Littérature anglaise

Une femme insoumise – Janet MacLeod Trotter

Lu dans le cadre du Mois anglais et du challenge 1 pavé par mois :

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1931. La crise frappe de plein fouet la petite ville de Byfell, aux environs de Newcastle. Criblé de dettes et rongé par l’alcool, Harry Magee se suicide, laissant derrière lui une famille démunie et un épais mystère. Amenée à subvenir aux besoins de sa famille, Clara, sa fille aînée, est propulsée bien malgré elle dans le monde des adultes. Malgré la tourmente, elle continue de rêver au frère de sa meilleure amie, Frank Lewis, dont elle est éprise en secret depuis des années.
Patience, sa mère, préférerait à Frank Vinnie Craven, l’homme d’affaires qui tente de conquérir sa fille. De sorties en dîners de gala, le tourbillon de mondanités dans lequel il entraîne Clara laisse miroiter à la jeune femme une existence de rêve. Mais, une fois mariée, elle découvre le véritable visage de cet homme manipulateur, de plus en plus influent au sein du parti fasciste britannique.

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1930, l’Angleterre, comme le reste de l’Europe, subit la crise de plein fouet. A Newcastle, la famille Magee s’en sort plutôt bien et tient un commerce florissant. Harry est un ancien héros de guerre et boxeur amateur et il forme avec Patience, un bon duo.

Clara leur fille aînée a quitté l’école pour les aider au magasin et Jimmy, le cadet, se rêve en boxeur comme son père et il hante la salle de Vinnie Craven du matin au soir. Un jour, un homme aborde Clara, il veut parler à son père et lui demande de le prévenir.

Harry prend peur et demande à Vinnie de régler la question pour lui. A partir de ce jour, tout va aller de mal en pis pour Harry qui va sombrer dans la boisson et le jeu et finit par se pendre dans sa boutique.

C’est Clara qui découvre son père et qui va devenir le chef de famille car Jimmy est trop jeune et Patience tombe dans une grave dépression. La jeune fille se rapproche alors de plus en plus des Lewis, une famille socialiste d’origine allemande. Elle est d’ailleurs secrètement amoureuse de Franck, l’aîné, qui semble pourtant ne pas s’en rendre compte, et se fait courtiser par Benny le cadet. Sa meilleure amie est leur sœur Rennie.

Le commerce des Magee privé du patriarche périclite rapidement, Clara se rend compte que le compte bancaire de ses parents est vide et les fournisseurs ne tardent pas à réclamer le paiement de leurs dettes. Les Magee s’enfoncent alors inéxorablement dans la précarité. Vinnie va leur tendre la main, il courtise Clara et veut en faire son épouse.

La jeune fille résiste mais finit par succomber au charme vénéneux de l’homme d’affaires et épouser ses idées fascistes car Vinnie, comme une bonne partie de l’élite de la ville, soutient Oswald Mosley…

Lorsque j’ai vu ce titre dans le catalogue de Presses de la cité, je n’ai pas hésité une seconde : un roman historique qui a pour cadre l’Angleterre de l’entre-deux-guerres, il n’en fallait pas plus pour me séduire.

Avant de commencer ce roman, je ne savais pas que les idées fascistes avaient gagné l’Angleterre de Winston Churchill comme je ne connaissais pas l’homme politique Oswald Mosley qui avait l’art de retourner sa veste comme personne, passant de la droite à la gauche et à l’extrême droite, à chaque défaite électorale !

D’un point de vue purement historique, le roman de Janet MacLeod Trotter est tout à fait intéressant. L’auteure s’attache à démontrer combien le mouvement de Mosley était aussi répugnant que celui de Hitler dont il s’est inspiré dans sa haine du juif, dans sa façon de promouvoir la race aryenne et dans son envie d’éliminer les plus faibles (handicapés physiques ou moteurs…).

On voit au fur et à mesure du récit, le glissement des personnages vers l’infâme, la montée du mouvement et ses affrontements permanents avec les socialistes et communistes qui les combattaient sur le terrain des idées mais aussi avec leurs poings à la sortie des meetings.

Mais ce roman fait aussi la part belle à son héroïne Clara, Une femme insoumise, qui bien qu’amie avec des socialistes est totalement apolitique et comment elle va verser elle aussi dans ses idées nauséabondes jusqu’à les faire siennes.

Clara est une battante, on la voit se démener pour tirer sa famille vers le haut, pour réussir comme journaliste alors qu’elle n’a pas fait d’études et qu’elle n’a pas les relations adéquates et pour s’arracher à l’emprise de son mari, malgré les menaces.

Un joli portrait de femme et un roman qui touche à beaucoup de sujets des plus intéressants comme le handicap, l’émancipation des femmes mais qui ravira aussi les amateurs d’histoire d’amour.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman et je vous le conseille si vous aimez les romans historiques et les beaux portraits de femme !

Un grand merci à Anne et aux éditions Presses de la cité pour cette belle lecture !

15 commentaires sur “Une femme insoumise – Janet MacLeod Trotter

  1. Je le note aussi ! Pour l’Histoire sur le fascisme en Angleterre, le mouvement a germé dans les années 30 et un parti fasciste anglais est né. A la fin de la guerre, ses militants ont été arrêtés et envoyés en prison .. je le sais car le père d’Audrey Hepburn était l’un d’eux. Le livre (très beau) est de Clémence Boulouque Un instant de grâce revient sur cette part secrète de la vie d’Audrey

  2. Mosley était le mari d’une des soeurs Mitford (je me suis régalée avec leur biographie la semaine dernière !). En tout cas, la couverture de cet ouvrage est très réussie!! bonne soirée 😉

  3. J’ai terminé il y’a quelques jours à peine Les Lumières d’Assam. C’était la première fois que je lisais un roman de Janet McLeod Trotter et ce roman, qui se déroule entre Inde et Angleterre avait tout pour me plaire. Au final, j’en suis ressortie avec une petite déconvenue… je ne sais pas si je lirai un jour Une femme insoumise mais il a l’air de t’avoir beaucoup plu alors…pourquoi pas ? 😉

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