Littérature française

Les thibault tome 2 La mort du père – L’été 14 – Roger Martin du Gard

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois :

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Roger Martin du Gard (1881-1958) appartient à une famille de magistrats et d’avocats. Après des études secondaires à l’école Fénelon et au lycée Janson-de-Sailly, il est admis en 1903 à l’École des chartes d’où il sort en 1905 archiviste-paléographe. La lecture de La guerre et la paix de Tolstoï éveille en lui une vocation de romancier. À la veille de la Première Guerre mondiale paraît son premier roman important, Jean Barois (1913). Il se lie d’amitié avec André Gide et Jacques Copeau. En 1920, il conçoit un vaste roman cyclique, Les Thibault. Il y consacre alors l’essentiel de son temps. La publication des Thibault en est à son avant-dernier volume, L’été 1914, quand Martin du Gard reçoit le prix Nobel de littérature en 1937.

Paris, juin 1914. Oscar Thibault, révulsé à l’idée de mourir, mesure les hypocrisies de sa vie, les raideurs qui l’ont éloigné de ses fils, le néant qui l’attend : sa foi vacille. Antoine se résout à abréger ses souffrances physiques par une surdose de morphine. Les obsèques se déroulent en grande pompe à Crouy, sans Jacques, pourtant peut-être le plus touché.

L’aîné, Antoine, sérieux et conservateur, fait la fierté de son père depuis toujours. Habitué aux prix d’excellence, le jeune médecin est promis à un brillant avenir. Jacques, le cadet, de neuf ans plus jeune, est idéaliste et révolté.

Dans cette famille en deuil, l’Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l’attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l’imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques.

Les Thibault est une grande saga famiale composée de huit tomes, découpés en trois volumes pour la parution en poche chez Folio que j’avais terriblement envie de découvrir depuis plusieurs années, et l’été étant propice aux lectures de romans fleuves, je les ai acquis et emballée par ma lecture du tome 1, je me suis plongée avec délectation dans ce tome 2.

À travers les destinées de deux familles bourgeoises, les Thibault et les Fontanin, Roger Martin du Gard évoque la France de la Belle Époque qui va sombrer dans le premier conflit mondial.

L’ensemble du cycle est surtout centré sur les deux fils du riche notable catholique Oscar Thibault, deux frères que tout oppose : Antoine, l’aîné, médecin sûr de lui, esprit rationnel et plutôt conformiste, et son cadet de neuf ans, Jacques, idéaliste et tourmenté, en révolte contre les valeurs de la société bourgeoise puis militant socialiste.

La première partie, un peu ennuyeuse je dois bien l’admettre, repose sur l’agonie qui n’en finit plus du patriache Oscar Thibault. L’occasion pour l’auteur d’aborder la question de l’euthanasie et celle des limites du discours religieux, l’hypocrisie de son héros, qui tremble face à la mort.

La seconde, consacrée à l’été 14, qui se poursuivra dans le tome 3, déroule, presque au jour le jour, le film des événements du 28 juin, date de l’attentat de Sarajevo au 30 juillet. C’est véritablement passionnant lorsque l’on s’intéresse à cette période et aux jours qui ont précédé l’entrée dans le premier conflit mondial.

Héritier de la tradition naturaliste Roger Martin du Gard brosse un tableau sans complaisance de la société tout en mettant au premier plan le vécu et les pensées des protagonistes, saisis avec une grande finesse psychologique dans le tissu des détails qui font le quotidien.

Si l’organisation de cette grande fresque suit chronologiquement la vie et l’évolution intellectuelle et affective des héros, entourés d’une galerie de personnages secondaires variés et bien brossés, ses différentes parties permettent à l’auteur, athée et matérialiste, d’aborder des questions éthiques, sociales, politiques ou idéologiques.

Autant de points très finement traités qui m’ont vivement intéressée et fait que je n’ai pas pu lâcher ma lecture, toujours pressée d’y retourner. J’ai adoré les personnages d’Antoine bien moins lisse et conservateur qu’il n’y paraît au premier abord et madame Fontanin, mère aimante, empêtrée dans un mariage malheureux et je suis vraiment curieuse de voir le sort qu’a prévu pour eux l’auteur.

En revanche, et à ma plus grande surprise, je n’aime pas du tout, pour le moment, le personnage de Jacques, certes exalté et moderne, mais dont les atermoiements et les apitoiements sur son sort m’ont vraiment agacée, les passages le concernant m’ont plutôt laissé de marbre, j’espère que ce ne sera pas le cas dans le dernier volume.

Si le premier volume avait été un coup de coeur, ce n’est pas le cas de ce tome 2, la première partie, heureusement la plus courte, m’a ennuyée et je regrette tout de même que l’Histoire prenne le pas sur la destinée des Thibault, j’espère que ce ne sera pas le cas dans la suite de L’été 14 ! J’aimerai vraiment que les deux frères soient au premier plan et non spectateurs impuissants.

Ceci mis à part, cet opus a tout du grand roman et je ne peux que vous inviter à le découvrir à votre tour, adepte des classiques ou non, ce roman a tout pour séduire les amateurs de fresque familiale et sociale.

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