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Charly 9 – Jean Teulé

Jean Teulé est l’auteur de treize romans. Parmi les plus notables, Je, François Villon a reçu le Prix du récit biographique ; Le Magasin des suicides a été traduit dans dix-neuf pays (best-seller à Taïwan !). Son adaptation en film d’animation par Patrice Leconte est en cours de réalisation et sortira sur les écrans en 2012. Darling a été adapté au cinéma par Christine Carrière, avec Marina Foïs et Guillaume Canet dans les rôles principaux ; Le Montespan, prix Maison de la presse et grand prix Palatine du roman historique, a été élu parmi les vingt meilleurs livres de l’année 2008 par le magazine Le Point. 

Charles IX fut de tous nos rois de France l’un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint-Barthélemy, qui épouvanta l’Europe entière.

Abasourdi par l’énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses.

Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous. Pourtant, il avait un bon fond.

Jean Teulé, spécialiste des biographies romancées, nous propose avec Charly 9, celle de l’avant-dernier roi des Valois. Charles IX était le cinquième enfant du roi Henri II et de Catherine de Médicis. Il devient roi de France à l’âge de 10 ans, après la mort de son frère François II en 1560.

Avec sa gouaille que j’apprécie tant, il brosse ici un portrait irrévérencieux de ce roi dont le nom reste accroché aux guerres de religion qui ont secoué le XVIè siècle et surtout les massacres de la St Barthélémy.

Comme à son habitude, Jean Teulé entend désacraliser l’Histoire avec ce portrait intimiste du roi qui s’attarde plutôt sur la vie privée de l’homme et son caractère outrancier. Cette biographie romancée s’ouvre le 23 août 1572, veille du massacre des Huguenots et s’achève le dimanche 30 mai 1574, jour de son décès.

Charles IX est un roi relativement méconnu, est passé à la postérité à cause des massacres et grâce au roman d’Alexandre Dumas. Le portrait que nous en fait Jean Teulé se calque sur ce qu’en dit ce bon vieux Dumas.

Craignant un soulèvement protestant voire un complot pour éliminer les Valois, Charles IX décide, probablement très influencé par sa mère Catherine de Médicis, son frère Henri (le futur Henri III) et ses conseillers, l’élimination des chefs protestants, à l’exception de quelques-uns, parmi lesquels les princes du sang, Henri de Navarre et le prince de Condé.

Cette décision déclenche le massacre de la Saint-Barthélemy (le 24 août 1572), qui fait des milliers de morts, probablement trente mille, à Paris et dans plusieurs grandes villes de France. Déterminé à maintenir l’ordre, le roi ordonna l’arrêt des massacres dès le matin du 24 août 1572, mais ses multiples appels au calme furent très souvent transgressés. Une folie meurtrière s’empare de tout le Royaume et marque un tournant dans le règne de Charles IX. 

Déjà très malade, le roi sombre peu à peu dans un état dépressif en dépit de l’amour qu’il porte à Marie Touchet, sa maîtresse et mère de son fils, et à la reine Elisabeth d’Autriche qui lui donne une fille. Persuadé que sa décision du 23 août 1572 a causé sa perte, il s’épuise en chasses à courre et en cinq à sept avec sa maîtresse qui le laissent exsangue.

Avec sa verve habituelle, son humour et sa facétie, Teulé décrit les épisodes marquant du court règne de Charles IX et nous fait pénétrer dans son intimité, dans ses souffrances. Dans sa chair avec cette pneumonie tuberculeuse qui lui sera fatale mais aussi dans son coeur avec la rivalité qu’il a avec ses frères, la peine de voir sa mère lui préférer Henri (ses chers yeux), y compris sur son lit de mort lorsqu’elle lui fait signer un acte stipulant que c’est lui qui doit monter sur le trône à la place de leur plus jeune frère Hercule.

Loin des livres d’Histoire et de leur austère chronologie ou des hagiographies, les pensées, les faits et gestes du Roi nous sont relatés comme si le narrateur les avait vécus en spectateur. Jean Teulé nous donne ici une savoureuse leçon d’Histoire et l’on a un peu de peine pour ce roi si peu aimé et tellement manipulé par sa mère !

8 commentaires sur “Charly 9 – Jean Teulé

  1. Allez même si c’est pas forcément des plus fiable historiquement, ça me donne quand même très envie d’aller à la rencontre de cette verve, même si je le rappelle ton conseil de commencer avec Le Montespan 😉

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