Littérature anglaise

Frankenstein – Mary Shelley

En expédition vers le pôle Nord, Robert Walton adresse à sa sœur des lettres où il évoque l’étrange spectacle dont il vient d’être le témoin depuis son bateau : la découverte, sur un iceberg, d’un homme en perdition dans son traîneau. Invité à monter à bord, Victor Frankenstein raconte qu’il n’est venu s’aventurer ici que pour rattraper quelqu’un – qui n’est autre que la créature monstrueuse qu’il créa naguère, et qui s’est montrée redoutablement criminelle. Paru en 1818, Frankenstein est né deux ans plus tôt sur les bords du Léman, un jour où Lord Byron proposait à quelques amis, dont le poète Shelley et son épouse Mary, que chacun écrivît une histoire de spectre. Ce roman fantastique annonce la science-fiction et, depuis près de deux siècles, n’a cessé de susciter un sublime effroi – de terrifier, donc, mais surtout de séduire.

Frankenstein-Mary-Shelleyauteur-éditeur-pagesEn ce jour d’Halloween, je ne pouvais pas faire autrement que de vous présenter un roman gothique, et quel roman ! Un roman culte en fait, publié en 1818 mais qui reste envoûtant près de deux siècles après : Frankenstein ou le Prométhée moderne. Aussi incroyable que cela puisse vous paraitre, je ne connaissais absolument pas l’histoire de Victor Frankenstein et de sa créature, ce fut donc une totale découverte et un vrai bonheur de lecture, d’autant qu’il était partagé avec ma copinaute Céline.

Tout commence, comme souvent en littérature fantastique classique, par une lettre, celle de Robert Walton à soeur. L’homme est en pleine expédition maritime vers le Pôle Nord lorsqu’il recueille Victor Frankenstein, qui désespéré et à bout de forces, lui raconte ensuite l’histoire de sa vie. Se succèdent ensuite plusieurs récits dans le récit jusqu’au point final. Tout d’abord, celui de Frankenstein qui revient sur son enfance, ses parents, ses études en médecine naturelle qui l’amènent, passionné par son sujet, à tenter une expérience totalement folle : créer une nouvelle espèce d’homme.

Sa créature enfin crée, Frankenstein, épouvanté par le résultat et prenant conscience de la folie de son expérience, tombe gravement malade. Terrassé par la maladie, il est soigné par son ami Clerval, mais à la fin de sa convalescence qui dure plusieurs mois, il apprend l’assassinat de son jeune frère William et l’identité de son meurtrier, Justine Moritz, une jeune fille recueillie par ses parents qui sera condamnée à mort et exécutée. Frankenstein, persuadé que ce meurtre a été perpétré par le monstre, ne peut sauver la jeune fille sans révéler son expérience et préfère fuir Genève. Il part à Chamonix où il rencontre son monstre qui lui fait à son tour le récit de sa vie depuis qu’il a quitté son créateur. Ce dernier livré à lui-même, a du apprendre à survivre seul. Son apparence, effrayante et repoussante, lui voue la haine et le rejet des hommes et celle de son créateur, et fera naitre des envies de vengeance de la part du monstre. Je ne vous en dis pas plus, le reste à découvrir sous la plume élégante de Mary Shelley.

L’auteure délaisse ce qui a fait le succès de ses prédécesseurs, le fantastique, pour construire un récit terrifiant et bien ancré dans le réel. Ici, pas de manichéisme avec un gentil Frankenstein et un vilain monstre, Mary Shelley donne à ses personnages une teinte plutôt grise. Le monstre, de nature bienveillante mais horrible à voir, devient conforme à son physique, terrifiant. Son récit est celui que j’ai trouvé le plus émouvant et le plus intéressant, ce monstre qui a des aspirations d’homme est au fond très attendrissant. Frankenstein m’est apparu à l’inverse, comme un homme arrogant et lâche, qui ne prend pas ses responsabilités et qui donnent de l’Homme une vision peu glorieuse.

On ne peut que saluer l’audace de Mary Shelley d’avoir écrit ce livre et mis au cœur du récit, un thème très intéressant, celui d’un homme se prenant pour Dieu et qui se retrouve dépassé par sa création. Un sujet encore d’actualité puisque certains apprentis sorciers se targuent de pouvoir recréer des hommes préhistoriques ou des dinosaures, espérons qu’ils n’y arrivent jamais.

Un grand roman et une référence à mettre entre toutes les mains !

heart_4Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Céline et des challenges La plume au féminin édition 2013, Les 100 livres à avoir lu au moins une foisBritish mysteriesGod save the livre édition 2013 et Halloween :

    challenge-des-100-livres-chez-bianca    2168108069.2       halloween

34 commentaires sur “Frankenstein – Mary Shelley

  1. Très bonne critique! 🙂 J’avais lu une version simplifiée pour les cours en 5ème, je me rappelle avoir eu du mal à dormir après mais j’aimerais bien retenter de le lire, mais la version originale cette fois 🙂

  2. Nous avons le même ressenti sur les personnages ! J’ai été ravie de découvrir avec toi ce roman idéal à lire à cette période de l’année… Bises !

  3. J’ai vu un film il y a longtemps sur le personnage mais moi qui ne suit pas trop « horrific », tu me tentes, je le note comme j’ai noté ton Jack-O-lantern, pfff !!! je ne vais pas m’en sortir ! Je le programme pour l’Halloween 2014 ! 😀
    Comme je suis débordée en ce moment, j’avais commencé à lire ton billet sur « Fitzgerald le désenchanté », je le cherche pour le finir !!! Vilaine fille, pas bien de me tenter comme ça ! 😆

  4. Je ne l’ai pas encore lu mais un jour, peut-être!
    Alors ça y est, il s’agit vraiment de ta dernière lecture dans le cadre du challenge Halloween?
    Merci en tout cas pour toutes tes contributions. 🙂

  5. J’en ai vu une adaptation théâtrale cet été et suis curieuse de lire le roman original depuis. Je me rends compte avec ton résumé du début que la pièce est assez réductrice et a sans doute surtout gardé l’esprit.

    1. En même temps l’introduction peut sans problème être zappée, elle n’apporte rien au récit, alors je comprends que l’auteur de l’a pièce ne l’ai pas retenue

  6. Surtout que l’auteure l’a écrit à 19 ans apparemment ! Il me tente beaucoup, et surtout par le fait qu’il reste encore d’actualité. En effet, comment ne pas penser aux nouvelles sciences, au fait que l’on vaut toujours aller plus loin, c’est parfois très bénéfique mais parfois cela engendre de drôles de choses.

  7. Je ne l’ai jamais lu non plus. Mais c’est bien de trouver sur les blogs des billets sur les classiques, ça pousse à les piocher sur les étagères et pour certains classiques, ça serait dommage de passer à côté. Je note celui là pour la route. Merci!

    1. Je suis d’accord avec toi, les classiques ont du bon et méritent aussi d’être lus. Contente de t’avoir convaincue de lire Frankenstein 🙂

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