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Radium girls – Cy

Autrice de bande dessinée, Cy. est, à la base, graphiste de formation. Après plusieurs années en tant que directrice artistique, elle se lance en freelance pour développer ses projets. Elle publie aux éditions Lapin Le vrai sexe de la vraie vie (tome 1 et 2) où elle prend le parti de montrer des bribes de sexualité sur base de témoignages. Son leitmotiv ; montrer pour déculpabiliser. Sa BD suivante ne parle pas de sexualité, mais de luttes de femmes dans les années 20 aux États-Unis : Radium Girls parait chez Glénat en avril 2020.

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres.

Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant.

Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée.

Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle.

Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire…

Avec Radium girls, Cy, au scénario et aux planches, nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique.

Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.

Les Radium Girls sont des ouvrières américaines ayant été exposées pendant de longues périodes à du radium contenu dans une peinture utilisée pour marquer des cadrans lumineux.

Je ne connaissais absolument pas ces jeunes femmes qui sont mortes d’avoir peint des montres et je les ai trouvé tellement attachantes que j’ai eu beaucoup de peine en découvrant leur destin tragique.

On leur assurait que leur travail n’était pas dangereux alors que les propriétaires de l’usine connaissaient la nocivité du radium et évitaient d’y être exposé. Alors que les jeunes filles, confiantes, le manipulaient, l’ingéraient et mieux encore peignaient leurs ongles, leurs dents et leur visage avec la peinture mortelle fabriquée à l’usine, parfois pour surprendre leur petit ami quand les lumières s’éteignaient.

Elles mélangeaient de la colle, de l’eau et du radium en poudre, et ensuite elles se servaient de pinceaux en poils de chameau pour appliquer la peinture luminescente sur les numéros des cadrans. La rémunération alors en vigueur, pour peindre 250 cadrans par jour, était d’environ un cent et demi par cadran. Les pinceaux s’abîmaient au bout de quelques coups, aussi les contremaîtres de l’US Radium encourageaient les ouvrières à épointer les pinceaux avec leurs lèvres, ou à se servir de leur langue pour les effiler.

La technique qu’elle devait utiliser : Lip (tisser le pinceau avec la bouche), Dip (prendre la peinture) & Paint (peindre) leur faisait ingérer des quantités infimes de radium, mais suffisamment pour les empoisonner et causer leur décès.

La plupart de ces jeunes femmes sont mortes de cancers et de tumeurs variées et dans d’atroces souffrances, alors qu’elles étaient dans a fleur de l’âge. Cy nous montre bien leur joie de vivre puis leur descente aux enfers.

J’ai beaucoup aimé son parti-pris au niveau des couleurs : vert radium et violet qui vont très bien ensemble. Tout son travail au crayon de couleur donne un aspect unique à cette bande dessinée.

Si j’ai apprécié les décors, les fonds, je n’ai pas goûté, en revanche, sa façon de dessiner les visages, et le choix de la police de caractère trop petit et illisible à mon goût.

Reste que je vous conseille de découvrir ces Radium Girls et le bel hommage de Cy à leur combat !

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