Littérature américaine

Maine – J. Courtney Sullivan

Pourquoi la vie de famille est-elle si compliquée ? Et comment faire quand la moindre conversation peut déclencher un drame ? Les femmes de la famille Kelleher se posent les mêmes questions mais n’y apportent jamais les mêmes réponses. Réunies pour une dernière fois dans leur maison de vacances du Maine, Alice (la grand-mère), Kathleen (la mère), Maggie (la petite-fille) et Ann Marie (la belle-fille), tentent de vivre ensemble malgré les secrets et les discordes passées. Cet été bouleversera leur existence.

maine-j-courtney-sullivanauteur-éditeur-pagesAprès Les débutantes, énorme carton mondial que je n’ai pas encore lu, voici le second roman de J. Courtney Sullivan : Maine, qui m’a été gentiment envoyé par les éditions Rue Fromentin que je remercie pour ce partenariat.

Maine est un roman comme je les affectionne : féminin et empli de secrets de famille. Roman choral à quatre voix, il met en scène quatre femmes de trois générations différentes, le temps d’un été. Chaque chapitre porte le nom d’une des protagonistes dans un ordre très précis, toujours le même : tout d’abord Alice qui ouvre et clos le roman, puis Maggie, Kathleen et enfin Ann Marie.

Il y a Alice la matriarche, une femme élégante et encore très belle, totalement bigote et plutôt cruelle envers les siens, qui a franchi le cap des 80 ans et qui attend sa famille dans sa maison du Maine. Kathleen, sa fille ainée, ex-alcoolique et divorcée, reconvertie dans l’élevage de vers qui vit en Californie. Maggie, la fille de Kathleen, une new-yorkaise, sage et accommodante, fraichement larguée par son petit ami Gabe et qui rêve d’une vraie vie de famille. Ann Marie, la belle-fille d’Alice, une femme au foyer apparemment parfaite et sans failles qui remplit sa journée de tâches ménagères en tout genre, par peur du vide et pour se sentir utile. Son hobby : décorer des maisons de poupée.

Chez les Kelleher, des bostoniens catholiques pas peu fiers de leurs origines irlandaises, l’été on se partage la maison de vacances du Maine qui va bientôt être la pomme de la discorde entre Alice et ses enfants : juin est réservé à  Kathleen (qui n’y a pas mis les pieds depuis dix ans) et à ses enfants Maggie et Chris. Le mois de juillet échoue à son frère Patrick  et à sa famille : leur aînée Patty mariée à Josh et leurs 3 enfants, Fiona (travaillant dans l’humanitaire en Afrique) et Little Daniel, le préféré d’Alice, tout juste fiancé à Regina. Et enfin, août est dévolu à la cadette Clare, son mari Joe et leur fils Ryan.

Dans ce roman très féminin, si les femmes sont sans conteste les héroïnes de l’histoire, les hommes n’en sont malgré tout pas oubliés, présents en filigrane, surtout  Daniel, le mari d’Alice, décédé depuis 10 ans. Un homme doux, généreux et bon sur qui reposait l’unité de la famille qui a, depuis sa mort, volée en éclats. En effet ce n’est pas sur Alice qu’il faut compter pour prodiguer amour maternel et bonté d’âme. Totalement centrée sur elle-même, on apprend très vite que cette femme acariâtre et incapable d’aimer, caressait le rêve de devenir artiste peintre à Paris. Elle ne voulait en aucun cas devenir une épouse au foyer, encore moins un mère, mais c’est la mort de sa sœur Mary, qui va changer son destin, et sceller son sort. Une vie qu’elle n’aime pas et qu’elle fait finalement payer cher à sa famille en voulant les priver après sa mort du lieu qui symbolise leur bonheur d’enfant, la maison du Maine.

Ce roman fleuve et dense recèle bon nombre de faux-semblants et de secrets de famille en tout genre dont on se délecte pendant près de 500 pages. Les personnages sont complexes et profonds et on a beaucoup de plaisir à lire leurs états d’âme et leurs pensées secrètes. J. Courtney Sullivan explore les différentes facettes de la féminité et de la maternité mais aussi l’évolution de la condition féminine depuis la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours, ce qui rend ce livre non seulement plaisant mais très intéressant. L’auteure y fait surtout la part belle aux relations mère-fille et aux relations transgénérationnelles mais d’autres thèmes y sont aussi évoqués comme l’acoolisme, la religion catholique, les traditions, l’immigration, le rapport à l’argent, la réussite…

Mon petit bémol : les coquilles qui peuvent gêner la lecture et la fin qui m’a un peu déçue mais j’espère que c’est pour mieux nous faire retrouver les Kelleher dans un prochain roman !

Maine fait partie de ces romans d’été captivants qu’on a du mal à lâcher avant d’en lire le point final, je vous le recommande vivement, vous y passerez un excellent moment tout comme moi. Il me tarde quant à moi de lire Les débutantes !

Merci aux éditions Rue Fromentin pour cette lecture et leur confiance.

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Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Céline et du challenge La plume au féminin édition 2013 :

44 commentaires sur “Maine – J. Courtney Sullivan

    1. J’imagine sans peine, mon programme de lecture est bien chargé aussi Hilde, mais si tu as l’occasion Maine est vraiment une lecture estivale puisque le récit se déroule l’été en bord de mer 🙂

    1. Alors je suis très contente de t’avoir tentée, c’est un bon roman, tu devrais passer un joli moment de lecture avec Maine, en tout cas je te le souhaite. Bises

  1. Ces satanées coquilles m’ont insupportée également… Et il me semble avoir lu qu’il y en a tout autant dans Les Débutantes,… Cela promet pour notre prochaine lecture !
    Comme tu as lu mon billet du jour, consacré à ce même roman, je ne vais pas m’étendre, juste dire que, si j’ai eu beaucoup de mal à me passionner pour ces femmes et leurs histoires, dans un premier temps, j’ai adoré et dévoré la fin de leurs aventures estivales.
    Néanmoins, contrairement à toi, je n’espère pas une suite qui pourrait « gâcher » la virtuosité de « Maine » qui, à mon sens, se suffit à lui-même.

    1. Alors oui ça promet ! Comme toi, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire mais après je l’ai dévoré tout comme toi. Maine se suffit à lui même en effet mais comme j’ai aimé ces personnages (même Alice !) j’espère les retrouver dans un autre roman !

  2. Je suis contente qu’il t’ait plu ! On pourrait même dire que « catholique-bostonien-alcoolique-irlandais » sont des pléonasmes !!! Les uns ne vont pas sans les autres… Alice était sérieusement alcoolique elle aussi !

    1. C’est tout à fait vrai ce que tu dis !! J’avais en tête pendant ma lecture que tu avais aimé aussi alors j’avais un apriori très favorable sur ce roman !

  3. Je suis contente qu’il t’ait plu, je l’avais beaucoup apprécié aussi et j’avais aussi souligné les coquilles : j’espère donc qu’à force de lire ça ils feront plus attention !

    1. J’espère aussi mais heureusement ça ne gâche pas le roman. je me souvenais que tu avais aimé et j’ai passé un très bon moment de lecture aussi en compagnie des kelleher

  4. Une fois de plus un article qui met l’eau à la bouche. Je n’ai pas encore de PAL mais plus je lis ce blog et plus j’y songe très sérieusement. Merci et au plaisir de vous lire.

    1. Merci Berry, tout le plaisir est pour moi ! Ma PAL frise l’indécence, j’ai toujours peur de manquer de lecture mais si mes lectures vous tentent, ça me fait très plaisir !

  5. Finalement, je l’ai fini ce matin car j’avais hâte de connaître le dénouement. J’écris mon avis très vite, mais grosso modo, il va rejoindre le tien 🙂
    bIses

    1. Je suis contente que tu ai aimé aussi, nos avis en effet se rejoignent une fois de plus mais on a bien fait de le lire maintenant, dans la torpeur de l’été, je pense qu’on l’a plus apprécié

  6. Comme je l’ai dit à Céline. Ce livre me fait envie depuis quelques temps. Ton avis donne envie de le découvrir au plus vite. Je suis certaine qu’il saura me plaire. Je verrais si je peux me l’offrir pour mes vacances. Le prix est tout de même élevé.
    Ravie que ce mois de juillet continue avec de belles surprises pour toi! 😉

    1. C’est vrai que c’est le moment idéal pour le lire, aussi si tu as l’occasion, je t’encourage à le lire cet été, sinon attend sa sortie en poche dans un an et tu pourras le lire l’été prochain si tu arrives à attendre 😉

  7. Je veux vraiment découvrir cet écrivaine ^^ Son livre « Les Débutantes » me tente beaucoup aussi ^^

  8. L’été dernier, les débutantes m’avaient vraiment plu. Et j’avais repéré ce titre dès la sortie. Maintenant, après avoir lu ton beau billet, je n’ai qu’une envie:me plonger dedans!
    Seul le prix va me faire patienter encore un peu….

  9. J’ai « Les débutantes » dans ma PAL (que j’ai d’ailleurs hâte de lire) mais celui-ci me donne aussi envie! Je vais attendre que ma bibliothèque l’achète pour pouvoir le lire!

    1. Je n’ai pas encore lu Les débutantes mais j’ai beaucoup aimé celui-ci, très réussi ! J’espère que ta bibliothèque l’achètera bientôt

  10. Je l’ai reçu aussi et j’en entends beaucoup de bien, encore un livre que je me promets de lire cet été, la liste s’allonge de jour en jour. J’avais beaucoup aimé « les débutantes », j’espère qu’il te plaira.

    1. J’ai beaucoup aimé Maine et je t’incite vraiment à le lire maintenant car l’histoire se passe l’été au bord de la mer mais je sais que tu as une PAL monstrueuse et sans doute beaucoup de SP pour la rentrée littéraire mais si tu as l’occasion de le lire, je suis sûre que tu passeras un bon moment

  11. Comme toi, j’ai apprécié ce roman estival, tout en étant agacée par les coquilles (j’ai l’impression de ne voir que ça dans mes lectures pour le moment, et je n’ai pourtant même pas fait de correction récemment. J’en viens à me poser des questions sur le soin apporté à cette étape, même dans de grandes maisons d’édition). Le personnage d’Alice m’a bien plu, davantage que les autres d’ailleurs, je la retrouverais avec plaisir.

    1. Comme toi, j’espère que Maine aura une suite, j’ai beaucoup aimé ce roman et les personnages, celui d’Alice, bien qu’antipathique, est très intéressant, toute cette vie d’obligations explique son aigreur, elle est totalement passée à côté de sa vie

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