Littérature irlandaise

Le pavillon des combattantes

Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge

Emma Donoghue est une historienne, romancière et dramaturge irlandaise qui vit avec sa famille au Canada. Considérée comme une romancière qui a contribué à l’enrichissement de la littérature gay et lesbienne, elle a reçu plusieurs prix littéraires notamment le Stonewall Book Award en 1995 pour son roman « Cara et moi » (Hood) et le Ferro-Grumley Award de la fiction lesbienne en 2000 pour son roman « Slammerkin ».

1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie.

Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police.

Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie.

Avec Le pavillon des combattantes, Emma Donoghue nous plonge en pleine pandémie de grippe espagnole à la fin de l’année 1918. L’ancien monde, déjà ébranlé par quatre années de guerre totale, est en train de s’effondrer. À la maternité de Dublin, une poignée de femmes luttent pour qu’un autre voie le jour.

Ce roman est sans conteste celui que j’attendais le plus dans cette rentrée littéraire dont je fais assez peu cas il faut bien vous l’avouer, je l’ai donc lu aussitôt acheté et je ressors de cette lecture le souffle coupé, les yeux bien humides !

Vous vous doutez donc que j’ai adoré, même si ce n’est pas un coup de coeur, ce huis clos intense et fiévreux dont Julia sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères.

J’ai été séduite par le cadre historique de qualité. Il est indéniable qu’Emma Donoghue s’est bien documentée sur cette pandémie mondiale qui offre une belle résonnance avec la nôtre, un siècle après la grippe espagnole.

Le contexte est bien rendu, on sent bien la terreur s’emparer des malades et des bien portants. Les moyens de fortune mis à leur disposition (masque et lavage des mains), les consignes contradictoires et anxiogènes du gouvernement, ressemblent fortement aux nôtres, et tout ça fait froid dans le dos.

Le trio de combattantes (Julia, Bridie et le Dr Kathleen Lynn) sont très bien dépeintes : des femmes fortes, habitées par leur mission et terriblement attachantes. Si les deux premières sont fictives, le Dr Kathleen Lynn a réellement existé.

Elle a créé et fondé en 1919 le St. Ultan’s Children’s Hospital, une initiative qui a contribué à réduire le taux de mortalité infantile en Irlande. 

L’histoire découpée en quatre parties : Rouge, Marron, Bleu, Noir sont les couleurs que prend la peau aux différents cycles de la maladie, raconte trois journées dans la vie de ses héroïnes, qui oeuvrent pour que des mères atteintes de la grippe espagnole puissent donner la vie dans les meilleures conditions possibles.

Le duo Julia / Bridie qui, bien que très différentes dans leur parcours et caractères, vont vite devenir inséparables et soudées comme les doigts de la main. Ces deux personnages permettent à l’autrice d’aborder des thèmes intéressants comme la maternité, les séquelles de la guerre, le travail des femmes, le sort réservé aux orphelines et aux filles mères…

Tout au long du récit, on tremble pour ces femmes et leurs bébés dont l’état de santé peut se dégrader en l’espace de quelques heures de façon dramatique et pour nos héroïnes qui luttent à leurs côtés au mépris de leur propre santé.

Les rares personnages masculins croisés dans le récit, victimes de la guerre sont bien mal en point : Tim, le petit frère de Julia revenu mutique de la guerre, les trois vétérans, chargés d’évacuer les corps des morts à l’hôpital, portent des stigmates plus visibles de leurs traumatismes.

Si j’ai été très séduite par l’ensemble du récit, j’ai trouvé la fin trop expéditive et peut-être un peu trop mélodramatique. J’aurai préféré un dénouement plus original mais je vous conseille sans réserve ce roman qui va longtemps me rester en mémoire.

2 commentaires sur “Le pavillon des combattantes

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