Littérature française

Les mauvaises épouses – Zoé Brisby

Zoé Brisby vit et écrit à Paris. Historienne de l’art, elle mène une double vie entre littérature et culture. Ses romans, traduits en plusieurs langues et sélectionnés pour plusieurs prix littéraires, ont déjà conquis des milliers de lecteurs à travers le monde.
Après L’habit ne fait pas le moineau, Bons baisers de Copenhague, Plus on est de fous… et Les Égarés, elle nous offre une délicieuse comédie de Noël.

Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. 

En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques. Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle…

Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin…

Avec Les mauvaises épouses, Zoé Brisby dynamite la condition féminine des années 50 aux Etats-Unis, âge d’or du patriarcat tant les femmes n’ont pas droit au chapitre. Comme les décennies précédentes me direz-vous et vous n’avez pas tort mais ces années-là conservent une telle aura de glamour, que l’on pourrait croire que c’était une période où il faisait bon vivre. L’époque d’Elvis, Marilyn et Brando, ça envoie du rêve !

C’est le troisième roman de l’autrice que je lis et à chaque fois, j’adore alors que les sujets et les genres sont très différents, preuve du talent de Zoé Brisby qui est donc en train de devenir une valeur sûre pour moi !

Ici, elle signe un roman intense et palpitant sur deux femmes qui font un choix de vie : celui d’être libres. Et pour sa première incursion dans de l’historique, c’est une réussite car elle s’est fort bien documentée et nous immerge sans problème dans les années 1950.

J’ai été happée dès les premières pages au point d’avoir lu ce roman en une journée seulement. Lorsque l’on met les pieds sur la base et que l’on découvre ces femmes de militaires, leur quotidien d’épouses modèles, totalement tournées vers la satisfaction pleine et entière de leur mari qui les considèrent comme des petites choses fragiles, on grince des dents mais on est ferré, en tout cas je l’ai été totalement.

Le décor est immédiatement planté : dans le désert du Nevada des scientifiques de l’armée américaine étudient les retombées radioactives de la bombe atomique lors de nombreuses expériences sur la base NTS (qui existe réellement !) pour battre les soviétiques.

Les familles des militaires habitent des maisons semblables mais reflétant le statut social de chacun ! Les femmes en parfaites américaines, jouent leur rôle. Chaque mois, elles assistent au loin à la lente ascension du nuage orange se transformant en immense champignon blanc, puis elles organisent des barbecues atomiques, se faisant concurrence entre elles car elles doivent être à la hauteur de ce que leur mari attend d’elles et de leur position dans la hiérarchie de la base.

Rivalités, jalousies et tromperies s’invitent dans la vie mondaine de la base. Summer est malheureuse, policée et complexée. Son mari, directeur scientifique du projet de la nouvelle bombe atomique, la rabaisse sans cesse, la prend vraiment pour une enfant et lui reproche de ne pas comprendre les enjeux des expériences !

Mais Summer les a en horreur, elle a pitié des animaux qui servent de cobayes et des militaires qui doivent observer les effets de la radioactivité sans aucune protection à part des lunettes de soleil. L’arrivée de Charlie, une épouse belle et sensuelle en très hauts talons rouges, cigarette, blue-jean, genre Marilyn Monroe, fait scandale et l’objet de nombreuses médisances.

Charlie va lui ouvrir les yeux et Summer et elle font se rapprocher au point de vouloir tout quitter… Le feront-elles ? Pour le savoir, il vous faudra lire ce roman, ce que je vous encourage à faire tant je l’ai aimé.

Outre la condition féminine, l’autrice aborde la maternité, le mariage, l’homosexualité, les violences conjugales, l’adultère…

Le style de l’autrice est fluide, les chapitres courts et bien rythmés font de ce récit un parfait page-turner qu’on a du mal à lâcher de la première à la dernière page. Le dénouement nous fait espérer une suite, en tout cas je l’espère car j’adorerai retrouver Summer et Charlie à la base ou au ranch !

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