Le jardin secret de Violette – Lyliane Mosca

Journaliste culturelle, Lyliane Mosca a notamment publié Les Gens de Laborde et Une femme en mauve, préfacé par Philippe Besson, et, aux Presses de la Cité, Les Amants de Maulnes, La Vie rêvée de Gabrielle, La Promesse de Bois-Joli et La Demoiselle à l’éventail.

Morvan, 1885. Dans l’attente de son premier enfant, Violette cultive un bonheur simple avec son mari Bertin. Même s’ils vivent de peu dans leur masure morvandelle, et qu’elle est souvent seule quand lui, galvacher, s’en va des mois durant avec ses bœufs pour se louer.

Mais Bertin est las de sa vie itinérante. Il a une idée en tête : que sa douce épouse aille  » en nourriture  » chez des bourgeois à Paris. En effet, les nourrices y sont choyées un an ou plus, puis rentrent avec un joli pécule. Au prix d’un lourd sacrifice : se séparer de leur enfant.

Violette donne naissance à Alexine et bientôt, l’argent vient à manquer. Bertin peine à trouver du travail. La jeune mère doit se résoudre à partir, et confie sa fille aux bons soins de sa sœur aînée Célie, toute jeune veuve.

Elle monte alors à Paris…

Avec Le jardin secret de Violette, Lyliane Mosca évoque la mémoire des femmes morvandelles, nourrices prisées dans la capitale à la fin du XIXe siècle, embauchées par de riches bourgeois parisiens. C’est un sujet original et c’est ce qui m’a donné envie de lire ce roman, grâce auquel j’ai appris beaucoup de choses.

L’autrice s’est formidablement bien renseignée et nous raconte par le menu, le quotidien de Violette, une domestique pas comme les autres car les nourrices avaient une place à part. Bien vêtue et bien nourrie pour que le lait ne tarisse point, elle est celle qui nourrit le petit héritier qui deviendra un beau gros poupon grâce à elle.

Bien que traitée avec égards par ses patrons, ce qui n’était pas toujours le cas, la jeune Violette souffre beaucoup d’avoir laissé sa petite à sa soeur mais malgré tout, elle va prendre en amour le petit Pierre qui tête si goulument son sein. Elle va aussi prendre sous son aile, la nièce de ses patrons, la jeune Colombe, atteinte d’un retard mental et cachée au reste du monde.

Sous la plume de Lyliane Mosca, on voit Violette évoluer, nouer des amitiés et même nourrir des sentiments envers un autre homme que son mari. A travers elle, la romancière nous conte aussi la condition féminine de cette époque : les femmes bourgeoises occupées en mondanités, les nourrices, les autres domestiques, les filles-mères… et l’injustice que l’on faisait à ces nourrices contraintes de laisser leur bébé chez des nourrices mal payées où ils avaient peu de chances de survivre.

De ce point de vue là, Violette a de la chance, elle sait que sa petite est choyée par sa soeur mais ça lui crève le coeur de ne pas savoir si elle marche, si elle a des dents, si elle est restée blonde, etc et n’a qu’une hâte : que la nourriture s’arrête pour qu’elle puisse retourner au pays.

Le style de Lyliane Mosca est simple mais agréable, les pages défilent toutes seules. Ses personnages sont un peu trop lisses à mon goût mais ils sont bien dessinés et même si j’avais deviné certains drames qui allaient se dérouler, cela n’a pas gâché mon plaisir pour autant.

Un bon roman du terroir que je vous recommande si vous aimez ce genre, vous ne devriez pas être déçu.e.s.

Je remercie les éditions Presses de la cité pour cette jolie lecture et pour leur confiance.