Littérature française

La prisonnière de la mer – Elisa Sebbel

Docteur en littérature française, Elisa Sebbel enseigne dans une université espagnole et vit à Majorque. Découvert dans le cadre du Mazarine Book Day 2018, pour lequel il a reçu la « mention spéciale du jury », son premier roman, La Prisonnière de la mer, dévoile un drame oublié de notre histoire.

1809. Les guerres napoléoniennes font rage. Alors qu’ils croyaient être rapatriés en France, cinq mille prisonniers se retrouvent captifs sur l’îlot de Cabrera, dans les Baléares. Pour survivre, un maigre filet d’eau douce, des rations insuffisantes, des abris précaires qu’il leur faut bâtir eux-mêmes. Vingt-et-une femmes les accompagnent, parmi lesquelles Héloïse, vivandière de 18 ans dont le mari a succombé en mer, emportant avec lui son insouciance et sa légèreté.

Si la guerre avait déjà meurtri les hommes, le désespoir leur fait bientôt perdre la raison. Par chance, Henri, chirurgien de l’armée, se prend d’affection pour Héloïse.

Entre privations, épidémies et tempêtes, les maux et les morts s’accumulent, l’espoir s’amenuise, et Héloïse ne songe qu’à se libérer enfin de cet enfer – jusqu’à ce nouvel arrivage de prisonniers et de Louis qui fait tout chavirer.

À force de ténacité, la jeune femme parviendra-t-elle à se sauver ? Car si l’amour est une captivité volontaire, la mer l’a déjà faite prisonnière…

La prisonnière de la mer est le premier roman d’Elisa Sebbel qui prend pour point de départ un épisode méconnu de notre histoire : suite à une bataille perdue par l’armée napoléonienne, les autorités font seize mille prisonniers répartis sur plusieurs villes d’Espagne.

Et parmi ces prisonniers, cinq mille hommes et vingt-et-une femme vont se retrouver sur l’île de Cabrera, dans les Baléares. Ces hommes et ces femmes laissés dans le plus grand dénuement vont être ravitaillés chichement par les autorités et vont connaître les épidémies et la faim.

Faute de soins et de nourriture suffisante, beaucoup périssent dans ce qui peut être considéré comme l’un des premiers camps de concentration de l’histoire.

Dans ce roman, l’autrice veut rendre hommage aux femmes prises dans cet exil : les vivandières. Ces femmes, attachées à des régiments pour servir de personnels de service, vendaient aux troupes des vivres et des boissons, en dehors de l’ordinaire, ainsi que des objets de première nécessité.

Toutes étaient femmes de soldats qui trouvaient par ce biais le moyen de rester avec leurs époux. Ce roman aura eu le mérite de mieux me familiariser avec ces femmes qui sont toutes des veuves lorsqu’elles mettent le pied sur l’île.

Elisa Sebbel s’attache à démontrer le quotidien de ces femmes qui vont servir d’infirmière dans l’hôpital de fortune mis en place par les chirurgiens. Elle nous montre la difficulté pour elles de vivre dans la promiscuité avec des hommes et vont petit à petit se retrouver sous le joug masculin.

Héloïse, l’héroïne, est plutôt chanceuse, car un homme bienveillant et doux, l’un des chirurgiens, va tomber amoureux et la prendre sous son aile. Ses compagnes, le seront nettement moins, puisqu’elles tomberont dans une prostitution forcée.

Tout ceci aurait pu être passionnant mais je ressors diablement déçue de ma lecture. L’histoire se révèle plate et sans grand intérêt pour moi, à part nous raconter les épidémies et la faim qui tenaille ses héros, on tourne franchement en rond.

Second point négatif : on tombe dans un triangle amoureux insipide entre Héloïse, Henri le chirurgien tellement gentil et Louis l’officier beau à se damner, avec tous les clichés que cela comporte, tant au niveau des personnages qui manquent cruellement d’épaisseur, que dans le dénouement, tellement prévisible.

Pour être honnête, je me suis ennuyée ferme, à deux doigts de l’abandon mais pensant malgré tout que l’histoire allait s’améliorer, j’ai fini par le lire en diagonale, mais en vain puisque rien ne m’a plu.

En résumé, une bonne idée de départ qui aurait pu se transformer en grand roman, hélas Élisa Sebbel a préféré nous proposer une bluette cousue de fil blanc et sans saveur.

Vous l’aurez compris, mon intérêt s’est rapidement éteint devant cet ennui abyssale et un évident manque de souffle romanesque. Très déçue donc !

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