Romans graphiques, manga et bd

Divine : vie(s) de Sarah Bernhardt – Marie Avril & Eddy Simon

Eddy Simon est journaliste et auteur. Il est le cocréateur du fanzine de bande dessinée Sapristi en 1983 et le créateur du fanzine de bandes dessinées Dynamick en 1985. De l’illustration à la BD, le projet professionnel de Marie Avril s’étend à tout type d’images (édition, presse, com, pub, artisanat, peinture, fresque…).

Je pense que tout le monde a entendu au moins une fois dans sa vie le nom de Sarah Bernhardt. Née au milieu du XIXè siècle, morte une poignée d’années après la fin de la première guerre mondiale, Sarah était la plus grande comédienne de son temps et un personnage éminement romanesque, moderne, qui a su prendre son destin en main et bousculer les traditions.

C’est pour moi une figure de femme totalement fascinante par sa beauté, son aura, l’impact qu’elle a eu sur la scène française et internationale et j’étais très curieuse de découvrir cette biographie dessinée.

Surnommée par Victor Hugo «la Voix d’or», ou par la presse «la Divine», elle est considérée comme la plus grande tragédienne française du XIXE siècle, capable d’endosser aussi bien des personnages masculins que féminins. Jean Cocteau a inventé pour elle l’expression de « monstre sacré », sobriquet appliqué depuis lors à d’autres acteurs et actrices tout au long du XXè siècle.

Elle a rempli des théâtres, fait des tournées dans une grande partie du globe et même tourné pour le cinématographe encore balbutiant. Une vie ou plutôt des vies multiples que s’attachent à nous raconter pendant près de deux cents pages Eddy Simon et Marie Avril.

Divine : vie(s) de Sarah Bernhardt est une biographie graphique aussi libre que la vie de cette femme hors du commun. Retracer toute la vie de la célèbre comédienne sous le biais d’un roman graphique aurait été une gageure, les auteurs ont préféré s’attacher à une période charnière de son existence entre 1871 et 1880.

Neuf années foisonnantes durant lesquels Sarah va construire sa légende, travailler au théâtre et va connaître la consécration. Le récit débute alors que la Commune de Paris essuie les assauts des prussiens, Sarah est déjà très connue, ce qui n’empêchera pas notre héroïne de s’engager comme infirmière afin de soigner sans relâche les blessés de la guerre, quels qu’ils soient, prussiens comme français.

Véritable star dans l’hexagone, elle excelle dans l’art de la publicité, n’hésitera pas à choquer sa propre famille en dormant dans un cercueil, en adoptant des fauves et cotoyant les puissants comme les artistes. Proche d’Edmond Rostan et surtout d’Oscar Wilde qui a écrit pour elle Salomé, elle ne cessera de se produire sur les scènes du monde entier, même après son amputation.

Habitué des biographies graphiques, le scénario d’Eddy Simon découpé en actes, comme au théâtre, rend un bel hommage à la Divine en montrant la comédienne telle qu’elle était : fantasque dans tous les aspects de sa vie mais aussi terriblement pugnace, ne renonçant jamais aux objectifs qu’elle se fixe. Les dialogues qui ponctuent le scénario sont savoureux et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cet album.

D’autant plus que les illustrations à l’aquarelle et à la gouache de Marie Avril sont très belles et s’inspirent fortement des affiches de Mucha, que j’adore, qui mettait merveilleusement en valeur la tragédienne.

Un petit bémol toutefois : les évènements sont trop brièvement évoqués à mon goût, j’aurai préféré quelques pages supplémentaires même si la notice biographique en fin d’ouvrage vient combler les trous laissés par les auteurs.

Ceci mis à part, je ne peux que vous recommander Divine(s) vies de Sarah Bernhardt, une biographie graphique très réussie autant sur la forme que sur le fond.

Laisser un commentaire