Théâtre

Les sorcières de Salem – Arthur Miller

Arthur Miller, dramaturge, écrivain et essayiste, naît en 1915 à Brooklyn dans une famille d’immigrants juifs de la classe moyenne. Son écriture est influencée par la Grande Dépression, qui ruina son père, et l’antisémitisme, dont il fut victime lorsqu’il commença à travailler. Il a écrit de nombreuses pièces de théâtre dont les plus connues, Mort d’un commis voyageur (1949) et Les Sorcières de Salem (1953), sont toujours jouées aujourd’hui. Il meurt en 2005, laissant derrière lui une œuvre considérable.

1692 Salem, Massachusetts. Lorsque Abigail et une dizaine d’autres jeunes filles sont aperçues dansant nues en pleine nuit dans la forêt, quelques puritains de Salem s’empressent de crier à la sorcellerie.

Bientôt, un procès plonge cette communauté de Nouvelle-Angleterre dans la colère et la confusion. Ceux qui sont accusés d’être des œuvres du démon encourent la potence.

Les sorcières de Salem est une pièce de théâtre d’Arthur Miller fondée sur les événements réels entourant le plus grand procès en sorcellerie de l’histoire des Etats-Unis qui ébranla la petite ville de Salem. Gagnée par une crise d’hystérie puritaine, l’affaire des sorcières de Salem se solda par la condamnation de nombreuses personnes soupçonnées de pratiques sataniques et par vingt-cinq exécutions.

En 1953, alors que l’Amérique est en proie au maccarthysme et à la « chasse aux sorcières » d’un nouveau genre, le dramaturge écrit cette pièce incisive sur ce célèbre épisode de l’histoire américaine.

Ce qui intéresse Arthur Miller, ce n’est pas l’origine de l’affaire (des jeunes femmes dansant nues dans une clairière), mais l’enchaînement des événements qui menèrent aux condamnations de dizaines d’innocents.

Les motivations des protagonistes de Salem sont on ne peut plus banales : désir de vengeance, jalousie, appât du gain. Elles sont aussi sans commune mesure avec la cruauté des châtiments qui leur seront infligés.

Mais la justice prend le trait de personnages rigides, persuadés de détenir la morale et la vérité. Par peur et manipulation, les dénonciations s’enchaînent, entraînant de nouvelles accusations sans rapport avec l’histoire de départ. L’aveuglement religieux qui a secoué l’Occident au XVIIè n’a malheureusement pas disparu depuis.

En transposant la chasse aux communistes qui s’est emparé de l’Amérique du début des années 50, Arthur Miller illustre de façon magistrale comment peut être franchie, à toute époque, la frontière entre raison et folie, justice et fanatisme.

Plus je découvre l’œuvre d’Arthur Miller, plus je l’apprécie. Cette pièce, riche en émotions et d’une grande qualité littéraire dénonce les actions du Comité sur les activités anti-américaines mené par Joseph McCarthy alors que la guerre froide fait rage.

Ce comité accusait sans preuve des personnes, notamment issues du monde intellectuel et à gauche sur l’échiquier politique. Dans l’entourage de Miller, plusieurs personnes seront sur le banc des accusés, soupçonnés d’être communistes, donc des espions à la solde de Staline et des ennemis de l’Amérique.

Miller sera lui-même mis en cause par le Comité en 1956 après avoir été « dénoncé » par le réalisateur Elia Kazan. Il sait donc de quoi il parle et cette allégorie du maccarthisme est très crédible.

Une pièce édifiante, révoltante, que j’ai trouvé bouleversante, alors que je connaissais les évènements de Salem. L’écriture d’Arthur Miller est vraiment belle, les thèmes qu’il aborde très intéressants, je continuerai donc à explorer son oeuvre dans les mois qui viennent.

11 commentaires sur “Les sorcières de Salem – Arthur Miller

  1. Moi qui aime lire des pièces, celle-ci est une très bonne idée. Je ne pense pas assez au théâtre américain. Merci pour la suggestion.

  2. « Arthur Miller illustre de façon magistrale comment peut être franchie, à toute époque, la frontière entre raison et folie, justice et fanatisme. » Je crois que depuis, rien à changer. Merci pour ton avis qui me donne encore plus envie de lire cette pièce !

  3. Le théâtre est un genre que je ne connais que trop peu… Mais j’ai récemment lu La trilogie marseillaise de Pagnol, et me suis dit qu’effectivement on pouvait aussi faire passer des émotions via une pièce.
    J’ai très envie de tenter celle-ci après avoir lu ton avis. Je me le garde sous le coude pour le prochain Halloween. 😊

  4. Ah, j’avais loupé cette chronique, mais au moins, je n’avais pas ajouté de livre, maintenant, tu me donnes super envie !

    En attendant, je te pique ton lien, parce que je vais organiser l’American Year avec Chroniques littéraires et tu entres pile dedans (article à paraître le 17, mais on prend les liens dès le 01/11). Alors pas de discussion, je note ton lien et hop ! 😉

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