Littérature espagnole

Le chant du bison – Antonio Perez Henares

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois

Antonio Pérez Henares est né en Espagne en 1953. Écrivain et journaliste depuis l’âge de dix-huit ans, il est l’auteur de nombreux romans historiques, dont la célèbre trilogie préhistorique, Nublares, Le Fils du héron et Le dernier chasseur. Le Chant du Bison est son premier roman traduit en France.

Chat-Huan est encore jeune lorsqu’il voit arriver dans sa grotte celui que l’on surnomme l’Errant, que tout le monde craint et respecte. La solitude du petit garçon et son intelligence poussent le grand homme à l’emmener avec lui dans son long périple.

Un voyage initiatique commence alors pour le jeune Homo sapiens qui découvre de nouvelles contrées, de nouveaux horizons, de nouveaux clans, leur art, leur rite, le pouvoir des femmes. Il va aussi s’approcher de la vallée des Premiers Hommes où vivent Terre d’Ombre et les Néendertaliens.

Mais alors que les Lunes de glace deviennent de plus en plus rudes, alors que chaque nuit est une occasion de mourir, Chat-Huan et Terre d’Ombre comprennent qu’ils n’ont pas d’autre choix que de s’affronter pour survivre…

La Préhistoire est loin d’être ma période historique de prédilection, je n’y connais quasiment rien, juste ce que l’on apprend au collège, autant dire que je suis totalement néophyte. C’est pour cette raison que j’ai eu envie de lire Le chant du bison, un roman extrêmement documenté qui ravira les passionnés de paléontologie.

Il fut un temps où deux espèces humaines coexistaient sur terre : Homo sapiens et Néendertaliens. Que s’est-il passé pour que l’un d’elle d’y disparaisse ? Pourquoi Néendertal a disparu il y a environ 25000 ans et pas nous ? Les indices (ossements, éclats de pierre taillée, vestiges de campements) sont si ténus que toutes les hypothèses sont avancées, depuis celle du génocide jusqu’à la fatalité climatique.

Mais en mai 2010, l’enquête fait d’un coup un grand pas : le séquençage du génome de Néandertal révèle qu’une infime partie de l’ADN des populations européennes vivant aujourd’hui provient de lui. En clair : il y a eu rencontre entre Sapiens et Neandertal et leurs relations furent aussi sexuelles. La naissance d’enfants a permis la transmission jusqu’à nous de ce legs génétique jusqu’alors insoupçonné.

Cette découverte a modifié la vision de deux humanités hostiles dont l’une aurait pu exterminer l’autre. La disparition de Néandertal serait-elle alors à mettre au compte du long hiver glaciaire qui s’abattit sur la planète à l’époque : plus fruste et moins capable de s’adapter que Sapiens, il n’y aurait pas résisté alors qu’il était pourtant habitué aux temps froids. Pourquoi pas ?

Pour Antonio Perez Henares, les Néendertal ont disparu à cause des Sapiens, mieux armés, et par leur infertilité. Néendertal n’arrivant plus à se reproduire, volait les femmes sapiens pour perpétuer leur lignée. C’est tout le fond du roman qui est aussi un roman d’amour et d’aventure au temps de la dernière glaciation.

Bien qu’il ait pour décor une période très éloignée, il y a plus de 100 000 ans, le roman est très actuel car il met en lumière les valeurs écologistes et féministes de nos ancêtres Néendertaliens.

Roman exigeant, très dense et richement documenté (l’auteur nous régale de notes de fin de pages passionnantes), il m’a dans l’ensemble bien plu même si il est un peu trop contemplatif et nature writing pour moi.

J’ai appris beaucoup de choses et c’est ce que je recherchais avec cette lecture. Tout au long des cinq cent pages, on chemine aux côtés de Chat-Huan et de l’Errant, d’une part, et de Terre d’Ombre d’autre part. On découvre l’organisation d’un clan et des feux, la place de chacun dans la tribu, les techniques de survie des deux camps pendant les lunes de glace… et ça c’est passionnant !

On a même le droit a quelques notes de romance mais c’est bien le statut de la femme qui est magnifié en tant que Déesse mère, on découvre les Guérisseuses, les chamans et la conscience de l’importance de la reproduction pour la survie de l’espèce.

Au delà du côté préhistorique qui est en soi passionnant, on découvre des personnages attachants dans les deux camps, qu’ils fassent partie des Premiers Hommes (Néandertaliens) ou des Peaux Sombres (homo sapiens).

Je regrette pour ma part un certain déséquilibre dans ce roman, on suit nettement plus Sapiens que Néendertal alors que j’aurai voulu l’inverse, je le trouve fascinant et plus encore après la lecture de ce roman.

Si vous vous intéressez à la Préhistoire je ne peux que vous conseiller cette lecture exigeante même si elle fut trop lente à mon goût. Belette qui m’a accompagné dans cette lecture a adoré, filez lire son avis ici.

Un grand merci aux éditions Hervé Chopin pour cette lecture enrichissante !

7 commentaires sur “Le chant du bison – Antonio Perez Henares

  1. En retard je suis pour commenter, mais tu me connais… J’ai pris plus de plaisir au ton contemplatif que toi, alors que dans « la brodeuse », cette contemplation m’avait endormie 😆

    Mais il est un fait que l’on passe moins de temps avec Néandertal que Sapiens, mais cela ne m’a pas gêné… comme quoi ! 🙂

    En tout cas, c’était super à toi de me l’avoir proposé, je ne le regrette pas (et je ne regrette pas non plus les LC où j’ai moins aimé que toi, c’est la vie).

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