Littérature néerlandaise

La maîtresse du peintre – Simone van der Vlugt

Auteure à succès aux Pays-Bas, Simone van der Vlugt a publié des romans historiques et des thrillers. Elle a reçu plusieurs récompenses, dont le prestigieux Prix du Livre de l’année.

L’histoire saisissante et vraie de Geertje Dircx, maîtresse désavouée du peintre Rembrandt, ici réhabilitée. Un jour de juillet 1650, Geertje Dircx est arrêtée par la ville d’Amsterdam, poussée de force dans une voiture et conduite à la Spinhuis de Gouda, maison de correction pour femmes où elle restera enfermée douze ans. A l’origine de cette arrestation aussi brutale qu’inattendue, Rembrandt van Rijn, l’amant de Geertje.

Jugée par contumace, elle revient depuis sa cellule sur les années qui ont précédé son arrestation et sur son idylle avec le célèbre peintre. De milieu modeste, veuve à tout juste trente ans, Geertje entre au service de Rembrandt en tant que nourrice de son fils Titus. La femme du peintre, Saskia van Uylenburgh est alors alitée, souffrant selon toutes les apparences de la tuberculose, maladie dont elle ne se remettra pas.

La mort de cette dernière laisse Geertje maîtresse de maison. La cohabitation laisse très vite place à l’amour, Rembrandt trouvant paix et réconfort dans les bras de la nourrice. Les deux amants vivent ainsi durant plusieurs années une liaison scandaleuse, hors mariage. Mais les belles choses ont une fin, dit-on, et Geertje en fera la douloureuse expérience avec l’arrivée de Hendrickje Stoffels dans la maisonnée, dont le charme éblouit Rembrandt…

Après Bleu de Delft, je poursuis ma lecture des oeuvres de Simone van der Vlugt avec La maitresse du peintre. Une histoire magistralement construite autour d’une femme forte et attachante, qui souffre d’une image terriblement négative, construite par les biographes de Rembrandt.

J’aime beaucoup les romans qui ont pour cadre la Hollande au XVIIè siècle et qui éclairent l’art ou les peintres de cette époque où les Pays-Bas connaissaient leur âge d’or. Et ici, l’objectif est tout autant atteint que lors de ma lecture de La jeune fille et la perle.

S’appuyant sur des documents historiques et des sources sérieuses, l’autrice redonne voix à Geertje Dircx, injustement désignée par l’histoire comme une profiteuse et une déséquilibrée.

A l’encontre de l’image répandue d’un artiste visionnaire et intouchable, Simone van der Vlugt dresse de Rembrandt le portrait d’un homme sombre et manipulateur. J’ai beaucoup aimé ce roman addictif et puissant qui redonne sa place à une femme réduite au silence car jugée trop gênante.

Le récit est très bien documenté et Simone van der Vlugt nous immisce dans l’intimité de Rembrandt et de sa maîtresse Geertje. Le roman est vraiment très prenant et intéressant, une fois commencé j’ai eu beaucoup de mal à le poser tant j’ai été prise par l’histoire.

Avant de débuter ce roman, je ne savais rien de la vie de Rembrandt et je ne soupçonnais pas l’existence de Geertje Dircx et j’ai vraiment aimé découvrir cette femme et la face sombre de Rembrandt. Je me suis prise d’affection pour Geertje qui a accepté de n’être que la concubine du peintre à une époque où c’était interdit par les autorités et qui va se retrouver, de fait, au ban de la société et de sa famille, par amour.

Dans une postface particulièrement bien documentée, Simone Van der Vlugt expose son travail de recherche sur la base duquel elle a rédigé son roman. Et elle prend clairement fait et cause pour la servante contre Rembrandt, une figure intouchable et le peintre le plus connu aux Pays-Bas avec Van Gogh.

Avec grande objectivité, elle explique que « La maîtresse du peintre » est une œuvre de fiction, puisque personne ne peut prétendre connaître les sentiments ni du peintre, ni de celle qu’il va faire condamner et va maintenir en prison.

Vous l’aurez compris, c’est un roman réellement passionnant, qu’on s’intéresse à la peinture ou non car ce qui est mis en lumière ici, c’est la condition féminine et la trajectoire d’une femme au coeur du XVIIè siècle. Je vous le recommande !

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