Littérature américaine

La cuisinière – Mary Beth Keane

Immigrée irlandaise courageuse et obstinée arrivée seule à New York à la fin du XIXe siècle, Mary Mallon travaille comme lingère avant de se découvrir un talent caché pour la cuisine. Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle est employée, les gens contractent la typhoïde, et certains en meurent. Mary, de son côté, ne présente aucun symptôme de la maladie. Au contraire, sa robustesse est presque indécente. Des médecins finissent par s’intéresser à son cas, mais la cuisinière déteste qu’on l’observe comme une bête curieuse et refuse de coopérer. Pourquoi la traite-t-on comme une malade alors qu’elle est en parfaite santé ? Les autorités sanitaires, qui la considèrent comme dangereuse décident de l’envoyer en quarantaine sur une île au large de Manhattan. Commence alors pour Mary Mallon, femme indépendante, un combat à armes inégales pour sa liberté…

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Je vous propose un roman historique aujourd’hui ça ne vous étonnera pas, vous connaissez mon goût pour ce genre, tiré de mon énormissime PAL d’avril, ce qui vous étonnera encore moins. Repéré chez Ingrid, La cuisinière de Mary Beth Keane, a pour cadre le début du 20è siècle et pour héroïne une irlandaise émigrée à New York. Basé sur une histoire vraie, ce roman retrace le destin de Mary Mallon, surnommée en son temps « la femme la plus dangereuse d’Amérique ».

Lorsque la jeune Mary débarque dans la grosse pomme en 1884, elle a tout juste 15 ans. Orpheline, elle vivait jusqu’alors avec sa grand-mère qui la confie désormais à sa sœur, la grand-tante Kate et à son grand-oncle Paddy. Ils lui laissent le temps de s’acclimater à la vie citadine et au bout de quelques semaines, Mary franchit la porte d’une agence de placement. Sans qualification et très jeune, même si elle ment sur son âge, se vieillissant allègrement de dix ans, ce qui ne trompe pas tout le monde, elle n’a accès qu’à des emplois de blanchisseuse, un travail usant et plutôt mal payé.

A l’âge de 17 ans, elle rencontre son grand amour, Alfred. Il a quelques années de plus qu’elle et c’est le coup de foudre. Il a beau avoir tendance à tomber le nez dans la bouteille et ne pas être très assidu au travail, elle accepte tout de même de vivre avec lui sans se marier, l’amoureux n’ayant pas envie de connaître les joies de l’hymen non plus.

Mais, Mary a de l’ambition, elle est belle et ne s’en laisse pas compter, beaucoup la trouve même hautaine. Elle aspire surtout à une vie meilleure et demande à Kate de lui apprendre à cuisiner, et très vite, elle se révèle douée pour exécuter plats, soupes, sauces et desserts, et va au fil des mois et des années, être placée dans certaines des familles bourgeoises new-yorkaises les plus en vue.

Malheureusement, où Mary passe, les autres trépassent. La typhoïde rôde et le docteur Soper qui travaille pour les services sanitaires, la soupçonne de rendre malade ses employeurs, volontairement, ce qu’elle nie farouchement, la preuve, elle, a une santé de fer et de toute façon la grande majorité des personnes pour qui elle a cuisiné n’ont jamais contracté la typhoïde.

Qu’importent ces protestations, elle est arrêtée et conduite à l’hôpital pour des premiers examens de sels et d’urine, puis mise en quarantaine sur l’île de North Brother au large de New-York pendant près de trois ans. Identifiée comme porteuse sain de la typhoïde, on l’accuse d’avoir causé l’infection de 51 personnes, et au moins trois en seraient mortes. Plusieurs fois par semaine, elle subit des examens dont on ne lui donne jamais les résultats, et persuadée qu’elle n’est pas malade et qu’on la retient arbitrairement, elle va finir par intéresser un avocat à son sort. D’autant que son cas n’est pas à part et que d’autres porteurs sains sont simplement assignés à résidence, des hommes cela va sans dire, ayant charge de famille, tandis que Mary se voit refuser tout retour à la vie normale.

Mary Beth Keane signe ici un très beau portrait de femme et de la condition féminine de ce début du 20è siècle. Mary Mallon est une jeune femme forte, qui fait fi du qu’en-dira-t-on. Elle ne correspond pas à l’image de la femme de cette époque : elle veut être libre et indépendante, vit maritalement (ce qui est mal vu), ne fréquente pas les églises (mal vu aussi dans la prude Amérique), elle est ambitieuse (encore un mauvais point !) et elle va se battre bec et ongles pour recouvrer la liberté, persuadée d’être innocente.

Si Mary n’est pas très sympathique pendant toute la première partie du roman, j’ai néanmoins fini par la comprendre en partie et espéré avec elle de la voir se sortir de ses ennuis judiciaires. Mary Beth Keane nous plonge littéralement dans la vie à New-York de ces années 1907 / 1914, nous décrit à merveille ses rues, la vie dans les quartiers populaires, le manque d’hygiène et l’insalubrité qui font rage, les maladies qui s’y propagent avec beaucoup de succès…

Malgré quelques longueurs, cette histoire m’a passionnée et m’a appris bien des choses sur cette maladie ! Un grand merci à Anne et aux Presses de la Cité pour cette lecture très enrichissante à plus d’un titre.

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38 commentaires sur “La cuisinière – Mary Beth Keane

  1. Je le note mais je ne sais pas quand je pourrais le lire !!!! toujours la même rengaine. L’histoire doit être poignante.

  2. Un livre plus qu’intéressant, à ce que je vois… mais pas le temps pour le moment, je suis en charmante compagnie avec un bourreau, à Hyde Park 😉

  3. Beau billet Bianca! Il donne très envie de se plonger dans ce roman. Je note la référence et je le mettrai en suggestion pour mes collègues du secteur adulte.

  4. Je l’avais repérée en librairie et j’ai hésité à le prendre, et bien désormais je vais peut erre bien me pencher dessus. Le portrait de cette femme qui n’est nullement conforme à l’époque va me plaire, j’aime ce genre de personnage ambiguë =)

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