Littérature française

Célestine du Bac – Tatiana de Rosnay

Franco-anglaise, Tatiana de Rosnay est l’auteur de treize romans traduits dans une quarantaine de pays. Plusieurs ont été adaptés au cinéma.

Martin Dujeu, dix-huit ans, a deux amours : son beagle Germinal et l’oeuvre d’Emile Zola. Ce grand échalas blond comme les blés aux pieds palmés, myope de surcroît, habite rue du Bac dans un grand appartement bourgeois.

Il ne communique quasiment plus avec son père, un ténor du barreau, et s’apprête à tripler sa terminale, les études ne l’intéressant guère, il préfère se consacrer à la rédaction de son premier roman.

Père et fils sont toujours endeuillés par la mort de Kerstin, la mère suédoise de Martin, disparue dans un accident d’avion alors qu’il n’avait que deux ans.

C’est en promenant Germinal dans les rues du VIIè arrondissement que Martin va croiser Célestine du Bac, vieille clocharde ayant élu domicile sous un porche de la rue du Bac.

Ces deux êtres que tout semble opposer vont se découvrir une passion commune pour l’écriture, apprenant à s’apprivoiser en dépasser progressivement leurs préjugés pour toucher à l’essentiel.

Célestine du Bac est le premier roman qu’a écrit Tatiana de Rosnay : « Ce roman, je l’ai écrit en 1990. J’avais rangé le manuscrit dans un carton, puis l’avais oublié. Jusqu’au jour où, à l’occasion d’un déménagement, nous nous sommes retrouvés, lui et moi. Je l’ai relu avec émotion et il m’a semblé qu’il avait aujourd’hui une résonance particulière. »

Avec Tatiana de Rosnay, que je trouve très sympathique au demeurant, je n’ai eu quasiment eu que des déceptions : Rose ; Le voisin ; Les fleurs de l’ombre  m’ont laissé sur ma faim. Seul Son carnet rouge m’avait plu mais Célestine du Bac a changé la donne car je l’ai littéralement adoré et lu d’une traite !

C’est bien simple, tout m’a plu ! La plume de Tatiana de Rosnay, les personnages de Martin et Célestine, les thèmes qu’elle traite dans ce roman (le deuil, la différence, l’acceptation de soi et des autres, l’amitié, l’amour…), ce Paris dont elle parle si bien.

Peu de romans abordent le thème de la clochardisation et des sans-domicile fixe, Tatiana de Rosnay le fait avec doigté, tendresse et réalisme, ne tombant jamais dans les écueils. Elle en profite pour aborder les clichés que l’on peut avoir sur ces hommes et ces femmes qui vivent dans la rue, les dynamitant avec beaucoup de justesse.

Mais ce qui m’a le plus intéressée et émue, c’est la très belle relation qui se noue au fil des pages entre Martin et Célestine. Lui, fils de bonne famille et rêveur. Elle, sans âge, sans domicile, abîmée par la vie et l’alcool.

Tout les sépare et pourtant, ces deux handicapés de l’amitié et de l’amour vont peu à peu s’apprivoiser en dépit du père de Martin. Ils vont beaucoup s’apporter l’un à l’autre et tisser des liens filiaux.

Martin mettra de l’amour et du réconfort dans le quotidien de Célestine. Célestine apportera de la magie dans la vie de Martin.

Ce roman a fait battre mon coeur très fort. Il m’a fait rire et beaucoup pleuré aussi. Plusieurs jours après l’avoir refermé, j’y repense toujours alors Merci Tatiana d’avoir sorti ce bijou de vos cartons, d’avoir amené Martin et Célestine dans ma vie de lectrice, je ne suis pas prête de les oublier.

Un roman coup de foudre et je ne m’y attendais pas ! Je ne peux que vous conseiller de découvrir à votre tour cette petite merveille.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette magnifique lecture.