce fut de lire Clodia ou le scandale de la Bonne Déesse et de découvrir cette héroïne que j’ai adoré.
Sophie Malick-Prunier nous donne un lire un roman absolument passionnant qui nous fait pénétrer en -61 ans de notre ère, au temps où Jules César règne sur la Gaule.
Fondé sur une connaissance très précise de cette époque, le récit formidablement bien écrit et documenté est en effet d’une grande érudition, sans toutefois, à aucun moment, virer à la leçon d’histoire.
L’autrice nous raconte l’histoire de Clodia, une femme de caractère issue de la grande famille des Clodius, qui fréquente Cicéron ou César et qui verra sa vie bouleversée suite à un scandale familial politico-religieux.
Basé sur des faits réels et des personnages ayant réellement existé, le récit est riche de détails, de descriptions qui nous happent dès les premières lignes pour ne plus nous lâcher. L’histoire m’a captivée de bout en bout tant j’ai trouvé Clodia fascinante.
On retrouve au fil de la lecture Jules César, Cicéron ou Pompée qui prennent vie sous la plume de l’autrice qui nous reconstitue l’époque et la vie à Rome avec brio. Les hommes sont d’une misogynie crasse, à part le poète Catulle, et Sophie Malick-Prunier nous rappelle que les mariages sont politiques et les femmes ne sont pas des citoyennes à part entière. Elles doivent tenir leur maison et perpétuer le nom de leur famille. Elles sont prénommées au nom de leur père lorsque plusieurs filles naissent, elles portent des numéros ou le nom de famille de leur mari pour les distinguer !
L’autrice insère dans son récit des extraits de poèmes en latin, traduits en français, cela apporte beaucoup d’élégance et d’érudition. Car les hommes de cette époque sont d’une vulgarité et d’une brutalité répugnantes. On navigue entre complots, corruption des sénateurs ou des magistrats, on assiste aux fêtes, on frémit face à l’hypocrisie des hommes concernant la vertu de leur femme… il flotte une ambiance nauséabonde, bien traduite par l’impression de suffocation de Clodia.
L’autrice fait de son héroïne la muse du poète Catulle, sa Lesbie, et nous montre sa grande intelligence et sa vision très fine de la politique qu’elle ne peut pas réellement exploiter car, à l’instar des autres femmes romaines, elle n’a aucun pouvoir et doit obéir à son mari.
Sophie Malick-Prunier rend un bel hommage à l’intelligence de ces patriciennes, à leur sens de la stratégie et de la famille et à leur détermination farouche à défendre les leurs.
Suspens, intrigue captivante, passion sont les principaux ingrédients de ce roman, véritable pépite historique que je vous conseille chaudement !
Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette belle lecture, j’ai adoré !