Littérature française

3 bis rue Riquet – Frédérique Le Romancer

Toulouse, un petit immeuble banal, ou presque… Quatre habitants se partagent les lieux : Cécile au rez-de-chaussée, Lucie et Madeleine au premier et Marc au second. Comme dans toutes les grandes villes, chacun cohabite sans chercher à mieux connaître ses voisins, qui ne sont que des ombres que l’on croise parfois…

Dans un immeuble toulousain. Au RDC : Cécile, traductrice agoraphobe. Quand elle ne guette pas les allées et venues dans le hall, elle s’invente d’autres vies en surfant sur les sites de rencontres.

Au 1er : Lucie, une trentenaire, qui désespère trouver le grand amour et se retrouve abonnée aux rencontres d’un soir depuis qu’elle s’est fait plaquer par son amour de jeunesse, parti sans crier gare.

En face, Madeleine, dite comtesse Mado des trottoirs, une prostituée de quatre-vingt ans qui a dépucelé une bonne moitié du quartier. Elle a désormais les articulations et à la mémoire défaillantes mais la langue toujours aussi bien pendue.

Au 2nd : Marc, qui ne pense qu’à la cote de son appartement et qui aimerait bien se débarrasser de la vieille prostituée qui fait tâche dans le paysage.

Tous ces gens se côtoient sans se voir, jusqu’au jour où la santé vacillante et les dangereuses fantaisies de Madeleine vont les obliger à franchir un palier pour lui prêter main-forte…

J’avais repéré 3 bis rue Riquet dès sa parution en grand format chez Denoël, j’aime bien les romans choral qui ont pour cadre des immeubles et celui-ci me semblait intéressant et pittoresque sur le papier, et si cette lecture ne fut pas désagréable, elle fut néanmoins décevante.

Alors certes, certains personnages sont plutôt intéressants et innovants car il n’est pas si courant que des héroïnes soient de vieilles prostituées ou des quinquas agoraphobes !

L’occasion pour Frédérique Le Romancer de nous sensibiliser sur la vieillesse d’une travailleuse du sexe, contrainte à pratiquer, faute de retraite, et sur l’agoraphobie qui contraint les personnes qui en sont atteintes à la solitude, et qui comblent leur manque de socialisation, en surfant sur internet et en s’inventant parfois de nouvelles vies.

Les personnages de Marc et Lucie sont en revanche plus convenus et permettent à la romancière d’aborder la solitude qui règne dans les grandes villes et la difficulté de rencontrer l’âme sœur en dehors de ses études ou de son travail. Là aussi, il ne reste plus que les rencontres virtuelles qui débouchent souvent par de cruelles déceptions dans la vraie vie.

J’ai bien aimé la plume de Frédérique Le Romancer qui signe ici son premier roman en critiquant notre société égocentrique. Les dialogues sont justes, les thématiques qu’elle traite nous touchent forcément, les personnages sont nuancés et plutôt bien dessinés, reste juste que l’histoire ne m’a pas surprise.

Ce qui ne m’a pas plu non plus c’est l’ambiance pesante et plombante qui règne dans ce roman et le manque de dynamisme du récit. Voilà un roman à ne pas lire en cas de déprime car il est beaucoup question de maladie, de solitude, de détresse.

Je m’attendais à un livre plus léger, basculant plus volontiers dans l’humour, il y en a heureusement, sinon je ne pense pas que j’aurai été au bout de cette histoire, qui n’a rien de bien original, le dénouement est trop attendu hélas.

Reste que le personnage de Mado vaut à elle seule le détour, je ne regrette donc pas ma lecture mais j’en ressors mitigée.

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