Le bûcher des certitudes – Bernadette Pécassou

Après une carrière de journaliste et de réalisatrice pour la télévision, Bernadette Pécassou se consacre à l’écriture. Elle a publié de nombreux romans, dont La Belle Chocolatière, L’Impératrice des Roses, La Passagère du France, La dernière Bagnarde et Sous le toit du monde. Le bûcher des certitudes est son premier roman publié chez Albin Michel. Elle vit au Pays Basque dont elle est originaire.

1609. Au coeur du Pays Basque, encore imprégné de rites et de mythes païens, un homme est chargé par Henri IV d’une mission : éradiquer la sorcellerie. Dévoré par la foi, le goût du pouvoir, et plein de certitudes, Pierre de Lancre a pour ce faire une méthode imparable : purifier les âmes en brûlant les corps.

Sur ces terres rudes à la langue impénétrable, désertées par les hommes partis en mer, les destins de quatre femmes vont s’entrecroiser. Amalia, la guérisseuse au coeur pur, Murgui, une adolescente à la beauté du diable éprise d’un jeune charbonnier, Graciane, la marguillière de l’église qui attend le retour de son marin, et Lina, prête à tout pour fuir la pauvreté et le mépris. Échapperont-elles à la folie de ce chasseur de sorcières ?

Passionnée par l’histoire des femmes, Bernadette Pécassou, ressuscite avec Le bûcher des certitudes la cruelle figure de Pierre de Lancre et nous entraîne au coeur d’une épopée sanglante, où des femmes furent sacrifiées au nom de la raison et de la religion.

Cet été, j’étais en vacances à Biarritz et j’ai vu une exposition sur le thème de cette chasse aux sorcières menée par Pierre de Lancre au pays basque, aussi, lorsque j’ai vu ce roman, je n’ai pas résisté et aussitôt acheté, aussitôt lu.

L’autrice s’est très bien documentée et son histoire repose sur des faits réels. Pierre de Lancre est envoyé par Henri IV dans le pays Basque afin d’éradiquer la sorcellerie qui serait supposément pratiquée. Ce n’est qu’un prétexte car le roi sait bien que la sorcellerie n’existe pas, ceux qui ont fait appel à lui, aussi, il n’est ici que de question de lutte pour le pouvoir.

Mais Pierre de Lancre, lui, y croit et il a bien l’intention de purger le pays des sorciers et des sorcières qui y sévissent. Et c’est à la faveur de l’absence des hommes, partis chasser la baleine au large de Terre Neuve, qu’il va agir. Il ne reste que les femmes, les enfant et les vieillards, donc personne ne pourra s’opposer à la puissance destructrice de ce magistrat, pas même le clergé qui s’effraie pourtant de cette purge.

Bernadette Pécassou mêle ici personnages historiques et de papier pour nous conter cette folie qui s’est emparée du pays Basque, car à coups de tortures, les hommes et les femmes arrêtés, avoueront tout et dénonceront à tour de bras, pour échapper au bûcher.

On va suivre plus particulièrement les destinées de quatre femmes aux parcours très différents qui vont se rejoindre pour le pire. Amalia est une guérisseuse, Murgui une gitane qui aime en silence un beau charbonnier, Graciane, la sœur du prêtre Iban, attend son amoureux parti à la chasse à la baleine et Lina, avide de vengeance, prête à tout, pour sortir de sa condition de prostituée misérable.

Et si Pierre de Lancre a tant marqué l’Histoire c’est parce qu’en cent vingt jours à peine, il a monté pas moins de quatre-vingt bûchers et brûlé quatre-vingt femmes sur un petit coin de terre. L’autrice a parfaitement décrit les pratiques de tortures, les procès très vite expédiés, la mise en place des bûchers, sans tomber dans le pathos ou le sordide.

C’est un roman intéressant, très agréable à lire, porté par une plume fluide et des chapitres courts. Comme le roman est assez bref, l’autrice ne rentre pas assez, pour moi, en détails, que ce soit dans les faits ou dans la psychologie des personnages et le dénouement est un peu trop vite expédié.

Mais si la thématique de la chasse aux sorcières vous intéresse, je ne peux que vous le recommander.