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Facteur pour femmes 2 – Didier Quella-Guyot & Manu Cassier

Depuis une thèse consacrée en 1989 à la bande dessinée et parallèlement à sa carrière d’enseignant agrégé de Lettres Modernes, à Poitiers, Didier Quella-Guyot a multiplié les actions en faveur du neuvième art et compte une vingtaine d’albums à son actif. Manu Cassier est titulaire d’un baccalauréat A3 et d’un Deug d’Arts plastiques. En 2000, il devient facteur et, deux ans plus tard, peu après la naissance de sa première fille, une mutation permet à la petite famille d’emménager dans le Lot, à  Figeac. Ce changement de vie géographique s’accompagne d’une remise en question personnelle, et marque un retour au dessin.


À son retour d’Australie, en 1958, Linette est loin d’avoir tout appris… et tout compris ! Elle sait désormais qui est son vrai père et ce qu’il a obtenu des femmes jusqu’à sa mort « accidentelle ».

Mais ce qui s’est passé sur l’île après la guerre et ce que sont devenues les «femmes du facteur» présentes au cimetière, évidemment elle l’ignore !

Pourtant, peu après la guerre, un autre drame, encore plus inavouable, a plombé la vie de ces iliennes, un drame cruel dont il vaudrait mieux qu’il ne revienne jamais à la surface…

A la fin du premier tome, on croyait tout savoir sur Maël, le jeune facteur fou de désir pour ces bretonnes qui lui ont tout appris du corps, jusqu’au vertige. Alors que leurs maris, leurs amants, leurs fils sont sur le front, elles ont laissé libre court avec lui aux exigences de la chair.

Pourtant, les femmes du facteur ont très vite compris qu’après la guerre, avec le retour des hommes, rien ne serait plus comme avant, et qu’il leur faudrait rester soudées pour ne pas se trahir.

Avec Facteurs pour femmes 2, on replonge au coeur de cette petite île du Morbihan en cette année 1918 qui voit la mort de Maël et le retour des hommes partis au front quatre ans auparavant.

Sait-on finalement tout de ce petit monde féminin qui a découvert l’émancipation, la liberté de choisir, la force de vivre rien que pour soi ? Et sauront-elles, après-guerre, vivre en paix, solidaires comme avant ?

Le scénario de Didier Quella-Guyot reprend l’histoire où on l’avait laissé dans Facteur pour femmes. La guerre est dorénavant terminée, et le retour des hommes va bousculer nos bretonnes dans l’existence qu’elles s’étaient construites.

L’occasion pour l’auteur d’aborder les conséquences directes de la guerre sur les hommes et les femmes. Les premiers comptent bien reprendre leur vie d’avant tandis que les secondes ne le veulent pas. Après avoir goûté à la liberté et à l’indépendence, le retour à la vie conjugale ne se fait pas sans heurt.

Et il y a bien évidemment les ragots qui vont bon train : les hommes ont tôt fait d’entendre parler des femmes du facteur, cet infirme qu’il prenait pour un benêt et à qui ils menaient la vie dure, aurait-il frayer avec leurs femmes ?

Alors que certaines langues se délient et commencent à remettre en cause la thèse officielle de la mort accidentelle du facteur, la solidarité féminine va-t-elle tenir bon ? Là est tout l’enjeu de cette suite.

Si le scénario m’a beaucoup plu une fois encore, les planches ne m’ont, en revanche, pas séduite. Sébastien Morice travaillant sur un autre projet, c’est Manu Cassier qui a repris les personnages. Où sont passées les couleurs lumineuses ? Les jolis visages des protagonistes ? Leurs silhouettes aux courbes douces ?

Dans ce volume, les teintes sont ternes et tristes, en accord avec le côté dramatique de l’histoire, mais j’ai trouvé cela dommage. Quant aux femmes, leurs traits sont rudes, les anatomies anguleuses, à certains moments, elles passeraient presque pour des hommes et surtout elles se ressemblent tant que j’ai pas su les différencier. 

Une duologie que je vous conseille si vous aimez la Bretagne et les thèmes abordés !

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