Littérature française

Un sac de billes – Joseph Joffo

Traduit en 18 langues, Un sac de billes, livre d’une exceptionnelle qualité, est un des plus grands succès de librairie de ces dix dernières années.

Paris, XVIIIème arrondissement, 1941. Joseph a dix ans. Il vit au-dessus du salon de coiffure familial avec ses parents et ses frères Maurice, Henri et Albert. Dans le pays occupé par les nazis depuis la reddition du général Pétain, les lois anti-juives obligent tous les juifs à porter l’étoile jaune.

Lorsque Joseph et Maurice arrivent à l’école avec leur étoile sur leurs manteaux, ils sont pris pour cibles par leurs camarades. Pour les deux garçons élevés dans la laïcité et dont les parents ont fui les pogroms russes, c’est l’incompréhension.

Pour leur père, c’est le signe qu’il est grand temps pour eux de fuir Paris et de rejoindre Henri et Albert déjà installés à Menton. Mais partir à quatre, c’est trop dangereux. Il confie à Joseph et Maurice de l’argent, à eux de se débrouiller pour voyager sans encombre jusqu’en zone libre…

Un sac de billes fait partie de ces romans devenus des classiques, plusieurs fois adaptés au cinéma que je n’avais pas encore lu. Il a fallu qu’il soit au programme des lectures estivales de mon Empereur de fils pour que je le découvre enfin !

Ce récit est en fait l’histoire vraie de Joseph Joffo et de sa famille écrite alors qu’il était devenu lui-même père de famille, trente années après les faits. Il rencontra un grand succès et continue de figurer dans les listes des romans les plus vendus.

Je suis rentrée totalement vierge dans ce roman, n’ayant vu aucune adaptation, et j’ai beaucoup aimé ma lecture. Le narrateur en est bien sûr Joseph qui nous raconte la guerre et sa fuite des nazis avec ses yeux d’enfant. Malgré la dureté du sujet, le roman ne tombe jamais dans le pathos, il y a même beaucoup d’humour et c’est ce qui m’a vraiment plu !

Joseph Joffo raconte sa guerre et rend un bel hommage à son père, sans qui sa famille aurait probablement fini dans un camp de concentration mais aussi à ceux qui les ont aidé à fuir les nazis et notamment plusieurs prêtres et un évêque qui ont permis à de nombreux juifs d’échapper aux autorités.

Il n’omet rien des persécutions à l’encontre des juifs mais son témoignage montre aussi la vie dans la zone libre et notamment sur la côte d’Azur gérée par les italiens qui refusèrent de faire la chasse aux juifs. Les deux garçons vont, bon gré mal gré, mener une existence proche de la normale pendant quelques années mais vont aussi se faire quelques frayeurs et nous aussi.

On ne peut, en effet, qu’être en empathie avec Joseph et sa famille et trembler avec eux tout au long du roman. Si j’étais sûre que Joseph avait survécu à la guerre, je ne savais rien de sa famille et j’ai plus d’une fois tremblé devant les adversités auxquelles ils ont tous été confronté.

Je ne peux donc que comprendre que l’on demande à des collégiens de 3è qui abordent la shoah et la seconde guerre mondiale dans leur programme d’histoire, de lire Un sac de billes. Mon fils a découvert tout au long de sa lecture avec une certaine horreur un pan de notre histoire qu’il ne connaissait pas du tout et avec son regard bienveillant, il n’a pas compris comment on n’avait pu en arriver là à l’époque.

J’ai été bien incapable de lui répondre d’ailleurs car j’ai beau lire des romans ou des témoignages sur ces évènements, je ne comprends toujours pas non plus comment des citoyens ont pu dénoncer leurs voisins, leurs amis, que le pouvoir en place a pu aider les nazis à envoyer des millions de juifs vivre l’enfer dans des camps.

Il est donc toujours utile de mettre entre les mains des plus jeunes ce genre de roman pour que plus jamais l’horreur ne se produise à nouveau. Si vous n’avez jamais lu Un sac de billes, je ne peux que vous encourager à le découvrir à votre tour.

4 commentaires sur “Un sac de billes – Joseph Joffo

  1. C’est tellement difficile d’expliquer ce genre de choses aux enfants. Il arrive qu’on regarde les infos avec ma fille de 5 ans et quand je dois lui expliquer les guerres, je parle souvent d’argent et d’intérrêt personnel. Mais c’est vrai que le nazisme, c’est un cran au dessus. C’est juste de la haine de l’autre, pure et simple. Je ne sais pas non plus comment on pourra aborder le sujet quand ce temps viendra.
    Pour le livre, je l’avais lu mois aussi à l’école, et j’en garde un bon souvenir. Je pense que c’est un livre nécessaire.

  2. Lu quand j’avais 12 ans et je n’avais pas compris non plus comment on pouvait en arriver là. Maintenant, avec le recul, j’ai bien compris qu’on pouvait sombrer dans la délation très vite et pour des motifs aussi vils que jalousie, envie, vengeance, peur… J’espère ne jamais me comporter comme ces « délationneurs » et avoir le courage de m’y opposer (mais je ne suis pas une courageuse non plus).

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