Littérature française

Les heures indociles – Eric Marchal

Lu dans le cadre des 12 pavés que j’aimerai sortir de ma pal et du challenge 1 pavé par mois :

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Éric Marchal a souvent été appelé le « Ken Follet français » par la presse. Ses quatre premiers romans, Influenza, Le Soleil sous la soie, La part de l’aube et Là où rêvent les étoiles, ont tous été de grands succès.

1908, Londres. La reine Victoria n’est plus et son fils Edward VI se rapproche de ses voisins européens. Le vieux monde britannique se fissure sous l’impulsion de groupes d’avant-garde, comme les suffragettes qui mènent une lutte acharnée pour le droit de vote des femmes.

L’heure n’est pas à la révolution, mais à une révolte sociétale de moins en moins feutrée dont les hauts faits se déroulent dans le Londres de Virginia Woolf et de Conan Doyle, celui des parcs et de la bourgeoisie de l’ouest et que des taudis de l’East End ouvrier.

Les heures indociles signe mes retrouvailles avec Éric Marchal que j’avais découvert avec La part de l’aube, un roman passionnant qui a pour décor lyon, la capitale des gaules, au XVIIIè siècle.

Changement de siècle et de décor avec ce roman qui nous relate le parcours de trois personnages hors du commun : Olympe Lovell, la suffragette, une guerrière au service de Mrs Pankhurst, prête à tous les sacrifices pour la cause.

Une femme qui n’hésite pas à aller en prison ni de faire des grèves de la faim pour faire avancer la cause des femmes.

Thomas Belamy, l’annamite, est médecin au Saint Bartholomew Hospital, le plus vieil établissement de Londres. Il travaille dans le service flambant neuf des urgences et dirige un département de médecine non conventionnelle dont le but est d’unifier les pratiques occidentales et chinoises.

Enfin, Horace de Vere Cole, le plus excentrique des aristocrates britanniques, poète et mystificateur, à la recherche de son chef d’oeuvre : le plus grand canular de tous les temps.

Chacun d’eux est un rebelle. À deux, ils sont dangereux. À trois, ils sont incontrôlables et deviendront la cible du pouvoir et d’un mystérieux personnage se faisant appeler l’apôtre.

Ils ont aussi leur lot de secrets et une enfance pas si simple à porter et on va les suivre tout au long de son roman se dépêtrer des embuches semées sur leur chemin.

Comme dans La part de l’aube, Eric Marchal met en scène des personnages issus de son imagination et des personnalités qui ont réellement existé comme Emmeline Pankhurst, fondatrice du Women’s Social and Political Union et sa fille Christabel, Winston Churchill, Edouard VII, Lord Asquith, Horace de Vere Cole, les membres du Bloomsbury Group…

Très bien documenté, ce roman aborde plusieurs thématiques mais il met plus particulièrement l’accent sur l’émancipation féminine. Eric Marchal nous dépeint la condition féminine au début du XXè siècle : des convenances étriquées aux balbutiements de la libération de la femme, l’auteur met en lumière la thématique des suffragettes face aux politiques qui leur refusait ce qu’elles leur demandait, le droit de vote.

On y voit toute la répression mise en œuvre à l’encontre de ces femmes qui manifestent de façon tout à fait pacifique et qui se font charger par la police avec une violence inouïe et sévèrement condamnées par les juges. Une escalade dans la violence qui va aboutir à une méthode scandaleuse : le gavage de celles qui se définissaient comme prisonnières politiques, ce qui leur sera toujours refusé.

D’un autre côté, on suit Thomas Bellamy, un médecin annamite très en avance sur son temps, qui grâce à l’appui du directeur de l’hôpital, parvient à devenir chef des urgences, en dépit de ses origines.

Avec lui, on voit comment fonctionne la médecine et son service de l’intérieur, la place des infirmières, des différents médecins et étudiants.

J’ai beaucoup aimé ces deux personnages d’une grande modernité qui recèlent aussi bon nombre de secrets. Apprécié aussi la personnalité haute en couleur d’Horace de Vere Cole même si je ne comprends pas l’intérêt d’avoir introduit ce personnage et ses canulars, qui à mon sens, n’apportent rien au récit. Tout comme les séances du Bloomsbury Group qui raviront les admirateurs de Virginia Woolf mais qui m’ont laissé de marbre.

Un très bon roman malgré tout, bien documenté porté par des personnages attachants que je vous recommande si les thématiques et l’époque où se déroule ce récit vous passionne, pour ma part, malgré quelques longueurs, j’ai passé un excellent moment en sa compagnie !

6 commentaires sur “Les heures indociles – Eric Marchal

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