Un secret

Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents
Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence.

Je profite de mon état grippal qui ralentit nettement mon rythme de lecture et m’ôte toute velléité d’écriture pour vous présenter une de mes lectures de 2012 qui fut une émouvante surprise : Un secret de Philippe Grimbert.

C’est le roman le plus connu de l’auteur, adapté au cinéma il y a quelque temps mais dont je ne connaissais aucune bribe de l’histoire, j’ai donc démarré ma lecture en ne sachant pas du tout où ce roman allait m’emmener et il m’a bouleversé et habité pendant longtemps, car l’histoire tragique ne peut laisser personne indifférent. Ce récit prend racine dans l’histoire familiale de Philippe Grimbert. En effet, Un secret est un roman, en partie autobiographique, qui nous livre les secrets d’une famille, racontés par celui à qui on les a cachés, et qui va les découvrir par hasard, grâce à une complicité extérieure. Dans chaque famille, il existe des secrets, avouables ou non, et dans celle de l’auteur, les secrets sont plutôt lourds et liés à l’Holocauste.

Un court roman m’a ému aux larmes. L’écriture est simple, sans détour, sans fioriture, pour mieux nous livrer l’Histoire qui n’en a pas besoin d’ailleurs. On croit toujours tout savoir sur la déportation, l’holocauste mais à chaque fois, c’est le même coup de poing qu’on se prend dans l’estomac.

Le narrateur est fils unique et il s’invente un frère ainé, grand, costaud, qui ressemble à ses parents, grands sportifs, alors que lui est très différent, chétif et sans charisme. Et ce double inventé, ce frère imaginaire va finalement le mener à une réalité douloureuse, celle de la construction de sa famille et du couple que forment ses parents. Difficile d’en dire plus à sans dévoiler le fameux secret. Les personnages, hormis ceux de Tania et Maxime, les parents du narrateur, n’ont pas une grande profondeur mais cela ne gâche en rien la qualité de ce livre, là n’est pas l’important.

J’ai reposé le livre en larmes, l’histoire de l’Holocauste reste à chaque fois un tel choc que je n’en ressors jamais indemne.

Un très beau livre, à découvrir absolument.