Littérature australienne

Jack Maggs – Peter Carey

Londres, 1837. Jack Maggs, déporté comme criminel en Australie pendant de longues années, est de retour. Malgré son passé mystérieux, il réussit à se faire engager comme valet chez Percy Buckle, un riche commerçant qui pratique avec quelques amis des séances de magnétisme. Parmi eux se trouve Tobias Oates, jeune écrivain à succès obsédé par la notion de criminalité. Craignant qu’ils ne divulguent son passé honteux, en particulier auprès de Mercy Larkin, la femme de chambre dont il est amoureux, Jack Maggs les menace sans pour autant réussir à se dégager de leurs pouvoirs hypnotiques. Quels sont les liens entre Maggs et le jeune dandy Henry Philips, propriétaire invisible de la maison voisine ? Qu’est-ce que le ténébreux Maggs écrit nuit après nuit, caché dans la maison inexplicablement vide de Philips ?

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Jack Maggs se veut un hommage à l’oeuvre de Dickens et plus particulièrement à l’un de ses romans les plus connus : Les Grandes Espérances. On y retrouve des thèmes chers à l’auteur comme le traitement réservé aux orphelins, proprement indigne en ce début du 19è siècle et que j’avais aussi pu constater dans les deux romans signés Romain Sardou Une seconde avant Noël et Sauver Noël, qui ont pour thème un orphelin dans le Londres victorien, là aussi deux hommages au grand Dickens et que je vous recommande. C’est aussi un bel hommage à la littérature feuilletonnesque du 19è siècle, le personnage principal Jack Maggs, est un bagnard, condamné à la relégation en Australie pour vols, et qui depuis sa grâce, a fait fortune. Il revient à Londres clandestinement, puisqu’il n’a pas le droit d’être sur le sol anglais, pour y retrouver Henry Phipps, un orphelin qu’il considère comme son fils.

La figure du bagnard, force de la nature qu’incarne Jack Maggs n’est pas sans rappeler d’autres bagnards célèbres de la littérature nés sous la plume de Victor Hugo, Alexandre Dumas et Gaston Leroux : Jean Valjean, Edmond Dantès et Chéri-Bibi. Cependant, contrairement à ces prédécesseurs, le héros de Peter Carey ne cherche pas à se venger de Tom et de Ma’ Britten, qui ont pourtant fait son malheur. Il n’est pas non plus en quête de respectabilité mais d’un fils, qui n’est pourtant pas le sien, mais auquel il se raccroche de toutes ses forces. Enfant abandonné, sauvé de la mort par Silas, un voleur, qui va le confier à une nourrice, il va grandir sans amour et sans affection. Dès l’âge de 4 ans, il doit descendre dans les conduits de cheminée afin de déverrouiller la porte qui permettra à Silas de voler l’argenterie. L’homme va lui apprendre à reconnaitre tous les poinçons et lui adjoindre sa fille, Sophina, avec laquelle il va enfin connaitre l’amour à l’adolescence. On va le voir ainsi évoluer sur plusieurs années, par le biais de souvenirs avoués par Jack Maggs à Tobias Oates lors de séances de spiritisme. Ces passages narrant le quotidien des voleurs m’ont rappelé Du bout des doigts de Sarah Waters, roman que je vous recommande chaudement si vous ne l’avez pas lu, et qui est nettement plus brillant que Jack Maggs.

Jack Maggs se fait embaucher comme valet de pied chez un ancien épicier ayant perçu un gros héritage, Percy Buckle. Celui-ci habite la maison voisine d’Henry Phipps, qu’il trouve porte close. Il rejoint donc la domesticité de Buckle afin de guetter le retour de Phipps. L’auteur met aussi en scène toute une galerie de personnages qui aident ou pas Jack Maggs dans sa quête : Mercy, la fille de cuisine, Percy Buckle, son patron, Eddie Constable, valet de pied de Buckle, Tobias Oates, un journaliste qui voit dans Jack Maggs un excellent sujet pour son prochain romain et qui lui réclame 10 séances de spiritisme avant de le conduire chez son fils, Mary Oastes, la femme de Tobias et Lizzie, sa belle-soeur.

Roman complexe et multiforme, à la fois biographie et fiction, ce récit est constitué d’une multitude d’intrigues, de mystères et de rebondissements gérés certes de main de maître, mais qui ont fini par me lasser. Il y a pour moi trop de personnages, trop d’intrigues parallèles qui m’ont perdues par moment. J’espérais à chaque nouveau chapitre que le mystère soit tout à fait résolu pour passer à autre chose. L’auteur s’appesantit trop sur les rebondissements et la peur physique qu’inspire son héros. Dommage, car il y a beaucoup d’éléments intéressants dans Jack Maggs mais la narration trop bavarde et la lenteur du récit ont eu raison de ma patience.

Une lecture mitigée pour ma part !

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Lu dans le cadre des challenges British mysteries et Au service de… :

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11 commentaires sur “Jack Maggs – Peter Carey

  1. Dommage que cette multitude d’intrigues t’ait lassée… Surtout qu’en à peine 340 pages ça doit dépoter grave pour gérer autant de personnages et de fils d’intrigue… Peut-être quand il sortira en poche… Le contexte et l’époque me plaisent bien quand même 😉

    1. J’ai trouvé que l’auteur en faisait trop alors que le sujet est riche et intéressant mais je ne regrette pas de l’avoir lu. Si tu as l’occasion de l’emprunter comme moi à la bibliothèque, je serais curieuse de lire ton avis 🙂

  2. Ton billet est très intéressant comme d’habitude mais je crois que, comme Céline, je passerai mon tour aussi.
    Merci pour cette nouvelle participation! Je rajouterai le lien ainsi que celui pour Mary Poppins ce soir.
    Biz

  3. Ah oui c’est dommage.. je vais peut-être m’intéresser à Du bout des doigts ! merci 😉 et bonne fin de soirée Bianca 😀

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