Une toute petite minute – Laurence Peyrin

Journaliste pendant vingt ans, Laurence Peyrin a choisi de tout quitter pour écrire. Depuis, elle construit une oeuvre romanesque unique, qui allie des histoires passionnantes, des personnages forts, une intensité d’émotion et une belle écriture. De La drôle de vie de Zelda Zonk, prix Maison de la presse 2015, à Ma Chérie en passant par L’Aile des vierges ou Les Jours brûlants, ses romans ne cessent de conquérir les lecteurs.

C’était une nuit de 1995, elle avait 17 ans et fêtait la nouvelle année. Que s’est-il passé dans cette salle de bains où elle s’était enfermée avec sa meilleure amie ?

Nul ne le sait, Madeline refuse de s’expliquer, avoue le meurtre d’Estrella, en prend pour vingt ans. Elle est coupable, elle ne veut ni aménagement de peine ni sortir de prison avant d’avoir purger totalement sa peine.

Vingt ans après, Madeline sort de prison, elle a 38 ans. Personne n’a jamais su la vérité sur le drame de cette fameuse nuit. Elle a effectué sa peine jusqu’au dernier jour.

Comment reprendre le cours de cette vie interrompue ? Parler à des gens qui ne savent pas de quoi on est coupable ? Renouer avec une petite soeur qu’on n’a pas vue devenir adulte ? Vivre et y trouver un sens ?

Mad va chercher le bon chemin, pas après pas, dans les dunes des Hamptons, dans les jardins des belles maisons qui l’embauchent, dans les précieux gestes d’entraide.

Et grâce à sa mère, au-delà de ses mystères, grâce aussi à Ezra, le cuisinier qui ressemble à un pirate, peut-être Madeline acceptera-t-elle un jour qu’on puisse l’aimer quand même…

Depuis 2016 et la parution de La drôle de vie de Zelda Zonk, je suis chaque été au rendez-vous du nouveau roman de Laurence Peyrin, une valeur sûre pour moi et l’une de mes autrices préférées.

Jamais, elle ne m’a déçue et Une toute petite minute vient de rentrer dans mon top 3 de mes romans préférés de l’autrice.

Ce livre est un peu différent de ses précédents titres, le sujet est plus grave puisque son héroïne Madeline a tué sa meilleure amie le soir du nouvel an 1995.

Tout au long du récit, Laurence Peyrin alterne entre deux époques : du 1er janvier 1996 à sa libération deux décennies plus tard. Et pendant l’année qui suit sa libération.

Le soir du 31 décembre 1995, une toute petite minute va suffire à Madeline pour commettre un geste terrible, définitif et inexplicable. En quelques secondes, son étoile va passer de vie à trépas sans que l’on sache ce qui s’est passé exactement en cette minute fatale.

Dans ce roman à double temporalité, nous suivons donc Madeline en train de purger sa peine et le chapitre suivant, sa réinsertion et c’est passionnant. L’autrice nous fait suivre le quotidien de Mad au sein de sa prison pour femmes et lui fait côtoyer des tueuses et des braqueuses ayant réellement existé.

Et à mesure que les chapitres défilent, la Madeline d’avant nous permet de mieux cerner celle d’aujourd’hui. La plume de Laurence Peyrin est toujours aussi belle, la psychologie de l’héroïne bien travaillée.

Les thèmes abordés sont éminemment intéressants puisque la culpabilité et la rédemption sont au choeur de ce roman. Mad est coupable d’avoir tué celle qu’elle aimait le plus au monde et refuse de vivre sa vie alors qu’elle a ôté celle d’Estrella.

Il y a aussi de jolies pages sur les relations mère/fille, père/filles et entre soeurs.

L’intrigue est fine, très joliment développée, tantôt sombre, tantôt lumineuse et tient le lecteur dans ses filets jusqu’au bout. Un très bon cru que je vous conseille comme l’ensemble des romans de Laurence Peyrin.