Littérature française

Toujours plus haut – Marie Kuhlmann

Bien que née dans une banlieue ouvrière parisienne, la petite Aurélie est issue d’une famille alsacienne ayant émigré en 1870. Abandonnée à dix ans par sa mère, elle est élevée par un père peu présent, mécanicien, très investi dans la construction des premiers aéroplanes que veut mettre au point l’entrepreneur et industriel Edouard Nieuport.
Après l’école, la petite fille retrouve son père dans l’atelier de mécanique ; un jour, Nieuport lui confie un petit travail de rangement dans les bureaux. Ces missions quotidiennes l’empêchent de ruminer le sentiment d’abandon qu’elle ressent depuis le départ de sa mère. Car la douleur est toujours là, tapie au fond d’elle-même. Aurélie peut suivre alors l’aventure des fous volants, tels Louis Blériot ou Santos-Dumont. Avec eux, elle rêve, toujours plus haut, d’exploits et d’aventures…

C’est une plaie vive dans le coeur d’Aurélie : le dernier regard de sa mère sur le pas de la porte, valise à la main. A dix ans, la voici seule avec son père, Roland Heinrich, et les souvenirs chéris de sa grand-mère issue d’une colonie d’Alsaciens installée en banlieue parisienne après 1872.

Mécanicien des premières « machines volantes » de l’industriel Nieuport, Roland a été jusqu’alors un père absent, voire indifférent. Soudés dans l’épreuve, avides de rattraper le temps perdu, père et fille s’apprivoisent et tissent un lien de plus en plus fort.

Après l’école, Aurélie rejoint les ateliers de Nieuport, qui se prend d’affection pour elle, comme toute l’équipe. L’industriel va peu à peu lui accorder sa confiance en lui faisant faire du classement, du courrier, répondre au téléphone…

Au fil des ans, elle se prend de passion pour les pilotes d’aéroplanes et rêve avec eux d’aller toujours plus haut…

Toujours plus haut signe mes retrouvailles avec Marie Kuhlmann que j’avais découvert avec Les chimères de l’exil. Cette romancière, très attachée à ses racines alsaciennes, met une fois de plus en scène une héroïne de sa région.

Dans ce roman qui a pour toile de fond Suresnes de 1906 à 1914, Marie Kuhlmann nous conte les premiers pas de l’aéronautique, les exploits des pionniers que furent Louis Blériot, Santos-Dumont, Edouard Nieuport ou Georges Legagneux, des exploits, des victoires et des défaites, vus à travers les yeux d’Aurélie.

Cette période, vous le savez certainement si vous me suivez depuis un certain temps, me passionne et cette thématique des pionniers de l’aviation me fascine totalemnet depuis que j’ai vu, enfant, Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines et Les faucheurs de marguerites.

De ce point de vue-là, ce roman est une réussite car il est incroyablement bien documenté et il nous fait assister, au fil des pages, aux balbutiements de l’aviation à bords de ces engins volants, lourds, longs au décollage, qui représentaient le défi ultime : faire voler des engins plus lourds que l’air.

Avec Aurélie, on assiste aux joies, aux espoirs, aux déceptions, aux défis à la pesanteur lancés par des hommes enthousiastes, passionnés, aujourd’hui célèbres pour leur ténacité et leurs exploits: Clément Ader, Louis Blériot, Gabriel Voisin, les frères Wright, le Comte Zeppelin, Otto Lilienthal…

Toute cette toile historique est tout simplement passionnante et très instructive au point que j’ai dévoré ce roman en un rien de temps. Le personnage d’Aurélie, jeune fille travailleuse, volontaire et particulièrement tenace, est attachante, on a plaisir à la suivre, à la voir évoluer de ses dix ans jusqu’à son adolescence qui prend fin lorsque la première guerre mondiale éclate.

La thématique alsacienne, qui ne me concerne pas, m’a moins intéressée. Je connaissais déjà la problématique pour les alsaciens de faire leur place en France, eux qui étaient accusés de prendre le travail des français, qui restaient aux yeux des français des boches dont on ne voulait pas. L’autrice insiste beaucoup sur la difficulté pour ces gens de s’intégrer, d’apprendre le français sans perdre pour autant leur langue alsacienne, leurs coutumes…

Ceci mis à part, je vous encourage à découvrir Toujours plus haut si vous êtes curieux de découvrir les balbutiements de l’aéronautique car dans ce roman devrait vivement vous intéresser.

Un grand merci à Yéléna et aux éditions Presses de la Cité pour cette lecture instructive !

2 commentaires sur “Toujours plus haut – Marie Kuhlmann

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