Littérature française

La danse de la tarentule – Claire Blanchard

Après un Capes de Lettres Modernes et quelques années d’enseignement, Claire Blanchard publie en 2012 un recueil de nouvelles, Paris/La Baule. En 2016, paraît chez Librinova son premier roman, irrésistible de drôlerie, Comment j’ai aidé ma copine à tuer le chat de son mec. Elle signe ensuite neuf contes pour enfants aux éditions Leduc.s jeunesse, en 2017.
La Danse de la tarentule est son deuxième roman, paru tout d’abord sur Librinova.

Quel drame a poussé Émilie à rompre les liens avec sa famille maternelle ? Cela fait plus de vingt ans que la jeune femme n’a pas gravi les marches du manoir de son enfance, lorsque sa mère y rend son dernier souffle. Un flot d’images se déverse dans sa mémoire.

L’Inde, Le Croisic, Paris ; et un fil conducteur : celui que tisse obstinément une mère oppressante, imprévisible, tarentule harceleuse au venin quotidien, qui jamais ne perd de vue sa proie, centre de sa ronde maléfique, sa danse funeste.

Comment se construire lorsqu’une mère aimée au-delà de tout, au-delà du pire, inocule paroles et gestes toxiques que sécrète une folie sournoise et quotidienne.

La Danse de la tarentule, le premier roman de la vannetaise (comme moi) Claire Blanchard, dit l’éveil douloureux d’une enfant éperdue d’adoration pour sa mère, monstre pervers au masque trop charmant.

Un récit poignant et addictif qui a frôlé avec le coup de coeur. Un roman bouleversant et nécessaire qui me restera longtemps en mémoire.

Dans ce roman, qui raconte avec une grande justesse l’enfance maltraitée, on suit Emilie et son petit frère Jean-Baptiste, qui collectionnent les baignes et les punitions comme d’autres collectionnent les belles images.

Pendant près de 400 pages, on ne peut qu’être révoltée devant les maltraitances de ces enfants de la part de ceux à qui ils sont confiés : la grand-mère et la tante Micheline au Croisic tout d’abord pendant que les parents travaillent en Inde.

De la part des parents ensuite à Paris et notamment cette mère au demeurant charmante et en fait terriblement toxique et maltraitante. Révoltée aussi de voir l’impassibilité des autres membres de la famille qui savent que les enfants sont maltraités et qui ne font rien pour enrayer les violences chaque jour plus grandes.

On ne peut que s’émouvoir devant le destin d’Emilie et sa volonté de rompre le cercle des violences familiales. Un roman bouleversant mais qui sonne toujours juste. Claire Blanchard n’est jamais dans la surenchère ni dans le pathos, tout sonne terriblement vrai, sans jamais en faire trop, bravo !

Tout au long de ma lecture, j’ai ressenti la douleur d’Émilie qui cache ses bleus, ses meurtrissures, ses souffrances. Qui s’évade à travers la musique, la lecture puis les études pour plaire à sa mère puis pour lui échapper.

Malgré le sujet douloureux et délicat, j’ai eu du mal à lâcher ma lecture avant ma dernière page. Le récit est bien construit et bien écrit, le vocabulaire ciselé. L’autrice parvient jusqu’au bout à nous prendre dans sa toile et on arrive au point final à regret.

Ne croyez pas malgré ce que j’ai pu vous en dire que ce roman est déprimant, il n’en est rien. Il est traversé par des moments de tendresse, d’humour et Claire Blanchard fait de ce livre, un hymne à la vie, à aimer et à montrer que même en ayant eu une enfance malheureuse, on peut avoir une vie d’adulte épanouie.

Deux petits bémols toutefois : le dénouement m’a semblé trop abrupt, certaines interrogations que j’avais n’ont pas trouvé de réponses notamment le personnage de Micheline qui reste une mystère total pour moi.

Et surtout, j’avais deviné l’évènement tragique qui a permis à Emilie de couper les ponts avec sa mère, un passage très dur et vraiment insoutenable pour la maman que je suis.

Un très beau premier roman, vraiment je vous le recommande et j’en profite pour remercier Les presses de la cité pour cette lecture qui m’a profondément touchée et émue.

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