Littérature française

La chambre des diablesses – Isabelle Duquesnoy

Isabelle Duquesnoy a publié de nombreux livres, dont les remarqués La Redoutable Veuve Mozart (prix des Musiciens, Paris, 2021), L’Embaumeur ou L’Odieuse Confession de Victor Renard (prix du Roman, Saint-Maur en Poche, 2018 ; prix Passeurs d’encre, Bayeux, 2018), La Pâqueline ou Les Mémoires d’une mère monstrueuse. Son dernier roman La Chambre des diablessesest publié aux éditions Robert Laffont.

Depuis cinq heures du matin, la foule rassemblée devant le bûcher piaffe d’impatience de voir brûler celle que l’on surnomme  » la Voisin « . Son supplice sera le divertissement à ne pas manquer. Ordre du roi. On ne badine pas avec la colère de Louis XIV.

Accusée de sorcellerie et de crimes atroces, elle repousse le curé qui tente de sauver son âme et s’agite comme une possédée.
– Allez tous vous faire foutre !

Et d’un seul coup la fumée montant vers le ciel emporte les cheveux fondus de la plus redoutable empoisonneuse de Paris.

Bientôt, on soupçonne de complicité sa fille âgée de vingt et un ans. Ainsi, Marie-Marguerite devra tout dire : livrer les secrets de sa mère, révéler ses formules et la liste de ses clients dans la haute noblesse courtisane. Mais cela suffira-t-il à sauver sa tête ?

Avec La chambre des diablesses, Isabelle Duquesnoy retrace l’un des plus gros scandales qui ébranla le règne du Roi-Soleil. L’autrice nous le raconte avec la truculence et la précision historique si singulières qui sont les siennes.

L’affaire des poisons a eu suffisamment de retentissement pour qu’elle parvenienne jusqu’à nous. Je connaissais cette célèbre affaire dans les grandes lignes mais j’ai appris une foule de choses qui m’ont scandalisée et révoltée.

Ce fait divers hors norme, c’est 442 accusés de commerce de sorcellerie. 36 condamnés à mort, dont la Voisin, brûlée vive, le 22 février 1680. Mais aucun noble ne sera inquiété. Toute l’histoire nous est racontée par Marie-Marguerite, sa fille, dont on ignore le sort, et elle ne nous épargne rien : messes noires, poisons, meurtres, sacrifices de nouveaux-nés et d’enfants, j’en passe et des meilleurs !

En dépit du sujet et de la dureté de certains passages qui m’ont donné la nausée, j’ai beaucoup ri ! Quel régal de découvrir cette histoire tentaculaire et de côtoyer la Voisin qui était un sacré personnage, absolument ignoble, mais aussi très drôle sous la plume grinçante d’Isabelle Duquesnoy.

Le temps de ma lecture, j’ai été transportée au temps de Louis XIV, avec ses courtisans corrompus, pourris jusqu’à la moëlle et sans états d’âme, les favorites jalouses, les maris encombrants, les religieuses dévoyées, les curés satanistes… Et les pauvres, auxquels La Voisin fait cadeau de ses consultations. Enfin, en apparence seulement.

Née dans l’inconfort, cette femme va connaître une ascension sociale hors normes, surtout pour une femme de cette époque. Gagnant d’abord sa vie en pratiquant des accouchements et des avortements, elle prétendra ensuite élaborer des philtres d’amour et pratiquer la divination, pour finalement s’adonner à la préparation de poisons visant à se débarrasser d’une rivale ou d’un mari trop encombrant.

Mais, comme tous les nouveaux riches, La Voisin en fait des tonnes : des vêtements fastueux, des mets délicats, des meubles, de l’argenterie, des tapis, des bijoux, des postures précieuses… pour que les nobles qui fréquentent son office soient dans leur élément.

Tout ceci sonne faux, bien évidemment, parce que la bougresse est une véritable poissarde de basse extraction, mais, la Cour de Louis XIV étant composée de scélérats aussi hypocrites que superficiels et de dépravés libidineux, la façade remplit son office.

La Voisin, c’est une véritable peau de vache, une opportuniste de première, une véritable sans-cœur et pourtant, je ne l’ai pas détestée, sauf lorsqu’elle a commencé à sacrifier nouveaux-nés et enfants pour ses potions, là ce n’était plus possible d’être en empathie avec elle.

Isabelle Duquesnoy confirme son talent de conteuse et elle nous offre un roman historique fort riche, elle a du passer un temps considérable à compulser tous les documents liés à cette affaire, qu’elle nous restitue brillamment.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman historique et il ne faut surtout pas que vous passiez à côté, je vous le recommande plus que chaudement !

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture passionnante !

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