Littérature française

Amours – Léonor de Récondo

Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Rien ne destinait cette jeune fille de son temps, précipitée dans un mariage arrangé avec un riche notaire et que les choses du sexe plongent dans l’effarement, à prendre en mains sa destinée. Surtout pas son trouble face à l’inévitable question de l’enfant qui ne vient pas. Sa détermination se montre pourtant sans faille lorsque la petite bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant attendu. Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la maison aux murs épais s’apprête à enfouir le secret de famille. heart_4auteur-editeur-pagesamours-leonora-de-recondo

1908, quelque part en province, Anselme de Boisvaillant, notaire, a épousé en secondes noces, Victoire, jeune fille de bonne famille depuis cinq ans déjà.

Le couple n’a toujours pas d’enfants au grand dam d’Anselme qui n’a pas connu son père, mort pendant la guerre de 1870, et qui rêve de léguer son nom et son étude notariale à son fils.

Victoire, de son côté, subit ce mariage arrangé, et les assauts conjugaux répétés et infructueux de son mari qui lui laissent un sentiment de dégout.

Céleste est la petite bonne du couple qui emploie également une gouvernante et son mari. Agée de 17 ans, elle a quitté la campagne pour rejoindre la demeure des Boisvaillant.

Anselme règne en maître en sa demeure, il n’hésite pas à user de son droit de cuissage et Céleste subit elle aussi ses assauts brutaux et tombe enceinte. Victoire voit là une bonne raison de chasser son mari de son lit et d’avoir un enfant sans les inconvénients d’une grossesse.

Aussitôt né, le garçon, prénommé Adrien, est enlevé à sa mère mais il dépérit. Victoire n’a manifestement pas l’instinct maternel et ne sait comment s’en occuper. Une nuit, alors que toute la maisonnée dort, Céleste, récupère son fils pour l’allaiter dans sa petite chambre. Victoire les rejoint aussitôt et une intimité s’installe nuit après nuit entre les deux femmes.

Amours est un roman paru voilà près d’un an et qui a eu de jolis échos sur la blogosphère, son thème, la condition féminine, est vous le savez, l’un de mes thèmes de prédilection, c’est donc tout naturellement que je me suis décidée à l’emprunter à la médiathèque.

Comme dans Là où tombent les anges de Charlotte Bousquet, Léonor de Récondo, prend pour décor la France bourgeoise d’avant la première guerre mondiale. Victoire est la quatrième d’une fratrie de six filles et lorsque ses parents voient l’annonce d’Anselme dans le Chasseur français, ils n’hésitent pas à entrer en contact avec lui et ne sont que trop heureux de lui accorder la main de leur fille.

Victoire fait donc un mariage de raison, comme la majorité des jeunes filles de bonne famille de cette époque. Son mari est amoureux d’elle et se montre généreux, il la gâte et ne sait pas quoi faire pour la rendre heureuse. Hélas pour lui, Victoire ne l’aime pas et ne cache pas sa répulsion à chaque coït, ce qui le pousse à trousser la bonne, qui elle, n’en demande pas tant !

Léonor de Récondo aurait pu s’arrêter là et faire de son histoire, une histoire tristement banale et bourgeoise mais heureusement pour nous, elle préfère nous conter l’émancipation féminine à travers Victoire et Céleste. Leur affranchissement par le corps, la mode, la sexualité et l’amour car il est beaucoup question d’amour dans ce roman comme vous vous en doutez.

Amours retrace en effet des amours plurielles comme son nom l’indique : l’amour maternel des deux femmes pour Adrien mais aussi l’amour qui les unit entre elle, l’amour d’Anselme pour Victoire.

Là aussi, l’auteure aurait pu se contenter d’une histoire d’amour saphique qui brise les tabous mais le propos va bien au-delà. Le tout porté par une écriture délicate et fine qui nous dresse de magnifiques portraits de femmes à l’aube du 20è siècle.

Un roman bouleversant et sensuel que j’ai adoré même si j’ai un petit bémol pour la fin que je trouve trop chrétienne et morale. A lire néanmoins absolument !

22 commentaires sur “Amours – Léonor de Récondo

  1. C’est rigolo j’ai fini le livre la semaine dernière! Comme je me plais à procrastiner, le Brouillon est au stade brouillon! Ton billet me donne la motivation de m’y remettre sérieusement! Ps: je suis en retard pour la LC de Victor Legris, mais je suis toujours de la partie 😉

    1. Si tu veux toujours lire Victor Legris, on peut reprendre en février, j’ai laissé la LC en stand-by en décembre et janvier, tu me dis ok ?

  2. Un roman qui pourrait me plaire également : je le note d’autant plus que je sais qu’on l’a au boulot 🙂

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