Littérature canadienne

Le pavillon des orphelines – Joanna Goodman

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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Les parents de Maggie, un commerçant anglophone des Cantons de l’Est et son épouse francophone, ont des ambitions pour leur fille aînée. Qu’elle s’amourache de Gabriel Phénix, un jeune fermier, est donc inacceptable. Qu’elle tombe enceinte à quinze ans? La honte. Sans autre forme de procès, Maggie est forcée de «reprendre le droit chemin» et d’abandonner cette petite Élodie qu’elle adorait avant même de la connaître. À l’institut psychiatrique où elle se retrouve, Élodie est soumise, comme des milliers d’orphelins de Duplessis, à une existence tragique. Invisible et abandonnée de tous, elle parvient, à force de détermination et de résilience, à endurer les horribles sévices qui lui sont infligés. Enfin libérée à l’âge de dix-sept ans, elle est projetée sans repères dans un monde inconnu et terrifiant. Au fil des ans, les destinées de Maggie et d’Élodie s’entrecroisent sans se toucher. Maggie, qui a épousé un homme plus convenable, n’a jamais oublié sa fille; aussi, lorsque l’occasion se présente de renouer avec Gabriel, le passé la rattrape brutalement. Elle doit à tout prix retrouver son enfant et laisser éclater l’horrible vérité qui leur a volé, à toutes les deux, la vie qu’elles auraient dû vivre.

Les parents de Maggie, un commerçant anglophone des Cantons de l’Est et son épouse francophone, ont des ambitions pour leur fille aînée. Dans ce Québec rural des années 1950, Maggie, quinze ans, tombe enceinte de son jeune voisin Gabriel Phénix, fermier, qu’elle aime éperdument.

Quand ses parents l’apprennent, ils forcent Maggie à abandonner son bébé dès la naissance et à rentrer dans le droit chemin. La jeune fille n’a même pas le droit de voir sa fille, encore moins de savoir dans quel orphelinat elle a échoué, elle a juste le temps de la prénommer Elodie.

La petite Élodie, de constitution fragile, grandit à l’orphelinat dans des conditions précaires. En 1955, une loi de Duplessis, le tout puissant premier ministre, déclare que les orphelinats deviennent administrativement des hôpitaux psychiatriques.

La situation empire dramatiquement pour Elodie, déclarée alors, comme des milliers d’autres orphelins québécois, malade mentale alors qu’elle est parfaitement saine d’esprit. 


De son côté, Maggie ne peut oublier Élodie et commence à la rechercher. Mère et fille parviendront-elles à se retrouver ?

Après ma lecture éprouvante de La clé du cœur qui avait pour cadre un hôpital psychiatrique d’Angleterre dans les années 50, place à une histoire toute aussi épouvante avec Le pavillon des orphelines qui nous entraine au Québec à la même époque.

Joanna Goodman s’est inspirée de la vie de sa propre mère, victime de la loi Duplessis, pour imaginer le roman qu’elle nous donne à lire. De 1950 à 1974, nous suivons tour à tour les destins de Maggie et d’Elodie dans un Québec puritain, largement dominé par le catholicisme et l’idée de péché.

Que Maggie tombe enceinte à 15 ans, c’est la honte absolue pour ses parents qui ne veulent pas du bébé et vont obliger Maggie à passer sa grossesse chez son oncle et sa tante et à abandonner sa fille sitôt née. La jeune adolescente, en adoration devant son père dont elle souhaite prendre la succession à la boutique, préfère obéir et dire adieu à son grand amour et à son bébé.

Elodie de son côté est une adorable petite fille dont la constitution fragile ne va pas permettre l’adoption. Les sœurs lui disent à l’envi qu’elle est une enfant du péché, une enfant du scandale, et que personne ne voudra jamais d’elle. Le titre anglais donne d’ailleurs le ton assez noir du roman : the home for unwanted girl, la maison des filles non voulues.

Au-delà des premières années à l’orphelinat où Elodie ne sera pas malheureuse, ce qui révolte ici ce sont les lois Duplessis qui ont converti les orphelinats en hôpitaux psychiatriques pour des questions bassement matérielles. La fillette qui n’a que cinq ans et toutes ces compagnes d’infortune, ne vont plus êtes scolarisées et vont devoir travailler durement pour gagner leur gite et leur couvert.

Pire encore, elles vont être maltraitées : régulièrement battues et affamées, les plus hardies seront même trépanées voire assassinées dans l’indifférence la plus complète et avec la bénédiction du pouvoir en place, du corps médical et de l’Eglise.

Un système vivement critiqué ici à juste titre. Pour ma part, j’ignorai tout de cette injustice qu’ont subi les enfants qui sont ressortis, après l’abrogation de ces lois, totalement ignorants à tous les niveaux.

Certains passages sont révoltants, je souffrais avec Elodie, ne pouvant pas comprendre qu’on puisse s’en prendre à ses enfants innocents sous prétexte que leurs parents avaient fauté !

J’ai beaucoup aimé les personnages qui traversent ce livre, en premier lieu Maggie et Elodie, très attachantes, mais aussi Gabriel, Clémentine et même les parents de Maggie qui se révèlent complexes et très attachés à leur fille malgré les apparences et les décisions qu’ils ont prises pour elle.

La plume de Joanna Goodman est fluide et elle m’a emporté dès la première page dans cette histoire sombre et révoltante mais aussi pleine de tendresse et d’amour. Un roman pour ma part que je trouve très réussi, j’espère donc que les autres romans de l’autrice seront publiés un jour en France car je serai ravie de la retrouver.

Un grand merci à Anne et aux éditions Presses de la cité pour cette lecture passionnante et émouvante que je vous recommande chaudement !

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