Littérature française

Le Montespan

Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C’était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan… Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose. Dès qu’il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l’homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d’assassinat, il poursuivit de sa haine l’homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme…

Voilà un roman qui a pour cadre le XVIIè siècle mais qui n’est pour autant pas pour moi un roman historique, puisque son style et son langage très cru, sont vraiment contemporains, très loin du style des lettrés de l’époque mais qui n’est pas sans rappeler les facéties de Scarron ou de Cyrano de Bergerac. C’est du roman historique, mais à la sauce 21è siècle et il faut aimer cette cuisine-là, pour prendre du plaisir à cette lecture.

L’auteur choisit de raconter son récit du point de vue de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin alias M. de Montespan, un homme de petite noblesse désargentée, mari de la favorite du roi, qui n’accepte pas de perdre son épouse au profit de Louis XIV. Un mari éperdument amoureux de sa femme, aveuglément même et le portrait que dresse Teulé de Mme de Montespan ne concourt pas à la rendre sympathique, c’est le moins que l’on puisse dire. Elle y est décrite comme froide et calculatrice, n’ayant aucun amour pour son enfant, mais somme toute une femme représentative de la noblesse de l’époque, pour qui les enfants n’avaient aucune importance. Louis-Henri de Pardaillan est un cocu particulièrement mécontent, qui clame haut et fort son courroux, là où les autres époux acceptaient les faveurs royales, et qui le défie tout au long des 300 pages du roman.

Un roman qui n’a pas de valeur historique réelle, Jean Teulé ne s’embarrassant pas de la vérité. Il plante certes son décor au temps de Louis XIV et il décrit parfaitement la noblesse et les mœurs de l’époque, entre faste et immondices, essayant d’apporter au récit une certaine truculence, mais certaines scènes auraient pu être évitées, n’apportant rien à l’histoire.

Le Montespan mêle fiction et histoire, à un point tel qu’on se demande tout au long du récit : est-ce vrai ? Est-ce inventé ? Reste que Teulé dresse ici le portrait d’un homme que l’amour rend aveugle et qu’il le rend très touchant.

Cependant, passés les premiers chapitres, l’histoire s’essoufle et tourne assez vite en rond. Autre bemol : le style Jean Teulté. Je l’ai trouvé décousu et très abrupte, les phrases sont comme tordues, c’est assez déroutant. Je découvre l’auteur avec ce livre et même si passé ce cap, le roman se lit facilement, il ne me donne pas forcément envie de prolonger mes tête-à-tête avec Jean Teulé dans l’immédiat. Je lirais sans doute le magasin des suicidés et Charly 9 car les sujets m’intéressent mais j’avoue que le cas Teulé me laisse perplexe.

Reste un livre efficace, un page turner qui se lit très vite et s’oublie très vite aussi, mais qui reste un sympathique moment de lecture.

Lu dans le cadre du Challenge Le règne de Louis XIV et du Challenge Biographie

    

22 commentaires sur “Le Montespan

    1. Elle n’est pas au service du récit en effet, je n’aime pas lorsque les auteurs ont recours à ce type de langage gratuitement, sans doute pensent-ils que cela va plaire aux lecteurs, en tout cas vu que le monsieur vend très bien ses livres, il y a public pour ça c’est clair !

  1. Je suis d’accord avec toi (je copie sur George ^^), j’avais bien aimé cette lecture sur le coup (même si sans plus) mais en fait il ne m’en reste rien,

    1. L’histoire est originale et me tente bien mais je crains que le style ne me plaise pas encore. Je verrais si je peux l’emprunter à la bibliothèque

    1. Oui c’est ça que je trouve dommage. Les sujets de ses livres sont plutôt originaux mais ne sont pas marquants, je tenterais à nouveau avec Le magasin des suicides qui a l’air meilleur

  2. J’hésitais à le lire mais ton avis me refroidit un peu, en particulier en raison du style que tu juges abrupt et tourmenté… la frontière floue entre la réalité et la fiction ne me dérange pas particulièrement mais si en plus l’histoire tourne en rond… je tenterai peut-être plutôt un autre titre.

    1. J’ai trouvé que ça manquait de souffle, d’idées. Le flou réalité/fiction ne me gêne pas non plus et ne dessert pas ici le récit mais ça tourne en rond

  3. Ok avec mes copines de lecture et toi… J’ai lu après Charly et c’est vrai que le langage vulgaire et moderne m’a fait sourciller. Il faut que je lise Le magasin des suicides.

  4. Je lorgne sur ce roman depuis sa sortie, mais par peur du style de Jean Teulé, je ne m’y suis pas encore risqué ! Tu confirmes mes doutes….Merci pour cette nouvelle participation 🙂

  5. Je rejoins tout à fait ton avis (ta récap’ du mois m’y a amené, je l’avais raté avant…) : je l’ai aussi lu il y a quelques années et n’en garde pas un très bon souvenir. J’avais trouvé l’idée de départ plutôt bonne et le début du texte intéressant, mais plusieurs scènes m’ont dérangée et semblé, comme à toi, ne rien apporter à l’histoire. La vulgarité m’a énormément dérangée également.
    De cet auteur, j’ai ensuite lu Mangez-le si vous voulez, un autre roman historique inspiré d’un fait-divers du 18e siècle dans le Périgord : j’ai gardé un souvenir très fort de cette lecture tellement j’en ai été dégoutée. Teulé semble apprécier les sujets polémiques et développer les immondices plutôt que les fastes… (contrairement à moi : on ne risque donc pas de s’entendre)
    J’espère avoir plus de chance avec Ô Verlaine qu’on m’a donné.

    1. C’est exactement ça, l’idée de départ est bonne d’autant que le personnage était assez peu connu finalement, mais ce roman, est-ce sont style 21è totalement anachronique, je ne sais pas, ne laisse aucun souvenir après lecture, dommage. Je ne lirais pas Mangez-le si vous voulez, cette histoire est trop horrible car elle est véridique et je ne me vois pas du tout lire le martyre de ce pauvre homme. Reste que Teulé a le mérite de sortir des sentiers battus, je lui reconnais au moins ça, même si ça ne ma plait pas

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