Littérature française

Le rouge et le blanc – Harold Cobert

Harold Cobert est l’auteur de plusieurs romans, dont Un hiver avec Baudelaire (Héloïse d’Ormesson, 2009 ; Le Livre de Poche, 2011), L’Entrevue de Saint-Cloud (Héloïse d’Ormesson, 2010, Prix du Style), Jim (Plon, 2014 ; Le Livre de Poche, 2016) et La Mésange et l’Ogresse (Plon, 2016 ; Points Seuil, 2017).

Russie, 28 juin 1914. Tout oppose Alexeï et Ivan Narychkine, deux frères issus de l’aristocratie. Alexeï, l’aîné, a hérité de leur père son tempérament déterminé et réfléchi. Libéral, il prône la modernisation et la démocratisation de la Russie.

Ivan, lui, ressemble à leur mère : d’un naturel tourmenté et exalté, il épouse volontiers les pensées anarchistes et marxistes.

Mais les deux jeunes hommes ont quelque chose en commun : leur amour pour Natalia, leur sœur de lait, fille de leur gouvernante et de l’administrateur des terres familiales.

Quand, en 1917, la Révolution éclate, tous se déchirent et chacun choisit son camp, au risque de devoir un jour s’affronter…

Avec Le rouge et le blanc, le talentueux Harold Cobert nous propose une excellente fresque historique qui raconte le destin tragique de deux frères désunis par l’Histoire mais liés par l’amour d’une femme.

À travers les parcours d’Alexeï, d’Ivan et de Natalia, l’auteur livre une épopée passionnante et richement documentée sur plusieurs décennies, de l’attentat de Sarajevo ayant coûté la mort de François-Ferdinand d’Autriche et de son épouse à la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.

Le récit est éprouvant car l’auteur ne nous épargne rien des exactions de la révolution russe, de la guerre civile qui en a suivi. Il nous raconte la création des goulags et le quotidien des hommes et des femmes déportées pour des motifs futils. Et bien sûr les horreurs du régime stalinien à travers les exécutions sommaires, les meurtres de civils, les tortures dans les sous-sols de la Loubianka…

Je comprends la démarche de l’auteur mais il faut avoir, parfois, l’estomac bien accroché et certaines scènes assez insoutenables m’ont franchement donné la nausée et, pourtant, j’ai déjà lu nombre de romans portants sur ce sujet !

Nous suivons donc tous ces évènements qui ont jalonné 1914 à 1989, mais en faisant des sauts de puce, en s’arrêtant plus particulièrement sur les périodes 1914 à 1924 puis la seconde guerre mondiale, la mort de Staline, la guerre froide et la construction du mur de Berlin à travers le parcours d’Alexeï et Ivan, deux frères aux trajectoires opposées.

Alexeï souhaite l’avènement d’une démocratie mais devant les actions des bolcheviks, leurs repressions, leur intégrisme, va rallier les Russes blancs tandis qu’Ivan se liera aux Bolchéviks, nous faisant côtoyer ainsi les leadeurs du nouveau régime qu’étaient Lénine, Staline, Béria… et l’avènement de l’URSS.

Harold Cobert s’est bien documenté et le roman aborde beaucoup de thématiques et d’évènements dont j’ignorais tout, en cela je l’ai trouvé intéressant et enrichissant même si je regrette le manque de dates car à travers certains chapitres, en passant d’un paragraphe à l’autre, on avance de plusieurs années dans l’intrigue, ça m’a parfois un peu perdue.

Si l’intrigue est passionnante, je ne me suis, à aucun moment, attaché aux héros que sont Alexeï, Ivan mais aussi Natalia et Koly, leurs frère et soeur de lait, j’ai même franchement détesté ces trois derniers, tous antipathiques, des intégristes de la Révolution, sans doute assez représentatifs des bolcheviks de l’époque mais qui m’ont hérissé à de nombreuses reprises.

Cela ne m’a pas gênée pour autant, ce n’est pas forcément ce que je recherche dans mes lectures. Ce roman a été une grande source d’intérêt historique, j’ai ressenti assez peu d’émotions, sans doute la faute à mon non attachement aux personnages mais, malgré cela et des scènes terrifiantes car criantes de vérité, j’ai adoré ce roman !

Un grand merci aux éditions Les escales pour cette lecture passionnante qui me restera longtemps en mémoire.

10 commentaires sur “Le rouge et le blanc – Harold Cobert

  1. Un récit plus historique que tirant sur l’émotion donc. Si on a envie d’en apprendre plus sur cet épisode historique il a l’air top notamment avec ses scènes bien crues, mais il vaut mieux le savoir ^^

  2. Ok, je note ce que tu en dis, que ce soit le coeur bien accroché et le fait qu’on n’ait pas d’attachements pour les personnages ! Le sujet m’intéresse, alors, je note ce roman 🙂

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