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Au nom de Catherine (BD) – Julia Billet & Mayalen Goust

Julia Billet écrit souvent la nuit après son travail de jour : son activité de formation pour adultes l’amène à rencontrer toutes sortes de gens dans des usines, des bureaux, des écoles, des prisons. Elle anime quelquefois des ateliers d’écriture avec des adultes ou des enfants.

Mayalen Goust est diplômée de l’École d’arts appliqués de Poitiers et a travaillé dans la publicité. On la connaît pour ses illustrations d’albums aux éditions du Père Castor. Depuis 2011, elle s’est lancée dans l’adaptation en bande dessinée de la série Les Colombes du Roi-Soleil, d’Anne-Marie Desplat-Duc, romans historiques à succès pour la jeunesse.

Après plusieurs mois passés aux côtés d’Étienne, Rachel Cohen décide de conserver Catherine Colin comme nouvelle identité et revient à Sèvres pleine d’incertitudes. Étienne lui suggère de s`accorder une année loin de lui pour réfléchir à ses sentiments, à ses aspirations comme photographe et à ses envies de femme adulte.

Après en avoir discuté avec Goéland, Pingouin et son ami de toujours Jeannot, Catherine décide de se consacrer pleinement à son art et se lance comme photographe professionnelle pour gagner ainsi son indépendance. Entre la fête de l’Humanité, une utopique colonie de vacances franco-allemande et un sujet social qui va la conduire jusqu’aux Etats-Unis, elle connaît un début de carrière fulgurant.

Toujours en proie avec les traumatismes de son passé, Catherine va néanmoins, à travers son art et les relations qu’elle noue, s’ouvrir au monde et s’affirmer comme femme dans une société encore marquée par la guerre et la domination masculine.

Au nom de Catherine est la suite directe de La guerre de Catherine que j’avais beaucoup aimé il y a six ans déjà ! A la base ces deux volumes sont les adaptations graphiques des romans de Julia Billet, et après Claire Fauvel, c’est la très talentueuse Mayalen Goust, une illustratrice dont je suis totalement fan, qui repend le flambeau !

L’histoire de Catherine est inspirée de celle de la mère de Julia, Tamo Cohen dite France, recueillie elle aussi à la maison de Sèvres. Les personnages de Pingouin et Goëland ont réellement existé et l’auteure leur rend ici un bel hommage, ils ont d’ailleurs été déclarés justes après la guerre.

Inutile d’avoir lu le premier album pour comprendre et apprécier le second. Un petit résumé nous remet dans le contexte de l’histoire de Rachel devenue Catherine pour cacher ses origines juives lors de la guerre.

Dans ce second opus, la guerre est bel et bien terminée, les années 50 débutent et Catherine entend bien tracer sa voie et ne pas se laisser cantonner au rôle dévolu aux femmes de l’après-guerre, à savoir se marier et repeupler la France. Encouragée par Goëland, féministe de toujours, elle entend bien sillonner le monde avec son appareil photo pour témoigner des évènements.

Son premier job, elle l’obtient au journal de L’Humanité pour couvrir la fameuse fête de l’Huma. Elle reçoit ensuite une proposition de Paris Match pour un reportage à Auschwitz. Elle redoute ce voyage puisque ses parents ont disparu dans les camps. Elle refuse cette offre et se lance dans une initiative originale et osée pour l’époque : faire se rencontrer de jeunes allemands et de jeunes français de la Maison des Enfants dont Catherine faisait partie.

C’est là qu’elle va tomber amoureuse de Tils, un jeune allemand étudiant en archéologie. Mais c’est un reportage aux États-Unis qui va changer sa vie, le procès d’un révérend contre l’état de Kansas lui refusant l’accès de sa fille noire à une école réservée aux blancs.

L’autrice aborde des thèmes très intéressants : la place des femmes avec notre héroïne qui s’émancipe des codes dévolus aux femmes dans cette France où elle avait à peine le droit de voter mais pas celui de travailler sans l’aval de son mari, père ou tuteur.

Ce récit illustre le combat d’une manière générale. Celui des femmes en quête de liberté, on croise Simone de Beauvoir que Catherine va photographier pour la parution du Deuxième sexe. Celui contre la ségrégation raciale et celui pour la réconciliation franco-allemande.

Un roman graphique passionnant, très bien documenté et surtout sublime grâce au talent de Mayalen Goust qui fait merveille ici. L’illustratrice joue constamment avec différentes palettes de couleurs et de noir et blanc pour un rendu magnifique.

4 commentaires sur “Au nom de Catherine (BD) – Julia Billet & Mayalen Goust

  1. Je viens de le lire moi aussi et je suis tout à fait d’accord : l’évolution de Catherine est intéressante et j’ai trouvé les graphismes superbes. Je ne connaissais pas cette dessinatrice mais je vais maintenant m’intéresser à son travail, c’est certain.

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