Littérature française

Le coeur des fileuses – Aurélie Haderlé

Titulaire d’un doctorat de lettres classiques, Aurélie Haderlé est également passionnée d’Histoire. Elle vit en Provence où elle partage son temps entre l’écriture et l’enseignement des lettres.

1910, au coeur des Cévennes. Eulalie Bastide devient, après le décès de son père, l’unique héritière d’une prospère filature de soie, à condition de trouver un mari dans les deux ans. Désormais patronne, sous la férule d’un contremaître qui voit d’un très mauvais oeil la moindre de ses suggestions, elle découvre que son usine est un véritable bagne féminin.

Révoltée par les conditions de travail de ses ouvrières, elle décide, malgré de nombreux détracteurs, de bouleverser l’ordre social. Bientôt la guerre éclate et le pays se vide de ses hommes. Eulalie réalise alors son voeu le plus cher : transformer son entreprise en communauté de femmes fondée sur l’entraide et la solidarité.

Des amitiés se nouent, des amours se tissent. Mais Eulalie saura-t-elle s’affranchir d’un mariage malheureux et affronter les fantômes du passé ?

Avec Le coeur des fileuses, Aurélie Haderlé met la sororité au coeur de son récit et nous brosse le portrait d’une femme de cœur, engagée au début du XXe siècle pour améliorer le sort d’ouvrières de filature de soie dans les Cévennes.

Vous le savez, ces thèmes sont chers à mon coeur et j’ai beaucoup aimé ce roman qui en dit long sur la condition féminine de l’époque, et notamment les conditions de travail des ouvrières. Dans cette usine de vers à soie, il n’est pas bon d’être une femme ! Eulalie vers le découvrir dès sa première journée.

Les ouvrières ne sont que des numéros de matricule, bien mal payées, travaillant dans des conditions assez assez épouvantables et, cerise sur le gâteau, on les décrit comme bêtes à manger du foin. La jeune patronne qui découvre que la fabrique est prospère voudrait arranger les choses mais n’en fait rien sous la pression de son contremaitre et des notables du village qui ont tout intérêt à ce que les choses restent en l’état.

Puis, au fil des pages, elle change son regard sur la vie, sur les conditions d’exploitation des ouvrières, sur ces hommes qui ont soif de pouvoir et qui la manipulent. Eulalie va se métamorphoser et faire sa révolution. Elle expérimente différents rôles et statuts pour trouver sa voie. Contre son éducation, elle devient patronne, femme mariée et soumise, puis socialiste, révolutionnaire et enfin, émancipée.

Ce roman m’a beaucoup plu même si je trouve qu’Eulalie vit un peu trop de dramas qui prennent parfois le devant de la scène au détriment du volet social qui m’intéressait davantage. La galerie de personnages, en revanche, est épatante : toutes ces femmes sont attachantes et j’ai aimé les suivre au fil du récit. Les hommes et les notables en prennent pour leur grade à juste titre.

Aurélie Haderlé aborde, au-delà de la sororité, des thèmes très intéressants comme l’éducation des filles, le poids social, les conventions, les conditions de travail, le socialisme, le suffragisme, les relations familiales… Elle s’est bien documentée sur tous ces thèmes et sur la première guerre mondiale qui intervient dans la deuxième moitié du récit et tout au long du récit, on est à leurs côtés au coeur des Cévennes.

Un roman historique qui a bien des atouts et que je vous conseille même si je suis un peu restée sur ma faim tant le dénouement est vite balayé, ce que j’ai trouvé un peu dommage. Pour le reste, c’est un roman captivant qui m’a réellement intéressé.

Merci aux éditions Presses de la cité pour cette lecture féministe !

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