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Fourmies la rouge – Alex W. Inker

Alex W. Inker est diplômé de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles en Bande dessinée, puis d’un Master 2 en Cinéma. Il est l’auteur talentueux du très remarqué Un travail comme un autre, sorti en mai 2020 aux éditions Sarbacane, en sélection dans de nombreux prix, ainsi que d’Apache en 2016 (Prix Polar SNCF), de Panama Al Brown en 2017 de Servir le peuple en 2018 et de Fourmies la Rouge en 2021. Colorado Train est sa sixième bande dessinée publiée aux éditions Sarbacane.

Le 1er mai 1891, malgré les interdictions patronales, les ouvriers grévistes ont décidé de défiler dans la cité textile de Fourmies (Nord), pour réclamer la journée de huit heures. La veille, affolés, les industriels des filatures ont sommé le maire de la ville, Auguste Bernier – lui-même directeur d’une usine – d’exiger du préfet l’envoi de la troupe.

Deux régiments d’infanterie de ligne, les 84e et 145e, cantonnés tout près à Avesnes-sur-Helpe et à Maubeuge, se mettent en position sur la place centrale de Fourmies, bordée par l’église, la mairie et la maison d’arrêt.

En fin de journée, une foule revendicative déboule sur la place, un officier ordonne aux soldats de tirer… Neuf personnes meurent. Elles deviendront les martyrs de la cause socialiste naissante.

En virtuose, Alex W. Inker, dans Fourmies la rouge, entraîne le lecteur au plus près des personnages, le plongeant en apnée au coeur des événements aux côtés de :

  • Maria, la jeune et belle ouvrière aux cheveux de feu,
  • Kléber, le jeune porte-drapeau amoureux de Louise,
  • Louise, l’ouvrière gouailleuse,
  • Émile, le gamin innocent pêcheur de grenouilles, Gavroche bravache et frondeur,
  • Un soldat, l’idéaliste qui ne tirera pas et n’épaulera même pas son fusil Lebel,
  • Un vieux soldat, le salaud qui achèvera les blessés à la baïonnette.

Ce roman graphique est un bel hommage aux victimes de la fusillade du Fourmies le 1er mai 1891, qui se contentaient de manifester pacifiquement pour réclamer de meilleures conditions de travail et un salaire décent. Un évènement qui va choquer le monde ouvrier et la France entière.

Graphiquement parlant, le dessin est minimaliste et simpliste, ce n’est pas ce que je préfère mais ça marche très bien ici. Bien vu aussi le choix du bicolore, noir et rouge, qui fonctionne à merveille. Le Nord c’est le pays des briques rouges, c’est aussi la couleur de l’engagement populaire, celui du sang ouvrier qui va couler en ce jour du 1er mai et le roux de Maria, l’héroïne.

Ajoutons à cela, quelques touches de patois chti qui nous mettent clairement dans l’ambiance. Si cette bande dessinée est réussie de mon point de vue car je connaissais cet évènement assez bien, pour veux qui le découvrent ici, pas de chance, car l’auteur reste un peu trop en surface.

Les évènements de la journée se succèdent de façon succincte et l’histoire manque de développement à mon goût. Quant à son dénouement, il arrive trop brutalement.

L’éditeur aurait pu se fendre d’un appendice en fin d’ouvrage pour venir combler les blancs qu’Alex W. Inker a laissé et proposer à ses lecteurs des informations pour aller plus loin.

Reste qu’Alex W. Inker signe ici une bande dessinée qui vaut largement le coup d’oeil, si vous vous intéressez à l’histoire, n’hésitez pas à la lire à votre tour.

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