Littérature canadienne

Les testaments – Margaret Atwood

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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Margaret Atwood, née à Ottawa en 1939, est l’auteure d’une quarantaine de livres – fiction, poésie et essais critiques. Traduite dans plus de cinquante langues, elle est l’une des plus grandes romancières de notre temps. Sont notamment parus chez Robert Laffont Le Tueur aveugle ( » Pavillons « , 2002), La Servante écarlate ( » Pavillons Poche « , 2017), un classique qui ne cesse d’être redécouvert et aujourd’hui une série TV unanimement saluée, ainsi que Captive ( » Pavillons « , 2017), également porté au petit écran.

Quinze ans après les événements de La Servante écarlate, le régime théocratique de la République de Galaad a toujours la mainmise sur le pouvoir, mais des signes ne trompent pas : il est en train de pourrir de l’intérieur.

À cet instant crucial, les vies de trois femmes radicalement différentes convergent, avec des conséquences potentiellement explosives. Deux d’entre elles ont grandi de part et d’autre de la frontière : l’une à Galaad, comme la fille privilégiée d’un Commandant de haut rang, et l’autre au Canada, où elle participe à des manifestations contre Galaad tout en suivant sur le petit écran les horreurs dont le régime se rend coupable.

Aux voix de ces deux jeunes femmes appartenant à la première génération à avoir grandi sous cet ordre nouveau se mêle une troisième, celle d’un des bourreaux du régime, dont le pouvoir repose sur les secrets qu’elle a recueillis sans scrupules pour un usage impitoyable.

Et ce sont ces secrets depuis longtemps enfouis qui vont réunir ces trois femmes, forçant chacune à s’accepter et à accepter de défendre ses convictions profondes…

Deux ans après ma lecture de La servante écarlate, le roman dystopique de Margaret Atwood, devenu un classique contemporain, je renoue avec l’univers de Galaad avec Les testaments.

Plus de trente ans après son chef d’œuvre qui connaît un certain retentissement depuis qu’il a été adapté en série télévisée, la romancière canadienne nous donne à lire sa conclusion (définitive ?), en tout cas une suite toute aussi prenante que le premier opus.

J’avoue, que mise à part des réserves sur les cinquante dernières pages, comme dans La servante écarlate, j’ai adoré cette lecture que j’ai trouvé passionnante et particulièrement glaçante.

Contrairement à La servante écarlate dans laquelle nous ne suivions que Defred, Les testaments est un roman à trois voix. Margaret Atwood donne tour à tour la parole à Agnès, fille d’un commandant qui refuse le mariage qu’on lui destine, Daisy, fille de militants canadiens anti-Galaad et tante Lydia, l’une des fondatrices du régime. Cette dernière est à mon sens la plus intéressante à suivre puisqu’elle revient sur tout son parcours au sein de Galaad et l’évolution de cette dictature religieuse.

Cette ancienne juge a échappé de peu à la mort lors des purges menées par le nouveau pouvoir en place et s’est vu confié au fil des années de plus en plus de responsabilités jusqu’à devenir la responsable des Tantes, les seules femmes qui ont le droit de lire et détiennent des miettes de pouvoir que les hommes, tout-puissants dans cette société ultra religieuse, veulent bien leur laisser.

Il y a beaucoup à dire sur ce roman anxiogène car au-delà de la place des femmes dans la société de Galaad, il s’agit d’un roman sur la privation des droits et des libertés pour la très grande majorité de la population qui vit dans la crainte car les Oeils, nom donné aux espions, sont légion. Et malheur à ceux qui fuient le pays ou les traitres à la cause qui sont exécutés par pendaison ou déchiquetation.

Les femmes sont au premier rang des victimes de Galaad. Condamnées à trois types de rôles : celui d’épouse, de domestique ou d’esclave sexuelle. Au point que les jeunes filles qui ne veulent endosser aucun de ces rôles préfèrent simuler un appel de Dieu à rejoindre les Tantes dans leur sanctuaire interdit aux hommes.

Les hommes ne sont pas mieux lotis, les dirigeants mis à part, puisque eux seuls ont accès au pouvoir mais ils vivent aussi dans la peur des dénonciations si ils ne respectent pas à la lettre la doctrine de Galaad.

En dévoilant l’histoire des femmes des Testaments, Margaret Atwood nous donne à voir les rouages internes de Galaad dans un savant mélange de suspense haletant, de vivacité d’esprit et de virtuosité créatrice.

Difficile de revenir sur chaque point marquant de ce grand roman, il y en a beaucoup et je ne souhaite pas trop en dévoiler ici afin de ne pas gâcher la lecture de celles et ceux qui n’ont pas encore lu cette dystopie.

En refermant ce roman, je ne peux que vous conseiller de vous y plonger à votre tour, c’est une lecture importante qui me restera longtemps en mémoire. La situation décrite par Margaret Atwood est hélas crédible.

Un grand merci à Filippa et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture passionnante et à Belette pour m’avoir accompagné, vous pouvez retrouver son avis ici ! Nous sommes une fois de plus sur la même longueur d’ondes.

10 commentaires sur “Les testaments – Margaret Atwood

  1. On aurait pu craindre une suite « commerciale » mais non, si elle est commerciale, elle n’en reste pas moins profonde, étudiée, l’auteure n’écrit pas juste pour dire « je me fais du fric », elle a donné plus de corps à Galaad et à d’autres personnages.

    Une suite excellente que je préfère au premier tome que j’avais trouvé un peu froid de ton. Tu m’excuseras, Defred…

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