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La Fille de l’exposition universelle Paris 1855 – Jack Manini & Etienne Willem

Rare auteur dont le groupe sanguin est BD (véridique !), Jack Manini utilise aussi bien la plume pour dessiner qu’un clavier pour écrire des histoires, mais il mixe rarement les deux ! Pour lui, BD et sports de combats ont toujours été étroitement liés. En 2018, il raconte et dessine l’histoire de l’incroyable poète dada et boxeur « Arthur Cravan » !

Étienne Willem a suivi des études d’histoire à l’université de Liège. Il a réalisé la série L’Épée d’Ardenois en mettant en scène des personnages animaliers dans un contexte médiéval. Puis il travaille sur une série d’inspiration steampunk Les ailes du singe. Il signe chez Grand Angle la série La fille de l’exposition universelle avec Jack Manini au scénario.  Il rejoint l’écurie Drakoo en 2020 avec l’album Les Artilleuses avec Pierre Pevel au scénario.

Mai 1855 – Alors que Napoléon III va inaugurer à Paris l’Exposition universelle, sa maîtresse Maria Zambelli est retrouvée pendue au pont de l’Alma. Elle a refusé d’empoisonner l’empereur et l’a payé de sa vie.

Malgré sa mort, les complotistes ne désarment pas et jettent leur dévolu sur un autre proche de l’empereur  : le colonel Ferrand. Ils enlèvent sa femme, une princesse algérienne, pour le forcer à accomplir le régicide.

Le colonel va alors faire appel à Julie Petit Clou. Elle a 12 ans et a des dons de divination. Ils ont peu de temps pour identifier les conspirateurs  : Ferrand a instruction de tuer l’empereur à son arrivée à l’Exposition Universelle…

Après Londres en 1851, Paris a sa grande exposition universelle, la deuxième de l’histoire. Les produits de toutes les nations peuvent y être exposés.

C’est ce cadre qu’a choisi Jack Manini pour décor à La fille de l’exposition universelle, premier volet d’une trilogie de bandes dessinées qui m’a beaucoup plu en tant que grande amatrice d’Histoire.

Julie Petit-Clou, douze ans est l’héroïne de cette aventure. Julie a un « don » : elle dispose de l’art de la divination. Dit comme cela, on pourrait croire que c’est une aubaine car cela permet de faire bouillir la marmite familiale mais ça lui procure aussi des cauchemars dans lesquels elle voit des choses horribles.

De par son art de la divination, Julie va être mêlée à l’enlèvement de l’épouse algérienne d’un brillant colonel, ami intime de Napoléon III, la splendide Fella.

Le scénario mitonné par Jack Manini nous plonge dans le contexte de l’époque où Napoléon III règne sans partage après son coup d’état de 1851. Ceux qui s’étaient battus contre lui, sont contraints à l’exil en Algérie où ils ont pris possession de terre en dépossédant les algériens.

Un épisode peu glorieux de notre Histoire qui ne nous est pas enseigné et dont j’ignorai tout. Cette bande dessinée se révèle bien documentée et fort instructive, je l’ai trouvé très chouette de ce point de vue d’autant qu’elle mêle petite et grande histoire, humour, aventure et complot. Le dénouement m’a surprise car je n’ai trouvé à aucun moment la personne qui était derrière ce complot visant à éliminer l’empereur.

La mise en image par Etienne Willem est très réussie, comme toujours. Comme avec Les artilleuses, il a le don d’imprimer un rythme à l’histoire, à rendre l’histoire très vivante. Son trait de crayon enlevé nous offre des personnages aux mines très expressives, le tout dans des décors qui restituent l’ambiance de l’époque.

Certaines vues de Paris sont à couper le souffle et cette bd me confirme tout le bien que je pense de son travail, je compte bien découvrir les autres bandes dessinées auxquelles il a participé.

Et enfin, cette BD ne serait pas aussi aboutie sans la palette de couleurs de l’Allemande Tanja Wenish. La même qui s’est chargée de la mise en couleurs de la trilogie Les Artilleuses, toujours à partir des formidables dessins de Willem.

La fille de l’exposition universelle raconte des drames, même s’il y a aussi de l’humour, et cela s’en ressent dans le choix des couleurs majoritairement grisâtres, brunes, ocres. Le contraste est saisissant quand on compare son travail avec celui accompli dans « Les Artilleuses » où il y a bien plus d’aventures que de drames, et où les couleurs éclatent.

Cerise sur le gâteau, on trouve à la fin de l’album un carnet qui nous relate l’exposition universelle de 1855 avec une visite guidée des pavillons et une présentation des différentes inventions proposées aux visiteurs.

Une bande dessinée historique que je vous recommande vivement !

8 commentaires sur “La Fille de l’exposition universelle Paris 1855 – Jack Manini & Etienne Willem

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