La danse des damnées – Kiran Millwood Hargrave

Née en 1990, Kiran Milwood Hargrave est une poétesse, dramaturge et romancière reconnue. Elle a commencé à écrire en 2009, alors qu’elle n’avait que dix-neuf ans. Kiran vit à Oxford avec son époux, Tom..

Strasbourg, 1518. Au pied de la cathédrale, dans la chaleur étouffante de l’été, une femme se met à danser. Elle danse des jours durant, infatigable, possédée, avant d’être rejointe, petit à petit, par des centaines d’autres femmes. Non loin de là, Lisbet récolte le miel de ses ruches. Auprès des abeilles, elle oublie l’atmosphère oppressante et son angoisse de perdre, une fois encore, l’enfant qu’elle porte.

Alors que la ville semble s’effondrer sous la chaleur et les pas des danseuses, le retour d’Agnethe, après sept ans d’exil pour un crime que tout le monde tait, promet de faire voler en éclats le monde tel que Lisbet le connaît. Déterminée à découvrir le secret de sa belle-soeur, la voilà bientôt prise dans un tourbillon d’interdits et de passion, une mélodie à en perdre la raison…

Ancré dans une époque de superstition, La danse des damnées est un roman, inspiré de faits réels, récit enivrant de ces femmes, grandes damnées de l’Histoire, mais surtout une bouleversante histoire d’amour et de résilience.

Si j’ai mis quelques chapitres à vraiment rentrer dans l’histoire, un peu gênée par la multiplicité des personnages, après j’ai eu toutes les peines à le lâcher ! Kiran Millwood Hargrave prend comme toile de fond et point de départ, l’épidémie qui a touché la ville de Strasbourg.

L’idée de reprendre cette histoire est très originale et m’a réellement interpellée tant les faits qui se sont déroulés il y a 500 ans sont incroyables. l’autrice, en se basant sur la vérité historique, ne cherche pas à expliquer les causes du phénomène, pourquoi il a commencé et comment il a pu s’arrêter (qu’on ne sait toujours pas expliquer d’ailleurs).

Le mystère qui entoure la danse frénétique des femmes, la révélation du crime d’Agnethe après son exil de sept ans, les deuils prénataux de Lisbet, tout cela tisse une toile complexe d’intrigues qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Les personnages sont riches en profondeur, en particulier Lisbet, qui incarne la résilience et la détermination face aux défis de la vie et Eren, le jour de luth turc qui m’a bouleversée.

Le roman explore également des thèmes profonds, notamment la superstition de l’époque, les préjugés et les interdits qui pèsent sur les femmes à cause de la religion catholique. Il offre une réflexion poignante sur la condition féminine à cette époque, tout en mettant en lumière la force et la résilience de ces grandes damnées de l’Histoire.

L’écriture de Kiran Millwood Hargrave n’a pas son pareil pour nous plonger au coeur de cet été 1518, avec cette atmosphère oppressante qui règne alors, parfois on en a le souffle coupé tant on est immergé dans l’histoire. On a le coeur serré à mesure que la tension grandit et on tremble pour nos héros tant on craint un dénouement fatal pour eux.

Les descriptions sont si vivantes qu’on a l’impression de voir ces danseuses, de sentir le soleil et l’odeur du miel des ruches de Lisbet, d’entendre le son du luth d’Eren. La narration est envoûtante et émotionnelle, nous permettant de ressentir la passion et les tourments des personnages.

Un très beau roman, un peu exigeant, qui m’a bouleversée, je ne peux que vous le recommander. Un grand merci aux éditons Robert Laffont pour cette pépite, j’ai adoré !