Littérature américaine

Vox – Christina Dalcher

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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A l’heure de la libération de la parole post #MeToo, Vox rend hommage au pouvoir des mots et du langage.

Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Son amie Jackie a tenté à plusieurs reprises de l’intéresser à la vie politique américaine et aux droits des femmes, en vain.

Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne.

Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…

Vox est le premier roman de Christina Dalcher, docteure en linguistique à l’université de Georgetown. Lorsque je l’ai repéré sur le programme des éditions Nil, j’ai tout de suite eu envie de le lire car il me semblait important et je suis ravie de l’avoir choisi car même si je n’ai pas eu de coup de cœur, j’ai adoré ce roman !

Bien sûr, lorsque l’on plonge dans ce récit on ne peut que penser à La servante écarlate de Margaret Atwood. Comme son illustre aînée, Christina Delcher nous propose une dystopie glaçante pour les femmes, qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.

J’avoue, que mise à part des réserves sur le dénouement que j’ai trouvé bien trop expéditif, ce que j’avais déjà reproché à La servante écarlate, j’ai adoré cette lecture que j’ai trouvé passionnante et très originale.

Il y a beaucoup à dire sur ce roman anxiogène car au-delà de la place des femmes dans la société américaine, Christina Dalcher axe son récit sur la privation des droits et des libertés pour la totalité de la population féminine qui vit dans la crainte de son bracelet compteur de mots et des nouvelles lois sorties du cerveau du leader du Mouvement Pur, le révérend Carl Corbin.

L’héroïne, Jean McClellan, est très intéressante. Docteure en neurosciences, elle est comme toutes les femmes américaines presque réduite au silence et au rôle de potiche au sein de son foyer, un rôle pour lequel elle n’est visiblement pas faite. Son mari travaille pour le gouvernement et son fils aîné a totalement basculé du côté des puritains, ce qui fait bouillir cette mère de quatre enfants.

Les femmes n’ont plus le droit d’avorter, les relations sexuelles hors mariage sont proscrites tout comme les unions homosexuelles. Les homosexuels sont envoyés dans des camps chargés de les rééduquer et leurs enfants, confiés à leur plus proche parent masculin.

Tous ceux qui enfreignent les règles sont sommairement exécutés ou montrés à la télévision lors de cérémonies où ils sont voués aux gémonies avant d’être emmené dans un camp où ils sont réduits à l’état d’esclavage, sans possibilité de prononcer le moindre mot.

Les femmes ne peuvent quasiment plus parler mais elles n’ont aussi aucun accès aux moyens de communication (internet, téléphone, courrier…), ne peuvent posséder de livres, n’ont plus le droit de travailler… Dès leur naissance, les petites filles se retrouvent avec un compteur au poignet et en matière de scolarité, elles n’ont que le droit d’apprendre des choses qui pourront les servir en tant que mère de famille (cuisine, budget familial, couture, ménage…).

Mais, suite à une attaque cérébrale, le frère du Président a besoin de l’aide d’experts, et Jean va intégrer l’équipe de spécialistes affectée à sa guérison, en échange, on lui ôte, ainsi qu’à sa fille Sonia, le fameux bracelet.

Et au fil des jours passés au labo, elle va se demander si le gouvernement n’a pas d’autres projets en tête et si ce n’est pas un prétexte pour mener à bien d’autres funestes expériences.

Comme dans la société de Gilead, vous l’aurez compris, les femmes sont au premier rang les victimes de ce nouveau pouvoir, et leur bracelet chargé de compter leurs mots, est une véritable arme, leur envoyant des décharges électriques de plus en plus fortes si elles ne respectent pas le quota.

Difficile de revenir sur chaque point marquant de ce roman, il y en a beaucoup et je ne souhaite pas trop en dévoiler ici afin de ne pas gâcher la lecture de celles et ceux qui n’ont pas encore lu Vox.

En refermant ce roman, je ne peux que vous conseiller de vous y plonger à votre tour, c’est une lecture importante qui me restera longtemps en mémoire. La situation décrite par Christina Dalcher est hélas crédible, c’est bien ça le pire.

Un grand merci à Filippa et aux éditions Nil pour cette lecture passionnante !

7 commentaires sur “Vox – Christina Dalcher

  1. Ce livre fut un méga coup de coeur, même si l’attitude de certains personnages masculins m’a profondément mise en colère au point que j’ai faillit balancer plusieurs fois ma liseuse de colère ! xD

  2. Ouh, violent ce livre ! Mais je le note, on ne sait jamais, une horreur pareille pourrait nous tomber dessus… Et on ne verra rien venir, ou alors, comme toujours dans l’Histoire, on ne mouftera pas… :/

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