Littérature française

Femmes de porcelaine – Virginie de Clausade & Elodie Hesme

Virginie de Clausade, comédienne et auteure, a mis en scène The Normal Heart au théâtre du Rond-Point, repris avec succès au théâtre de La Bruyère. Femmes de porcelaine est son cinquième ouvrage. Elodie Hesme, comédienne et scénariste, s’illustre dans de nombreuses séries télévisées ainsi qu’au cinéma. Elle poursuit en parallèle sa carrière de parolière pour des grands noms de la chanson. Guidée par sa passion pour l’ écriture, elle signe ici son troisième roman.

1905, Limoges. L’ industrie bat son plein. Le progrès dévore ses ouvriers tandis que les contremaîtres abusent sans vergogne du droit de cuissage. Dans cette période d’effervescence sociale, un abus de trop embrase Limoges la Rouge. Les travailleuses se mettent en grève pour exiger le droit à la dignité.

Anne, ouvrière à la manufacture Haviland, et Clotilde, l’épouse du patron, se retrouvent face à face, trente-cinq ans après avoir été arrachées l’une à l’autre. Si la seconde a tout oublié, la première l’a cherché pendant de longues années.

Au milieu de l’ insurrection, les deux sœurs auront à se battre pour sauver leur famille, leur amour, renouer leur sororité mutilée et imposer leur liberté. Anne et Clotilde, tels des kintsugis, devront magnifier ce qui a été brisé.

Mais deux femmes auront-elles le pouvoir de faire entendre leur voix ?

Pour bâtir l’intrigue de Femmes de porcelaine, Virginie de Clausade et Elodie Hesme se sont inspirées des grèves qui ont embrasé Limoges, la capitale de la porcelaine, en 1905.

Ces événements qui se sont déroulés entre février et mai 1905 eurent un retentissement national. J’ignorai tout de cet épisode qui a touché les porcelainiers. La France était secouée par de fortes contestations sociales en ce début du XXè siècle, qui touchaient bon nombre de régions, à juste titre d’ailleurs et cet aspect fresque sociale à la Zola qui dénonce viols et droit de cuissage m’a beaucoup plu.

Les manifestants réclament d’abord le renvoi de contremaitres, les revendications salariales viendront ensuite. C’est Penaud, le contremaitre chez Haviland, qui met le feu aux poudres. Accusé de viol et de racket par les ouvrières qui réclament son renoi et surtout le droit à la dignité.

Les pratiques du bonhomme sont révoltantes mais hélas très courantes à cette époque où la femme a peu de droits. Elle se fait cogner par son mari et violer par son patron !

Sur cette trame sociale bien décrite par les autrices qui se sont abondamment documentées, vient s’ajouter une trame plus personnelle qui va s’attacher à deux héroïnes, la flamboyante Anne, anarchiste et fille d’une communarde, Charlotte, qui voit sa vie basculer lorsque sa mère meurt sur les barricades de 1871. Et Clothilde Haviland, épouse du patron de la fabrique, inconsolable depuis le décès de son fils.

Si j’ai vraiment apprécié l’intrigue historique consacrée aux évènements de Limoges, les thèmes abordés tels que la condition féminine, la lutte ouvrière, la sororité… j’ai nettement moins aimé l’aspect fictif très téléphoné avec des personnages parfois attachants mais manichéens, soit très méchants soit vrais gentils, et cet aspect me gêne toujours un peu.

Les autrices ont aussi eu recours à bon nombre de facilités dont elles auraient pu se passer pour nous offrir une intrigue plus cohérente comme les retrouvailles entre les deux soeurs et le fait que Clothilde qui n’a plus aucun souvenir d’Anne, prenne immédiatement faite et cause pour elle, alors qu’à l’époque les clivages sociaux étaient très forts !

Le style des autrices m’a aussi causé souci, trop actuel, trop lourd avec un abus d’adverbes réellement inutile.

Mais, malgré ces bémols, je ne regrette pas du tout cette lecture qui m’a beaucoup appris sur le métier des ouvrières dans la fabrique de porcelaine et sur leur lutte pour le droit à la dignité.

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